https://youtu.be/mP-BeFi58tQ

Elizabeth pouvait passer des heures entières à regarder les mouvement du cœur de son mari, bercée par le palpitement régulier et calme du muscle. Elle en était presque reconnaissante à Mictlantecuthi, à eux deux ils préparaient une vengeance phénoménale depuis toutes ces années qu'ils partageaient corps et âmes. De nombreux secrets avaient fuité de chaque coté, les trahisons, les haines, les pouvoirs, les deux entités avaient fini par s'attacher l'une à l'autre. Le désir profond du roi des pirates de retrouver la tranquillité de sa famille après s'être vengée de Calypso et lui dévorerait la nymphe. Renforcé de son corps et armé du totem de la Résurrection, son totem que les traîtres avaient caché dans le triangle des Bermudes , il serait invincible et détruirait enfin ce que ses ennemis avaient construit.

Un des avantages d'être un dieu de la mort, en partie du moins, c'est que le temps et l'espace se parcourait en un claquement de doigt. Leur corps se trouvait donc dans la caverne des Bermudes après des années de quête infatiguée. Le spectacle qui s'offrait à eux était merveilleusement chaotique. L'obscurité partielle de la grotte dévoilait un véritable carnage d'une bataille virulente. Parmi les cadavres qui jonchaient le sol, Elizabeth en reconnu un en particulier : Hector Barbossa, l'homme qui l'avait mariée.

Elle n'eut pas le temps de s'y attarder, Mictlantecuthi l'entraina vers l'autel qui trônait au milieu de la caverne, dégoulinant de sang séché. Un sacrifice glorieux avait du être exécuté ici.

- Enfin...

Cet instant qu'il attendait depuis des millénaires se concrétisait en ces quelques secondes. Il effleura doucement les reliefs du totem. De son totem. Il le souleva et se sépara de son hôte pour la première fois depuis des années.

Pour la première fois depuis qu'elle l'avait libéré, Elizabeth vit la grandeur du monstre qui l'habitait. Il peinait à tenir dans la caverne tant ses tentacules, ses volutes de fumée verdâtres et son squelette gigantesque étaient volumineux. Et dire que ce monstre était son ami...

- Elizabeth, murmura la bête. Le temps...

Elle n'eut qu'à effleurer sa peau pour comprendre qu'elle était loin de sa prime jeunesse et de sa rencontre avec l'homme de sa vie. Madame Turner eut un regard implorant envers le dieu.

- S'il te plait, sauve moi du temps...

- Cela veut dire qu'on ne se verra plus même pour ta mort ? S'enquit-il.

- Non... C'est juste que le temps n'a pas de prise sur lui, tu comprends ? Quand mon heure sera venue, nous vivrons l'amitié éternelle. Mais avant cela, nous devons vivre avec ceux qui possèdent nos cœurs...

- Je comprends... Dans ce cas, Roi des Pirates...

Tandis qu'Elizabeth souhaitait plus que tout au monde retrouver l'homme de sa vie, Jack lui voulait naviguer à nouveau sur le Black Pearl. Preuve en était, son compas pointait encore et toujours vers cette maudite bouteille ou Jack (le singe) était lui aussi coincé depuis près de vingt ans.

Il avait bien tenté de négocier avec Barbe Noire pour qu'il libère son navire bien aimé, mais cette si vieille canaille avait réussi sans encombre à embouteiller une flotte non négligeable, il restait incapable d'inverser le processus. Le moineau soupira, il fallait le sabre de Poséidon avait dit l'ancienne terreur des mers. Sabre que feu son ennemi juré s'était fait prendre par le dieu des mer en personne.

En bref, s'il pouvait enfin admirer sa Perle autant qu'il voulait au creux de sa main, elle ne lui restait pas moins proche qu'inaccessible.

- Jack... murmura une voix féminine pendant qu'une main se posait sur son épaule.

Le moineau leva un regard amer vers sa mère.

- Bonjour Maman, lâcha-t-il sans conviction.

- Tu sais que ce n'est pas ton bateau qui te rendras heureux ? Et que le regarder à longueur de temps ne le fera pas revenir ?

- Et bien tu diras ça à mon père quand on accostera à Shipwreck Cove.

- Comment ça ?

- Il... Comment dire sans que ça ait l'air glauque et répugnant ? Quand tu es morte il a fait momifier ta tête par une sorcière vaudou et il la garde toujours avec lui.

Mary Teague esquissa une moue dégoutée.

- Et bien il me tarde de retrouver ton père pour mettre un terme à cela, sourit-elle.

Elle ferma les yeux et savoura la sensation du vent et des embruns sur son visage. Son fils leva la tête vers la salle des cartes d'où plusieurs voix résonnaient. De toute évidence, il y avait encore une dispute là-bas dedans. Les cris s'amplifièrent jusqu'à ce que la voix d'Angelina retentisse derrière Hector son singe.

- Viens ici immédiatement ! Hurla-t-elle rageusement en courant derrière lui. Rends moi mon pistolet maudit macaque !

Hector lui gambadait et fuyait comme il pouvait. Dans sa course il repéra le Moineau et lui bondit dessus. Sparrow, surpris échappa sa bouteille qui se brisa sur le bastingage et passa par-dessus bord dans un petit "plouf" presque inaudible !

- Mon bâtiment ! Où est mon bâtiment ?!

Jack se pencha encore et encore pour tenter d'apercevoir sa Perle tout en pestant contre le singe de sa fille, responsable du drame. Angelina du le tirer violemment sur le pont pour éviter qu'il ne passe à son tour par-dessus bord.

