Chapitre 2 Partie 3
- Tu l'as lu ?
- Non, je le connaissais et ce n'est pas pour moi qu'il l'a laissé. Alors ça aurait été le trahir.
Ganesh fit tourner le journal entre ses doigts, le lire serait s'immiscer dans l'intimité d'un inconnu, le fait qu'il soit décédé depuis plusieurs années ne rendait pas l'intrusion moins gênante. Le journal n'avait pas été écrit pour lui, pas plus que pour Ashe en tout cas. Toutefois, Ashe avait peut-être raison, lire ce qu'un autre avait traversé l'aiderait peut-être à appréhender les choses différemment, à progresser plus vite. Ne trouvant pas de réponse, il posa le journal sur la table basse et finit sa bière d'une traite, il avait besoin de bouger, le calme n'était qu'une apparence avec lui, il n'avait encore rien digéré.
Il visita les lieux se rendant lentement vers les tatamis, il entendit Ashe râler en fond pour les chaussures, mais il s'était déjà fixé sur le sac. Il laissa exploser sa rage, frappant encore et encore jusqu'à s'en briser les mains, jusqu'à s'épuiser, du sable coulait du sac en bien piteux état. Ashe prit ses mains en douceur les englobant d'une lueur verte pour apaiser la douleur et aider les os à se soigner au mieux.
Ganesh s'assit au sol, regardant autour de lui un peu hagard, le duplex était rempli d'un épais brouillard rouge. Il n'y voyait pas à deux mètres. Ça ne semblait pas perturber Ashe, depuis quand c'était là ?
- P'tain ! C'est quoi cette merde encore ?
- C'est ton aura, ce sont tes émotions, ton énergie vitale, ta force, c'est beaucoup de chose en fait. Tu t'es transformé, du coup, tu peux la voir, eux aussi la voient, c'est grâce à ça qu'ils nous traquent et nous trouvent.
- C'est pour ça que tu veux que j'apprenne à me contrôler ?
- Oui, cette après-midi, tu as eu de la chance, ils ne s'attendaient pas à te trouver sur leur route, maintenant, ils vont te chercher et je préférerais qu'ils ne te trouvent pas.
- Merde ! Faut que je rentre me poser et réfléchir à tout ça.
- Là maintenant ? Il en est hors de question, tu restes ici, je ne peux pas faire disparaître ça. Ton aura, c'est un bout de toi, elle va te suivre, comme une jolie colonne de fumée de plusieurs mètres de haut s'agitant sous leur nez, leur disant gentiment « coucou, je suis ici !! ». Tu vas rester ici jusqu'à ce que ça se résorbe, je vais nous préparer de quoi manger en attendant.
Ganesh grogna son désaccord, il voulait rentrer, se terrer chez lui, panser ses blessures et se remettre dans son coin. Il n'aimait pas non plus se faire dicter sa conduite et il le faisait savoir. Ashe sourit amusé, un animal, Ganesh était un animal sauvage, il en avait du moins le comportement. C'était un pur instinctif ce qui était rassurant et un bon point pour eux, généralement les instinctifs réagissaient les premiers, ils identifiaient les dangers bien avant les autres et se préparaient à réagir différemment. Ils étaient souvent aussi les plus protecteurs, mais Ganesh était bien parti selon lui-même pour être une exception à ça.
Le japonais rejoignit la cuisine s'attaquant à la confection de croque-monsieur, c'était simple et rapide, Ganesh ne devrait pas lui faire la misère pour ça. Il rejoignit son invité forcé, une fois le plat en cuisson, Ganesh s'était installé au pc et râlait à en faire pâlir d'envie un charretier. Il pianotait férocement sur le clavier, les sourcils froncés et roulant des yeux toutes les trois frappes ou presque, visiblement son PC le désespérait. Ashe ne comprenait rien à ce qui défilait sur son écran, tout ça ce n'était pas son domaine. Il tira un ballon de gym pour s'asseoir et l'observer un moment, Ashe s'était détendu en faisant quelque chose de familier, même si ce qu'il voyait ne lui plaisait pas.
- Un problème ?
- Une merde pareille ça devrait être puni par la loi.
- A ce point ?
- C'est un super matos, améliorable, largement améliorable, mais vraiment du bon matos, j'en connais qui tuerait pour avoir ça chez eux. Par contre, la programmation, elle est pas seulement à chier, elle est tellement mauvaise qu'on pourrait croire que le bouffon qui l'a faite a eut la chiasse sur le clavier et à taper avec son cul pour tout étalé et programmé. Tu devrais avoir honte. Ce truc devrait être une voiture de course, mais à la place, t'as un vieil asthmatique qui marche avec un déambulateur. Il rame tellement qu'on peut rien faire dessus. Oh putain et encore un virus. Puni par la loi, je te jure.
- T'es dégueulasse comme mec, mais je vois l'idée. Je suis une brêle en informatique, mais je suppose que toi, tu pourrais arranger ça ?
- C'est mon taff. Avec un PC entre les mains, je peux faire ce que je veux.
- Bien, alors amuse-toi. Fais-en la machine de tes rêves les plus fous. Je suppose que créer des logiciels, c'est un jeu d'enfant pour toi ?
- À ton avis ?
- Mon avis pense que c'est un oui. Tu saurais donc hacker le système de caméra de la ville et intercepter les images des satellites ?
- Déjà fait.
- Pour moi, c'est bien au-dessus de mes cordes. Je suis bien incapable de programmer un logiciel, je ne serai jamais un hacker, même pas un mauvais. Je me sers d'un pc qu'au minimum dont j'ai besoin pour le travail. Je connais les bases d'internet, du traitement de texte et des calculateurs. Ce qui craint peut-être un poil pour un ingénieur, je suis physicien surtout. Toi et moi nous pourrions faire une super équipe. Je te fournirai le matériel bien sûr.
Ganesh lâcha enfin l'écran des yeux le regardant, sceptique, il se passait quoi là au juste ?
- S't'l'dis, mais rêve pas les yeux ouverts, j'bosse pas gratis. Si tu veux que j'améliore papi, va falloir aligner les ronds. Oh putain avec tout ça l'autre connard va devenir encore plus pingre, il est bien capable d'exiger que je paie les travaux du café s't'enflure.
- À mon avis, le café va être fermé. Ils risquent, en plus, de t'attendre là-bas, je n'y retournerais pas si j'étais toi. C'est bien un taff que je te propose Ganesh. Tu bosses ici avec moi, on a besoin d'un logiciel pour repérer les attaques de monstres. On a aussi besoin d'un système pour surveiller ce qui nous concerne sur internet et tout autres médias, nos véritables identités doivent à tout prix rester inconnues. Ce qui pourrait se dire sur nos alter-egos casqués, on s'en fiche, mais s'ils savent qui nous sommes vraiment, nous n'aurons plus de répits et nos proches non plus.
- Tu comptes bien me payer au moins, j'espère ?
- Ça mon pauvre, ça dépendra de la qualité de ton taff. Sans nul doute mieux qu'au café cela dit. Tu pourras organiser ton temps de travail comme tu veux, tu feras le taff que tu aimes, je pense que t'es pas mal gagnant. Et puis il y a des bonus non négligeable, tu n'auras plus à servir à boire à des ados prépubères décérébrés dont tu dois réparer les conneries sur les PC miteux de ce putain de taudis sous les ordres d'un connard même pas fichu de lancer un jeu. Oui oui, je suis venu t'observer plusieurs fois et j'ai écouté tes longues complaintes de chiot abandonné sous la pluie. Geignard.
- Oh ta gueule !
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