Les bruits de craquement amenèrent Persan jusqu'à une partie du jardin qui n'était, à n'en pas douter fermée au public. « Que Dieu le maudisse » se dit-il, il retrouverait ce petit morveux goutte que goutte. Soudain, les broussailles devant lui remuèrent.

« Je te tiens petit ! » s'exclama-t-il tout en se jetant dans les buissons dans l'espoir de corriger le récalcitrant.

Rien. Il n'y avait personne. Il chercha de longues minutes dans les buissons, à côté, aux alentours, sans trouver la moindre trace de l'enfant. Au détour d'un arbre, il trouva en revanche à son pied un gros œuf. L'objet était magnifiquement ouvragé, l'œuf avait l'air d'être fait en pierre de jade vernie, il était surmonté d'un cerceau en or qui en épousait ses contours. Au moment où il voulut s'en emparer, l'œuf bougea dans un bref sursaut. Il était en train d'éclore. Surpris que l'œuf ne fût pas un objet de décoration mais bel et bien un œuf abritant la vie, notre protagoniste s'attarda de manière à observer l'heureux évènement. L'œuf continua de frémir, puis un pan s'en décrocha pour laisser sortir un petit serpent moche, qui contrastait avec la beauté de l'œuf. Le petit serpent, qui était toujours aussi moche s'approcha de notre ami, qui lâcha un petit cri honteux et s'éloigna prestement de l'animal « HIHII » (cri de Mickael Jackson).

Le serpent se figea d'un coup. Puis vomit un objet rond. Et mourut. Le protagoniste incrédule, s'approcha du serpent et de son vomi. C'était une pierre banale, enfin presque, la pierre était agréablement ronde. Elle était un peu plus grosse qu'une balle de ping-pong. Toujours interloqué, Persan, s'approcha de la pierre tout en gardant un œil sur le serpent qui même mort était toujours aussi moche. Il prit un bâton pour s'assurer du décès de l'animal qui l'avait vraiment humilié.

« Le serpent est mort, et ça va être ton tour » dit une voix rocailleuse.

Persan sursauta.

« Qui ... Qui est là » dit-il d'une voix très peu assurée.

« Je suis là »

« Ou ça, là ? Arrêtez ! Ou ... Ou je cris ! »

Petit ricanement.

Soudain la voix se fit beaucoup plus douce.

« A tes pieds triple buse »

Persan baissa les yeux et poussa de nouveau un petit cri honteux « HIHII » (cri de Mickael Jackson). Décidément pourvu que personne ne m'entende pensa-t-il. Mais ses pensées moururent en même temps de voir l'origine de la voix. A ses pieds se tenait la petite pierre ronde. Problème c'est qu'elle avait des yeux qui le fixaient, elle avait même une petite bouche.

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« Surpris hein ? » dit la pierre.

« Jean Luc Mélenchonne. » dit Persan.

« Hein ??? »

« Tu ressembles à Jean Luc Mélenchonne. » Persan se rapprocha de la pierre, depuis qu'il l'avait vu, l'image du politicien ne cessait de le taraudé.

« Je suis une pierre qui parle et c'est tout ce que tu trouves à dire ? »

« Bah tu veux que je dise quoi ? »

« Je ne sais pas mais fait au moins semblant d'être surpris, lâche les petits cris que t'aimes bien faire. »

« Ahaha très drôle. » dit Persan faussement amusé « Bon je suis désolé je vais devoir te laisser, je dois trouver un petit morveux qui s'est caché dans cette aile du jardin. »

« Hey attends, t'es vraiment sérieux, tu vas vraiment me laisser là ? »

« Tu veux que je fasse quoi de toi ? Ok t'es une pierre qui parle, mais bon le monde n'a pas changé, il y a toujours la famine dans le monde, des injustices, le dérèglement climatique, et pendant ce temps-là y a ce maudit fils de ... ce maudit enfant qui court toujours. »

« Bon, bon, bon je vois que je ne t'impressionne guère, dans ce cas emmène-moi avec toi et je te promets de retrouver ton petit aussi vite qu'il n'en faut pour le dire. »

« Comment une pierre va-t-elle m'aider à retrouver un enfant ? »

« Enfin une question sensée ! »

« Prends-moi dans ta main. » reprit la pierre. Persan prit Jean Luc Mélenchonne dans sa main (la pierre ne le savait pas encore, mais Persan l'avait baptisé ainsi).

« Parfait maintenant lance moi ! »

« Vers où ? »

« Le plus haut possible. »

« Ok, je vais t'envoyer tellement loin que tu ne reviendras plus jamais sur cette Terre. »

« SHIIIIIINNNEEEEEEEE !!!!!!!! » hurla-t-il.

