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Le mois de novembre était déjà entamé et l'on sentait l'hiver arriver à grands pas. Peony, qui était très frileuse, avait sortit son bonnet en laine gris et son écharpe rouge. Elle gardait cette dernière en cours et prenait toujours une place près d'un radiateur. Malgré ça, elle arrivait tout de même à éternuer et à devoir se moucher toutes les cinq minutes. Peter aimait se moquer de ses "crises d'éternuements", comme il les appelait. Car, au lieu d'une, Peony éternuait toujours trois ou quatre fois d'affilée. Et ça lui arrivait fréquemment. L'hiver n'était décidément pas sa saison. Et elle savait parfaitement que cela allait être pire en décembre.

En ce jeudi, Peony arriva avec un gros pull gris clair, dont les manches étaient trop grandes. On ne voyait que le bout de ses doigts dépasser. C'était son préféré, il était doux et tenait chaud.

Comme tous les matins, elle s'empressa de rejoindre la station de métro où elle avait l'habitude de rejoindre Peter. Elle remarqua immédiatement son absence sur le quai. En général, il était toujours arrivé avant elle. Elle attendit sur un banc qu'il ne daigne pointer le bout de son nez, mais il n'arriva pas. Elle prit le métro seule, emmitouflée dans sa doudoune bleue foncée. C'était la première fois qu'elle faisait le trajet seule, depuis le début de l'année. Cela lui donnait une drôle de sensation. Elle n'avait personne avec qui discuter.

Elle arriva au lycée en marchant plus vite que d'habitude. Elle retrouva Ned devant la salle prévue pour les réunions du Décathlon Scientifique. Il était seul. Peony le salua d'une bise avant de lui demander s'il avait des nouvelles de Peter.

— Oui, il ne se sent pas très bien, répondit Ned. Il a dû attraper froid. Il m'a quand même dit que nous ne devions pas nous inquiéter, et qu'il reviendrait demain.

— Oh, d'accord. On dirait qu'on va passer la journée en tête à tête, alors, lança Peony à Ned.

Celui-ci sourit et lui tendit le poing.

— Le duo de choc ! s'exclama-t-il alors qu'elle tapait dedans.

Ils rirent. Mr Harrington arriva après la sonnerie, accompagnée de Liz. Il ouvrit la porte et les élèves de l'équipe entrèrent. Ils prirent place rapidement. Ned et Peony s'assirent côte à côte. La place à gauche de Peony était occupée par Sally Avril, une brune pulpeuse que Peony appréciait pour sa gentillesse et son humour léger. Elle et Cindy Moon étaient très complices. Cindy était toute petite et très menue, mais possédait un tempérament explosif. La jeune femme d'origine vietnamienne n'hésitait pas à faire entendre sa voix quand elle le jugeait nécessaire.

À côté de Ned était assise Michelle Jones, une fille que Peony n'avait toujours pas réussi à cerner. Elle lui était très sympathique, mais ne parlait pas beaucoup. En revanche, lorsqu'elle ouvrait la bouche, c'était soit pour dire des choses très pertinentes, soit pour se moquer d'un ton sarcastique qui lui allait bien. Peony la trouvait drôle. Tout le monde dans l'équipe s'accordait à dire qu'elle était l'élément fort du groupe. Il était vrai qu'elle avait une énorme culture, en plus d'être dotée d'une intelligence hors du commun. Peony lui avait très peu parlé, mais elle l'appréciait fortement.

De l'autre côté de la table étaient assises Liz Toomes et Betty Brant. Betty était la meilleure amie de Liz, c'était une blondinette au visage angélique mais au caractère bien trempé. Elle était gentille, mais Peony savait qu'elles ne pourraient jamais être amies. Elle ne pourrait la supporter plus de cinq minutes. En revanche, Liz était adorable et faisait toujours preuve de maturité. Elle n'était pas leader du groupe pour rien. Ned semblait avoir un petit faible pour elle. Peony le comprenait.

