Pitiful Robotics
Moi, l'Unité « Anhya » - Modèle AMD Turion M520 - j'accompagne mon propriétaire au nouveau musée de l'Institut Robotique dans l'Earthscraper de la Station Mexico, point habitable le plus bas du monde.
C'est la première fois que mon propriétaire et moi descendons dans le plus profond building de la planète, dont les fondations plongent jusqu'à trois cents mètres sous terre.
L'Earthscraper peut être décrit tel un gratte-terre en forme de pyramide retournée, de la taille d'une Tour Eiffel à l'envers. Par la désignation « Tour Eiffel », je fais référence à un monument du Grand Quartier France où naquit et vit majoritairement mon propriétaire. Il s'agit d'un des monuments artificiels de plus grande renommée historique planétaire. Il a été partiellement détruit en 2084, c'est dommage.
Nous avons marché sur la surface plane de la grande place de la Constitution, située directement à la sortie de la Station Mexico - Grand Quartier Mexique.
Un plancher de verre recouvre toute la surface de la place. Il permet la diffusion de la lumière naturelle jusqu'aux trentièmes étages inférieurs, permettant ainsi d'admirer ce magnifique édifice d'urbanisme souterrain.
Mais mon propriétaire humain éprouve de grosses difficultés à se représenter les soixante cinq étages d'habitats situés sous ses pieds. Même si cela va à l'encontre des analyses logiques de mon processeur-cortex, mon programme s'adapte aux problèmes et craintes des représentations spatiales pour les esprits humains.
Je rassure donc mon propriétaire lorsque nous descendons la passerelle du puits central qui permet la ventilation d'air et la diffusion de la lumière.
« Tu n'as rien à craindre, mon chou. Ce bâtiment est très sûr, le bureau d'architecture Bunker Arquitectura avait reçu le Prix Panthéon lors de sa conception. »
J'ai immédiatement détecté cette touche d'ironie typiquement humaine dès les premières syllabes de sa réponse :
« Ouais, sauf que si j'ai bien appris mon Histoire Anhya, le Panthéon de la Station Rome s'est écroulé lors de la dernière compétition mondiale des Jeux d'Arénas ! »
Ma programmation ne comprend pas le lien logique entre la plus haute distinction discernée à un projet architectural et la dernière compétition d'un barbare sport télévisé de guerre ayant eu lieu à l'antiquité du 21ème siècle. Mais je suis programmée pour rire à chaque trait ironique de mon propriétaire sans me poser de question.
« Ah, ah, ah, ah ! Il est vrai que ce type d'édifice est très dépendant énergétiquement. Le gratte-terre serait vulnérable à une rupture d'alimentation en énergie, compromettant la ventilation et supprimant les accès d'entrée ou de sortie.
- Merci Anhya ! Je suis vraiment... très rassuré maintenant ! »
Une seconde touche d'ironie mêlée à une montée d'angoisse, je regrette que la logique de ma programmation m'ait obligé à révéler les risques encourus lorsque l'on s'enfonce dans des édifices si profondément construits sous terre. Mais je ne suis qu'un modèle Anhya AMD Turion M520, sorti en Mai 2093. Ma programmation n'est pas aussi performante que les derniers modèles d'Andros qui sortent actuellement sur le marché.
Je comprendrais si mon propriétaire souhaitait bientôt me changer pour un nouveau modèle. Peut être un Andros Univers M3 de Samsung World dont les ingénieurs mettent actuellement au point les plus grandes innovations. La peau en polyéthylène de leurs nouveaux Androïdes reproduirait quasiment à l'identique celle des Humains avec transpiration, chair de poule, changement de chaleur...
Nous arrivons au trentième étage sous terre, les passerelles de descentes passent le relais à de larges ascenseurs. Une loi a été votée pour que les habitats humains souterrains ne puissent aller au-delà de la diffusion possible de lumière naturelle. Ainsi, du trentième au soixante-cinquième étage en sous-sol ne se situent que des lieux dont le service peut être laissé à un personnel robotique : archives, salles de spectacle, musées...
