Chapitre 7
La nuit était presque tombée. Auguste prépara ses affaires avant de partir fouiller le navire. Si Charles ne le rejoignait pas avant la tombée de la nuit, il irait sur le bateau seul. Finalement, quelques instants plus tard, il vit son ami le rejoindre.
« Mais où est-ce que tu étais passé enfin, chuchota Auguste.
-Oh la la, mais tu vas pas commencer ! s'exclama Charles.
-Chut », fit Auguste.
Au cas où des hommes seraient restés à bord, Auguste avait pris une massue mais Charles lui avait conseillé de ne s'en servir qu'en dernier recourt. Peu à peu et aussi discrètement que possible, les deux jeunes hommes s'approchèrent du bateau. A leur grand étonnement, personne ne surveillait Valencia. Ils en profitèrent pour monter à bord, passer sur le pont et descendre pour arriver enfin jusqu'aux cabines.
« On commence par laquelle ? demanda Charles.
-Par celle du Capitaine bien évidement, lui répondit Auguste.
-On la voit la confiance », lui dit Charles ironiquement.
Ils s'approchèrent et remarquèrent que la porte de la cabine n'était pas verrouillée. Ils entrèrent dans la pièce. Tous deux commencèrent à fouiller chaque coins et recoins de la cabine. Au bout d'un moment, Charles conclu :
« Je pense qu'on ne trouvera rien.
-Pourquoi ça ? Demanda Auguste.
-On a trouvé aucun de ses effets personnels, pas de vêtements, pas d'indices, seulement des armes et une paire de bottes, dit Charles. On ferait mieux de s'en aller avant que quelqu'un s'aperçoive de notre absence.
-Tu peux y aller si tu veux, je te rejoins plus tard.
-J'espère que tu ne te feras pas prendre, l'encouragea Charles.
-Pareillement », répondit Auguste.
Tandis que Charles était parti, Auguste continua à chercher. Dans les tiroirs, sur les étagères et vérifia même s'il n'y avait pas de passage secret. Il regarda dans les livres, derrière le miroir. Cela dura plus d'une heure.
Au bout d'un moment, il faillit abandonner. Soudain il observa qu'une des lattes du planchet se démarquait des autres. Lorsqu'il marchait dessus, contrairement aux autres, il entendait un bruit creux. Il la souleva et remarqua un chiffon. Quand il le prit, il comprit qu'il y avait quelque chose à l'intérieur. C'était lourd et froid. Quand il voulut l'enlever, maladroitement, fit tomber l'objet à l'intérieur par terre. Il le reconnu tout de suite. C'était sa longue vue. Ça signifiait que les pirates avaient mentit, que Charles s'était trompé et que la Capitaine était responsable.
Il vérifia qu'elle n'avait rien de cassé mais comme l'intérieur était sombre, il décida de le faire au clair de lune. Elle était belle et ronde, brillante et éblouissante. Mais quand il la regarda à travers sa longue vue, une carte lumineuse se forma dans la lentille supérieure. Il la ramena vers lui pour observer ce qui venait d'apparaître mais sans faire attention, il mit sa main en contact avec la lentille en question. Celle-ci le brûla en dessinant la fameuse carte sur sa main. Le jeune homme se retint d'hurler. Il était épaté et à la fois horrifié. Etait-ce pour ça que la Capitaine l'avait volé ? un sentiment de fierté et de déception à la fois l'envahi. Il descendit du bateau et prit grand soin de cacher sa main où la brûlure était apparue. Charles l'attendait.
« Tu as de la chance que personne ne soit venu, le gronda-t-il. Tu en as mis du temps !
-Tant que ça ? demanda Auguste.
-Trop même je dirai, avoua-t-il. Alors, as-tu trouvé quelque chose ?
Auguste hésita.
-J'ai..., commença-t-il.
Tout à coup, ils virent des hommes sauter d'un bâtiment. Ils hurlaient de partir. Auguste et Charles aperçurent la Capitaine devant une fenêtre. Au moment où elle sauta, le bâtiment explosa. Elle atterrit non loin d'eux.
-Qu'est-ce que vous avez fait encore ? demanda Charles très énervé. C'est quoi ça !
Auguste se retint de rire. Charles parlait au Capitaine comme à un enfant qui aurait fait une bêtise.
