Peony rentra chez elle un peu déboussolée. Elle n'arrivait pas à penser à autre chose. Elle n'avait même pas remarqué qu'elle était arrivée devant la fleuristerie et continua son chemin sur quelques mètres avant de se rendre compte qu'elle l'avait dépassée. Elle revint sur ses pas et pénétra dans la boutique. Son père, qui était dans la réserve, entendit la petite clochette sonner et vint saluer sa fille. Peony l'embrassa d'un air absent.

— Comment ça va, metouka ?

— Hm hm, je vais monter pour, euh... faire mes devoirs...

— Vas, ma fille. Tu n'es pas obligée de redescendre après, tu m'as l'air bien fatiguée.

— Oh, euh... Merci, Papa.

Elle préférait ne pas nier. Elle serait tranquille jusqu'à 19 heures 30, soit environ une heure et demie. Elle avait un grand besoin d'être seule pour faire le point.

Elle gravit les marches en colimaçon et pénétra dans l'appartement. Elle passa d'abord par la cuisine pour se servir un grand verre de jus d'orange et un paquet de granolas. Elle posa le tout sur un petit plateau et alla s'enfermer dans sa chambre. Elle laissa tomber son sac de cours sur son lit et s'assit à son bureau, dévorant son goûter les yeux dans le vague.

Peter était Spider-Man.

Cela paraissait fou.

Cela signifiait qu'il risquait sa vie à chaque minutes pour sauver celles des autres. Peut-être pas à la même échelle que les Avengers, mais ça comptait quand même. En comprenant ça, Peony eut un énorme pincement au cœur et l'appétit coupé. Que ferait-elle si quelque chose d'horrible arrivait à Peter ? Elle ne pourrait le supporter, et alors cette désastreuse période suivant le décès de sa mère recommencerait. Car oui, Peony s'était énormément attachée à Peter. Plus qu'elle ne le pensait.

En vérité, elle avait des sentiments pour ce garçon. Chose qui n'était que très rarement arrivée, avant. Et l'ironie de la situation, c'était qu'elle ne connaissait Peter que depuis quelques mois.

Quelques mois sont-ils suffisants pour tomber amoureux ? Son père avait su que Valerie était la bonne à l'instant où il avait posé les yeux sur elle au lycée. Et ce, même s'il lui avait fallu du temps pour la séduire.

Oui, mais Peony n'était pas son père. Elle ressentait les choses différemment. Elle n'aurait jamais cru possible qu'elle puisse tomber sous le charme de quelqu'un aussi vite. Et pourtant, la voici devant le fait accompli.

Et ça ne lui plaisait pas du tout.

De toutes les personnes qu'elle avait rencontré, il avait fallu qu'elle s'accroche à celle qui prenait chaque jour des risques énormes pour la population. De toutes les personnes qu'elle connaissait, il avait fallu qu'elle tombe amoureuse d'un super-héros.

🌸💛🌸

Le lendemain, Peony eut du mal à sortir de son lit. Elle y avait pensé toute la nuit, ne parvenant pas à dormir.

Elle se leva tout de même, et se prépara avec une vitesse proportionnelle à sa motivation — c'est à dire proche de zéro.

Ce jour-là, Peter était bien sur le quai lorsqu'elle arriva. La jeune fille se stoppa net, hésitant à repartir pour prendre le suivant.

Elle secoua la tête.

— Qu'est-ce que c'est que cette idée, Peony... ? marmonna-t-elle à sa propre intention.

Peter tapait nerveusement du pied. Il était stressé à l'idée de la revoir. Ou ne pas la revoir, justement.

Lorsqu'il la remarqua, un sourire éclaira son visage.

— Hey, Peony ! s'exclama-t-il. Comment ça va ?

Il s'avança pour lui faire la bise.

— Ça... euh, ça va. Et toi ?

Peter avait immédiatement remarqué qu'elle n'était pas comme d'habitude.

— Ça va aussi... répondit-il avec moins d'enthousiasme.

— Bah, c'est... c'est cool alors, rebondit Peony avec un sourire gêné.

— Ouais ! C'est cool...

Le trajet se déroula dans la même ambiance. L'un lançait une conversation, l'autre répondait vaguement, et cela s'arrêtait aussi sec. Peter avait une énorme boule dans la gorge.