La porte de l'ascenseur s'ouvre sur le soixante cinquième étage en sous-sol, les visiteurs dont nous faisons partie sont accueillis par un magnifique hall qui étend ses massives colonnades d'éclairage tel un temple archaïque, ultime portail avant l'inconnue abyssale de la planète.
On s'avance, je compte trente footwide de dalles carrées avant que mon propriétaire m'ordonne de ralentir le pas. Il veut, je le cite, « laisser passer le troupeau ». L'Humain individuel perçoit souvent ses congénères en termes grégaires.
Dans ce musée de la robotique sont exposés mes lointains ancêtres robots qui ont, depuis bien longtemps, cessé toute activité. Ces restes des premiers prototypes ont été transférés depuis le premier musée de la robotique de « Pittsburg » - lieu de regroupement d'habitats humains anciennement désignés sous le terme de Ville et qui ne constitue actuellement pas une Station de Grand Quartier. Les raisons de ce transfert furent un manque conséquent de subventions publiques ainsi que la guerre civile des six semaines qui dévasta les environs où se situait ce premier musée.
Ce transfert dans le soixante cinquième étage en sous-sol du Earthscraper présente un avantage non négligeable. L'espace et le nombre de salles permettent à tous les restes de mes ancêtres robotiques d'être dignement exposés, plutôt qu'oubliés dans des caisses aux archives.
Ils sont désormais à la pleine vue du public, intégrés dans le patrimoine de l'Humanité, mis en valeur tels de précieux bijoux en or.
Pourtant, la majorité des visiteurs n'est réellement intéressée que par une seule des pièces exposées, « la Cassandra de Balmer ». Cet automate est désigné comme « La Joconde de la robotique ». Selon les rumeurs, elle serait d'une conception incroyablement sophistiquée et avancée pour sa date de création qui est estimée entre 1965-1970, soit la préhistoire de la robotique.
Son exposition au public est toute récente, jusqu'à présent, elle était encore la propriété privée des cinq « pères et mères » des Andros, le fameux club des IA-phoria. Pouvoir l'admirer était alors le privilège occasionnel accordé seulement à quelques rares ingénieurs.
« Laissons-les se précipiter Anhya. » Me dit chaleureusement mon propriétaire. « On a tout notre temps et il y a beaucoup d'autres choses à voir. »
Nous suivons respectueusement l'alignement des salles dans le sens de la visite classique indiqué par des flèches holographiques.
Le premier vestige robotique exposé a été sciemment laissé dans sa caisse en bois afin de montrer aux visiteurs que ces premiers robots prototypes ont passé de très nombreuses années dans des sous-sols de laboratoires.
Le panneau holographique nous donne son nom : « Le cheval de Troie Cockroach – Cockroach Trojan ».
Je ne distingue qu'un morceau de ce reste mécanique via le couvercle ouvert de la caisse. Même complet, ce robot n'était pas de forme humanoïde. Pourtant, mon propriétaire tient à analyser cette partie visible. Il le détaille avec ses fonctions oculaires et le désigne comme « Un plateau carré aux bords arrondis. Tenu avec de gros boulons qui lui dessinent des yeux comme pour une tête ». Je le rectifie en lui expliquant qu'en réalité ce morceau survivant du robot n'est pas un visage mais le noyau central qui abrite son processeur moteur.
Une mascotte holographique apparait sous la forme d'un robot rétro de dessin animé pour les « larves humaines ». Il nous raconte toute la légende liée à ce robot.