La réunion commença très rapidement. Liz exposa le contenu de la séance d'aujourd'hui : ils allaient faire une révision complète du tableau périodique des éléments. Peony se retint de sauter de joie. C'était une des choses qui l'intéressait le plus dans la matière, et elle avait appris ce tableau par cœur. Liz remarqua son enthousiasme et lui fit un sourire en coin.

Ils passèrent les deux heures à essayer de reconnaître ou de donner les symboles correspondants aux éléments chimiques. Peony se rappelait parfois même du numéro atomique de l'élément, par exemple pour le phosphore : il était représenté par un P, comme la première lettre de son prénom, et son numéro atomique était le 15, le jour de son anniversaire. Pareillement, le vanadium était représenté par la lettre V, la première lettre de Valerie, le prénom de sa mère. Son numéro atomique était le 23, et il correspondait à son âge lorsqu'elle s'est marié avec son père.

Elle n'avait pas de mal à se rappeler du symbole lorsque les lettres correspondaient à l'élément. En revanche, certains n'avaient aucun rapport : le potassium, symbolisé par la lettre K, l'étain, dont le symbole était les lettres Sn... Cela lui compliquait la tâche. Mais elle y parvenait, en fouillant dans sa mémoire.

Peony participa plus que d'habitude, durant cette réunion. Mr Harrington le lui fit remarquer gentiment, tandis qu'elle levait la main pour répondre à la place de Flash Thompson, qui séchait :

— Eh bien, Miss Doukhan, tu as l'air de maîtriser le sujet ! J'ai plaisir à t'entendre.

Peony le remercia timidement. Liz la gratifia d'un grand sourire.

— Tiens, Peony justement ! Peux-tu me dire quelle est le symbole du sélénium ?

— Se !

— Tu as le numéro atomique ?

— C'est quelque chose dans les 30, 33... 34 ?

— C'est ça, bravo ! Et du coup, dernière question, c'est un... ?

— Solide !

— Bien joué, Peony ! La séance va toucher à sa fin, annonça Liz à l'équipe, merci d'être venus. Avant que vous ne partiez, je vais juste vous distribuer les autorisations de sortie pour le décathlon scientifique, à faire signer par vos parents ou tuteurs.

— Mais... Le décathlon est en mai ? fit remarquer Abraham Brown, surnommé Abe par l'équipe.

— Nous avons besoin de savoir combien seront là, et comme ça vous aurez les dates à l'avance et vous pourrez réserver votre week-end, répondit Mr Harrington.

— Vous n'aurez qu'à garder la feuille, faites juste revenir le coupon avec la signature s'il vous plaît, précisa Liz.

Elle distribua les feuilles. Peony survola le texte des yeux et vit que le décathlon allait se dérouler le week-end des 27 et 28 mai.

— Ned, tu prends la feuille pour Peter ?

— Huh, Peony peut la prendre, ils sont presque voisins, répondit Ned en désignant sa voisine de table de la main.

Peony releva les yeux.

— Hein ?

— Ned disait que tu habitais à côté de chez Peter, ça te dérange de prendre sa feuille ? demanda Liz.

— Ah ! Non, pas du tout ! assura Peony en prenant la feuille.

— Merci !

Peony rangea les deux feuilles dans son sac.

🌸💛🌸

Les cours touchèrent à sa fin. Ned accompagna Peony à son entraînement de basket et resta dans les gradins avec un goûter préalablement acheté à la cafétéria.

Ils quittèrent ensuite le lycée. Ned partit de son côté en agitant la main, et Peony se redirigea vers la station de métro.

Quelques minutes plus tard, elle arriva à bon port. Avant d'aller chez Peter, elle passa chez Mr Delmar pour acheter un paquet de bonbons recouverts de sucre acide.

— Ah, salut Peony ! Comment ça va, aujourd'hui ?

— Bonjour Mr Delmar, ça va bien et vous ?

— Ma foi, un peu fatigué mais on tient. Qu'est-ce que tu veux aujourd'hui, querida ?

— Je vais vous prendre un paquet de fils qui piquent, s'il vous plaît. Les rouges.

— Tout ce que tu voudras.