Ils arrivèrent au lycée quelques instants plus tard. Peony gardait la tête basse. Il fallait qu'elle réagisse. Mais dès qu'elle regardait Peter, elle ne pouvait pas s'empêcher de le voir étendu sur le sol, sans vie. Elle en avait fait des cauchemars toute la nuit, pendant que lui était sûrement en train de risquer sa peau dans leur quartier.

Peony passa saluer Ned avant de rejoindre sa salle de classe. Elle devait avoir une tête d'enterrement, car même Warren Brennan vint lui demander si elle allait bien d'un air inquiet. Elle lui assura que oui avec un léger sourire.

— D'accord, répondit-il. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais que tu peux m'appeler.

— C'est gentil, dit Peony, touchée. Merci.

Après lui avoir dit que ce n'était rien, Warren alla regagner sa place.

La matinée de cours passe très lentement. Peony ne cessait de penser à Peter et à se morfondre sur ses sentiments qui lui causaient une trop grande inquiétude.

Juste avant la pause du déjeuner, Tracy et Sam vinrent la voir pour lui proposer de manger avec eux.

— On a besoin de parler, ma chérie, ajouta Tracy en se redressant de toute sa petite hauteur.

Peony accepta. Ça ne pouvait pas lui faire de mal. Elle hésita un instant avant d'aller prévenir Peter et Ned.

— Je, euh, Tracy et Sam m'ont proposé de manger avec eux ce midi, ça ne vous dérange pas ?

— Pas du tout, P ! fit Ned immédiatement. Tu fais ce que tu veux.

Peony hocha la tête et regarda Peter. Ce dernier fixait ses pieds. Il releva furtivement les yeux vers la jeune fille et, remarquant qu'elle le questionnait du regard, il haussa les épaules. Peony sentit son cœur se briser et tourna les talons, retenant ses larmes. Elle aurait dû profiter de cette heure de pause pour discuter avec lui au lieu de le fuir. Mais c'était trop tard, désormais.

Elle revint auprès de Tracy et Sam, le cœur en miettes.

🌸💛🌸

— Bon. Écoute-moi bien, je vais pas passer par quatre chemins. Je ne sais pas ce qui se passe entre toi et Peter mais je vois bien que ça vous rend malheureux, et la dernière chose dont j'ai envie c'est que mon amie soit malheureuse. Je pense savoir ce qui te tracasse autant, ma belle. Tu ressens quelque chose pour Peter ?

Peony, qui jusqu'ici était restée silencieuse, releva les yeux vers Tracy, assise en face d'elle.

— ... Ça se voit tant que ça ?

— Disons que je l'ai facilement deviné. Mais pas Sam.

— Excusez-moi, je ne possède pas votre super don cosmique appelé "le sixième sens féminin", répliqua celui-ci.

Peony laissa échapper un léger rire.

— Tu sais P, reprit Tracy qui ne riait pas du tout, tu as tout intérêt à lui avouer ce que tu ressens. Ça ne sert à rien de garder ça pour toi si ça te rend aussi malheureuse. Peter est un
garçon intelligent, il t'écoutera. Et si c'est de te prendre un râteau dont tu as peur, permets-moi de te dire que...

— Non, ce n'est pas ça... la coupa Peony. C'est juste que... J'ai un énorme blocage. Je n'ai jamais ressenti ça pour personne, je ne sais pas comment on fait...

Tracy afficha un sourire amusé.

— Il n'y a pas de règles, tu sais. La seule chose que tu dois suivre c'est ton cœur. Crois-moi, une fois que tu seras lancée et motivée, ça ira comme sur des roulettes.

Peony n'en était pas si sûre. Le peu d'interaction qu'elle avait eu avec Peter ce matin lui laissait croire qu'il avait envie qu'elle oublie très vite ce qu'elle avait vu la veille. C'était comme s'il ne s'était jamais rien passé. Et, mine de rien, ça avait blessé Peony dans son ego. Elle savait qu'il ne ressentait rien de plus que de l'amitié envers elle. Sinon il en aurait parlé... non ?

Voilà peut-être la raison pour laquelle Peony n'était jamais tombée amoureuse de quiconque. L'amour rendait paranoïaque.

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j'espère que ce chapitre vous a plu !! :)
n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ça me fait toujours très plaisir de lire vos commentaires 💓
je vous dis à bientôt, et vous embrasse très fort
marine