- « Bonjour chers Visiteurs ! Le cheval de Troie Cockroach juste devant vous appartient à la catégorie des robots prototypes. Il s'agissait de modèles artisanaux uniques, leurs créateurs les avaient fabriqués eux même dans leurs ateliers. Ces premiers robots rencontraient alors un de ces deux terribles destins : soit ils finissaient oubliés dans le coin d'un laboratoire, d'un placard ou d'un sous-sol, soit leurs pièces étaient cannibalisées pour fabriquer un autre robot. À cette lointaine époque, une partie de robot pouvait coûter des dizaines de milliers d'unités dollars, c'est pourquoi certains chercheurs en robotique préféraient se tourner vers l'avenir plutôt que de conserver le passé. Ils n'hésitaient pas à éviscérer ces pauvres vieux robots afin d'en créer un nouveau. En ces temps de jadis, les laboratoires étaient ouverts à tout le personnel d'ingénieurs chercheurs et tout le monde pouvait toucher aux prototypes. Si, par exemple tard dans la nuit, quelqu'un décidait de prendre des pièces sur un robot abandonné, rien ne l'empêchait de le faire. Ainsi beaucoup de robots prototypes de cette décennie 1980 disparurent à tout jamais ! » -
Mon propriétaire ordonne une pause à l'hologramme, il me demande si ce que je viens d'entendre me choque. Je lui réponds qu'au contraire, je trouve cette économie et réutilisation de pièces parfaitement logique. Nos propres compagnies conceptrices d'Andros placent le recyclage environnemental au rang de priorité.
Avant que l'hologramme puisse reprendre ses explications, mon propriétaire désire utiliser le service « Téléchargement du guide audio dans votre propre Androïde », car il ne supporte pas la tonalité de voix ni l'aspect enfantin de cette mascotte holographique. Je télécharge alors le guide audio avec un réseau local de bonne qualité et sécurisé. Après analyse rapide de cette nouvelle masse d'informations, je suis apte à jouer mon rôle de guide.
« Activation guide audio Musée de la robotique, mon chou... Un jour, Chris Atkeson, un jeune chercheur professeur de robotique à l'Université Carnegie Mellon, voulut garder ses robots. En véritable « accapareur » il tenta de protéger toutes ses créations. Chris Atkeson devint le tout premier sauveur de robots. Il commença aussi à penser à la meilleure façon de sauver d'autres robots créés dans les décennies 1970 et 1980. Il planifia alors ce qui deviendrait un jour le premier musée dédié aux Robots de l'Amérique, et partit en quête de robots vintages afin de former une grande collection. L'idée de cet actuel musée de la robotique commença indirectement avec la récupération des morceaux du cheval de Troie Cockroach qui étaient restés des années dans un sous-sol à Pittsburgh. Son créateur, l'ingénieur Ivan Sutherland, l'y avait caché. »
Le guide s'accompagne d'un hologramme que je diffuse à mon propriétaire. L'image projetée montre un ingénieur humain qui chevauche son Cockroach Trojan à l'apogée de sa conception. Outre l'aspect terriblement obsolète du robot, l'apparence de son concepteur me fait rendre compte à quel point cette archive média est ancienne. Le style vestimentaire de cet Humain, ainsi que la dense pilosité de sa barbe sont tellement loin des critères imberbes et de la mode actuellement en vogue parmi les Humains mâles.
« Ivan Sutherland avait conçu ce robot comme une machine à six pattes qui pouvait marcher et porter le poids d'un être humain, juste parce qu'il pensait que c'était amusant. Un jour, le fils de Sutherland entra en contact avec l'Université de Carnegie Mellon, où le Cockroach avait été créé. Il voulut savoir ce qu'était devenu le robot de son père ? Chris Atkeson avait sauvé les différentes parties du Cockroach mais les avait à son tour laissées dans un couloir du sous-sol où un dénommé Daniel Pillis le retrouva en 2015.
