Chapitre 2 : Boston Blues
Elle descendit la rue et se laissa porter par les accents italiens qu'elle entendait d'une boutique à l'autre. Elle avait du mal à réaliser qu'elle était là, aux Etats-Unis, et non en France. C'était comme si elle était prisonnière d'un rêve étrange et que chaque tentative pour percer la bulle de ce songe l'enfonçait un peu plus dans ses méandres.
Elle pensait en français mais lisait, parlait et écoutait en anglais. Elle n'arrivait pas à identifier ce qu'elle vivait comme étant la réalité. Le quotidien n'existait plus. Tout ce qu'elle entreprenait était nouveau, sans précédent. Il n'y avait plus de rythme, plus de matin ni de soir, seulement une liste de choses à faire et d'évènements qui devaient s'enchaîner.
Alors qu'elle descendait vers son hôtel, elle aperçut des dockers qui déchargeaient des sacs de toile et un vendeur de homards qui ramassait les carapaces vides laissées par les clients juste devant son étale.
Elle s'arrêta pour le regarder récupérer nonchalamment ces crustacés éventrés pour les jeter un peu plus bas dans la rue. La jeune femme sourit en voyant le prix dérisoire qui était affiché sur l'étale. Trente cents pour un homard, s'en était presque indécent.
Un peu plus loin, au fond de l'allée, des hommes en costume se tenaient debout, regardant un autre camion se faire décharger par des ouvriers. Des caisses de bouteilles. De l'alcool. Arlette frémit d'angoisse et ses cheveux se hérissèrent dans sa nuque. Un des hommes en costume se retourna brusquement en direction de la sortie de la rue et la fixa en enlevant le cigare de sa bouche tordue.
Elle se retourna immédiatement et continua son chemin en pressant le pas. Elle sentit ses battements de cœur s'accélérer et elle enfonça un peu plus son chapeau sur sa tête. Des contrebandiers, pensa-t-elle, elle venait de voir des contrebandiers. Ce fut comme une sorte de gifle la tirant de ses rêveries.
Elle était en Amérique, là où la Prohibition et la crise financière avaient créé la plus grande vague de crime de ce début de siècle. Et elle venait d'être témoin d'une de ces opérations de criminels. Cette pensée lui glaça le sang. Il fallait qu'elle retourne à sa chambre d'hôtel, et vite. Elle fit un détour par Trinity Church pour prendre le métro vers le sud.
Alors qu'elle arrivait dans des avenues plus familières, pleines de monde , elle trouva un stand de sandwich au coin d'une rue à côté de son hôtel. C'était de la saucisse en conserve avec de la moutarde et de la choucroute, en conserve aussi. Des hotdogs.
Elle en acheta deux en espérant que ce diner lui suffirait et qu'elle n'aurait plus avoir à sortir, mais elle regretta rapidement son achat après en avoir pris une première bouchée. La saucisse était fade, le pain trop mou, la choucroute avait un goût atrocement aigre de cornichon et la moutarde était sucrée. Quelle merveilleuse introduction à la gastronomie américaine...
Lorsqu'elle referma la porte de sa chambre derrière elle, elle eut l'impression qu'on l'avait suivi, que dans son dos étaient restés fixés les yeux de l'homme en costume. Etait-il vraiment dangereux d'être témoin d'une scène de contrebande ici ? Elle se posa la question, et se rendit compte du grotesque de la situation. Ce qu'elle avait vu n'avait rien d'anormal en France. N'était-ce pas simplement comme le livreur qui venait fournir l'estaminet du village près duquel elle avait grandie ? Qu'il y avait-il de mal à cela ?
Elle frissonna tout de même en se remémorant les hommes qu'elle avait surpris et qui l'avaient regardé avec suspicions, comme si elle interrompait un sabbat avec le Diable en personne. Ils n'avaient rien de livreurs d'estaminets, ils ressemblaient plutôt aux gangsters aux grosses mitraillettes qu'on voyait parfois dans le journal.