Auguste n'y cru pas pour plusieurs raisons : la première était qu'il ne leur faisait pas confiance, la deuxième, que le Capitaine lui avait raconté qu'elle ne buvait pas d'alcool et il y en avait une troisième, il ne croyait pas au hasard.
Charles aussi semblait sceptique.
-C'est ça, dit justement celui-ci, il n'y a pas de blesser au moins ?
-Parmi nous, aucun, lui répondit-elle.
Ce parmi nous inquiéta les deux jeunes hommes.
-Et les autres personnes présentes ? demanda Charles.
-Pas de blessés, seulement des morts.
Voilà, leurs inquiétudes étaient fondées. Charles fit une tête horrifiée.
-Ils ne le sont pas tous évidemment, tenta de les rassurer le Capitaine.
-Capitaine, est-ce que ça va, cria une voix qui semblait être celle du général Sabidurío.
Il arriva en courant et se posta devant sa supérieure. Il était essoufflé mais reprit vite son souffle.
-Que faisiez-vous ? demanda-t-il. Qu'est-ce que c'est que ce carnage ?
-C'est une longue histoire, lui répondit-elle.
Des hommes s'approchèrent du Capitaine avec un soldat. Finalement, il y avait bel et bien un blessé. L'homme semblait évanoui. Il portait le costume des soldats : un pourpoint rouge et blanc avec des bats gris. Sur sa tête était disposé une perruque anciennement blanche.
-Qu'est-ce qu'on fait de celui-là ? demanda un des hommes.
-Enfermez-le dans un des cachots de Valencia et surtout désarmez-le et ne le faites pas partir, leur répondit la Capitaine, il nous faudra l'interroger. »
Ils partirent tous les deux avec le nouveau prisonnier.
« Je n'arrive pas à y croire, un bâtiment a explosé, il y a des morts et pour elle, ce n'est pas dramatique, s'emporta Charles.
-Ce que je n'arrive pas à croire c'est que dans un bateau il y ait autant de pièces, s'étonna Auguste.
-Il n'y a que ça qui t'étonne ? demanda Charles à Auguste. Toi qui es toujours prêt à suspecter n'importe qui ou n'importe quoi.
-De quoi tu parles ? demanda Auguste.
-Depuis le départ, tu trouves toujours des prétextes contre ces pirates, lui dit Charles. Tu répètes sans arrêts qu'ils nous cachent des choses, et là, tu es d'accord avec eux !
Il y eu un moment de silence puis Charles reprit :
-Je m'excuse de m'être emporté et j'espère que tu ne m'en voudras pas.
-Mmmh, marmonna Auguste qui ne l'écoutait pas vraiment.
-Au fait, que voulais-tu me dire tout à l'heure ? l'interrogea-t-il.
-Rien, rien, lui répondit Auguste toujours dans ses pensées.
Un des pirates s'approcha d'eux et leur adressa la parole :
-Nous repartiront cette nuit, commencez à préparer vos affaires, ordre du Capitaine. »
Tous les deux prirent le chemin jusqu'à leur auberge. Auguste, lui, ne se sentait pas prêt à révéler à Charles sa découverte. Il défit légèrement le tissu avec lequel il s'était bandé la main pour apercevoir sa brûlure. Elle était encore chaude et lui faisait toujours atrocement mal.
Mais si cette brûlure était réellement une carte, à quel trésor mènerait-elle ?
***
Une fois tous les invités couchés, le Capitaine prépara une troupe afin d'aller dans la taverne d'en face. Le danger était présent car s'ils se faisaient repérer et qu'il y avait une fusillade, les tonneaux remplis de poudre à canon exploseraient et eux avec. Elle décida de prendre les hommes les plus habiles pour la mission et surtout, elle voulait que son général n'en sache rien. Ça n'arrangerait pas les choses. Il lui ferait la morale sur le fait qu'elle ne devait pas chercher la querelle, ne pas mettre en danger la vie de ses hommes, etc.
Elle avait dit aux hommes qui avaient voulus l'accompagner qu'ils allaient seulement récupérer la poudre à canon, mais si elle voulait y aller, c'était parce qu'il y avait une troupe de soldat du Duc de Saint-Azur, le frère du roi. Peut-être même que ce duc serait présent ce soir. Elle avait une vengeance à prendre et un message à faire passer.