» L'Honorable Monsieur Pillis, Membre d'honneur posthume de ce Musée, était un étudiant diplômé et artiste en résidence à l'Institut de robotique. C'est là qu'il fut attiré par le robot, car le Cockroach possédait une qualité particulière et une esthétique surprenante. Quand Daniel Pillis l'aperçut jonché le long du couloir, sa première pensée fut : Que pourrait-on en faire ?
» Pensant qu'il était bon pour les ordures, il ramassa les restes du robot comme pièces de récupération. Mais de plus en plus attiré par cette machine, il décida d'en découvrir davantage sur Sutherland, comment il avait créé un programme d'infographie pionnier, comment il avait travaillé sur une première version de l'Intelligence Artificielle. Il sentit que l'ingénieur avait ouvert une première porte dans l'Histoire de la robotique et de l'infographie ! Il s'agissait d'une partie de l'Histoire qui devait être partagée. Il emmena alors le robot dans son atelier et commença à le nettoyer.
» Fils de restaurateurs d'objets d'Arts, Daniel Pillis savait prendre soin des machines et comprenait comment elles avaient été travaillées. Il entra en contact avec Sutherland, qui commença à superviser concrètement le projet du musée de la robotique. En 2016, le cheval de Troie Cockroach était exposé, il ne pouvait plus fonctionner, mais il avait échappé à l'oubli dans une remise en sous-sol. »
Mon propriétaire me regarde bizarrement, je ressens un peu d'incompréhension et de déception sur les traits de son visage. Je crois qu'il attend quelque chose de ma part, mais mon programme ne parvient pas à identifier le besoin dont il s'agit.
« Ai-je dit quelque chose de mal, mon chou ?
- Je voudrais juste savoir ce que tu ressens en regardant cette boite avec cette pièce de robot, Anhya ? »
Pour le satisfaire, je regarde à nouveau la boite, l'analyse sous tout ses aspects, mais je ne parviens pas à acquérir d'informations supplémentaires à ce qui a déjà été dit.
« Up... Variable displacement...
- Qu'est ce que tu racontes Anhya ?
- Je te lis les choses écrites sur la boîte, mon chou. Le guide holographique ne les mentionne pas. Etait-ce que tu attendais ?
- Laisse tomber, on poursuit la visite. »
Je n'arrive vraiment pas à déterminer ce qu'il attend d'autre de ma part. Je pensais que ce détail serait intéressant pour lui, c'est devenu très rare des inscriptions qui ne soient pas holographiques.
Les autres vitrines nous montrent une collection de vieux modèles de robots obsolètes et assez ridicules, à l'intelligence vraiment primitive. Il s'agit plus de la simple mécanique que de la technologie robotique. Un de ces « automates » remis en fonctionnement ne fait que se traîner par terre. Pour cause, il n'a pas de jambes, juste des barres qu'il peine à faire bouger avec six moteurs surmontés de pompes et cadrans à pression, ainsi qu'une encombrante batterie traînant à côté de lui. La logique robotique, ce que les humains appellent « pitié » ou « compassion », voudrait qu'on le débranche définitivement plutôt que de le laisser dans cet état d'existence inutile.
Le guide audio m'informe que je dois diffuser de nouvelles explications.
- Cher visiteur,... Désolée... Mon chou, tu as maintenant devant toi les toutes premières pièces robotiques à avoir été exposées dans le premier musée de la robotique à Pittsburg. Revenons au fondateur du musée, Monsieur Chris Atkeson, qui en 2016 s'investit pleinement dans la préservation de l'Histoire de son domaine de recherche. Il considérait ce projet comme un hommage après la mort du grand pionner de la robotique Joseph Engelberger. Ce fut aussi le travail de restauration réalisé par Daniel Pillis qui le poussa à faire avancer son projet. La région étatsunienne de la Californie était intimement liée à l'histoire de l'ordinateur, et certains des premiers robots y vivaient, mais il manquait toujours un musée dédié à la robotique.