L'épicier attrapa le paquet derrière lui et le posa sur le comptoir. Peony lui donna les 1,50$ qu'elle lui devait et rangea le paquet dans son sac.

— Merci, Mr Delmar, c'est Peter qui va être content !

— Je devais me douter que tu allais chez lui, ricana Delmar. Vous êtes inséparables, tous les deux, hein ?

— On s'entend bien, répondit Peony en haussant les épaules, un léger sourire aux lèvres.

— Ah, on ne me la fait pas à moi ! Mais je vous laisse tranquille, les jeunes. Ma fille n'arrête pas de me dire de ne pas se mêler de ses affaires, j'imagine que ce n'est pas pour m'occuper de celles des autres. Elle est à peine plus jeune que vous, je suis sûre que vous vous entendriez bien toutes les deux !

— J'en suis sûre aussi, sourit Peony.

— Bon, allez, je ne t'embête pas plus. Vas rejoindre Peter, et passe-lui le bonjour.

— Avec plaisir, Mr Delmar, au revoir !

— À bientôt, querida !

Peony quitta l'épicerie avec un grand sourire aux lèvres. Elle aimait beaucoup ce monsieur toujours gentil avec elle.

Elle se dirigea enfin vers l'immeuble de Peter. Elle sonna à l'interphone, à côté de l'étiquette "PARKER".

— Allô ? répondit la voix de Tante May.

— Bonjour Madame, c'est Peony ! Je suis venue voir Peter, j'ai un papier à lui donner !

— Oh, Peony ! Monte, ma chérie.

Peony entendit le bruit significatif de l'ouverture de la porte.

— Merci Madame !

Mais May avait déjà raccroché.

Peony pénétra dans le hall de l'immeuble et monta les escaliers jusqu'au troisième étage, la porte au fond à gauche. Elle toqua plusieurs coups. May vint lui ouvrir presque immédiatement.

— Bonjour, Peony ! s'exclama-t-elle en l'attirant dans une brève étreinte. Quel plaisir de te voir !

— Comment allez-vous ?

— Très bien ! Je viens de rentrer du travail, Peter est enfermé dans sa chambre. Il a mit de la musique pour travailler alors je n'ose pas le déranger. Mais tu peux aller le voir, ça va lui faire plaisir !

— Il va mieux ?

— Oui, c'était juste ce matin... Il devait être très fatigué. Mais tu n'as qu'à aller le lui demander toi-même, dit May en poussant Peony jusqu'à la porte de la chambre de Peter.

— Huh, merci... !

May l'abandonna pour retourner vaquer à ses occupations. Peony toqua sur la porte. Elle n'eut aucune réponse. Elle retenta mais obtint le même résultat. Timidement, elle décida d'ouvrir la porte et de passer la tête à l'intérieur. Peter avait un casque audio sur les oreilles et bougeait la tête au rythme de la musique. Il semblait très concentré sur ce qui faisait. Mais qu'est-ce qu'il faisait, d'ailleurs ?

— Peter ? appela Peony en ouvrant entièrement la porte.

Ce dernier tourna une première fois la tête vers elle sans réagir. Il mit quelques petites secondes pour réaliser que Peony était présente. Livide, il retira son casque et s'empressa de ranger son bazar. Quelques objets jonchaient le sol : il y avait une sorte de gros bracelet électronique, un tournevis, une combinaison bleue à manches longues et un sweat rouge à capuche dont les manches étaient coupés. Peony ne comprit rien jusqu'à ce qu'elle voit la cagoule. Elle ouvrit de grands yeux ébahis et son regard oscilla entre Peter et cette cagoule.

Non.

Ça ne pouvait pas être possible.

🌸🌸🌸

j'espère que ce chapitre vous a plu ! c'est mon petit cadeau de Noël haha :) je vous souhaite à tous et à toutes de passer un merveilleux réveillon, j'espère que tout va bien se passer avec vos familles ou vos amis et que vous profiterez de cette journée comme il se doit. sur ce, je vous dis à bientôt  💓💕

Marine 🕸

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