EPISODE 1

Comment expliquer ce genre de chose ? Même moi je n'arrive pas à comprendre. D'ordinaire, quand les gens rêvent, sois leurs phobies refont surface ou alors leur cerveau leur renvoie des symboles vus pendant la journée... Mais là, je pense qu'aucun scientifique ou philosophe ne pourrait décrire ce que veut m'avouer mon inconscient.Je poursuivais une autruche géante dans un labyrinthe. Au moment fatidique, mon réveil s'était mis à sonner. Peu à peu, je me réveille en sentant quelque chose secouer mon lit dans tous les sens. En ouvrant les yeux, je vois ma petite sœur Léna sauter sur mon matelas en me souriant.

« Mina,lève-toi, tu vas être en retard ! »

Elle allait bientôt avoir 12 ans et pourtant, quand elle faisait ça, je la voyais encore âgée de 6 ans. Je pousse alors un gros soupire et remonte la couverture pour cacher mon visage.

« Le réveil vient de sonner. »

Après un dernier saut, je sens que Léna s'agenouille sur mon lit et se rapproche de moi. Elle respirait toujours trop fort.

« Tut'es rendormie. » murmure-t-elle.

Non,je ne la crois pas.

« C'est normal si la grande aiguille est sur le 8 ? »demande-t-elle d'un air naïf.

« QUOI ? »

Je pousse ma couverture et me redresse d'un bond pour regarder mon réveil avec des yeux fatigués mais... Attendez une minute. J'ai un réveil numérique.

« Espèce de banane, j'ai un réveil qui m'indique directement l'heure en chiffre. »

D'un air moqueur, Léna vient toquer sur mon crâne.

« C'est toi la banane, ce n'est pas la grande aiguille qui indique les heures. »

Mes yeux se clignent plusieurs fois le temps que cette phrase monte jusqu'à mon cerveau fraîchement réveillé.

« Ah oui. »

« T'es sûre que tu es au lycée ? » demande-t-elle en se mettant à rire.

Je prends mon coussin et le lance sur Léna mais elle l'évite de justesse avant de sortir de ma chambre en courant.

« OUI. »

Avec un élan de courage, je sors de mon lit et descend les escaliers. Je ne sais même pas si mes parents sont rentrés cette nuit. Mes pieds se bloquent au niveau des escaliers et mon regard balaie les pièces du regard. Pas le moindre signe de vie d'un parent. C'était toujours comme ça depuis des années de toute manière... Je termine de descendre les marches et m'aventure vers la cuisine, la tête encore fatiguée. La gouvernante avait déjà préparé le petit déjeuner.Si je ne savais pas où je vivais à présent, j'aurais juré m'être trompée d'heure. Cela faisait déjà plusieurs mois que j'avais quitté ma ville natale pour le travail de mon père. C'est le directeur général d'une société automobile et il a ouvert une autre société ici. La ville de Séoul était bien plus impressionnante que Cleveland et tout changeait de la culture américaine. Ce matin, le petit déjeuner contenait du riz, de la soupe, de la viande et des légumes. Presque rien de sucré. Je m'assois en attendant ma petite sœur qui boudait déjà à la vue de notre repas matinale.

« Les céréales et le lait me manquent. » dit-elle.

« C'est aussi très bon. » je lui explique.

Mon regard se pose sur la gouvernante.

« Merci Madame Johnson. »

Je prends ma grosse cuillère et mange une grosse part de riz avant de prendre mes baguettes et de déposer quelques légumes et morceaux de viande dans mon bol. J'aperçois Léna galérer avec ses baguettes.Je pose les miennes, tout en mâchant, et l'aide à bien placer ses doigts.

« Je n'y arrive jamais.. Au collège je suis obligée de demander une cuillère... » soupire-t-elle.

Je fais une petite moue. On s'était préparé à apprendre le coréen pendant un an mais le jour de notre seconde vie ici avait été très difficile. Surtout pour Léna et moi. J'essayais de garder la tête haute mais ce n'était pas facile tous les jours. Je prends de la viande et des légumes avant de boire un verre d'eau.

« Vous avez l'air pressé mademoiselle. » remarque Madame Johnson.

J'avale tout avant de poser mon verre et les baguettes puis je me lève.