Ils se postèrent devant la taverne puis, un des hommes prit un grappin et les autres firent de même. Ils grimpèrent et le Capitaine leur fit signe de ne faire aucun bruit. Tout doucement ils se retrouvèrent au niveau des fenêtres et entrèrent dans le bâtiment sans que personne ne s'en rende compte. Ils avancèrent à pas léger quand l'un des pirates fit craquer une latte du planchet. Les soldats armés et les autres personnes présentes dans la taverne se retournèrent, les pirates y compris. Elle jeta un regard assassin à l'homme qui les avait fait repérer. A présent il allait falloir se battre. Les pirates sautèrent du balcon en hurlant pour atterrir sur le sol, les chaises et les tables. La Capitaine hurla :
« Nous sommes des pirates si vous ne l'aviez pas remarqué, et nous allons vous voler tout votre argent, Hug ! » hurla-t-elle pour les terroriser.
Le combat contre les soldats commença. A coups de sabre et d'épée les combats étaient terribles. La Capitaine se battait d'un côté, sur une table. Assiégée par un soldat, elle sauta au-dessus de sa tête avant de prendre son épée. Il se retrouva sans défense.
« Ah ah ! » fit la Capitaine.
Elle se retourna et vit que derrière elle, cinq soldats la regardaient avec un sourire moqueur.
« Oh oh ! » se corrigea-t-elle.
Elle se tourna à nouveau et compris qu'elle était encerclée. Elle réfléchit rapidement à ce qu'elle allait entreprendre.
« Oh, une diversion, dit-elle.
Sans réfléchir, tous se retournèrent pour apercevoir la « diversion ». Pendant ce temps, elle s'élança, sauta en essayant de s'accrocher au lustre, puis se balança afin d'atteindre le balcon.
-Comment ça une diversion, mais il n'y a rien, dit l'un des soldats.
Ils se rendirent compte que la Capitaine avait disparue et entendant du bruit au-dessus de leur tête, ils la levèrent et virent la jeune femme pendue au lustre.
-Cette fois tu ne nous échapperas pas ! s'écria un autre soldat.
Ils sortirent leurs fusils, prêts à tirer.
-Ça c'est ce que vous croyez, leur dit-elle avec un sourire taquin.
Elle finit par réussir à prendre assez d'élan pour se jeter sur le balcon. Pendant que la Capitaine faisait diversion avec les soldats, certains de ses hommes prenaient les tonneaux de poudre à canon et les faisaient rouler en toute discrétion vers la sortie.
Un soldat se rendit soudain compte de la supercherie.
-C'est une diversion ! cria-t-il.
Elle l'assomma avec le paumeau de son sabre mais les autres l'avaient déjà entendu.
-Rattrapons-la ! hurlait celui qui semblait être le chef, et vous autres, occupez-vous des pirates !
Comme il l'avait ordonné, ses hommes se précipitèrent sur ceux du Capitaine.
-Attention, ils arrivent ! leur cria-t-elle tandis qu'elle se battait.
Quand ils virent arriver les soldats, ils prirent deux tonneaux et les firent rouler dans la direction des soldats. Ceux-ci à terre, les pirates récupérèrent les tonneaux et les ramenèrent vers la sortie. Un peu de poudre était sorti des tonneaux, ce qui rendait le combat encore plus dangereux.
L'aubergiste, caché derrière son comptoir, regardait la scène avec horreur. Il était pétrifié. Un des pirates s'approcha de lui :
-Puis-je vous emprunter ceci, demanda-t-il en montrant une bouteille de rhum.
L'aubergiste hocha la tête très rapidement avant de lui donner la bouteille et de se recacher. Le pirate prit la bouteille, la but cul sec entièrement et la jeta sur un soldat prêt à se jeter sur lui. La bouteille le frappa tellement fort qu'il s'évanouit sur le coup.
-Merci » dit-il à l'aubergiste avant de repartir se battre.
La Taverne était sens dessus dessous. Tout à coup, un des soldats prit un fusil et tira un coup pour faire peur aux assaillants.
Il n'y eu aucune réaction de la part de personne. Néanmoins, un feu commença à se propager.
-On se repli, ordonna la Capitaine à ses hommes en voyant le feu qui se dirigeait vers les tonneaux de poudre à canon.
Comme elle l'avait ordonné, ses hommes se précipitèrent par les portes et les fenêtres. Elle attrapa un soldat au vol et ordonna :
-Faites passer un message pour moi.
