🌸 viii.
Lorsque la cloche sonna la fin de la matinée, Peony ne se dépêcha pas de sortir. Elle rangea exprès ses affaires avec lenteur, attendant que la plupart des élèves aient quitté la salle. Elle s'insulta mentalement. Elle reprenait ses manies du collège et elle détestait ça. Elle était censée être une nouvelle Peony, pourquoi faiblissait-elle si rapidement ?
Elle finit tout de même par quitter la salle, refermant la porte derrière elle. Mr Richardson lui souhaita une bonne journée, elle fit de même.
Peter et Ned l'attendaient dans le couloir. Son cœur se gonfla de bonheur lorsqu'elle les vit. Elle accéléra le pas pour les rejoindre.
— Alors, P, comment ça s'est passé ? lui demanda Ned.
— Très bien, dit-elle. J'ai Mr Richardson en professeur principal, et en maths. Il a l'air sympa.
— Apparemment il est très sympa, mais il note très sévèrement, dit Peter.
Peony haussa les épaules.
— Si ça peut nous aider à nous surpasser, tant mieux. Bon, et vous alors ?
— On a Nelson en prof principal, dit Ned. C'est notre prof de physique, aussi.
— Elle a l'air plutôt cool, elle adore sa matière, ajouta Peter
— Ah ouais, ça se voit qu'elle est vraiment passionnée, renchérit Ned.
— Alors c'est super, sourit Peony. On y va ?
Elle se sentait oppressée, entre les murs de ce lycée. Peter hocha la tête et se mit en route, suivi par les deux autres.
— Vous voulez manger quelque part ? proposa Peony.
— J'aurais aimé, mais je dois rentrer, grimaça Ned Je mange avec ma grand-mère, ce midi.
— Oh, c'est dommage... fit Peony. Mais c'est vraiment super que tu passes du temps avec ta grand-mère. C'est très gentil de ta part.
— Oui, depuis que mon grand-père est mort j'essaie de faire de mon mieux pour qu'elle ne se sente jamais seule.
— C'est vraiment génial, Ned, répondit sincèrement Peony.
— Du coup je vais devoir vous laisser ! fit-il lorsqu'ils sortirent du bâtiment.
Il tapa dans la main de Peter et tendit la sienne vers Peony, qui imita leur mouvement.
— À demain ! lança Ned en partant.
Les deux amis le regardèrent partir en agitant la main.
— Du coup, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Peony. On va manger quelque part ?
— Ouais, répondit Peter. Chez Delmar, ça te dit ? Ils font les meilleurs sandwichs du quartier.
— Allons-y, alors !
Et ils se mirent en route. Sur le chemin, Peter raconta à Peony sa matinée :
— Tu vois, dans notre classe on pourrait séparer les élèves en deux catégories : ceux qui ne bossent pas et qui sont ici grâce à l'argent de leurs parents, et ceux qui sont vraiment motivés à bosser pour réussir. Après, je ne dis pas que la première catégorie ne réussira pas, j'espère pour eux qu'ils auront le métier qu'ils veulent, mais ça se lit sur leurs visages qu'ils préféreraient être partout ailleurs qu'au lycée. Ce sont généralement ceux qui n'ont jamais bossé plus que nécessaire et qui s'en sortait toujours avec juste la moyenne. Ils ne seraient jamais entrés ici sans l'argent de leurs parents.
— Mais ça ne signifie pas qu'ils sont moins méritants, si ?
— Non, pas du tout ! Ce que je veux dire c'est qu'il y a des milliers d'autres personnes qui rêvaient d'entrer à Midtown et qui s'en seraient très bien sortis, tandis qu'eux sont obligés de suivre des cours qui ne les intéresse probablement pas. Je trouve ça dommage.
— Je vois ce que tu veux dire. C'est vrai que c'est dommage de ne pas pouvoir faire ce que l'on veut à cause de ses parents. Pourtant, ça arrive très souvent... Les études, c'est quelque chose qui regarde uniquement celui qui les suit. Une personne peut être obligée d'aller en sciences alors que son rêve c'est de faire du commerce à l'international, et ça uniquement parce que ses parents l'y ont poussé, parce que soit disant les sciences c'est la filière de l'avenir...
