Confessions du cœur
Cher Christian,
Je t'écris ceci car j'ai peur de ta réaction. Oui, je sais, tu me connais plus audacieuse, mais là, j'ai une chose importante à t'avouer. Une chose incompréhensible, imprévisible, et quelques fois frustrante, mais avant tout agréable. C'est un aveu, peut-être futile pour toi, mais moi, je ne pouvais plus supporter de le laisser pendu à mes lèvres sans pouvoir te le dire, alors j'ai choisi de te l'écrire.
« Tu peux me passer l'entonnoir, s'il te plait ?
Lana saisit l'objet infundibuliforme pour le donner à son ami. Christian le plaça ensuite au-dessus de l'erlenmeyer avant d'y mettre un papier filtre correctement plié. Puis, elle introduisit le mélange hétérogène dans le filtre. Il ne leur restait plus qu'à attendre que la phase liquide descende dans la fiole.
Oui, ils étaient en train de faire une filtration classique, alors que tous leurs camarades réalisaient des dissolutions et des dilutions. Comme d'habitude, les deux meilleurs élèves de la classe ayant fini le travail pratique plus vite que les autres, le professeur de physique-chimie ne pouvait que leur donner un exercice supplémentaire (qu'ils savaient déjà faire depuis le collège) pour les occuper.
Ainsi, lorsqu'ils eurent terminé cette fameuse filtration, Christian et Lana durent se résoudre à réviser leur cours d'histoire-géographie pour faire face à l'ennui. Mais rien à faire, Lana ne pouvait s'empêcher d'admirer son camarade.
Au fond d'elle, la jeune adolescente se sentait mal. Elle n'avait pas parlé à Christian depuis une semaine, faisant tout pour ne pas se retrouver seule avec lui, et ignorant tous ses messages. Elle savait qu'elle l'avait sûrement blessé, mais cette période de réflexion avait été nécessaire pour s'avouer ses propres sentiments. Car au fil du temps, Lana avait développé une affection particulière pour Christian, et il lui avait fallu une semaine pour comprendre que c'était de l'amour. Alors, la veille à minuit, entre deux devoirs, la jeune lycéenne aux cheveux bruns avait rédigé une lettre d'amour pour lui avouer ce qu'elle ressentait. Ça l'avait étonnée, car elle n'avait jamais eu peur de dire ce qu'elle pensait. Mais là, c'était différent. Là, c'étaient ses sentiments.
J'aime te voir le matin, avec tes cheveux ébouriffés. J'aime te voir plonger ta main dans ces derniers. J'aime te voir froncer les sourcils devant un problème. J'aime te voir rougir quand tu es gêné. J'aime te voir courir derrière mon bus, pour m'éviter de prendre le prochain. J'aime te voir transpirer, même si tu sens mauvais.
- Lana, demanda le jeune homme avec culpabilité, est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ?
- Non Christian, répondit-elle dans un soupir, tu n'as rien fait. C'est juste que... que j'avais besoin d'être seule quelque temps . C'est pas contre toi. En fait, je...
Les mots peinaient à franchir la muraille de sa bouche. Elle ne pouvait que fixer le blanc nivéal de sa blouse.
... En fait, j'ai quelque chose à t'dire, mais je n'ose pas te l'dire.
Perplexe, Christian leva un sourcil.
-... D'accord... ça tombe bien, moi aussi j'ai quelque chose à t'dire. Alors, voilà,...
- Christian et Lana ! les interrompit monsieur Durand d'un coup de règle sur leur paillasse. C'est pas parce que vous avez sûrement juste à toutes les questions que vous êtes dispensés de suivre la correction. Allez, Christian, viens au tableau nous calculer le volume de solution mère à prélever.
Lorsque le jeune blond se leva pour aller donner sa réponse devant la classe, le professeur donna une petite tape sur l'épaule de Lana, et lui murmura :
... Dépêche-toi d'aller mettre ta lettre dans son sac, tant qu'il est de dos.
Elle se retourna brusquement, prise au dépourvu.
- Mais comment...?
- T'as passé toute la journée à essayer de la mettre dans son sac. On te voyait depuis la salle des profs. Tu nous as bien fait rire d'ailleurs. Mais au fond, j'ai presque pitié d'toi. Allez, dépêche-toi, j't'ai dit.
Malgré le malaise, et la peur d'être prise la main dans le sac (littéralement), Lana parvint à trouver le courage de se diriger vers le fond de la salle de TP, où se trouvaient tous les sacs des élèves, afin de mettre l'enveloppe contenant sa lettre dans celui de son amoureux, tout cela sous le regard indiscret et amusé de ses camarades.
Là, alors qu'elle venait de l'ouvrir, et qu'elle s'apprêtait à y glisser sa lettre, elle découvrit avec surprise une magnifique tulipe rose, enveloppée dans un soigneux cône de cellophane sur lequel on pouvait lire un message écrit à la main : "Pour une jolie fille au grand cœur, voilà une jolie fleur."
Son cœur à elle, manqua un battement. Alors, était-il déjà amoureux d'une fille ? Et si oui, qui était-elle ? Pourquoi ne lui en avait-il pas parlé ?
Profondément frustrée par cette découverte inattendue, Lana hésita à mettre sa lettre dans le sac de Christian. Alors elle tourna la tête pour le regarder, et lorsqu'elle le vit, toujours aussi beau qu'au premier jour, avec le professeur qui tentait de le garder au tableau, elle repensa à tout ce qu'elle avait confessé dans son fameux écrit.