Persan lança si fort la pierre qu'une onde de choc se propagea à 5 mètres à la ronde autour de lui soulevant un nuage de poussière, déracinant au passage un malheureux petit arbre, et faisant se décrocher l'ensemble des feuilles qui composaient les magnifiques haies du jardin. Et en effet, Persan n'avait pas menti, Jean Luc Mélenchonne fonça très vite dans les airs pour rejoindre rapidement le vide spatial.

« Mais il est vraiment malade celui-là, il va vraiment me tuer. » se dit Jean Luc Mélanchonne nullement affecté par la température spatiale. La petite pierre continuait de progresser, elle dépassa bientôt les premiers satellites de communication et arriva bientôt en vue de l'ISS ...

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Les premiers jours pour Tommy Pesquout furent sans doute pour lui les jours les plus exaltants de sa vie. Vivre à bord de l'ISS, qui l'aurait cru ? Sûrement pas sa vieille tante, qui n'avait jamais cru en lui. Heureusement ses parents l'avaient toujours poussé à donner le meilleur de lui-même. Aujourd'hui grâce à son courage et aux motivations des siens, il avait réussi ! Il était désormais astronaute.

Perdu dans sa rétrospective, Tommy entendit une voix robotique à travers le moniteur qui lui faisait face.

« Brrrrr .... ISS nous avons détecté un OVNI qui se dirige à grande vitesse vers vous .... Brrr ... Evacuation immédiate ! »

Tommy ne prit pas le temps de répondre et appuya sur le bouton rouge qui lui faisait face, aussitôt une sirène retentit à bord, et l'ensemble de l'ISS se rua dans les capsules de sauvetages.

Tommy mit sa combinaison en toute hâte et rejoignit la nacelle d'urgence. Quelques secondes plus tard il flottait en direction de la Terre, il regarda au loin l'ISS depuis la petite fenêtre de sa capsule, quand soudain il vit passer devant lui une petite pierre ronde qui ressemblait étrangement à Jean Luc Mélanchonne.

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Jean Luc Mélanchonne avait décidé de foncer dans cette direction afin de provoquer une explosion suffisamment forte pour inverser sa trajectoire et revenir sur Terre. Tout en ajustant l'angle et sa trajectoire, il vit passer devant lui plusieurs capsules de sauvetage, sans doute les astronautes qui avait fui la station, il put même en voir un de tout près qui avait dû le voir vu sa tête d'ahuri.

D'un coup l'impact eut lieu, Jean Luc Mélanchonne avait visé juste, son intelligence hors du commun lui avait permis de calculer vers quel point de la station il fallait viser pour déclencher l'explosion. L'onde de choc fut si forte que quelques secondes plus tard Jean Luc Mélanchonne repartait en direction de la Terre, à nouveau il fallut calculer la trajectoire afin de revenir là d'où il était parti : Enkouilles, le petit village normand, où Persan l'a envoyé si fort qu'il s'était retrouvé dans l'espace.

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Persan avait fini par retrouver ce maudit enfant et l'avait rapporté à sa mère qui l'avait chaleureusement remercié. Il s'était écarté de la fête organisée par sa mairie afin de profiter d'un peu de quiétude. Tout en allant se poser à l'ombre d'un arbre, il entendit un léger bruit agaçant, distant, mais qui se rapprochait à chaque instant, puis une clameur retentit autour de lui. Persan regarda les personnes qui l'entouraient, ils avaient tous le nez levé au ciel. Quelle ne fut pas sa surprise de voir une petite boule flamboyante qui fonçait droit sur lui.

« Regardez ! Y a une pierre qui ressemble à Jean Luc Mélanchonne qui arrive ! »

Une foule s'était désormais constituée et fixait le ciel. Plus Jean Luc Mélanchonne se rapprochait, et plus la lumière qu'il projetait était étonnamment vive pour une pierre aussi petite. La boule de lumière, flamboyante comme milles étoiles, et rugissante tel le tonnerre percuta de plein fouet le clocher de l'Église, qui s'effondra sur les bâtisses environnantes.

Des hurlements de surprises et de peur commençaient a gagner la foule.

Le choc entre le clocher de l'Église et Jean Luc Mélanchonne, bien qu'impressionnant ne freina aucunement sa course, bien déterminé à revenir vers Persan qui n'était désormais plus qu'à quelques mètres de lui.

La foule horrifiée se dispersa. La température avait grimpé en flèche, il faisait chaud, extrêmement chaud, et il fallait désormais fermer les yeux tellement la lueur projetée par le petit corps enflammé de la pierre était aveuglante. Tous les Enkouillois avait déserté le jardin. Tous ? Non pas tous. Car un irréductible Enkouillois se dressait encore et toujours face à l'envahi ... face à Jean Luc Mélanchonne.

