Chapitre 8 | Partie 3: In the Pines
BETTY
Devin conduisait lentement, à l'arrière du convoi des trois voitures. Il était seul avec Betty qui était restée à l'arrière.
Elle pleurait en silence, fixant les arbres qui défilaient par la fenêtre. Il la regardait de temps en temps, tournant la tête comme s'il vérifiait qu'ils n'étaient pas suivis. Alors qu'ils passaient devant la carcasse encore fumante de la voiture noire qu'ils avaient incendié, il déclara soudainement :
—Je sais pourquoi tu ne veux pas rentrer Betty. Tant qu'il y aura l'alcool et le business d'Henry, on sera tous séparés les uns des autres. Et cette nana... Eh bien elle redonne de l'espoir pour Richmond...
Betty cessa de regarder par la fenêtre et se tourna vers lui.
—Alors tu peux expliquer à Henry, l'implora t'elle, tu peux lui parler toi, il t'écoute. Elle m'a toujours protégé, elle a toujours eu de la considération pour moi, malgré...
—Je sais, répondit-il, mais Henry ne peut pas laisser une Richter avec son ennemie, il perdrait son autorité. Je te l'ai dit, tant qu'il aura cette putain d'idée de continuer dans la contrebande, il y aura pas de place pour les amis. Il essaye de te protéger, Betty.
—J'en ai marre qu'on me considère comme une gamine à protéger. Je suis une Richter quand ça arrange. Je peux tenir une arme moi aussi...
—C'est pas de ça qu'il s'agit. Si tu participais, on passerait plus de temps à s'inquiéter pour toi plutôt qu'à agir...
—Parce que vous ne me croyez pas capable de me battre !
Devin n'ajouta rien. Ils arrivaient à la ferme, les chiens sortirent de la grange en aboyant. Devin sortit et Henry passa devant lui pour tirer Betty hors de la voiture en la trainant par le bras.
—Tu me fais mal, cria-t-elle.
Il ne répondit pas et l'amena à l'intérieur, tandis que les hommes rentraient chez eux après cette longue journée. Il voulait avoir une discussion avec elle, Betty le savait. Depuis que leur père n'était plus là, il faisait toujours ça lorsqu'il trouvait qu'elle allait trop loin.
Il la forçait à s'asseoir dans la cuisine et il lui posait des questions. Pourquoi tu as fait ça ? Tu penses que tu es la seule à avoir des rêves ici ? Tu sais ce que c'est que les responsabilités ? Tu te souviens de ce qu'on s'est promis à la mort de Ma' ? Il n'était pas doué pour écouter. En vérité, il le faisait rarement. Toutes ses questions étaient purement rhétoriques. Bien sûr qu'elle savait tout ça, bien sûr qu'elle comprenait tout ça, mais s'il avait écouté, peut-être aurait-il comprit qu'il n'y avait pas que les responsabilités qui comptaient...
Il allait l'asseoir dans la cuisine, mais il trouva Danny et Devin debout, immobiles dans l'entrée. Il passa devant eux en tirant sa sœur pour qu'elle avance lorsqu'il entendit une voix familière, douce et voluptueuse :
—Eh bien, je vois que tu traites toujours tes sœurs avec autant d'égard, Henry.
Il s'arrêta comme ses frères. Cette voix, c'était celle d'un fantôme. Il fixa la femme qui était assise au salon, en train de fumer une cigarette. Elle portait la coupe de cheveux courts de flapper, ses cheveux blonds platine parfumés par la laque étaient arrangés en sorte une sorte casque autour de son visage au maquillage trop chargé de danseuse, qui masquait des rides naissants autour de ses lèvres et de ses narines.
Elle était habillée d'une longue robe fine rouge serrée en dessous des seins qui lui donnait des airs d'actrice d'Hollywood. D'un geste dédaigneux, elle écrasa sa cigarette dans le cendrier et lança un regard indifférent à ses trois frères et à sa sœur. La surprise d'Henry se changea rapidement en un ressentiment profond.
—Quand est-ce que t'es rentrée, Jessy ?
Mais qu'est-ce qu'une flapper, me direz-vous. C'est une bouffée d'air frais entre deux guerres, une mode qui est née des mouvements pour le droit de vote des femmes né aux Etats Unis après la guerre. Vous la connaissez sous le nom de "garçonne" en français. C'est généralement une femme qui cherche à se libérer de son rôle de femme au foyer.
Elle adopte une coupe de cheveux courts, un maquillage de théâtre qui n'est pas sans rappeler les figures expressionnistes du cinéma allemand de ces années, et des vêtements tout aussi courts. Elle se réserve le droit de boire, de fumer, de se droguer, et d'aimer qui elle veut. Voilà le prototype théorique de la flapper.
Ce que cette définition ne dit pas de cette garçonne originelle, c'est toutes les difficultés auxquelles elle est confrontée dans les années 1930 si elle n'a pas les moyens financiers d'assumer ce rythme de vie effréné. Les flappers se sont éteintes comme des papillons de nuit, non pas touchées par la grâce des lampes allogènes, mais morts de froid dès les débuts de la Grande Dépression.
Quelques exemples en images:
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