Peony soupira.
— Enfin, je dis ça mais je suis en sciences, alors...
— Oui, mais toi tu l'as choisi, pas vrai ?
— Oui... répondit Peony. Oui, j'ai eu cette chance.
— D'ailleurs, je ne t'ai jamais posé la question... Qu'est-ce qui t'intéresse dans les sciences ?
— C'est surtout la physique et la chimie. J'aime bien les maths, mais je n'excelle pas tellement. Non, moi ce que j'aime c'est les expériences, la recherche, la physique quantique, les réactions chimiques... Ce genre de trucs. Et toi ?
— Pareil. Je me débrouille en maths, mais ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus. J'adore la physique : la loi de la gravité, la vitesse de la lumière, tout ça... Ça m'intéresse beaucoup.
— Tu as déjà une idée de métier ?
— Pas vraiment... J'attends de voir si ça se présente à moi, au fur et à mesure que j'avance dans les études. Et toi ?
— Très certainement chercheuse en laboratoire. Ça me fascine.
— C'est vraiment top ! Je suis sûr que tu y parviendras.
— Je l'espère, en tout cas.
Leur discussion les conduisit jusqu'à l'épicerie de Delmar. Ils y entrèrent sans attendre.
— Peter ! salua l'homme derrière la caisse. Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu. Alors, comment s'est passé ta rentrée ?
— Super bien ! répondit Peter en s'avançant jusqu'au comptoir. On est venu commander des sandwichs pour ce midi.
— Pas de problème. Comment s'appelle ton amie ?
— C'est Peony, présenta Peter.
— Enchantée, monsieur Delmar, salua Peony avec un grand sourire.
— Moi aussi, petite. Qu'est-ce que tu vas prendre ?
— Je vais... commença Peter.
Delmar le stoppa en levant la main.
— Pas toi, gamin, la jeune fille d'abord.
— Oh, pardon... rougit Peter.
Peony laissa échapper un rire. Le jeune homme la regarda et ne put s'empêcher de sourire.
— Alors, querida, tu prends quoi ?
— Un sandwich au fromage, s'il vous plaît.
— Tu ne veux pas de jambon avec ?
— Je n'ai pas le droit d'en manger, expliqua Peony.
— Ah, je vois, répondit Delmar. Je peux remplacer par du jambon de dinde si tu veux, ça te tente ?
— Oh, oui, c'est gentil !
— Des cornichons ?
— Oui, pourquoi pas ! Merci beaucoup !
— C'est rien, querida. Bon, et toi Peter ?
— Comme d'habitude, jambon cornichons s'il vous plaît.
— Et j'écrase bien, je me rappelle. Je reviens dans cinq minutes, les enfants, attendez sur le côté.
Peter et Peony décidèrent d'aller s'asseoir sur une table pour attendre leur menu.
— Tu viens souvent ici ? demanda Peony, intriguée par la familiarité entre Peter et monsieur Delmar.
— J'y allais au moins une fois par semaine l'année dernière, expliqua Peter.
Soudain, un chat à la fourrure crème vint se frotter contre leurs jambes. Peony lui gratouilla la tête de ses longs doigts fins.
— J'adore les chats, dit-elle.
— C'est Murph, le présenta Peter. Il est énorme.
— Eh ! s'indigna la jeune fille. Pauvre chat !... Ne l'écoute pas, dit-elle à Murph en s'agenouillant auprès de lui, il dit n'importe quoi.
Le chat arrondit son dos pour appeler les caresses et se mit à ronronner.
— Oh, il est trop mignon !! s'attendrit Peony d'une voix suraiguë.
Peter sourit. Quelque chose se mit à remuer dans son ventre. Il comprit rapidement que ce n'était pas parce qu'il avait faim. Peony leva les yeux vers lui, un grand sourire aux lèvres. Il se redressa en toussotant, prenant conscience qu'il affichait un air niais.
— Les, euh, les sandwichs ne devraient pas tarder à arriver...
— Cool, répondit Peony, rassurée. Je meurs de faim !
