Drink Up My Hearties

" Yo ho Yo ho

A pirate's life for me"

Baignés dans les effluves de rhum vieilli et des lueurs lunaires les marins s'étaient tous réunis dans la cale qui leur servaient de dortoir. Ils ne se racontaient pas les vieux contes de bonne femme pour s'effrayer. Ayant navigué sur le Queen Anne's Revenge, ils n'avaient pas besoin de cela. Les journées à bord étaient épuisantes mais chacun savait s'en satisfaire. Après tout, ils étaient en vie non ?

Syrena et Tamara chantaient au milieu des marins de leurs voies cristallines. Au fil des jours chacun avait appris à apprivoiser l'autre de fait qu'aucun des camps n'était vu comme une menace. Chacune blottie contre son partenaire, elles profitaient pleinement de leur nouvelle vie.

Un las et régulier claquement de bottes retentit indiquant que quelqu'un descendait. Immédiatement, l'assemblée nocturne se tut, inquiète. L'être n'était pas seul, un bruit claudiquant le suivait.

- Du calme mes amis, lâcha Edward Teach, reconnaissable entre mille. Je ne suis plus aussi cruel qu'avant.

Il s'installa parmi son ancien équipage, imité pas Davy Jones. Le silence gêné qui régnait était pesant. Une bonne partie des marins présents avaient été tués par le capitaine du Revenge et Syrena quêta instinctivement les bras protecteurs de son compagnon en souvenir des sévices qu'elle vécu à cause de Barbe Noire. Oui, la cohabitation de tout le monde était plus que compliquée mais l'épisode de la caverne et le sacrifice d'Angelina suffisait à tous pour faire des concessions.

- Comme on dit, ajouta Davy en allumant sa pipe, la puissance nous perverti et nous aveugle.

- C'est l'amour qui nous aveugle non? Demanda Murtog avant de recevoir un coup de coude dans le ventre de la part de son frère d'arme. Quoi ? Chuchota-t-il, je demande juste...

Davy un rire rauque en recrachant ses volutes de fumée.

- C'étaient les deux dans mon cas, répondit-il. Will Turner est un bien meilleur capitaine du Hollandais Volant que je ne l'ai jamais été, il n'a jamais cédé à la tentation de la vie éternelle.

Tout le monde aquiesca consciencieusement. La légende des Turner ne stipulait que trop bien le prix à payer pour ce rôle. Pendant un instant, on entendait plus que les quelques bruits de rhum s'écoulant dans les gosiers et les accord distraits de Scrum sur sa mandoline.

- Le Capitaine Jack Sparrow a beaucoup changé n'est ce pas ? S'enquit Marty, le nain qui avait toujours été prêt à tout pour son capitaine et ce jusqu'à sa mort.

- Oui, confirma Teach. Et il n'a de Capitaine plus que le nom et un navire dans une bouteille, hélas.

- Et vous pensez qu'il va retrouver son aura ? Renchérit Ragetti.

- Dieu seul le sait, soupira Teach, Dieu seul le sait...

Un silence s'immisça parmi l'équipage en souvenir de la léende qu'avait été leur capitaine avant sa déchéance.

Le-dit Capitaine était au même moment dans la chambre qu'il occupait depuis le début du voyage, en train d'examiner son nouveau faciès dans un miroir essayant diverses mimiques, peu habitué à se trouver devant un reflet aussi jeune.

- Jack, grogna Angelica, blottie dans son lit, tu ne veux pas souffler la bougie et me laisser dormir ? Ton visage sera toujours là demain...

Sans quitter son regard charbonneux, il esquissa un vague geste de la main.

-De toutes façons tu veux que je dorme par terre, donc j'essaie de me diminuer le temps de supplice.

-Tu peux aller avec ta mère si tu veux absolument un lit, répliqua sèchement la pirate.

- Mon ange... Même si ma mère est une très belle créature, répondit le Moineau en explorant sa barbe tressée de ses doigts. Et que je sais que cette caractéristique s'est très bien transmise à travers les générations, ajouta-t-il en se tournant vers son ancienne compagne avec un sourire, je n'ai pas spécialement envie d'aller la rejoindre maintenant.

Angelica s'était enroulée dans ses draps, ne laissant visible que ses bras, ses épaules et sa gorge nus que l'unique bougie de la pièce parait de reflets mordorés. Sa cascade de cheveux bruns coulait sur l'oreiller, le faisant disparaître complètement. Le Seigneur des Caraïbes s'attarda brièvement sur le regard que la jeune femme baissa précipitamment.

- Tu m'aimes toujours pas vrai ? Lâcha-t-il en se rapprochant du lit.