« Oui,je ne veux pas rater le bus. »

« Vous ne voulez toujours pas que je vous conduise au lycée ? »

« Non,c'est gentil, merci. »

Je file ensuite dans ma chambre pour m'habiller et me laver les dents.Je ne voulais pas que Madame Johnson me dépose pour la simple et bonne raison que j'étais très mal à l'aise. Déjà que j'étais la seule étrangère dans mon lycée mais en plus de ça, si on me déposait en voiture, les rumeurs allaient encore plus se répandre.

Après avoir mis mon uniforme scolaire, je pars de la maison en saluant Madame Johnson et ma petite sœur puis trottine jusqu'à mon arrêt de bus. Une fois encore, j'avais l'impression qu'on me regardait alors que non. Porter l'uniforme avait été un nouvel élément dans ma vie et je n'avais pas l'habitude de porter des jupes et des chemisiers. Surtout qu'en dessous, j'étais obligée de porter un débardeur pour ne pas qu'on voit mon soutient-gorge. Aux États-Unis,les gens – surtout les hommes – auraient sifflés en voyant ça mais ici c'était normal de voir des collégiennes ou encore lycéennes en jupe donc personne ne faisait rien. Mais je ne pouvais m'empêcher de me sentir parfois regardée.

Je descends à la station de bus de mon lycée et marche tranquillement vers ce dernier. Je me souviens qu'au tout début, les jeunes me fixaient. Cette sorte d'engouement avait bien duré deux semaines.Aujourd'hui, mes camardes me regardaient moins. Mais je sentais beaucoup d'hostilités à mon égard parfois.

Mes journées étaient quasiment les mêmes. J'écoutais le cours,écrivait, regardait par la fenêtre, étudiait à la bibliothèque et passait le plus clair de mon temps seule. Parfois je ne voyais pas le temps passer et rentrais tard à la maison. Heureusement que Madame Johnson était là pour s'occuper de Léna... Parfois, j'étais un peu tête en l'air et maladroite.

Ce soir là, le lycée était presque vide. Je devais être l'une des trois dernières présentes dans ce bâtiment. Je marche tranquillement dans l'un des couloirs lorsque une porte se coulisse juste à côté de moi et qu'une tête masculine en sorte. Je m'arrête d'un coup. Il m'avait fait peur !

« Excuses-moi ? » me demande-t-il en coréen.

« Oui ? »

« L'anglais est ta langue natale, tu ne pourrais pas m'aider ? Je bloque sur un devoir et j'aimerais rentrer chez moi au plus vite. » explique-t-il.

Honnêtement,sa tête ne me disait rien de bon mais j'étais trop gentille pour refuser de l'aide à quelqu'un.

« Oui,bien sûr. »

Il se pousse et j'entre dans sa salle de classe. Je ne le connaissais pas du tout parce que ma classe était de l'autre côté... Mais son visage me semblait vaguement familier. Sur le tableau, il y a des mots en anglais.. J'avoue que s'était bourrée de fautes. En tout cas, cela ne me perturbait pas qu'il me connaisse et pas moi, parce que j'étais la seule américaine ici. Tout en m'avançant vers le tableau, je pose mon sac à dos au niveau d'une table. Toutes les chaises étaient remontées et le peu de lumière se trouvait au niveau de tableau. Je ne voyais pas de cahier ou de stylos sortis mais ce détail n'avait pas attiré mon attention. Du moins, pas tout de suite. Songeuse, je pose mon doigt sur mon menton.

« C'est le vocabulaire de la ville ? »

Je prends l'une des craies et barre un mot.

«Le mot « alley » (ruelle) ne s'écrit pas avec un « h » et le mot en lui-même n'existe pas de toute manière. C'est plutôt pour un prénom. » je lui explique tranquillement.

Je sens soudainement un souffle chaud dans ma nuque et une main agrippant fermement mes fesses. Je me retourne, surprise et choquée,pour lui faire face.

« J'ai ce fantasme depuis que je t'ai vu arrivée dans ce lycée. »dit-il tout en s'avançant vers moi.

Je n'arrive pas à parler, j'étais trop choquée pour ça. Mes pieds se reculent d'eux-mêmes et mon corps se coince au niveau d'une table.Le garçon avait un sourire sale sur le visage. Sa main caresse ma nuque et je sens à nouveau son souffle chaud. Son regard me dégouttait.

« C'est vrai que les américaines couchent facilement ? » demande-t-il en me relookant de haut en bas.

Son autre main vient agripper ma jambe et remonte de sorte à relever ma jupe. Prise de peur, mon corps se réveille enfin et je pose ma main sur la sienne pour l'empêcher de voir ma culotte.

