Chapitre 1

Deux ans plus tôt…

Auguste n’avait pas l’âme d’un bagarreur. Il ne se battait que si c’était nécessaire, et encore…il n’était pas si mauvais. Son meilleur ami, Charles, était un fils de seigneur. 

Auguste était un beau jeune homme il faut dire. Il avait de beaux cheveux bruns, tandis que son ami les avait blond et malgré son air aventurier et intrépide, il avait une passion : le violoncelle. Cela venait de sa mère, avant qu’elle ne le quitte. Bien sûr, il n’avait pas les moyens de se payer des cours, mais son ami Charles les lui offrait au château, car selon son père, c’était son seul ami. Les deux étaient âgés de 18 ans. Ils avaient aussi une amie, Aubrée. Comme Charles, elle était blonde mais avec de beaux et grands yeux bleus. Parfois Auguste se demandait si ce n’était pas une princesse cachée étant donné sa beauté, de plus, une princesse avait disparu il y a dix ans. Le roi et la reine avaient alors demander à tout le royaume de la chercher et offraient à qui aurait des informations fiables à son sujet, une bourse remplie de pièces d’or. Mais malheureusement, jamais ils ne la retrouvèrent. 

Aubrée avait deux ans de plus que ses amis. Ils s’étaient rencontrés lorsqu’elle avait perdu ses parents lors d’une foire. Ils l’avaient aidé à les retrouver. Depuis ils étaient devenus meilleurs amis. Ce jour-là, alors que Charles et Auguste se promenait dans le marché, Charles s’était mis une cape pour ne pas qu’on le reconnaisse. Auguste bouscula un vendeur de poivron sans le faire exprès. Celui-ci s’emporta et renversa tous ses poivrons :

« Eh, mais tu ne peux pas faire attention un peu quand tu marches, sale vaurien !

C’était un grand homme, blanc de teint et brun de poil, assez imposant. Avec une seule de ses gifles il aurait pu faire voler une poule. Il avait de petits yeux noirs et pleins de rage à l’heure actuelle. Il portait une chemise brune et pantalon de la même couleur avec un tablier autrefois blanc. 

-Je suis vraiment désolé, s’excusa le jeune homme. Je n’ai pas fait exprès.

-Tu as renversé tout mon stocke de poivrons et tu crois que t’excuser suffira ! s’exclama-t-il. C’est toute ma marchandise que tu as détruite !

Même s’il trouvait que c’était un peu exagérer pour quelques légumes, il préféra garder sa pensée pour lui-même.

     -Comme je vous le dis, je suis désolé mais ce n’est pas moi qui ai renversé votre cargaison, c’est vous quand vous vous êtes énervé.

-Qu’est-ce que tu racontes ! C’est toi qui as renversé tous mes beaux poivrons !

Charles donna un coup à son ami pour lui faire comprendre de ne pas s’énerver. 

-Bon, si vous le dites, lui répondit Auguste légèrement agacé. 

Cet homme commençait sérieusement à l’irriter. 

-Y a intérêt !

Puis il repartit. 

-En même temps si vous n’aviez pas tous ces poivrons devant vos yeux vous ne bousculeriez personne, marmonna le jeune garçon.

Malheureusement pour lui, le vendeur avait l’ouïe très fine. Il l’entendit.

-PARDON ! hurla-t-il, QU’EST-CE QUE TU VIENS DE DIRE !

-Rien, rien, lui répondit innocemment Auguste.

-C’EST CA, ET MOI JE SUIS IDIOT PEUT-ÊTRE ! TU VAS ME LE PAYER ! »

Pour le coup, Auguste ne lui aurait pas donné tort. 

Soudain, le vendeur de poivron essaya de lui donner un coup de poing mais Auguste l’évita. Il retenta de nouveau, mais encore une fois, sans succès. Auguste lui donna un coup de pied qu’il ne rata pas suivi d’un coup de poing dans le nez qui le fit saigner. L’homme avait beau être fort, Auguste était beaucoup plus rapide et précis. Le jeune prince préféra ne pas s’en mêler. Lorsque deux chiens se battent, il ne faut pas tenter de les arrêter. L’homme prit un couteau sur une étale de marché et essaya de le planter dans l’épaule d’Auguste. A ce moment, une troupe de chevalier arriva :

« Messieurs, que ce passe-t-il, lâchez ce couteau immédiatement et arrêtez d’agresser ce jeune homme ! Ordonna le premier.

Cette troupe étaient censé assurer la sécurité dans les rues et appliquer la justice.

-Ce n’est pas du tout ce que vous croyez, c’est lui qui m’agressait, se défendit l’homme. 

-C’est pour ça que vous avez un couteau ans les mains, pointé en sa direction, c’est tout à fait logique ! S’exclama le chevalier, une pointe d’ironie dans la voix. Vous allez nous suivre.

