🌸 i.

Peter se réveilla tard, aujourd'hui. Il se redressa et se frotta les yeux. Le garçon bailla une dernière fois avant de se lever pour vérifier si son costume était toujours planqué dans la trappe au plafond. Il fut soulagé en le voyant.

Ces derniers temps, il était devenu paranoïaque, surtout par rapport à sa Tante May. Il avait une peur panique qu'elle ne découvre qu'il se baladait la nuit entre les immeubles, à l'aide d'une toile synthétique fabriquée en cours de chimie.

Il referma alors la trappe, vérifia qu'elle ne risquait pas de s'ouvrir toute seule et quitta sa chambre, regagnant le salon.

— Tante May ? appela-t-il.

Il ne reçut aucune réponse. Il jeta un coup d'œil dans la cuisine et remarqua une feuille pliée rapidement en deux. Il la déplia.

Peter,
Je suis partie faire quelques courses. Je reviens vers 15h.
Bisous mon chéri

Peter reposa le mot sur la table et étouffa un autre bâillement. Il s'était couché tard, la veille. Il avait un peu travaillé sur la technologie de son costume, avant de penser à la rentrée imminente. D'ici trois semaines, il serait enfin en première année de lycée. Il espérait que cela changerait sa vie du tout au tout, voulait se faire enfin remarquer autrement qu'en étant le petit intello doué en chimie.

Il chercha dans les placards quelque chose à grignoter en attendant le retour de May. En effet, il était temps d'aller faire les courses. Il attrapa une bouteille de lait, le paquet de céréales et se servit un bol.

Il mangea sans grand entrain, jusqu'à ce qu'il lève les yeux vers le calendrier accroché au mur. La date d'aujourd'hui était cerclée de rouge. C'est alors que ça lui revint :

— Oh la vache, paniqua Peter. C'est l'anniversaire de May !!

Il finit son bol à la vitesse de l'éclair et jeta un coup d'œil à sa montre. Il était 14h36. Cela lui donnait tout juste le temps de descendre rapidement dans la rue chercher un cadeau décent pour sa tante. Il enfila un jean, un sweat sans capuche, se brossa rapidement les dents et quitta l'appartement en prenant soin de refermer à clefs derrière lui.

Il descendit dans la rue et prit directement à gauche. Il courut à en perdre haleine, évitant les passants en lançant "pardon, excusez-moi !" à tout va. Il ne savait même pas où il allait. Il savait juste qu'il lui fallait un cadeau pour May, et rapidement. Il ralentit sa course quand il fut au bout de la rue. Une enseigne retint son attention:

« Chez Valerie, fleurs et plantes de saison. »

C'était parfait. Un bouquet de fleurs, c'était simple mais indémodable. Peter scruta à travers la vitrine. Le magasin semblait petit, mais il pourrait y trouver son bonheur.

Il pénétra dans la boutique. Un son de clochette retentit. Une jeune fille, accoudée au grand meuble en bois où reposait la caisse, leva les yeux. Elle esquissa un sourire.

— Oh, mais c'est le garçon de 17h24 ! s'exclama-t-elle. Je peux t'aider ?

— Euh, bonjour, je... Comment est-ce que vous m'avez appelé ?

— 17h24. Tu passes toujours ici à cette-heure là, expliqua la jeune fille avec un air malicieux. Enfin, je devrais dire "tu passais", parce que c'était avant les grandes vacances.

— Ah, oui c'est exact... Tu... Tu as le sens de l'observation.

— Disons que je m'ennuyais un peu, alors je cherchais des trucs qui pouvaient me divertir.

— Donc... moi, je te divertis ?

— En partie, oui, répondit la jeune fille en haussant les épaules.

Peter sourit.

— Peter.

— Pardon ? questionna la fille.

— Je m'appelle Peter. Peter Parker. Tu pourras arrêter de m'appeler "le garçon de 17h24" comme ça. C'est un peu trop long, tu ne trouves pas ?

— Si, un peu.

— Et... Et toi ?

— Et moi quoi ?

— Comment tu t'appelles ?

— Essaie de deviner, fit-elle en croisant les bras sous sa poitrine, relevant le menton.