Sans allumer la lumière, elle posa ses affaires mouillées sur le radiateur en céramique et s'allongea sur le lit en fixant sa valise ouverte à côté de la porte. En quittant Paris, elle avait eu l'impression de prendre trop de choses, d'avoir du mal à fermer la valise.
Maintenant elle pensait qu'elle aurait dû amener tellement plus. Acheter au moins des souvenirs qu'elle pourrait accrocher dans sa nouvelle chambre. Elle n'avait que quelques vieilles photos qu'elle gardait dans son carnet de notes. Comme la France allait lui manquer, songea-t-elle en regardant le grand building de briques qui faisait face à l'hôtel.
Un éclair de lucidité la sortie de sa nostalgie naissante et lui rappela pourquoi elle était là. Elle prenait un nouveau départ. Son oncle lui avait offert une nouvelle vie, quelques mois plus tôt, lorsqu'elle avait appris qu'elle était la seule personne citée sur son testament, alors qu'elle voyageait en compagnie d'une amie dans le sud de l'Angleterre. Cela avait été pour elle un tel choc qu'elle n'en avait pas dormi pendant trois jours.
Un message de Boston était arrivé entre ses mains pour bouleverser sa vie. Cette petite lettre avait dû passer par sa vieille adresse dans une ferme en ruine près de Saint-Dié, puis celle de Paris, avant d'atteindre l'hôtel où elle résidait, au bord de la mer, au sud de Londres. L'enveloppe avait donc retracé les dernières années de sa vie en parcourant la France comme si un poursuivant venu du passé remontait jusqu'à elle.
Cela faisait alors déjà deux ans qu'elle avait cessé ses études parisiennes pour travailler avec son amie, Paula Castelblanc, la célèbre photographe. Hôtels luxueux, cocktails avec des ambassadeurs, expositions dans toutes les plus grandes salles d'Europe, elle avait suivi la grande aventurière dans tous ses déplacements, jusque dans ce petit hôtel de Brighton où elle avait reçu la lettre qui avait séparé leurs destinées.
Arlette tenta à nouveau d'ingurgiter le hotdog. Infecte. C'était encore pire froid. Elle préférait se nourrir de ses souvenirs, si amers soient-ils. Son amie lui manquait. Paula l'avait guidé et lui avait ouvert les portes d'un monde de luxe auquel elle n'aurait jamais eu accès avec sa petite bourse d'étudiante. Peut-être qu'elle aurait mieux fait de rester à l'université...
Elle aurait pu se contenter de l'honneur d'accéder à une éducation supérieure, briller en tant que médecin et revenir dans sa Lorraine natale pour y exercer sa profession. On l'aurait accueillie à bras ouverts dans l'hôpital de Raon l'Etape si elle y était revenue...
Arlette chassa cette pensée en ouvrant son carnet de notes. Il figurait à la dernière page une note manuscrite, écrite avec délicatesse et élégance : « Bon voyage ma chère Arlette, nous nous reverrons de l'autre côté, ton amie Paula ». Elle esquissa un sourire nostalgique et se pencha sur la photo de son amie. Elle aurait pu s'habiller comme elle, apprendre la photographie à ses côtés, devenir une parfaite garçonne aux cheveux courts, aux vêtements outrageusement légers et aux parfums capiteux.
Le sourire s'estompa progressivement sur le visage de la jeune femme. Elle aurait pu, oui, si elle n'avait pas passé son temps à repasser ses robes, à lui faire la cuisine, à conduire sa voiture, à prendre ses réservations. Voilà peut-être la raison pour laquelle elle n'avait pas hésité à prendre le bateau pour New York.
Arlette se releva, gênée par une goutte d'eau du plafond qui tombait répétitivement sur son épaule et alluma la lampe de son bureau pour regarder ses papiers d'identité. C'était fini la vie de palais. Elle était maintenant une migrante comme les autres. Arlette Mangel, née le 13 août 1906 à Raon Les Leau. Un nom et un lieu de naissance, voilà ce qu'il lui resterait de la France jusqu'à sa mort, quand tout le reste aurait disparu.