« N...Non. »

« Oh allez, ne fais pas ta timide avec moi. » continue-t-il.

Ses lèvres gercées viennent se déposer dans mon cou tandis que ses deux mains déboutonnent un à un les boutons de mon chemisier. Mon cœur bat de plus en plus fort.

« Non,je ne veux pas... » je dis timidement.

Ses gestes se faisaient plus en plus brutaux et rapides. J'essaie tant bien que mal de le repousser. J'essaie de retenir les boutons de mon chemisier mais en vain.

« Je ne veux pas ! » je supplie dans ma langue natale.

« Elle a dit non. » affirme une autre voix masculine et forte.

Toutes les lumières s'allument et j'entends un bruit sur le sol... Comme si quelqu'un passait la serpillière. Mon agresseur arrête tout mouvement et regarde dans la même direction que moi. Une silhouette commence à se faire voir derrière les chaises montées. Je vois effectivement une serpillière lécher le sol dans des mouvements ronds. Enfin, l'individu se montre, d'abord de dos, puis se retourne lentement vers nous. Il portait un grand manteau kaki et abîmé pardessus de son uniforme. Il était plutôt grand et il avait des bouclettes noires.

« T'es dans quelle classe connard ? » demande mon agresseur en se décollant de moi.

Quelqu'un venait de briser ses plans. L'inconnu pousse un long soupire, retire son manteau, le pose sur une chaise en hauteur puis continue de passer la serpillière.

« Elle a dit non. » répète-t-il.

Son comportement me choquait. Comment pouvait-il arrêter ce que mon agresseur faisait tout en passant d'un air nonchalant la serpillière comme si de rien était ? Je profite de cette diversion pour déguerpir au plus vite, attrapant mon sac en même temps. Je sens une main forte m'attraper le poignet et je me retourne, prête à cracher au visage de mon agresseur s'il le fallait. Mais ce n'était pas lui. C'était l'inconnu. Il me fixe droit dans les yeux. Je n'arrivais pas à décrire si c'était un regard intense ou complètement vide.

« Il fait froid dehors. » dit-il en indiquant son manteau.

Je comprends aussitôt le message caché et sans attendre, j'attrape son manteau et cours à présent vers le sortie du lycée. Je lâche finalement la craie au sol. Je m'étais arrêtée quelques minutes pour enfiler le manteau par dessus mes épaules et pour me recouvrir.Je me sentais si sale. Avec une main, je réunie les deux parties du manteau pour cacher pour chemisier déboutonné. Je n'avais pas la force de le refermer.

La suite de mon trajet étais floue parce que je n'arrêtais pas de me repasser la scène encore et encore dans ma tête. C'était la première fois qu'on m'agressait de la sorte. J'étais... Je n'avais pas les mots. J'avais ignoré les questions de Madame Johnson et Léna pour m'enfermer dans ma chambre. Je m'étais laissée glisser le long de la porte et j'avais amené mes genoux vers ma poitrine pour pouvoir enfoncer ma tête et pleurer silencieusement. Je tremblais,j'avais peur et malgré les coups dans la porte, je ne répondais pas. Je me suis ensuite déshabillée pour me laver. Je frottais surtout là où il m'avait touché. J'espérais que son souffle, son regard et le souvenir de ses mains disparaîtraient en même quel'eau et le savon dans les égouts.

J'ai passé toute la nuit entière à y penser. Et si j'avais fait le choix de ne pas entrer dans la salle, m'y aurait-il obligé ?Avait-il déjà préparé ce plan depuis longtemps ? En avait-il parlé à ses amis ? Je soupire et me passe une main sur le visage alors que mon réveil se met à sonner. Cette fois-ci, je n'avais pas eu de difficulté à m'asseoir et à l'éteindre. J'étaissongeuse et mon regard se perdait dans le vide... Jusqu'à s'arrêter sur le fameux manteau. Je m'étais redressée. Qu'est ce que je devais faire ? Aller au lycée ? Sécher ? Non, non,ce n'était pas mon genre... Et si je le revoyais ? Je me prends la tête dans les mains et secoue frénétiquement les jambes. Je voulais hurler.