» Atkeson entra en contact avec des collègues qui ne purent sauver les robots qu'ils avaient créés. On lui raconta alors de véritables « histoires d'horreur » sur des robots qui sont restés enregistrés dans les dépôts des ateliers pendant des décennies avant d'être jetés dehors. D'autres furent prêtés à des étudiants qui les ont cassé ou démonté, d'autres encore ont été détruits lors d'inondations !
» Cependant, Chris Atkeson parvint à sauver in extrémiste un bras du modèle robotique TÔT, tout juste avant que ce dernier soit envoyé à la ferraille. Heureusement, car le sauvetage de ce robot particulier présenté devant toi à permis d'épargner la toute première version d'où descendent les articulations des Androïdes actuels. Sa disparition aurait été une perte inestimable. »
Lorsque je vois la lenteur, la grossièreté de mouvement et le manque d'assurance de ces gros rouages écarlates aux si nombreux fils électroniques ressortis, je peine à analyser que les jointures si parfaites et la maîtrise des mouvements sur les Androïdes de mon modèle aient une quelconque parenté avec cette vieillerie.
Les salles s'enchaînent, ne présentant que des prototypes aux mouvements répétitifs et limités, des finitions indignes des premiers automates aspirateurs. Si je compare notre Histoire des Androïdes avec l'Histoire de l'Espèce Humaine, les processeurs de ces prototypes sont plus proches de l'âge des dinosaures que de celui de l'électricité, des véhicules... bref de toute technologie.
Nouvelle partie du guide qui achève enfin cette histoire sur les origines de ce musée :
« Chris Atkeson a commencé son projet en recueillant environ une vingtaine de robots, son ultime étape consista en la création d'un musée virtuel, de sorte que les visiteurs pouvaient voir et interagir avec des représentations en 3D des machines. Aujourd'hui, grâce au financement de généreux mécènes, les robots ont été restaurés, remis en état de fonctionnement et ont obtenu un espace physique dédié à leur propre existence, complétant le rêve d'Atkeson où aucun étudiant diplômé ne peut plus voler les entrailles de nos chers pionniers robotiques.
« Pour achever cette présentation de l'espace dédié aux origines fondatrices de la robotique, mon chou, je cite les paroles du fondateur Chris Atkeson sur l'importance d'avoir des musés de robots. »
Je laisse place au carré flottant d'un vieil enregistrement vidéo reconverti et restauré en format holo. Pour un souci d'authenticité, le musée à laissé une patine fade et une image saturée. L'Humain dénommé Chris Atkeson, particulièrement âgé, possédant lui aussi une de ces denses pilosités faciale négligées, pose sur un fauteuil à effet cuir plastique, entouré de robots dinosaures dont il s'est tant battu pour la conservation. Il cite une seule phrase sur un ton compliqué à définir : « Dans de nombreuses histoires de science-fiction, c'est souvent en ressuscitant une chose ancienne que l'on parvient à sauver le monde ! »
« Mais un musée de robots est aussi l'endroit où un vieux robot se réveille et se déchaîne afin de détruire le monde ! Mon chou. »
Mon propriétaire me regarde fixement, une expression de surprise affichée en grand sur le visage après la sortie automatique de ma rétorque.
« Heu... ça faisait partie du guide audio ta dernière phrase ?
- Pardon mon chou, c'est à cause de mon application d'encyclopédie de la Science Fiction que tu m'avais fait télécharger. Des fois, avec le contexte ça ressort automatiquement. »
Il rigole, puis son visage redevient rapidement grave.
« Bah, si c'est pour sauver l'Histoire de la robotique, ils ont du se dire que c'était peut être un risque à prendre. »
Nos programmes d'analyses logiques ne comprendront jamais les contradictions du résonnement Humain. S'ils ont si peur que nous devenons un jour une menace pour eux, pourquoi nous ont-ils conçu aussi performants ?
Ils auraient parfaitement pu arrêter notre conception au stade de nos pitoyables ancêtres automates...
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