A la faible lueur de la lampe, elle regarda son visage sur les papiers. Elle ne serait pas une femme comme Paula, elle serait réellement libre, elle travaillerait dur, vaillamment, et elle ne se laisserait pas tenter par la paresse et la luxure.
Elle allait ranger son carnet de son sac lorsqu'elle entendit toquer violement à la porte. Immédiatement, elle éteignit la lampe et s'approcha. Les trafiquants l'avaient donc trouvée ? Elle s'écarta mécaniquement de la fenêtre et attendit. Elle n'entendit plus rien. Seulement la respiration bruyante de la personne derrière la porte. Elle sursauta lorsqu'on toqua à nouveau, plus fort cette fois-ci. Fallait-il qu'elle réponde ou qu'elle fasse comme s'il n'y avait personne ?
Elle se sentit soudainement ridicule d'être aussi effrayée. Ce n'était certainement que le maître d'hôtel. Mais pourquoi ne se présentait-il pas, ou ne l'appelait-il pas par son nom ? Elle passa discrètement le long du mur pour arriver près de la fenêtre et regarda par le rideau. La rue était vide. Pas d'homme en costume. Mais même si ce n'était pas l'un d'entre eux, elle ne voyait pas qui pourrait bien toquer à sa porte à cet heure-
—Maggie, ouvre-moi ! Je sais que t'es là ! Si t'ouvre pas tout de suite, je défonce cette putain de porte !
Certainement un ivrogne, se dit-elle. Elle ouvrit la porte d'un geste vif. Un homme de grande stature aux cheveux roux trempés se tenait au mur comme s'il allait s'écrouler. Arlette prit un air énervé :
—Vous n'avez pas honte de réveiller des touristes à cette heure de la nuit ! Si vous réveillez mon mari, il va vous refaire le portrait !
Elle referma la porte sans la claquer et colla y son oreille. En criant, son accent d'étrangère avait pris des teintes plus dures qui avaient eu pour mérite d'effrayer l'ivrogne. Il poussa un juron et reprit sa marche vers une autre porte de chambre, reprenant son tapage, avec moins de succès cette fois-ci puisqu'elle put entendre la voix d'un autre homme qui lui répondit en braillant.
Bienvenue en Amérique Arlette, se dit-elle avant de se mettre au lit en souriant.
Le lendemain matin, après une nuit passée sur un canapé à cause d'une goutte qui tombait répétitivement sur son oreiller et de punaises de lit, elle déposa la clef de sa chambre au comptoir et fonça directement chez le notaire.
Le cabinet de maître Brünner se trouvait au troisième étage d'un hôtel particulier de style géorgien orné de colonnes blanches. Dès qu'elle entra dans le bâtiment, Arlette jeta ses sacs à la réception, sans même se présenter, avant de grimper les étages qui la séparaient du testament de son oncle. Il était déjà dix heure et demi et elle était en retard. Devant la porte d'entrée du bureau, un homme immense lui barra le passage.
La jeune femme en fut si surprise qu'elle faillit tomber en arrière. La porte avait beau être grande, il semblait la remplir de toute sa hauteur. Son cou épais laissait deviner une forte musculature dissimulée sous son blouson de cuir, malgré un visage encore jeune. Il devait avoir une trentaine d'années tout au plus.
—Vous êtes Miss Arlette Mangel ? demanda-t-il d'un ton étonnement avenant, malgré son allure patibulaire.
—Oui, J'avais... j'avais rendez-vous avec Maître Brünner à dix heure, répondit-elle hors d'haleine.
Il la fixa sans la laisser passer, comme absorbé dans ses pensées. Il portait la coupe de cheveux typique des hommes qu'elle avait vus dans ce pays, les cheveux rasés sur les côtés et longs sur le sommet du crâne, ramenés en arrière à grand effort de gomme. Avec ses cheveux d'un blond clair et son visage osseux, il avait l'air d'un de ces marins hollandais aux yeux cachés par des pommettes et des arcades saillantes.