J'ai pris alors mon courage à deux mains pour me lever et m'habiller. Je n'avais vraiment pas envie de manger et je n'avais répondu à aucune interrogation. En descendant dans le salon, il y avait, pour la première fois, un mot de ma mère. C'était une adresse. Je fronce les sourcils et je sors mon portable pour voir ce que c'était un restaurant... Soudain, je me rends compte de quelque chose et souris en coin. Ça m'était totalement passé par la tête avec cette histoire.

« On dirait que Papa et Maman ont prévu un restaurant ce soir. » je dis en regardant intensément ma petite sœur.

Son sourire se fait de plus en plus large, je me rapproche d'elle, lui chuchote quelque chose à l'oreille puis l'embrasse sur le front. En me décollant d'elle, je sens qu'elle me tire la manche.

« C'est ton nouveau manteau ? » demande-t-elle.

Mon regard se baisse et je remarque que je portais le fameux manteau. Je ne m'en étais pas rendu compte. Enfin... Il pendouillait au niveau de mes épaules et je ressemblais à une patate dedans mais étrangement... Je me sentais bien avec.

« Euh...Oui. »

C'était faux. J'allais devoir rendre ce manteau à son propriétaire. Comme d'habitude, je prends le bus pour me rendre au lycée et je marche pour y accéder. Mon cœur s'était emballé quelques secondes après avoir franchis les portes. Je scrute l'environnement mais pas d'agresseur en vue. Avant le début des cours, je cherche activement le propriétaire du manteau mais ne le trouve pas.

Ce n'est qu'à la pause du midi que je l'ai vu. Il était assis tout seul sur un banc. Toujours avec le manteau sur moi, je m'avance devant lui et je m'incline légèrement pour le saluer, comme le voulait la coutume de ce pays. Et puis, il semblait âgé de un ou deux ans de plus que moi.

« Excuses-moi...Bonjour. »

Son regard se lève lentement vers moi. Je ne savais pas si je devais prendre son regard pour un avertissement ou pour du « je m'en fous total ». Mais il s'était levé en remarquant le manteau.Avec la lumière naturelle du soleil, je le voyais beaucoup mieux.Mais je remarquais aussi qu'il n'avait aucun blessure. Que s'était-il passé après mon départ ? Il continue de me regarder mais j'avoue que... Qu'il semblait s'intéresser plus à son manteau.

« Oh oui, pardon ! »

Je retire le manteau et lui tends, ne sachant pas trop quoi dire. Il le saisit mais son regard reste fixé sur moi. C'est bête de dire ça mais maintenant... Je me sentais nue. Je sentais que toutes les barrières protectrices autour de moi s'étaient envolées avec ce manteau.

« Je...Pour hier soir... Merci beaucoup. Sans toi je... Je n'imagine même pas ce qu'il m'aurait fait... Merci de ton intervention... »

Il reste muet et je remarque que son regard se dirige ailleurs, comme s'il voulait que cette conversation se termine au plus vite. Ou alors peut-être que... Je lui faisons honte ? C'est vrai qu'il m'avait trouvé dans un état un peu olé olé.. Il avait bougé les pieds et je pensais qu'il allait partir. Alors, je le retiens brusquement par le poignet. Son regard se pose à nouveau sur moi et je le lâche doucement tout en montrant que je regrettais de l'avoir touché. Honteuse, mon regard se baisse pour se planter droit dans le sol. Je joue nerveusement avec mes ongles.

« J'imagine que... J'imagine que c'est à cause de ma jupe. Ma mère ne connaît pas ma taille et j'ai tout de suite vu que la taille était trop petite pour moi... C'est peut-être pour ça que... Enfin... Tu vois ? Et puis, normalement ma nouvelle jupe doit arriver bientôt, avec ma bonne taille... C'est sûrement de ma faute,je... »

Ma voix semble se casser de plus en plus. Je ne dois pas pleurer.J'essaie de relever le regard pour lui faire face mais je ne peux pas. Je n'y arrive pas.

« Tu vas trouver ça bête mais avec le manteau je me suis vraiment sentie en sécurité. C'était comme avoir une armure... Peut-être parce qu'il est grand et que je suis petite dedans et que... »

« Tu n'as pas à t'excuser. » me coupe-t-il.

Surprise,je lève mon regard vers lui. Il me regarde droit dans les yeux.

« Tu n'as pas à culpabiliser de quoi que ce soit. C'est plutôt les hommes qui se comportent comme lui qui devraient avoir honte. »

Je n'ose pas demander ce qu'il s'était passé ensuite. Son regard se baisse sur mes mains. Il soupire puis ouvre le manteau et le pose doucement sur mes épaules... Hein ?