Persan de toute sa hauteur faisait face à la comète mortelle qui fonçait vers lui.

La petite pierre arriva à grande vitesse sur Persan, qui l'attrapa en plein en vol dans sa main. L'autre main était calée dans son dos.

BOOOOUUUUUMMMM

Le contact fut si puissant qu'une onde choc dispersa un nuage de poussière jusque 10 mètres dans les airs. Et provoqua un rayon aveuglant, visible jusque Poivressel.

Puis, plus rien.

Le calme.

Certains des Enkouillois les plus téméraires sortirent de leurs abris pour s'avancer vers la chose la plus improbable qu'ils aient pu voir de leur vie.

Petit à petit, le nuage de poussière se dissipa pour rendre visible un cratère d'une circonférence de 5 mètres environ où se tenait Persan parfaitement immobile en son centre, toujours dans la même position, qui tenait la pierre d'une main, l'autre main toujours bien calée derrière son dos.

« Comment t'as fait pour revenir ? »

« J'ai explosé la Station Spatiale, et je me suis servi de la puissance de l'explosion pour rev ... »

« T'as fait quoi ??? » le coupa brusquement Persan.

« Heu ... Bah c'est toi qui m'as envoyé dans l'espace, donc il fallait que je trouve un moyen pour revenir »

C'est vrai c'était de sa faute, mais l'orgueil démesuré de Persan lui fit dire le contraire.

« Ok. »

Persan s'en alla calmement sous les yeux éberlués des villageois.

« Tu sais, j'ai réfléchi pendant mon voyage ... Tu peux arrêter ça s'il te plaît ?» Persan s'amusait à jongler avec la petite pierre d'une main.

« Oups excuse moi, j'oublie que t'es une pierre magique qui parle et qui explose des stations spatiales. »

« Tu permets que je finisse ma phrase avant de m'agresser ? Hum ... Comme je le disais j'ai réfléchi, et je pense que je vais vous aider. »

Blanc. Bruit du vent. Bruits des oiseaux. Puis un rire, moqueur, celui de Persan.

« Comment ça nous aider ? Qu'est-ce que tu comptes faire tu n'es qu'une petite pierre, rien que pour te déplacer tu as besoin de moi. »

« Tu as raison d'ailleurs il va falloir que je travaille là-dessus. Mais comme on ne se connait pas encore tu ne sais pas ce qui fait ma particularité ... »

« Ah parce qu'une pierre qui parle ce n'est pas déjà une particularité ? »

« Ça en fait partie, mais la plus grande, c'est que je suis ... Dieu. »

Blanc. Bruit du vent. Bruits des oiseaux. Puis un rire, moqueur, celui de Persan.

« Ça va les chevilles ? » dit Persan aux bords des larmes.

« J'ai vraiment choisi le pire porte-parole pour m'assister. »

Persan s'arrêta de rire. Il prit un temps pour y réfléchir, après tout pourquoi pas ? C'était une pierre qui parle pardi ! Le seul hic, c'est pourquoi Dieu aurait-il choisi de se matérialiser sous forme de pierre ? Et pourquoi avait-il aussi l'impression que cette pierre n'était pas aussi omnisciente que ce qu'il attendait d'un Dieu.

« Pourquoi j'ai l'impression que tu te moques de moi ? » dit Persan désormais méfiant.

« Promis, juré, craché » dit Jean Luc Mélanchonne qui cracha un petit bout de mini pierre.

« Alors j'ai plusieurs questions pour toi ... Dieu. »

« Vas-y, envoie, je suis chaud là »

Et en effet, Jean Luc Mélanchonne était chaud, très chaud, il venait tout de même de revenir de l'espace il y a encore quelques minutes. Mais Persan n'avait nullement l'air d'être affecté par la température que dégageait la petite pierre.

« Pourquoi Dieu se matérialiserait en pierre ? Pourquoi maintenant ? Et pourquoi il se matérialiserait tout court en fait ? »

« Trop long à t'expliquer. »

Blanc. Bruit du vent. Bruits des oiseaux. Puis un rire, moqueur, celui de Persan.

« Je pensais que t'étais chaud pour répondre à mes questions ? »

« Je le suis, et je t'ai répondu d'ailleurs. »

« Ok. » dit Persan frustré. La conversation avec cette pierre commençait à réellement le mettre mal à l'aise.