— Donne moi un indice ! réclama Peter.

— Ok, alors... C'est en rapport avec ce magasin !

— C'est toi Valerie ?

— Non, je ne suis pas Valerie. Mon prénom commence par la même lettre que le tien.

— Alors un P... Polly ?

— J'ai l'air d'avoir douze ans ?

— Priscilla ?

— Pitié...

— C'est ça ton nom ?

— Quoi ? Non !

— Alors, euh... Penny ?

— Dans tout ceux que tu as cité, aucun n'a de rapport avec ce magasin.

Peter regarda autour de lui, réfléchissant.

— ... Tu ne t'appelles pas Poireau, quand même ?

La jeune fille haussa un sourcil, se mordillant la lèvre inférieure pour s'empêcher d'éclater de rire.

— Je n'ai sérieusement pas envie de répondre.

— Bon, je sèche...

— Peony.

Peter releva les yeux.

— Peony ? Comme les pivoines ? (*)

La jeune fille hocha la tête.

— C'est joli, fit Peter.

— C'est gentil. Merci, répondit timidement Peony. Et donc ? Je suppose que tu n'es pas venu ici par hasard.

— Oui, c'est vrai ! En fait, c'est l'anniversaire de ma tante aujourd'hui et j'aimerais lui offrir un bouquet qui ait une symbolique, un truc joli mais simple, sans prétention...

— Comment s'appelle ta tante ?

— May.

— C'est peu courant, j'adore ! C'est un prénom fleuri. Donc, que pourrait-on offrir à tante May...

Peony disparut derrière une étagère recouverte de pots fleuris et passa dans l'arrière-salle. Peter hésita.

— Bon, tu viens ? demanda Peony en revenant dans la boutique.

Peter la suivit sans plus de questions. Ils traversèrent une salle sombre, humide et pleine à craquer de pots en argile poussiéreux.

— Ne fais pas attention au désordre, c'est le débarras de mon père.

Peony alla ouvrir une petite porte en bois dans le fond de la salle. La lumière du jour aveugla Peter, qui s'était habitué à l'obscurité de la pièce. Il mit sa main devant ses yeux, fronçant les sourcils. Peony était déjà sortie. Lorsqu'il la rejoignit, Peter put enfin l'admirer sous la lumière du soleil. Ses cheveux tressés étaient regroupés en une demie queue de cheval. Elle avait un visage doux et arrondi au teint basané, presque doré, qui contrastait avec son sourire d'une blancheur éclatante. Ses yeux en amande étaient d'un marron profond, à la limite du noir, et brillaient en permanence d'un éclat de vivacité et de malice. Ses lèvres charnues possédaient une teinte légèrement rosée et ses joues rebondies donnaient à son visage un air sympathique et naturellement souriant.

— Sais-tu si ta tante May a une préférence ?

Ils s'étaient retrouvés dans un grand jardin qui s'étendait tout en longueur derrière la fleuristerie. C'était ici qu'ils cultivaient les fleurs, comprit Peter. Il y avait au moins cinq plates-bandes et une vingtaine de sortes de fleurs différentes. Peter retint un soupir d'émerveillement. C'était magnifique. L'odeur des fleurs le prit aux narines.

— Pas vraiment... répondit-il finalement.

— Elle n'aime pas les fleurs ?

— Elle les adore, au contraire ! Mais... disons qu'on n'a pas souvent l'occasion de lui en offrir...

— Je vois. Alors voyons-voir ce que je pourrais faire... Elle aime les roses ?

Peter hocha la tête.

— C'est parfait ! Les nôtres ont bien poussé, cette année. Ta tante May va avoir un super bouquet. Les roses roses représentent une douce affection, timide mais sincère. Elles rendent aussi hommage à la beauté féminine. Tu peux tout à fait en offrir à ta tante, si tu le souhaites. C'est parfait pour un anniversaire.

— C'est... génial. Elle va adorer.

Peony sourit, s'arma d'un sécateur et entreprit de couper les tiges des roses, aussi délicatement qu'il était possible de faire. Lorsqu'elle en eut rassemblé assez, environ douze, elle les attacha d'un ruban blanc.

— Tu me suis ? fit-elle en passant à côté de Peter.