-Lequel, demanda le soldat terrifié.
-Dites au Duc de Saint-Azur qu'il arrête de terrasser des innocents, et qu'il arrête de tuer, dites-lui qu'il doit quitter le royaume et ne plus jamais revenir, qu'on n'entende plus jamais parler de lui !
-Et de la part de qui ?
-Du plus grand Capitaine que ce monde n'ait jamais connu »
De ces mots, elle prit le soldat, le jeta par la fenêtre. Elle regarda derrière elle puis sauta. A ce moment, la poudre à canon explosa derrière elle et la projeta. Elle atterrit non loin de deux de ses invités. Quand elle reprit ses esprits, elle se leva d'un bond et se demanda pourquoi ils étaient devant Valencia et non à l'intérieur de l'auberge. Avaient-ils découvert son secret ? Elle préféra ne pas leur en parler pour éviter d'éveiller les soupçons. Tout à coup, Charles lui cria :
« Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce que vous avez fait encore ?
-Rien, nous étions tranquillement en train de boire un verre et à ce moment la taverne a explosé, mentit-elle.
-C'est ça, il n'y a pas de blesser au moins, demanda Charles.
-Parmi nous, aucun, lui répondit-elle.
Même s'il était noble et qu'elle devait le respecter, toutes ces questions commencèrent à l'agacer.
-Et les autres personnes présentes ?
-Pas de blessés, seulement des morts.
Charles fit une tête horrifiée.
-Ils ne le sont pas tous évidemment.
-Capitaine, est-ce que ça va, cria le général Sabidurío au loin.
Il arriva en courant et se posta devant elle. Elle espérait qu'il n'allait pas paniquer comme à son habitude et en plus devant leurs invités.
-Que faisiez-vous ? demanda-t-il.
-C'est une longue histoire, lui répondit-elle.
Des hommes s'approchèrent du Capitaine avec un soldat. Finalement, il y avait bel et bien un blessé.
-Qu'est-ce qu'on fait de celui-là, demanda un des hommes.
-Enfermez-le dans une des prisons de Valencia et surtout désarmez-le et ne le faites pas partir, leur répondit la Capitaine, il nous faudra l'interroger. »
Le soldat devait avoir une vingtaine d'années, il ne semblait pas bien expérimenté. Néanmoins il devait avoir quelques informations à lui donner sur le Duc de Saint-Azur.
Elle partit accompagnée de son général. Une fois éloignés de tout le monde, le général Sabidurío lui demanda :
« Mais qu'est-ce qui t'as pris d'aller dans une taverne remplie d'explosif, avec en plus des soldats du Duc ?
-On allait récupérer la poudre, au cas où, répondit-elle innocemment.
-N'y a-t-il vraiment aucun mort parmi les nôtres, aucun blessé ?
-Aucun, je t'assure, Amaury, venez, il faut que je vous parle, dit-elle à un des pirates qui passait par-là.
L'homme arriva.
-Oui Capitaine, qu'y a-t-il ?
-Combien avons-nous récupérer de tonneaux ? demanda-t-elle.
-Nous en avons récupéré sept, répondit-il.
-Sept, c'est bien ! S'exclama-t-elle. Sept sur combien, dix ?
-En fait, nous en avons récupéré sept sur trente tonneaux.
-Comment ! s'exclama le général Sabidurío, Amaury, laissez-nous, merci.
Une fois partit et éloigner, le général pu s'exprimer :
-Sept sur trente, tu as risqué ta vie et celle de tout ton équipage pour sept tonneaux sur trente ! Serais-tu devenue folle Ali ?
-C'est pour ça que je ne t'en aie pas parlé, je savais que tu réagirais comme ça, lui répondit-elle. Et puis, je n'ai pas emmené tout l'équipage.
-Tu as pris nos meilleurs éléments, lui dit-il. Et ces meilleurs éléments auraient pu y rester, toi avec.
Il souffla et reprit :
-Bon, il se fait tard, nous allons rentrer au navire et continuer la route. Les soldats vivants vont aller chercher d'autres troupes et ils risquent de ne pas tarder. »
Le général partit tandis que le Capitaine appela un des hommes pour qu'il aille prévenir leurs invités du départ.
Désolée pour ce Chapitre assez long. J'espère chers lecteurs, que vous avez pu aller jusqu'au bout.
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