🌸 ii.

Lorsqu'il se réveilla le lendemain, la première pensée de Peter fut pour Peony. En réalité, ce n'était pas comme s'il avait réellement cessé de penser à elle. À vrai dire, elle avait occupé ses pensées quand il était rentré chez lui hier et pendant que May et lui dînaient au restaurant. Sa tante avait d'ailleurs remarqué que quelque chose clochait mais lorsqu'elle lui avait fait remarquer, il avait nié et avait replongé le nez dans son assiette.

Ce matin, Peter put prendre son temps pour petit-déjeuner. Il en profita au maximum. Les vacances étaient bientôt terminées.

Après son petit-déjeuner, il alla se doucher. Il s'habilla simplement et retourna dans sa chambre. Il tourna en rond plusieurs heures. Il feuilleta ses manuels de chimie ; vérifia trois fois si son costume était toujours là ; rangea un peu sa chambre... Mais même en essayant de se divertir, il pensait toujours à Peony. Il fallait qu'il la revoie.

Il se leva brusquement de sa chaise de bureau et partir quérir sa tante.

— May ? appela-t-il.

— Dans ma chambre !

Peter suivit sa voix pour la retrouver. Elle était en train de faire un peu de rangement dans sa garde-robe.

— Tu pourrais me donner vingt dollars, s'il te plaît ?

— Tu as épuisé tout ton argent de poche ? s'étonna May.

— Oui...

— Bon... On va dire que c'est une avance pour le mois prochain. Vas les prendre dans mon porte-monnaie.

— Merci May, t'es la meilleure ! assura Peter en déposant un baiser sur la joue de sa tante.

— Ne fais pas tomber ma carte bancaire, je ne vais jamais la retrouver sinon.

Peter alla chercher le sac à main de May dans le salon. Il était à la même place que d'habitude, dans le petit couloir de l'entrée. Le jeune homme trouva son bonheur rapidement : il extirpa deux billets de dix dollars du porte-monnaie en cuir.

— Je sors May, à tout à l'heure !

— Ne reviens pas trop tard !

— C'est promis !

Il quitta l'appartement en claquant la porte. Il descendit les escaliers de l'immeuble aussi rapidement que possible, manquant de tomber deux fois. Il sortit dans la rue, tourna à gauche et se mit à marcher rapidement, les vingt dollars serrés dans son poing.

Lorsqu'il arriva devant "Chez Valerie", son cœur se mit à battre plus fort. Avait-il bien fait de revenir ?

Alors qu'il tergiversait devant la vitrine, Peony — qui était à l'intérieur, en train de vaporiser les plantes d'eau — le remarqua et lui adressa un signe de la main. Peter se sentit pâlir. Ses jambes, qui semblaient décider toutes seules, lui firent faire demi-tour. Peony, étonnée par son comportement, sortit de la boutique.

— Peter Parker ? l'interpella-t-elle.

Peter se stoppa net au beau milieu du trottoir. Mécaniquement, il se retourna vers Peony.

— Hey, salut... Comment ça va aujourd'hui ?

— Moi ça va, mais... toi ?

— Oh, ça va super ! Vraiment, je suis au top de ma forme.

— Oh, c'est super.

— Ouais, c'est cool...

Ils restèrent silencieux un moment, elle les bras croisés et lui, tendus le long de son buste.

— Et donc... Tu as besoin d'acheter un autre bouquet ?

— Un autre... Non ! Non, pas du tout, je passais juste par là, comme ça...

— Oh, je vois. Tu... Tu veux entrer, peut-être ?

— Je ne veux pas te déranger...

— Ça ne me dérange pas. Il n'y a pratiquement personne, aujourd'hui.

— Bon, eh bien... Après tout, pourquoi pas ?

— Ouais ! s'exclama Peony, légèrement surprise par l'attitude de Peter.

Ce dernier attendit qu'elle rentre pour se frapper la tête du plat de la main et rouler des yeux, se maudissant de ne pas savoir agir normalement en face de la jeune fille.

Il pénétra finalement dans la petite boutique. Il prit plus le temps d'admirer les plantes, toutes vertes et resplendissantes.

— Vous faites pousser toutes vos plantes vous-mêmes ? demanda-t-il à Peony, qui était allée ranger le vaporisateur.

— Oui, répondit celle-ci. Mon père y tient beaucoup.

Peter hocha la tête.

— Au fait, hm... Tiens. Pour hier.

Il lui tendit dix dollars. Peony les fixa quelques secondes, ne semblant pas comprendre. Puis, un sourire apparut sur son visage.

— Ah, je vois... T'es du genre têtu, toi.

— Je ne sais pas... Mais je culpabilisais beaucoup. Je te l'avais promis.