Et, en effet, il ne s'écoula pas plus de trois minutes pour qu'ils soient enfin servis. Peter et Peony payèrent chacun le montant et quittèrent l'épicerie, après avoir longuement salué Mr Delmar. Peony proposa d'aller manger leur repas chez elle.
— Je t'avoue que je suis fatiguée... Mais, si tu préfères aller dans le parc, je te suis ! ajouta-t-elle.
— Non, c'est très bien chez toi ! Je veux dire, ça me va très bien.
— D'accord... N'hésite pas à me le dire, hein ?...
— Peony. On aura tout le temps d'y aller, dans ce parc. Ne te fais pas autant de souci pour deux malheureux sandwichs. Ils seront tout aussi bons à l'intérieur.
Peony esquissa un sourire timide.
— Tu es la personne la plus gentille que je connaisse, dit-elle.
Peter se sentit rougir. Heureusement, la jeune fille regardait devant elle. Mais un sourire semblait s'être figé sur son visage.
Ils arrivèrent chez elle après quelques minutes de marche rapide. Mr Doukhan était dans le magasin, penché sur le livre de compte.
— Salut Papa ! lança Peony en entrant, Peter sur ses talons.
— Comment vas-tu, ma fille ?
— Ça va. On va manger là-haut, avec Peter. Tu te rappelles de lui, hein ?
— Bien sûr, répondit Mr Doukhan avec un air beaucoup moins méfiant que la première fois.
— Bonjour, Monsieur... !
— Bonjour, Peter. Votre rentrée s'est bien passé, les enfants ?
— Oui, ça a été, répondit vaguement Peony tandis que Peter se contentait d'un hochement de tête. Je te raconterai ça plus en détails ce soir.
— D'accord, metouka. Bon appétit les enfants.
— Merci, vous aussi ! répondit Peter. Enfin, vous avez peut-être déjà mangé... J'espère que c'était bon et, euh... Bon courage pour cet après-midi.
Il se dépêcha de suivre Peony, qui s'était presque engagée dans l'escalier qui menait à l'étage.
— Ton père me fait peur, chuchota Peter alors qu'ils gravissaient les marches.
Peony rit.
— Ah bon ? Je n'avais pas remarqué !
— Ne te moques pas, c'est vrai ! se défendit Peter.
— Sincèrement Peter, je ne comprends pas pourquoi, dit Peony en insérant la clef dans la serrure de son appartement. Il peut prendre l'air le plus sévère qu'il veut, c'est un vrai gentil au fond.
— J'en sais rien... Mais il m'intimide vraiment.
Ils pénétrèrent dans l'appartement. Peony se dirigea vers la cuisine, où elle posa le sac plastique contenant son sandwich sur la table.
— Fais comme chez toi ! lança-t-elle avant d'aller dans sa chambre pour y ranger son sac de cours et sa veste.
Peter se retrouva seul dans sa cuisine, sans savoir quoi faire. Lorsque Peony réapparut, il n'avait pas bougé.
— Eh bien, mets-toi à l'aise Peter !
Le jeune homme se décida enfin à poser son sandwich à côté de celui de Peony et d'enlever son sac de son dos.
— Tu n'as qu'à le laisser dans l'entrée, fit la jeune fille.
Peter obtempéra. Il rejoignit ensuite Peony dans le salon, où elle avait emporté les deux sandwichs sur la table à manger, à côté d'une bouteille de coca à moitié vide. Il s'installa en face d'elle.
— J'avais tellement faim ! soupira Peony après avoir avalé sa première bouchée.
— C'est normal, si tu n'as rien avalé ce matin...
— Je sais... J'étais vraiment stressée. Mais maintenant c'est passé. Le seul bémol, c'est que ça recommence demain...
— ... Tu viens de résumer le but d'une année scolaire.
— Je sais.
Ils éclatèrent de rire. Peter s'étouffa et se mit à tousser. Peony se leva par-dessus la table pour taper dans son dos.
— Bah alors, Peter Parker, on avale de travers ?
Le jeune homme but une gorgée de coca pour faire passer sa toux.