—Est-ce que Maître Brünner m'attend ? Vous savez, j'ai un train à prendre et...
—Oh, le train est annulé, c'est moi qui vous amène, la coupa-t-il comme si cette information était évidente. Monsieur Brünner est actuellement en entretien avec mon employeur, ils n'en ont plus pour longtemps.
Elle soupira de soulagement et rajusta sa robe sans plus le regarder. Son retard passerait donc inaperçu. Ce type lui était sympathique, il parlait avec légèreté comme si tout cela n'était qu'une vaste farce. Il s'exprimait simplement et directement, sans pour autant avoir l'air nonchalant.
—Donc vous êtes chauffeur ?
—Je l'étais, maintenant je suis garagiste à Richmond. Je fais encore quelques missions pour le compte du sénateur, de temps en temps.
Arlette leva soudainement la tête :
—Le sénateur ? demanda-t-elle en essayant de prononcer le « a » de « sénateur » correctement en anglais.
—Le sénateur Fowler. Il paraît que c'est un de vos amis, non ?
Ce nom parut résonner dans l'escalier comme un mot ancien sortit d'un musée. Comme un vieux souvenir oublié, ressassé au cours d'une soirée.
—L'ami... d'une amie. C'est lui dans le bureau ? Je ne pensais pas le voir aujourd'hui, je ne suis vraiment pas habillée pour le rencontrer, s'empourpra t'elle.
Gerald Fowler était l'un des amis « personnels » de Paula. Elle l'avait rencontré une fois à Londres. Chasse, cigare, bridge, armes à feu, whisky et Bourse étaient ses sujets favoris. A Londres il avait peiné à dissimuler son attrait presque maladif pour les blondes à la taille fine et son manque de références littéraires devant la belle Paula. Il ne représentait donc aucune matière fertile pour discréditer les stéréotypes sur les Américains fortunés. Quel genre d'homme devenait-il lorsqu'il était sur son propre territoire ?
—Le sénateur n'aura pas le temps de vous recevoir. Nous partirons directement après, la route va être longue. Au fait, je m'appelle Louis McCarthy, enchanté Miss.
Il lui tendit une main épaisse qu'elle serra en souriant. Son anglais était compréhensible, sans accent fort, rassurant de simplicité. Et puis il était vraiment beau garçon.
—Enchantée, Monsieur McCarthy.
La porte du bureau s'ouvrit à ce moment et Gerald Fowler en sortit, mettant son chapeau de feutre sur sa tête dégarnie. Il portait de longues moustaches et un bouc déjà blancs. Les rides pleines de son visage lui donnaient l'air d'un vieillard rondouillet. En voyant Arlette, ses yeux gris se mirent à pétiller et un sourire sincère naquit sur ses lèvres minces :
—Oh, Miss Mangel ! Quel plaisir de vous revoir ici ! Comment allez-vous ? demanda-t-il en français.
Il lui serra la main avec énergie, réellement heureux de la revoir. Elle pouvait sentir la chaleur dans ses mots. Peut-être lui rappelait-elle l'exotisme de l'autre côté de l'océan, réveillant ses souvenirs de vacances en Europe. En tout cas, son effusion de joie sembla étonner son chauffeur et le notaire qui venait d'apparaître à la porte.
—Plaisir partagé, Monsieur Fowler, j'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir ! se laissa emporter la jeune femme qui sentait l'enthousiasme du sénateur la toucher.
Les yeux de l'homme s'illuminèrent comme ceux d'un enfant. Peut-être avait-elle parlé avec un peu trop d'entrain...
—Si vous nous refaites votre magret de canard aux épices comme la dernière fois, je veux bien monter le mont Katahdin pour venir manger chez vous! Vous voyez, je n'ai pas oublié le menu, avec les choux à la crème de truffe en entrée et la charlotte aux fraises...