« J'en ai d'autres, tu peux le garder. » dit-il sans aucune expression faciale.

Est-ce qu'il était en colère ? Est-ce que je lui faisais pitié ? Jamais personne d'autre à part lui ne le saura.

« Oh je... Merci. » je dis en m'inclinant légèrement.

« Au revoir. » dit-il en s'éloignant les mains dans les poches, nonchalant.

« Au revoir. » je réponds en m'inclinant encore surprise par la tournure des événements.

Je le regarde s'éloigner quelques secondes puis je me retourne et marche dans le sens inverse. Mon regard se baisse sur le manteau et je souris grandement. J'avais à nouveau cette armure qui pourrait me protéger de tout. Peu m'importait les regards qui se poseraient surmoi et puis... Ce manteau avait un style que j'aimais bien.

En rentrant des cours en fin d'après-midi, je trouve une robe de cocktail étalée sur mon lit. Mes sourcils se froncent. Il y avait un petit mot à côté.

Ma chérie, j'ai vu cette robe dans une vitrine et j'ai pensé à toi pour ce soir. Bisous, Papa

Je pousse un soupire et m'assoit à côté de la robe pour la détailler.Elle était de couleur bleu saphir. Il y avait une sorte de décolleté en V mais les épaules étaient dégagées. Je n'aime pas vraiment être gâtée comme ça... Mais bon, je ne dois pas me plaindre. Au moins, j'avais quelque chose de jolie pour ce soir... Mon sourires'élargit de plus en plus et je me lève pour fouiller dans ma petite bibliothèque. Je tire un livre puis un autre et en sort un neuf. J'allais le présenter joliment dans un paquet mais quelque chose avait attiré mon attention. Il manquait... Il manquait un livre. Ce livre. Ma main tapote nerveusement tous les coins vides de ma bibliothèque.

« Oh non ! »

Je mets l'autre livre dans mon sac à main puis je fouille partout dans ma chambre. Rien. Je décide de me lever et de me rendre dans la chambre de ma petite sœur. Je rentre avec un sourire aux lèvres.

« Léna,tu n'aurais pas pris l'un de mes livres ? »

Mon regard se pose sur un tas de livres sur son lit. Léna sort de sa salle de bain en peignoirs rose Hello Kitty et indique le tas sur son lit.

« Ah si, je t'en ai emprunté quelques uns... Tu veux les récupérer ? »

« Juste un qui me tient à cœur. »

Je me rapproche du lit, fouille dans le tas, ressort le fameux livre –et quel soulagement – puis le cache derrière mon dos.

« Alors, Papa t'as aussi offert une robe ? »

Le visage de Léna se décompose. Elle semble triste.

« Ah...Toi aussi ? Quelle couleur ? »

« Du bleu saphir. Et toi ? »

Je comprends petit à petit sa réaction. Oh Papa...

« Elle est rouge. » explique-t-elle tout en s'asseyant sur son lit d'un air blasé.

Je la regarde avec une petite moue... Puis une idée me vient en tête.

« Je m'habille et je te maquille ? »

Son visage s'illumine en me regardant.

« C'est vrai, tu peux, j'ai le droit ? »

Je relève le menton, fière.

« Bien sûr ! Tu es grande maintenant ! »

Après quelques minutes de préparation, je rejoins Léna dans sa chambre.Je lui fais d'abord une jolie tresse avant de lui mettre du gloss et du fard à paupière d'une couleur naturelle.

« Et voilà ! »

D'en bas, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et la voix roque de mon père. Léna se met à sourire et descend les escaliers en appelant mes parents. Je referme le gloss avec un petit sourire aux lèvres.Je ferme la porte de sa chambre, je prends mon sac à main puis je mets le manteau de... L'inconnu par dessus. Je ne connais même pas son prénom.... Enfin bref, je descends les escaliers tranquillement pour mettre mes chaussures à petits talons. Mon père sourit en nous voyant.

« Vous êtes magnifiques toutes les deux ! »

Il nous prend dans ses bras avec de regarder ma mère et de frapper dans ses mains.