— Il ne faut pas me faire rire comme ça pendant que je mange ! reprocha-t-il à Peony, dont le fou rire avait redoublé.
Il ne put s'empêcher de la suivre dans ses éclats de voix. Cela dura bien cinq minutes, cinq petites minutes qu'ils passèrent à essayer de se calmer, sans résultats. À chaque fois, Peony revoyait Peter en train de s'étouffer et Peter... il lui suffisait de regarder Peony rire pour s'y mettre aussi. Elle avait un rire très communicatif.
Lorsqu'elle fut calmés, Peony essuya les quelques larmes qui perlaient au coin de ses yeux et reprit son souffle. Peter fit de même.
— Tu as le talent d'être drôle sans le faire exprès, Peter Parker.
Le jeune homme sourit timidement.
— Oh, ce n'est pas vraiment un talent...
— Ah bon ? Tu ne penses pas ?
— Non... répondit Peter en haussant les épaules. Dessiner, c'est un talent. Jouer d'un instrument aussi.
Peony laissa échapper un léger rire.
— Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? demanda Peter.
— Rien, rien, c'est juste que... Je joue du violon. Je ne pense pas pour autant que ce soit un talent...
Peter écarquilla les yeux.
— Tu joues du violon ?? Pour de vrai ?
Peony hocha la tête.
— Tu veux... Tu veux que je te montre ?
— Carrément !
Peony avala les dernières bouchées de son sandwich et se leva. Elle alla d'abord jeter ses déchets dans la poubelle de la cuisine puis se rendit dans sa chambre pour prendre son instrument. Elle revint ensuite dans le salon et posa l'étui sur la table. Elle en sortit le fameux violon, ainsi que l'archer. Elle plaça l'instrument sous son menton.
— Je te préviens, c'est très loin d'être parfait.
Et elle commença à jouer. Elle se trompa cependant de note dès la deuxième, grimaça et recommença. Le cœur de Peter s'emballa lorsqu'il reconnut la musique de Star Wars.
— C'est pas vrai ! Tu sais jouer la marche de l'empereur au violon ??
Peony s'arrêta de jouer.
— J'ai appris le début l'année dernière. Mais comme tu as vu, il y a encore quelques couacs.
— C'est quand même ouf ! Et en plus, tu n'avais même pas vu les films l'année dernière ! Tu sais jouer d'autres morceaux ?
— Je peux faire le début d'Harry Potter.
— Vas-y !
Peony reprit sa position et se lança. Peter écouta attentivement. Comme son amie l'avait dit, il y avait quelques fausses notes mais dans l'ensemble, elle s'en sortait très bien.
— Waouh, c'est trop génial... fit-il. Ça fait combien de temps que tu en joues ?
— Neuf ans. Mais j'ai arrêté les cours l'année dernière, ça me prenait trop de temps et puis, je m'étais un peu lassée.
— C'est vraiment... formidable ! Tu vois, quand je te parle de talent, c'est exactement à ça que je pense.
Peony se sentit rougir violemment.
— Arrête... dit-elle. Je ne suis pas si douée que ça, il me faut encore des années d'apprentissage pour arriver à un niveau convenable...
— D'après ce que je sais, le violon est un instrument super difficile à apprendre, et regarde ce que tu fais ! T'es super douée, je t'assure.
— ... Merci, Peter. Tu es vraiment un ange.
Touchée, Peony vint poser un baiser sur la joue du jeune homme. Ce dernier piqua un fard qu'il tenta de dissimuler au mieux en balbutiant des mots sans aucun sens. Peony se mordit la lèvre inférieure. Elle commençait drôlement à s'attacher à lui. Voir Peter ainsi lui donnait des papillons dans le ventre.
🌸🌸🌸
J'espère que ce chapitre vous a plu !! Il est un peu plus long que les précédents, je sais pas si ça change quelque chose pour vous :') nos deux amis se rapprochent un peu plus au fil du temps, et j'adore écrire sur eux ! 😊
Je vous souhaite une très bonne nuit, ainsi qu'une bonne journée demain :) je vous embrasse 💛🌸
Marine
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