« Sinon tu m'avais dit que tu voulais nous aider tout à l'heure, qu'est-ce que tu voulais dire par là ? » reprit Persan qui s'adossa tranquillement sur le tronc d'un arbre déraciné provoqué par le choc de la réception de Jean Luc Mélanchonne.

« J'aimerai voir l'Humanité progresser. » dit la petite pierre.

« Tout le monde aimerait voir l'Homme progresser, même moi, mais je laisse ce travail aux scientifiques et aux bien-pensants de cette Terre qui le font très bien à ma place. »

« Et si je te disais que j'étais une pierre très intelligente, tellement intelligente que je pourrais faire rentrer l'humanité dans un âge d'or, que même les utopistes les plus chevronnés n'auraient pu espérer avoir la chance de vivre. »

« Je pourrais tout à fait te croire, mais je reste très sceptique face à ce que tu m'avances, malgré tout je pense que c'est un bon début pour réparer les dégâts qu'on a causé. »

« Parfait, pour ça je vais avoir besoin de ton aide, es-tu prêt à m'épauler ? Tu es l'élu Persan, accepte ton rôle et aide l'Humanité. »

« Ok. »

« Alors c'est parti ... »

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« Monseigneur Persan, c'est à vous. » dit un jeune homme élégant dont le regard laissait transparaître un respect qui frisait l'adulation.

Persan vêtu de l'un de ses plus beaux costumes, se retourna face au jeune homme, et lui sourit.

« T'as entendu Jean Luc Mélanchonne ? Ça va être à nous. »

A ses côtés se tenait un robot humanoïde d'une envergure de 5 mètres environ.

« Tu connais ton discours ? » dit le robot.

« Bien sûr, j'ai eu le temps de le réviser depuis mon départ de Terra. » dit Persan tout en montant l'estrade.

Au loin une clameur se faisait entendre. Plusieurs millions de voix criaient à l'unisson.

« On y va ? » reprit Persan en s'adressant au robot à côté de lui ?

« C'est parti ... » dit Jean Luc Mélanchonne, « Attends ! T'en penses quoi de mon nouvel exosquelette ? Tu ne m'as rien dit à ce propos. »

« T'es splendide dedans » dit Persan en souriant.

Le robot s'avança vers l'homme et d'une accolade ils montèrent tous deux sur la scène.

Un bruit assourdissant les accueillit.

Des millions de personnes étaient venu de très loin pour voir ce discours.

« Gloire à nos Dieux, Gloire au seigneur Persan et à sa fidèle pierre » scandait la foule.

Persan prit le mic.

D'un coup un silence régna. Un silence solennel, car chaque personne présente ici savait qui était Persan, et qui était l'imposant robot derrière lui. Chacun savait quel jours historiques l'humanité était en train de vivre.

Persan prit la parole.

« Merci ! Merci à tous d'être venus si nombreux ! Comme vous le savez tous, ceci est un jour historique. En effet mes amis, ce jour marque la fin de la colonisation du système solaire. »

La foule, en réponse acclama ses dieux.

Persan imposa le silence. Et reprit.

« Il y a encore 10 ans, je faisais la rencontre de mon ami ici présent. » Persan se tourna vers Jean Luc Mélanchonne.

« Nous n'étions que des rustres qui avaient causé beaucoup de torts à la petite ville d'Enkouille. Mais également à la Terre entière car à cause de nos chamailleries, nous avions détruit l'ISS. Nous avons ensuite travaillé conjointement afin de faire progresser l'Humanité, grâce aux calculs inestimables de mon dévoué Jean Luc Mélanchonne, nous sommes parvenus à créer une énergie, propre, et illimitée. Cette première étape marqua le commencement de l'âge d'or. Quelques mois plus tard, la Lune fut colonisée, puis Mars, puis l'ensemble des planètes telluriques qui composent notre système. Et, par un habile procédé, nos plus éminents scientifiques sont parvenus à créer des mini trous noirs, aux plus proches des planètes gazeuses, afin d'en faire dissiper le gaz pour ne garder que les noyaux des planètes qui furent ensuite terraformés. De ce fait mes amis, par votre courage, votre confiance, et votre loyauté sans faille, vous nous avez laissé l'opportunité de vous guider, VOUS ! Fils et Filles de la Sainte Terra ! Que ce jour soit béni, car il marque la fin de la colonisation de l'humanité à travers le système solaire. Mais ce jour n'est pas qu'une fin, il est aussi le commencement. Oui ! Le commencement de la suprématie Humaine. Loué soit la Sainte Terra. »

Persan fit un joli Mic Drop.

Et tandis ce que les millions de personnes les acclamèrent, Persan et Jean Luc Mélanchonne regardaient déjà au loin, vers leurs prochaines conquêtes.