— Il n'y avait strictement aucune raison de culpabiliser, Peter Parker... Mais, bon. Puisque tu insistes fortement, je vais les prendre, tes dix dollars.

Elle saisit le billet d'un geste las et se dirigea vers la caisse. Elle le rangea dans une petite boîte en ferraille.

— Et alors ? Les roses ont plu à tante May ?

— Énormément ! Elle les adore.

— Tant mieux. Il y a autre chose ? demanda Peony avec un sourire.

— Je, euh, je voulais savoir... Tu... Tu vas dans quel lycée à la rentrée ?

Midtown était le lycée où Peter devait continuer ses études. Il espérait secrètement que Peony y allait aussi.

— Je suis inscrite à Midtown, il me semble. Et toi ?

— Moi aussi ! On va sûrement s'y croiser, alors... !

— C'est chouette !

— Ouais, c'est cool...

Peony sourit. Peter avait les joues légèrement rouges, témoignant de sa timidité. Elle le trouvait attendrissant et, malgré le fait qu'elle ne le connaissait pas tellement, elle l'appréciait déjà.

— Dis-moi, Peter Parker... Tu as prévu quelque chose aujourd'hui ?

— Euh, non, rien de spécial... Pourquoi ?

— Eh bien, ne viens d'arriver ici et je ne connais pas trop le quartier... Tu veux bien me montrer les endroits sympas ?

— Ici ?

— Ouais !

— P-pas de problème !

— Merci, c'est cool ! On y va ?

— O-ouais. Ouais, on y va.

Peony sourit et enfila sa veste en jean.

— Tu m'attends deux minutes, je vais prévenir mon père.

Peter hocha la tête. Peony disparut dans l'arrière-salle et revint quelques minutes plus tard.

— Bon, on doit faire vite, je dois être revenue avant 17 heures. Il faut que je fasse mes bagages.

Ils sortirent de la fleuristerie. Le soleil les aveugla un instant. Ils se mirent en route immédiatement.

— Tu pars ? questionna Peter.

— Oui, une semaine chez mon amie d'enfance Willow. Enfin, elle s'est toujours fait surnommer Will. J'appréhende un petit peu, cela fait longtemps que je ne l'ai pas vue...

— Si vous étiez amies autrefois, il n'y a pas de raisons que vous ne le soyez plus aujourd'hui.

— Je sais... Mais c'est étrange. Elle a beaucoup changé. J'imagine que moi aussi... C'est normal, tu vas me dire. Mais, après son déménagement je... Je l'ai un peu oubliée. J'étais petite, je n'avais pas compris et je lui en avais voulu. Nous avons repris contact il y deux ans. Et c'était... différent. Ce déménagement, ça l'a... changé, je crois. Je me demande vraiment comment va se passer cette semaine de vacances chez elle.

— Y'a pas de raisons que ça se passe mal. Tu sais, toi aussi tu as sûrement changé... On évolue tous. Mais si y'a un truc qui bouge jamais, c'est l'amitié. Je suis sûre que vous allez retrouver votre complicité d'avant.

— J'espère que tu as raison... Tu m'emmènes où, au fait ?

— Au parc. Il est super, j'y allais souvent quand j'avais du temps libre...

— Pourquoi "allais" ? Tu n'y vas plus ?

— Disons que... j'ai moins de temps pour moi, maintenant.

Peter pensa à ses nouveaux pouvoirs, acquis depuis peu. Puis à la mort de son oncle Ben, survenue quelques mois auparavant.

— Ah, oui, je vois. L'entrée au lycée, tout ça. C'est vrai que c'est un grand cap à passer. Ça ne t'effraie pas ?

— Non, ça va.

Peony le fixa, un sourcil levé.

— En réalité, si.

— Ah, tu me rassures... J'étais en train de me dire que tu n'étais vraiment pas normal. Moi aussi, je suis terrifiée. En plus, je viens d'arriver ici. Je n'ai personne à qui me rattacher pour me rassurer...

— On peut... se rattacher l'un à l'autre, si tu veux, proposa Peter. Je te présenterais mon meilleur ami. Il s'appelle Ned Leeds. Je pense que vous vous entendrez bien.

— C'est gentil, Peter Parker. C'est vrai que ça me rassure de me dire que l'on sera dans le même lycée. Je ne serais pas si perdue que ça.

Ils arrivèrent bientôt au parc. Le soleil brillait, ils étaient entourés de verdure et une fontaine coulait au beau milieu d'une petite place. Un petit café était ouvert, juste à côté. Plusieurs personnes s'étaient installés en terrasse. Soudain, un grondement sourd retentit. Peony écarquilla les yeux.

— Qu'est-ce que c'était que ça ? fit-elle, hilare.

— Mon estomac... répondit Peter, écarlate. Je n'ai rien mangé ce midi...