J'aime les grimaces que tu fais quand tu vois un animatronique à la fête foraine. J'aime les brownies qu'on cuisine ensemble. J'aime ta manière si particulière de les manger. J'aime ton amour presque apopathodiaphulatophobique pour le café et les pruneaux. J'aime ton petit accent britannique quand tu dis "apopathodiaphulatophobie". J'aime tes petits (mais si mignons) bégaiements quand tu parles en public. J'aime tes blagues pourries, surtout quand tu es le seul à en rire. Et, qu'est-ce que j'aime ton sourire embarrassé quand tu t'en rends compte.
Finalement, le cœur battant, elle prit une grande inspiration, et laissa tomber sa lettre dans son sac. Elle ne pouvait plus garder ce secret pour elle. Alors tant pis s'il ne l'aimait pas, au moins, il saurait ce qu'elle ressentait pour lui.
Puis, la sonnerie retentit dans tout le lycée, et Lana se précipita vers la sortie. Elle avait peur de voir la réaction de Christian une fois qu'il aurait lu sa lettre. Mais alors qu'elle traversait la cour à toute vitesse, elle sentit quelqu'un lui saisir le poignet.
Comme au premier jour, c'était lui : Christian, qui semblait essoufflé après lui avoir (littéralement) couru après.
Il tenait une feuille dans la main, et elle se mordit la lèvre. C'était sûrement sa lettre. Son rythme cardiaque s'accéléra. C'était sûr, il voulait lui dire qu'il ne ressentait rien pour elle, et qu'il préférait rester son ami. Mais alors que tous les pires scénarios se bousculaient dans son esprit, la faisant paniquer, Christian se contenta de lui redonner la feuille.
- Tiens, dit-il, un sourire amusé sur les lèvres. Je sais pas comment ça a pu arriver, mais t'as fait tomber ton DM de maths dans mon sac. D'ailleurs, qui met un DM dans une enveloppe ?
A ce moment-là, Lana n'eut qu'une envie : s'enterrer vivante !
« Mais quelle idiote ! Toi qui détestes les clichés, tu viens d'en reproduire un bon gros ! »
Honteuse, elle récupéra son devoir de maison. Mais alors qu'elle allait se diriger à nouveau vers la sortie, pour pleurer cette occasion manquée, Christian sortit une tulipe de son sac, la fameuse tulipe, avant de la lui tendre.
Elle écarquilla les yeux, tandis qu'il s'avançait en rougissant.
- Je n'ai pas pu te le dire tout à l'heure alors voilà : Lana...
Mais il y a une chose que j'aime par-dessus tout. Et je veux te le dire aujourd'hui. Je veux t'avouer ce secret que je garde pour moi depuis un moment. Ce secret que j'ai mis du temps à comprendre, et à accepter. Ce secret, c'est un sentiment fort, voire irrésistible, qui brûle au plus profond de moi. Alors voilà, Christian, je te le dis aujourd'hui, pour ne pas me taire à jamais. Je te le dis avec tout mon cœur :
... Je t'aime. »
Et toi, est-ce que tu le ressens, ce puissant sentiment ?
***
Nombre de mots : 1291
Quoi ? Vous vous attendiez à un beau baiser de fin de récit ? Hors de question ! Pas après ce que les Pink Lockers m'ont fait. Vengeance ! (au cas où, c'est du second degré)
... Bon, que dire de ce texte, à part que je n'en suis pas fier. Déjà, je sais que j'ai placé mes trois mots avec trop de facilité (mais j'aimerais bien vous voir, vous, écrire un texte en y incluant le mot "apopathodiaphulatophobique" - un de mes amies m'a souhaité bonne chance en riant que je le lui ai dit). Mais même sans ça, la limite de mots a été très contraignante, au point où j'ai dû enlevé un paragraphe entier de la lettre de Lana, et que j'ai dû laisser tomber une description de la salle de TP. Le pire, c'est que j'ai cette horrible impression de vide, qu'il ne se passe pas grand-chose dans cette histoire, et ça me frustre.
Mais heureusement, je me suis rendu compte que ce récit rejoignait sur un point particulier le thème de la prochaine épreuve (les Pink Lockers comprendront peut-être de quoi je parle). Donc, j'ai l'intention d'approfondir/développer un peu plus cet épisode de l'histoire de Christian et Lana (car ce sont les deux premiers personnages que j'ai imaginés pour le concours, et je les aime trop ! Un peu comme les autres...), car je pense pouvoir faire un truc vraiment sympa cette fois.
Mais bon, il y a quand même un point positif : j'ai encore utilisé ce procédé bizarre mais génial que je viens de nommer sous l'acronyme ANPEC, soit Alternance de la Narration du récit et des Propos d'un personnage pour avoir un Effet plutôt Chouette (si quelqu'un a un nom moins long, je suis preneur !). J'ai déjà utilisé ce "procédé" pour mon dernier texte de la première édition, et je suis trop fan, j'adore ! Je pense l'utiliser encore un peu (...juste un peu...), car comme son nom l'indique, il donne un effet plutôt chouette.
Donc voilà tout ce que j'avais à dire sur ce texte. Désolé si je l'ai publié si tard, le jugement et ma vie lycéenne m'ont pris beaucoup de temps. Mais ce n'est pas une excuse. Je n'ai pas réussi à relever le défi à temps.
Même s'il est loin d'être aussi qualitatif que ce que je fais d'habitude, j'espère quand même que ce récit vous a plu...
A bientôt !
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