- Ça ne sert à rien de plonger, fit-elle. Tu vas juste tomber à l'eau nous faire perdre un temps fou pour rien.

- Mais le Black Pearl ! Ton singe a coulé mon Black Pearl !

Angelina ne sut que répondre, elle connaissait l'importance de ce navire pour son père, lui qui n'avait pas hésité à abandonner sa fille pour chercher un moyen de délivrer son bâtiment... Hector bondit sur elle pour échanger l'arme qu'il tenait dans les mains contre quelques caresses. Elle s'apprêta à répliquer quand un bruit sourd provenant des profondeurs de l'Océan résonna faisant trembler toutes les planches du Queen Anne's Revenge.

Il ne fallut que quelques secondes à Jack pour rejoindre le bastingage et comprendre ce qu'il se passait. Un bouillonnement furieux était apparu là où le Black Pearl avait coulé. Parmi les remous il commençait à apercevoir le mat et la vigie qui émergeaient majestueusement.

— Le Black Pearl est libre ! On a libéré mon navire ! répétait-il.

L'équipage et toutes les personnes présentes sur le Revenge s'étaient réunies sur le pont, Jack et ses yeux pétillants en première ligne. Personne ne disait mot, le silence de l'assistance ne faisant pas le poids face au raffut du bateau. Le Black Pearl quant à lui sortait lentement de l'eau, dégoulinant, et massif.

—Le navire le plus rapide du monde, murmura le moineau, émerveillé. Dans le genre vitesse, c'est le champion.

Finalement, la métamorphose de la Perle se termina. Jack précipita tout le monde afin d'organiser l'abordage de son bâtiment.

— Enfin je te retrouve, ma vieille, susurra-le capitaine en effleurant boiseries et cordages.

— Dis donc Jack, tu vas quand même pas laisser ta femme gérer l'équipage toute seule ! rappela Angelica.

Même les remarques et les brimades de l'espagnole lui semblait une douce mélodie maintenant que son navire bien aimé était libre. Pour la première fois, il était sobre et heureux.

— Il s'agirait de s'organiser surtout, intervint la moinelle. Parce qu'on a plus rien à manger, presque plus d'eau...

— Et surtout plus de rhum, compléta Jack.

— Aussi, concéda-t-elle. D'après Davy, l'île des Quatre vents n'est pas très loin, on devrait l'atteindre avant la nuit, si on avance bien. On pourra y faire un stock de vivres et le cœur d'Henry. Tu récupères l'équipage qu'avait Barbossa sur le Pearl avant sa mise en bouteille ?

Jack grimaça, tous des traîtres et des mutins autant qu'ils étaient. Surtout que seules six personnes étaient suffisantes pour faire filer son bâtiment.

— Ecoutez-moi ! Cria-t-il avec emphase. Quelques-uns d'entre vous vont avoir l'immense privilège de voguer avec moi à bord du navire le plus rapide des Caraïbes ! Gibbs tu viens !

L'éternel second de Jack esquissa un sourire avant d'embarquer.

— Angie, mon ange bien sûr.

Sa femme leva les yeux au ciel tandis qu'il l'attrapait par la taille. Alors que Pintel, Ragetti, Mulrog et Murtog s'apprêtaient à franchir la passerelle séparant les deux navires, le Moineau les arrêta.

— Non ! Pas vous !

— Mais pourquoi capitaine ? Couina le borgne.

— Vous m'avez trahi. Deux fois en plus ! Donc restez donc avec ma fille, elle vous pendra au cordage s'il vous prend l'envie de faire pareil avec elle !

Les quatre marins glapirent sous l'œil moribond de la descendante des pirates les plus redoutables qui soient.

— Scrum, Tamara, je vous prends aussi ! Et vous deux-là, c'est quoi vos noms ?

— Callico et Rackam, capitaine, répondirent sobrement les deux marins qui suivaient cette aventure depuis le début sans broncher, uniquement pour avoir leur solde.

— Parfait ! Vous êtes engagés ! Gare aux mutineries sinon vous ferez pas long feu !

Au même moment, à plusieurs lieues de ces navires qui ne laissaient personne indifférent, un autre abordage se préparait. Will Turner motivait ses hommes, les âmes qu'ils devaient récolter étaient coriaces et ne s'étaient jamais laissées prendre jusqu'à présent. Devant le Hollandais Volant, le Silent Mary tentait de s'échapper. L'ancien forgeron continuait cette course incessante depuis plusieurs mois maintenant sans jamais pouvoir y mettre un terme. Soudain, l'ancre du navire ennemi fut larguée, arrêtant net le bâtiment qui fit un rapide demi-tour sur place.

— Réduisez la voilure ! Ordonna-Will qui sortit sa longue vue pour tenter d'analyser ce que tramait l'officier espagnol.

Soudain, le Silent Mary se dressa à la manière d'un mille-pattes prêt à écraser le Hollandais qui voguait encore droit vers lui.

— On plonge ! On plonge !

L'équipage de Turner évita de justesse le navire espagnol en repartant vers les profondeurs. Le capitaine maudit leva la tête vers son ennemi qui repartait vers d'autres horizons. Ce marin espagnol aurait dû faire partie du monde des morts depuis bien longtemps. Will soupira. Heureusement que sa femme gardait son cœur loin de lui, en sécurité.

Le cœur battant qui était enfoui dans le sable de l'île des Quatre Vents bondit d'une nouvelle énergie. Henry posait le pied sur l'île pour la première fois depuis son aventure. Il fit un rapide tour d'horizon, rien n'avait bougé. Les équipages des navires accostaient autour de lui pour chercher de l'eau douce et de la nourriture. Près de lui, Angelina attendait qu'il la guide vers son cœur.