Arlette tomba des nues. Elle écarquilla les yeux avant de pouffer de de rire. Elle ne s'attendait pas à cela. Un vice caché, une demande spéciale de vieillard lubrique, voilà qui aurait été à la hauteur d'un politicien comme ceux avec qui Paula fricotait, mais de la simple gourmandise... La jeune femme se sentait presque de retour en France devant la bonhomie et à la chaleur de cet homme.
Cette gentillesse lui rappela immédiatement son ancienne vie. Elle eut soudainement envie de s'agripper au sénateur, de le suivre et d'abandonner tout le reste, son héritage, son voyage. Elle dût se forcer à chasser cette idée lâche de son esprit.
Le sénateur devait être réellement pressé car il prit congé de la jeune femme et de McCarthy rapidement, sans plus se soucier du notaire, riant toujours en descendant les marches du grand escalier de marbre.
Arlette le regarda s'éloigner avec un pincement au cœur. Elle ne le reverrait peut-être plus, si elle décidait de rester dans ses forêts du Maine. Le notaire la fit entrer dans son bureau, légèrement déridé par cette scène d'effusion sentimentale dont il avait été témoin.
—Vous l'avez mis de bonne humeur. On vous nommerait Président du Sénat si vous pouviez les mettre tous dans cet état quand ils entrent en session.
—Ca ne devrait pas être trop difficile, je suis sûre qu'ils aiment tous la truffe.
Le Maître ne répondit pas, trop incommodé par son accent français qui semblait décidément l'importuner. Arlette n'y prêta plus attention. Sa rencontre avec Fowler lui avait rappelé qu'elle s'était exprimé de nombreuses fois auparavant en anglais sans pour autant écorcher les mots au point de manquer de respect aux locuteurs natifs. Reprenant confiance, elle se décida à ne pas se laisser impressionner par le flot de paroles du vieil homme.
Il referma la porte et l'invita à s'asseoir. Pendant une heure, il lui lut le testament d'une voix monocorde, puis ses droits de propriétaire de terres aux Etats-Unis en tant que migrante, en attendant sa naturalisation. Tous ces procédés complexes laissaient Arlette de marbre. Avait-elle réellement besoin de devenir une Américaine pour cet héritage ? Qu'allait-elle bien pouvoir faire sur ce continent ?
Juste au début de leur entretien, le notaire avait sorti une lettre d'un coffre-fort et l'avait laissée sur la table. La jeune femme avait entre ses mains une lettre manuscrite de son oncle, qui avait été léguée dans son testament. Dès lors, elle n'avait plus eu qu'une seule envie : s'installer quelque part pour lire ce que cet homme dont elle ne savait rien lui avait écrit. C'était là les seules choses qu'elle lirait de lui...
Tout ce qu'elle apprenait avec ce notaire c'était qu'il y avait déjà une bâtisse construite sur le terrain, inhabitable d'après lui, et qui se trouvait au carrefour entre la route et la rivière qui bordaient la frontière canadienne, dans la région du Maine appelée « les bois du nord », Northwood. La maison devait certainement être poussiéreuse, ruinée par l'humidité de la rivière, la neige et les parasites.
Lorsqu'ils eurent terminé de remplir tous les papiers, elle put enfin sortir du cabinet. Dans sa politesse habituelle, il l'accompagna à la porte et la referma directement derrière elle. Le chauffeur l'attendait toujours dans l'entrée, comme un bon chien de garde. En la voyant sortir, il saisit sa valise et ses sacs.
—On peut y aller ?
Arlette voulu répondre mais elle se sentie envahie de vertiges. Elle réalisa que son jeûne avait duré trop longtemps. Les maigres hotdog froids étaient déjà loin. Elle hocha la tête fébrilement et tenta de suivre sa démarche sportive, espérant secrètement que malgré ses airs professionnels, il soit aussi affamé qu'elle. On ne pouvait décemment pas commencer un long périple le ventre vide...
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