- Non.

La pirate se retourna sur elle-même, lui présentant son dos nu. Jack sourit, sûr de lui, et s'assit sur le bord du matelas.

- Si tu ne m'aimais pas, jamais tu ne te serais lancée à corps perdu dans un duel avec Barbossa pour me venger comme me l'a dit Gibbs.

- Je vengeais mon père... Et je suis immortelle donc j'aurais forcément gagné.

Le moineau resta un moment sans répondre. La respiration d'Angelica lui indiquait qu'elle n'était pas du tout sur le point de s'endormir.

- Bon, reprit-il en enlevant sa chemise, dévoilant son bandage. Puisque je ne suis pas un rêve je suppose que je dois retirer les bottes...

- Dégage, Jack.

Il sourit, celle qu'il avait aimé était de nouveau elle-même.

- Vraiment ? S'enquit-il en posant une main sur l'oreiller, à quelques centimètres de la jeune femme.

Celle-ci se tourna en criant brusquement vers lui pour lui donner un coup mais son ancien amant bloqua ses poignets, l'arrêtant in extremis, leur visages terriblement près l'un de l'autre.

- J'ai dit "dégage", cabron.

Les yeux noirs de l'hispanique semblaient brûler.

- C'est marrant, t'es la première à avoir compris que quand une femme n'a pas de robe elle ne doit rien mettre...

Elle se mordit la lèvre en baissant les yeux, énervée d'avoir été faite prisonnière des bras du pirate aussi facilement.

- Va te faire foutre. Et lâche moi.

Ils se rapprochèrent imperceptiblement.

- Ose me dire que tu me détestes, alors, chuchota le pirate.

Cette promiscuité fit batte le cœur de la jeune femme beaucoup trop vite.

- Je te déteste. Je déteste ton comportement, je déteste ta façon de voir le monde, je déteste la façon dont tu me regardes, ici et maintenant, je déteste être avec toi, je déteste le fait qu'on t'ait sauvé, je déteste la façon dont tu te sors des pires situations possibles, je déteste le toucher de tes mains, je déteste ton regard charbonneux... je déteste tes lèvres... Et puis merde, embrasse moi.

Au même moment dans la salle des cartes, à la lumière rougeâtre d'une chandelle, la Moinelle et Henry, s'affairent entre les livres, incapables, ni l'un ni l'autre de fermer l'œil. De lointains chants résonnaient à leurs oreilles mais ne parvenaient en rien à les bercer jusqu'au sommeil

- Regarde ce que j'ai trouvé, murmura Turner en pointant un paragraphe calligraphié. "Deux jeunes cœurs purs brisés peuvent se transformer en monstres véloces s'ils sont offerts à la déesse, Calypso..."

Angelina se pencha sur le parchemin intéressée.

- C'est pour ça que Syrena et Philip sont revenus d'entre les morts, ajouta le jeune homme. Et que Syrena n'arrête pas de répéter qu'elle s'en veut d'être un monstre horrible.

La jeune femme ne répondit pas contentant d'hocher la tête. Son camarade comprit que cela faisait partie des moments ou elle n'était plus elle-même dans la caverne.

- Tu es sûre de vouloir continuer ? S'enquit-il. On a déjà suffisamment avancé nos recherches...

- Oui, soupira-t-elle. L'équipage trime depuis trop longtemps à cause de moi.

Elle s'assit, lasse, dans le grand fauteuil.

- Arrête avec ça s'il te plait. On te doit tous la vie.

- Non, Henry... Pas tous...

Turner baissa les yeux, fixant aveuglément la carte qui se trouvait devant lui. Elle avait raison. Un immortel sans cœur comme lui ne lui devrait rien lui devoir normalement.

- Ma mère m'a parlé d'un livre sur le Totem de la Résurrection, reprit la fille de Sparrow, un peu plus distante.

Henry partit s'installer dans un autre fauteuil.

- Il est encore dans les cales, on a pas eu le temps trier ce qu'on a récupéré sur le Rose ou sur l'Adventure.

La Moinelle aquiesca silencieusement. Le jeune homme savait pertinemment la véritable raison de cette distance qui s'était immiscée entre eux et il avait espéré que les quelques jours de convalescence de la jeune femme auraient suffi à la dissiper.

- Angelina... Tu sais pas que je n'ai pas voulu ce qu'il s'est passé dans la caverne... Tu n'aurais pas du savoir ce que j'étais...

- Laisse tomber cette histoire, s'il te plait, l'interrompit-elle. J'ai juste fait preuve de faiblesse c'est tout...

La fille de Jack regagna seule ses quartiers, le cœur lourd et la gorge serrée.

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