-Non, attendez, tenta le vendeur, je vais vous raconter ce qu’il s’est vraiment passé et vous comprendrez bien vite pourquoi je tenais ce couteau.

-Nous vous écoutons.

-Je marchais tranquillement dans la rue avec ma cargaison de beaux poivrons, puis, dit-il en pointant Auguste d’un doigt accusateur, il est arrivé, il m’a bousculé et a fait tomber toute ma cargaison, ensuite il m’a insulté, et accusé de l’avoir bousculé alors que c’était lui !

L’intéressé ne répondit pas pour deux raisons : même si c’était un gamin des rues, on lui avait appris la politesse – c’est-à-dire ne jamais couper le parole – et surtout, face à toutes ces bêtises il se demandait vraiment comment la plus idiote des personnes pouvait y croire. 

-Et c’est pour ça que vous avez tenté de le poignarder, lui demanda un autre des chevaliers.

-Non, laissez-moi expliquer, après cette situation je me suis levé, j’ai tout ramassé et j’ai commencé à m’en aller, il m’a poursuivi et m’a donné un coup de pied, ensuite un coup de poing et pour finir, si je tenais ce couteau c’était parce que je le lui avais arraché des mains pour ne pas qu’il me poignarde.

Sont discours eu un effet sur les chevaliers. L’un d’eux resta sceptique mais les deux autres le crurent. 

-Tout s’explique, dit l’un des crédules, arrêtez le jeune homme.

Auguste n’en cru pas ses oreilles. La "justice" n’était plus ce qu’elle était décidément. 

-Mais, qu’est-ce que vous faites, lâchez-moi, il raconte n’importe quoi, c’est moi qui ai failli être poignardé ! s’écria le jeune homme. C’est lui le criminel !

-Mentir de servira plus à rien une fois pendu.

-QUOI ! s’exclama Auguste.

Pendu était tout de même un peu abusé. Il pria pour que Charles vienne à sa rescousse. Ses prières s’exaucèrent. 

-Arrêtez tout de suite, ordonna Charles en enlevant sa cape.

-Qui ose nous parler ainsi, demanda l’un des chevaliers qui ne semblait pas l’avoir reconnu.

-Charles, fils d’Hector, votre futur seigneur ! S’exclama-t-il tout haut pour que tout le monde puisse l’entendre.

Auguste aimait le côté théâtral de son ami. Mais il pouvait arriver que Charles exagère un peu de temps en temps. 

-Que pouvons-nous faire pour vous servir, demanda un chevalier.

-Relâchez mon ami et rien d’autre, répondit Charles.

-Ah, c’est votre ami, dit le chevalier, mais savez-vous ce qu’il a fait.

-Oui et je sais surtout ce qu’il n’a pas fait.

-Quoi dont ?

Il se positionna de la même façon que l’homme aux poivrons mais avec plus d’élégance pour conter ce qui s’était vraiment produit.

-Tout ce que cet homme à affirmer est faux, j’ai tout vu de la scène, je n’ai rien manqué, j’étais aux premières loges pour voir tout ça ! c’est un menteur !

Toutes la rues s’arrêta sur le dernier mot du jeune monarque. Ils eurent tous une expression de stupéfaction. Les chevaliers - quant à eux – sentirent une pointe d’inquiétude monter en eux.  

-Désolé sir, s’excusa le chef de la troupe. 

Il fit des signes aux deux autres qui vinrent entourer le vendeur de poivrons.

-Monsieur, vous êtes en état d’arrestation pour tentative de meurtre, de mensonges envers la justice qui a failli couter la vie à un pauvre jeune homme et agression, veuillez me montrer vos mains.

-Attendez, les coupa Charles, seul mon ami ici présent décidera du sort de cet homme.

-Très bien, approuva le chevalier, approchez je vous prie.

Auguste obéit avec un immense sourire aux lèvres. Un sourire de satisfaction. 

-Alors, à quoi allons-nous jouer cher vendeur de poivrons ? demanda Auguste. C’est drôle justement, je déteste les poivrons ce qui est une raison de plus pour vous détester vous !

-Allez, dépêchez-vous, bon sang, lui demanda le vendeur.

-Emmenez-le sur la grande place publique et faites-en sorte que toute la ville y soi, demanda Auguste en se frottant les mains.

-Bien, venez monsieur.

Les chevaliers repartirent. Charles se tourna vers son ami et l’interrogea :

-Qu’est-ce que tu mijote, Auguste ? lui demanda Charles. Tu sais qu’il vent souvent des poivrons à la famille d’Aubrée, ça lui fera sûrement de la peine, c’est presque son ami d’autant plus que si elle apprend que tu lui fais du mal ou quoi que ce soit dans ce genre, crois-tu vraiment qu’elle voudra continuer à être amie avec nous, qu’elle va continuer à t’aim… 

Il laissa sa phrase en suspens, il savait qu’Auguste n’était pas au courant qu’Aubrée était amoureuse de lui.

-Je n’ai pas bien compris, elle va continuer à quoi ? demanda Auguste.