— Quelle mauvaise initiative ! se moqua la jeune fille. Quelle heure est-il ?

— Euh... Presque 15 heures 30.

— Alors c'est presque l'heure du goûter. Ça te tente si l'on va s'installer sur cette petite terrasse, au soleil, et qu'on commande une petite douceur pour patienter jusqu'au dîner de ce soir ?

— Carrément ! s'exclama Peter, une main sur son ventre pour éviter qu'il ne refasse des siennes.

— Parfait !

Ils allèrent s'asseoir autour d'une petite table ronde, près de la porte d'entrée du café. Un serveur vint prendre leur commande. Peony choisit une limonade avec un cookie, et Peter demanda un coca avec un sandwich au poulet, qu'il attaqua sans ménagement lorsque l'assiette fut posée devant lui. Peony pouffa, amusée.

— Eh bien, cela fait combien de temps que tu n'as pas mangé ?

— Depuis onze heures ce matin. Je n'arrive pas à manger salé dès que je me réveille, alors même si je me lève tard je prends un petit-déjeuner sucré ; mais je n'ai pas faim pour le déjeuner, résultat je me retrouve à manger un sandwich au poulet à presque 16 heures.

— Je vois, fit Peony, un sourire amusé au coin des lèvres. Un vrai cercle vicieux.

— Exactement, confirma Peter.

Peony rit puis entama son cookie.

—bTu voudras que l'on fasse le tour du parc après ou que l'on aille autre part ?

— Comme tu veux. Je t'avoue que je pensais aller voir autre chose. J'aurais tout le temps de le visiter à la rentrée. Je sens qu'il va rapidement devenir mon petit jardin secret aussi...

— C'est nécessaire, répondit Peter. Je veux dire, on en a tous un peu besoin parfois.

— C'est vrai.

La main droite de la jeune fille serrait son verre de limonade. Peter remarqua que ses ongles étaient vernis de bleu, un bleu turquoise qui lui allait assez bien. En détaillant un peu plus ses doigts fins, quelque chose le frappa. Comment avait-il fait pour ne pas le remarquer avant ?

— Ça va ? questionna Peony. Tu n'as pas l'air dans ton assiette.

—  Euh, oui oui, ça va...

La jeune fille suivit son regard jusqu'à sa main droite. Lorsqu'elle comprit ce qui rendait Peter dans cet état, elle la dissimula sous la table. Peter leva les yeux vers elle.

— Je suis désolé, Peony, je-

— Ne t'en fais pas. J'ai l'habitude de ce genre de réactions. J'imagine que maintenant tu veux savoir comment j'ai fais pour perdre un doigt ?

— Ne te sens pas obligée d'en parler...

— Rassure-toi : je ne me sens pas obligée du tout ! J'étais petite quand c'est arrivé. Je n'en ai presque plus aucun souvenir... Je devais avoir huit ou neuf ans. On faisait de l'accrobranche avec mes parents. Tu en as déjà fait ?

Peter secoua la tête de droite à gauche.

— C'est un genre de sport extrême ou tu montes dans les arbres avec tout un attirail et tu dois suivre des parcours plus ou moins faciles. Vu que j'étais plutôt agile, j'avais choisi le deuxième pour les enfants, avec un niveau un peu plus haut. Ça ne change rien au final, ça aurait pu m'arriver n'importe où... Mais, en gros, à la fin du parcours il y avait une longue tyrolienne, un grand câble en ferraille. Tu te jetais dans le vide et tu glissais le long du câble jusqu'à l'arrivée. Donc je me suis élancée, mais en chemin je me suis retournée dans mon baudrier et j'ai paniqué. Sans réfléchir, j'ai mis ma main devant le bidule qui glissait sur le câble et mon doigt s'est coincé dedans. On a dû aller à l'hôpital pour l'amputer... Morale de l'histoire : souviens-toi qu'il ne faut jamais mettre sa main sur le câble quand tu descends sur une tyrolienne.

— Ça a dû te faire horriblement mal... frissonna Peter.

— Je ne me rappelle plus très bien de la douleur, je me rappelle surtout que j'avais très peur de perdre mon doigt. C'est tout de même arrivé et aujourd'hui je m'y suis habituée, mais je me dis que cela aurait pu être pire. Il faut toujours relativiser, même quand tu penses être au plus bas. C'est de cette manière que les choses s'arrangeront.

Peter sourit timidement. Parfois, ce n'était pas aussi simple que ça...

🌸🌸🌸

"Ça a dû te faire horriblement mal... "

J'espère que ce chapitre vous a plu ! Peter et Peony font un peu mieux connaissance, se livrent un peu plus 😌 n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, ça compte énormément pour moi 💖

Bisous 🌸

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