« Si tout le monde est prêt... Allons-y ! Bonne soirée Madame Johnson ! »

« A vous aussi mesdames et monsieur ! »

Mon père semble vraiment excité. Je ne savais pas si c'était bon ou mauvais signe parce que... Si la même chose se répétait comme l'année dernière... Mais bon, en vue de ses surprises, je ne doutais pas trop. Nous entrons dans la voiture et le chauffeur nous conduit à l'adresse. C'était un restaurant luxueux et vraiment chic. Peut-être que c'était trop beau en fin de compte... Je descends, un peu perturbée puis entre dans le bâtiment. De suite à notre entrée, il y avait un magnifique escalier qui menait à un étage.

« Alors voilà, comme c'est une soirée d'affaires, je vous ai réservé une table pour ta sœur et toi ici. Nous serons en haut s'il y a un soucis. » explique ma mère.

J'en étais sûre.

« Mais attendez une seconde, c'est... »

« S'il te plaît Mina, ne fais pas d'histoires. Je vais sûrement recevoir un prix en plus de ça ! Si c'est le cas, je vous présenterai à mes collaborateurs. »

« Mais c'est... » je continue malgré tout.

Mes parents m'ignorent royalement et montent les marches une à une. Je les regarde en soupirant. J'en étais sûre... C'était trop beau pour être vrai.

« Ils ont encore oublié ? » demande une petite voix.

Mon regard se baisse sur ma sœur. Elle avait des yeux tristes. A cet instant précis, je déteste mes parents de la faire pleurer.

« Ils ont oublié mon anniversaire, hein ? »

Je prends la main de ma sœur et la serre fortement. Je me tourne ensuite vers l'hôtesse d'accueil qui attendait sagement qu'on la suive. Je m'incline légèrement pour m'excuser avec un sourire poli.

« Désolé,nous n'allons pas manger ici. »

Je me retourne puis sort du bâtiment un peu énervée.

« Net'inquiètes pas Léna, nous allons fêter tout anniversaire toutes les deux... On n'a pas besoin d'eux pour s'amuser, tu verras ma puce. »

Je lui souris tendrement. Une limousine se gare devant le bâtiment, je m'arrête curieuse. Une femme magnifique en sort avec une longue robe verte émeraude. Elle avait des lunettes de soleil sur les yeux mais j'avoue qu'elle m'impressionnait grandement. Une foule de vans s'étaient garés autour de la voiture et des journalistes en étaient sortis et commençaient à mitrailler la femme. Gracieusement, elle les ignore tout en grimpant les marches. Elle s'arrête pour nous regarder ma sœur et moi et nous sourit. Ses gardes du corps empêchent les journalistes d'entrer dans le bâtiment.

« Je veux être comme elle. » je lâche, émerveillée.

Elle était restée digne et gracieuse malgré les flashs des appareils. Un modèle à suivre !

« Allons-y. »je dis quelques secondes après en tirant doucement Léna.

On s'était installé dans un petit restaurant sympathique à l'extérieur. Il donnait directement sur la rue. Par nostalgie, Léna avait commandé des plats un peu plus occidentaux. J'avais opté pour quelque chose de léger. Je voulais prendre plaisir à manger le dessert, évidemment ! Avec un petit sourire aux lèvres, je sors de mon sac à main son cadeau.

« Charlie et la Chocolaterie ! » s'écrie-t-elle sous le choc.

Immédiatement,elle pose ses mains sur sa bouche avant de prendre le livre toute excitée. C'était un univers qu'elle adorait secrètement parce que notre père ne voulait pas qu'on « se bourre le crâne avec de telles sottises ». Je n'étais pas d'accord. Léna pouvait grandir en même temps qu'un univers qu'elle affectionnait beaucoup.Léna repose le livre puis lève son regard vers moi.

« Merci beaucoup ! Avec toi, la vie est plus facile. »

Je souris bêtement puis je sors de mon sac à main un petit gâteau pour deux. Il était encore dans sa boîte en carton. Je le pose sur la table puis l'ouvre.

« Tadaaa. »

« Ooooh ! Comment tu as fais pour le mettre dedans ? »

Je prends un air effaré et surpris. Quelle actrice.

« T'es pas au courant ? Ce sac à main appartenait à un Seigneur du Temps. »

Je la vois réfléchir quelques secondes avant de comprendre ma blague.

« Ah oui ! C'est plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur. »

Je hoche lentement la tête, satisfaite. Je l'ai bien éduqué cette petite. Je cherche ensuite un briquet dans mon sac... Mince ! Je l'ai oublié. Du regard, je cherche un potentiel fumeur... Bingo !Un jeune homme fumait dans un coin sombre de la rue.

« Excuses-moi ! »j'appelle.