-Non, rien, j’allais juste redire le fait qu’elle était amie avec le vendeur de poivrons, Gilbert il s’appelle, à priori.

-Mais je m’en fiche royalement, lui répondit Auguste. Après tout ce qu’il m’a fait, crois-tu que j’aie vraiment envie de ne rien dire et laisser passer ? Si tu crois cela, alors tu te trompes. Tu viens ? »

Ils se dirigèrent en direction de la grande place. Les chevaliers avaient fait leur travail correctement, toute la ville y était. Auguste fit signe aux chevaliers de le suivre avec Gilbert vers le centre.

« Oyez, oyez, bonnes gens, ici, à cet instant précis, se trouve un homme qui a tenté de me tuer ! s’exclama haut et fort le jeune homme.

-Oooooooooooooohhhhhhhhh, fit la foule en chœur.

-Oh non, c’est pas vrai, se dit Charles à lui-même en se frappant la tête de sa main.

-Cet homme, ou devrai-je dire, cet individu m’a accusé d’avoir tenté de le tuer alors que c’est l’inverse, vous imaginez, c’est un menteur qui plus est ! continua-t-il.

Il reproduisait les mêmes mimiques que son ami comme s’il jouait une pièce.

-Oooooooooooooohhhhhhhhh, refit la foule.

-Qu’on le pende, cria quelqu’un.

-Qu’on le pende, qu’on le pende, qu’on le pende ! » hurla la foule en chœur.

Charles aperçut Aubrée dans la foule, il fit signe à Auguste de venir. Lorsqu’il le rejoignit, Auguste lui demanda :

« Qu’est-ce qu’il y a encore ?

Il pointa du doigt Aubrée qui pleurait.

-Je vois, ma sentence sera moins pénible, sois tout de même très attentif.

Avant qu’il ne reparte, Charles attrapa son ami par le bras d’une poigne ferme.

-Essaie de ne pas trop dramatiser quand même », lui demanda Charles.

Il repartit vers le centre de la grande place. 

Arrivé devant son agresseur, il regarda la foule mais ne repéra pas Aubrée. Charles le fixait pour être sûr qu’il ne fasse pas de bêtises. Mais ce n’était pas un regard qui allait l’arrêtait…

« A genoux, ordonna Auguste à Gilbert.

-Pardon ! hurla celui-ci.

-J’ai dit à genoux ! répéta Auguste.

Il obéit et s’agenouilla en marmonnant quelque chose.

-Maintenant, embrasse mes chaussures !

-Je veux bien faire certaines choses mais là ça va trop loin.

-Voulez-vous que j’en parle à sa majestueuse seigneurie royale peut-être ? demanda Auguste sans attendre de réponse. Non, je ne crois pas, alors faites ce que je vous ordonne !

Et c’est avec un autre grognement qu’il embrassa sa chaussure avant de se relever. La foule riait.

-Il me semble avoir dit mes chaussures, j’ai deux pieds, à moins que je ne sois unijambiste sans le savoir.

A nouveau, la foule riait à en pleurer. Tandis que le vendeur de poivrons se remettait à genoux pour embrasser sa deuxième chaussure. Les villageois en tombaient par terre et se roulait tellement ils riaient. Gilbert se releva. Une fois debout, Auguste lui donna un coup de pied entre les jambes qui le fit se baisser et une fois à sa hauteur, un coup de poing entre ses deux yeux.

-Eh, oh, qu’est-ce qui vous prend, s’exclama l’homme, pourquoi vous faites ça, hein ?

-Le plaisir il faut croire, et puis vous l’aviez bien mérité. 

-Comment ça ?

-La prochaine fois que vous vous en prendrez à quelqu’un de plus petit que vous, vous savez ce qui vous attendra. » 

Au bout d’un moment la foule se dispersa, le vendeur de poivrons s’en alla et les chevaliers repartirent comme s’il ne s’était rien passé. Auguste rejoignit son ami.

« Franchement Auguste, t’étais obligé de l’humilier de cette façon, le dit Charles.

-Si tu avais connaissance du nombre d’orphelins présent dans cette ville, commença Auguste, personne ne s’occupe d’eux, personne n’est gentil avec eux et je me sens privilégié d’être ton ami alors que c’est juste de la chance tu vois, je ne sais même pas si tu peux comprendre.

Charles remarqua bien qu’il tentait d’esquiver la question. Il continua :

-Je ne suis pas si différent d’eux au final : je n’ai pas de parents, pas de famille, pas d’argent, seulement un ami haut placé dans la société. Et puis ces hommes comme Hubert…

-Gilbert, le corrigea Charles.

-Peu importe, les gens comme lui profitent des faibles et ça, je ne l’accepte pas. »

Ils continuèrent leur chemin vers le château. 

Sans qu’ils ne la sachent, aujourd’hui serait un grand jour pour eux et le début d’une nouvelle vie.

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