Celui-ci hocha la tête et marcha à sa suite. Ils revinrent dans la boutique et Peony passa derrière la caisse.

— Ça te fera dix dollars, s'il te plaît ! annonça-t-elle en commençant à écrire sur le livre de comptes.

Peter eut des sueurs froides. Il tâtonna toutes ses poches de ses mains avant de jurer.

— Je... J'ai oublié... Je pensais que-

— Laisse-moi deviner : tu as oublié ton porte-monnaie ?

— Je croyais que je l'avais pris... Je suis vraiment désolé, si tu veux je peux repasser chez moi et revenir...

Peony parut hésiter. Son regard oscilla entre le bouquet et le stylo qu'elle tenait à la main. Finalement, elle raya le nom de Peter dans le petit carnet à spirales.

— Bon. On ne va pas faire tout une crise pour dix malheureux dollars alors que ta tante May fête son anniversaire aujourd'hui ! Et, à ce que j'ai cru comprendre, tu es assez pressé. Alors tu sais quoi : tu vas emporter ces fleurs chez toi, les offrir à tante May et lui souhaiter un bon anniversaire de ma part. OK ?

— Je reviens après, je te le promets, dit-il en attrapant le bouquet de roses.

Peony posa une main sur la sienne. Son contact était doux.

— Non. Ne reviens pas. Ça me fait plaisir. Profite de ta tante.

— Mais je-

— Peter Parker si je te revois dans cette boutique aujourd'hui, je ne donne pas cher de ta peau.

— ...

— Allez, dépêche-toi.

Il hésita un instant et jeta un coup d'œil sur la pendule derrière Peony. 15h07.

— Merci énormément, Peony, je... À bientôt.

— Au revoir, Peter Parker. Et n'oublie pas de souhaiter un joyeux anniversaire à tante May de ma part ! lança-t-elle alors qu'il quittait la boutique.

— Je n'oublierai pas, promis ! Merci encore !

Il reprit sa course folle dans le sens inverse. Il devait arriver chez lui avant May.

Lorsqu'il arriva devant son immeuble, il chercha rapidement des yeux la voiture de sa tante. Elle n'était toujours pas là. Il entra alors dans le hall de l'immeuble, grimpa les sept étages quatre à quatre, ouvrit la porte à l'aide de sa clé et la referma rapidement derrière lui.

Il posa les fleurs sur la table et se précipita dans la cuisine où il chercha quelque chose qui pourrait faire office de vase. Soudain, ses poils se dressèrent. Quelques secondes plus tard, quelqu'un ouvrait la porte.

— Peter ? appela une voix de femme.

— Ah, salut May ! fit Peter en sortant de la cuisine. Tu vas bien ?

— Je suis fatiguée. Tu veux bien m'aider à vider les courses, s'il te plaît ?

— Ouep, pas de problèmes !

Peter alla la délester de deux sacs de courses qu'il porta jusqu'à la cuisine. Sur le chemin, May aperçut les fleurs posées sur la table.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle.

— Ah oui, pardon. Joyeux anniversaire, May !

— C'est pour moi ? s'émerveilla-t-elle. Oh, merci beaucoup mon chéri...

Elle s'avança vers Peter pour l'embrasser.

— C'est rien... J'espère que ça te plaît.

— Elles sont magnifiques !

May déposa ses sacs de courses pour aller fouiller dans un placard. Elle en ressortit un vase en verre orné de motifs géométriques en relief. Elle le remplit d'eau et mit les roses dedans.

— La beauté d'une femme n'a d'égale que celle d'une rose ! s'exclama May en riant. Merci encore, Peter.

Peter esquissa un sourire et dirigea son regard vers sa main, qui s'était soudainement mise à picoter. Il se dit alors que la beauté de Peony avait pour seule égale celle des fleurs qu'elle cultivait. Une beauté naturelle et envoûtante.

🌸🌸🌸

J'espère que ce premier chapitre vous a plu 💖 dites moi touuut, s'il y a des choses à changer etc, j'ai vraiment besoin de vos avis 🙌 merci beaucoup de lire !

À bientôt 💖

(*) Peony veut dire pivoine en anglais

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