Quand il pose son regard sur moi, je lui fait signe de venir avec un sourire. Il se rapproche l'air nonchalant. Tiens, ça me rappelait quelqu'un. Il s'arrête à quelques mètres de nous et nous dévisage une à une. Je m'incline légèrement.

« Avez-vous un briquet s'il vous plaît ? C'est pour allumer la bougie. »j'explique.

Il me fixe et soupire longuement en cherchant dans sa poche. Il avait des traits largement plus tirés que mon camarde de lycée. Il me tend le briquet et je remarque dessus qu'il y avait le symbole d'une lune rouge. J'allume rapidement les bougies avant de lui rendre en le remerciant. Il me fixe longuement... Ou plutôt le manteau avant de repartir à nouveau dans son coin. Qu'est ce qu'ils ont tous avec ce manteau ?

« Fais un vœux ! »

Je la vois fermer les yeux en joignant ses mains. Trop adorable. Après quelques secondes elle souffle puis j'applaudis et sort un autre cadeau. C'était un petit bracelet avec des étoiles. Après le restaurant, je l'emmène faire un tour de ferry sur le fleuve Han.Étrangement, il n'y avait presque personne à cette heure là. On s'était mise un peu à l'écart où personne ne pouvait nous voir pour être tranquille. J'observe les lumières de la ville. Il y avait un vent frais en même temps. Mon regard se tourne vers Léna.

« Ça te plaît ? »

« Oui beaucoup. »

Elle semblait aimer le spectacle qu'on lui offrait et c'était tant mieux.Mais pourtant... J'entends du chahut à quelques mètres de là. Cela faisait presque une heure que le ferry naviguait sur les eaux calme du fleuve. Je me lève pour chercher la cause du bruit, sort de notre« cachette » et... Oh mon dieu. A quelques mètres de moise trouve deux groupes bien distincts : d'un côté des hommes qui portent du rouge et de l'autre ceux qui portent du vert. Les Verts étaient de dos et ne me voyaient pas mais les autres me voyaient très clairement. J'ai reconnu plusieurs visages : le gars du manteau et le gars de la cigarette. Ils étaient tous armés d'armes blanches et de d'autres trucs en métal. Je me recule,choquée puis je m'assois en observant Léna qui regardait toujours la vue.

« Dis... »

Son regard se pose sur moi. Elle était si heureuse.

« Tu veux écouter de la musique ? Je crois qu'il y a de nouvelles chansons de KPOP... »

« Vraiment,j'ai le droit ? »

« Tuas droit à tout aujourd'hui. » je lui dis avec un sourire forcé.

Je sors mon portable et mes écouteurs d'une main tremblante puis je lui donne. Je lui met les écouteurs puis entends le début du combat entre les deux groupes.

« Ah,vite, vite, tu vas adorer ! »

Je mets en marche une musique au hasard et monte à fond le son. Mon cœur battait vachement vite. Et s'ils venaient ici ? S'ils nous tuaient ? Et puis, c'était quoi ça ? Oh mon dieu...J'étais paniquée et je faisais semblant de regarder la vue mais...J'entendais tout. Leurs voix, ce qu'ils se disaient entre eux, les bruits des impacts malgré le vent. C'était d'une violence et je n'imaginais même pas les images qui allaient avec. Le ferry s'arrête soudainement après quelques minutes de combat et toutes les lumières s'éteignent à leur tour. Je pouvais voir qu'on était proche du quai. Mais... Il y avait un silence de mort. Je voyais des hommes verts partir en courant du ferry, le long du quai. Oh oh... Léna retire les écouteurs en fronçant les sourcils.

« Qu'est ce qu'il se pa... »

Aussitôt,je pose ma main sur sa bouche et je la colle contre ma poitrine. Elle avait parlé si fort... Mon cœur bat de plus en plus vite. Léna doit le sentir.

« Je crois qu'on a un problème. » lâche une voix un peu plus aiguë que les autres.

Mais c'était la voix d'un homme. J'entends des pas mouillés se rapprocher de plus en plus avec aussi une petite lumière. Lorsque cette dernière se braque, elle m'aveugle et j'entends quelque chose de lourd et de métallique tomber au sol. Par réflexe, je mets ma main devant mon visage pour pouvoir le voir. J'ai tout de suite remarqué ses lèvres particulières.

« Je crois... Qu'on a un gros problème. » répète-t-il avec un air que je n'arrivais pas à décrire. 

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