Partie 4

-    Hey, les gars, s'exclame Clari, on est là!

-    On allait vous rejoindre justement. On a pris des pâtisseries, on trouve un endroit pour les manger?

On trouve des bancs pas trop loin et nous nous assoyons, Loan à mes côtés. On choisit chacun notre pâtisserie et la mangeons tout en discutant. Je choisis une tartelette aux petits fruits pendant que Clarissa raconte notre séance de magasinage, s'étouffant presque à cause de son fou rire. Elle montre les photos et je ne peux pas m'empêcher de recommencer à rire moi aussi, suivie par Nathan et Loan. Ces derniers nous montrent ce qu'ils ont achetés, du parfum et des bonbons pour Nathan et simplement un livre sur la psychologie pour Loan. Ce dernier ne parle pas beaucoup, mais nos regards se croisent plusieurs fois.

Un peu plus tard, alors que le soleil se couche, je me lève et annonce que je vais me promener au Vieux-Port, conformément au plan que Clari et moi avions concocté. Clarissa, elle, fait part de sa fatigue et son envie de rester ici. Comme on l'avait prévu, ou plutôt comme Clari l'avait prévu, parce que moi je n'étais pas sûre, Loan se propose à m'accompagner, tandis que Nathan décide de rester en compagnie de ma meilleure amie. Loan et moi partons, après qu'on se soit entendu avec les autres qu'on se retrouverait à ving heures trente devant le château Frontenac pour le souper.

-    Je trouve que la dernière robe que tu as essayé était plutôt jolie sur toi.

Je rougis en me rappelant quelle est la dernière robe. C'est la seule que j'avais essayé pour de vrai. Je l'avais vu sur un mannequin et j'avais eu un coup de cœur. La robe était verte pâle, décorée de papillons d'un vert un peu plus foncé. Le corset rendait ma taille plus fine et mes seins plus gros. Le jupon de la robe était presque transparent, ce pourquoi je refusais de l'essayer au départ, mais après tous les encouragements et supplications de Clari, j'avais enfin décidé de l'essayer. Je dois l'avouer, je me suis trouvée jolie dedans, même si jamais je ne la porterais en public. Enfin, ça c'est si j'avais les moyens de l'acheter, ce qui est loin d'être le cas. J'avais complètement oublié que Loan avait vu cette photo et si je pouvais, je m'enfonceraient immédiatement cinq pieds sous terre.

-    Merci... De quoi parle ton livre?

-    Il parle du deuil chez les enfants. J'ai hâte de le commencer, il a l'air très intéressant. Je viens bientôt animer un atelier sur le deuil avec les enfants, alors j'essaie de bien m'y préparer.

-    C'est vraiment bien tout ce que tu fais pour ton stage, Loan. Je crois sincèrement que tu feras un excellent psychiatre.

-    Merci, ça me touche énormément. Depuis que je suis tout petit, je veux aider les gens à se sentir mieux et à être heureux, j'espère que mes efforts aideront beaucoup de personnes.

-    J'en suis sûre.

Nous arrivons enfin au Vieux-Port et cette fois-ci, tandis qu'on marche, c'est moi qui lui prends la main avec incertitude. Loan me regarde avec un grand sourire et serre ma main délicatement.

Nous nous arrêtons face au fleuve, observant le ciel parsemé de rose, orange, mauve et jaune. J'adore les couchés de soleil depuis toute petite. Dès que je le pouvais, je montais sur le toit de ma maison pour observer la tombée de la nuit et me cacher des monstres qui rodaient à l'intérieur de ma maison. Cette explosions de couleurs chaudes me réconfortait et me réconforte encore aujourd'hui.

Fatiguée, je dépose doucement ma tête sur l'épaule de Loan sans pouvoir m'y empêcher. Ma journée a été longue et compliquée, agrémentée de nombreux clients désagréables et déplacés, ce qui a fait remonter de durs souvenirs, me rendant maintenant complètement épuisée, autant physiquement que moralement. Je sens Loan lâcher ma main pour placer son bras autour de moi, m'apportant un support. Je prends une grande respiration, remplissant mon nez de la réconfortante odeur de Loan. Mes yeux se ferment d'eux-mêmes, trop exténués pour rester ouverts.

-    Loan? Je demande sans ouvrir mes yeux.

-    Oui, Mely?

-    Peux-tu me raconter quelque chose? N'importe quoi.

-    Oui, bien sûr, me répond-t-il en frottant délicatement mon dos, un jour, lorsque j'avais environ onze ans et Alice, neuf, je suis parti jouer chez mon ami pour la journée sans le lui dire. Il devait être huit heures lorsque je suis retourné chez moi, complètement recouvert de boue. J'étais donc là, devant ma maison, tout dégoulinant de boue, lorsqu'Alice m'a sauté dans les bras, en disant qu'elle avait eu peur pour moi, car je ne revenais pas. Elle a sauté dans mes bras couverts de boue! C'était vraiment drôle, surtout lorsqu'elle a su que j'étais juste parti jouer chez un ami.

Je ris, amusée. Son anecdote terminée, il m'en raconte une autre et une autre encore. Dans ses bras, je me sens bien. Je me sens comprise et supportée. Sa chaleur corporelle me réchauffe et sa voix grave qui me raconte milles et une histoire me repose. Je me sens déjà moins fatiguée que tout à l'heure. Je retourne mon corps vers lui, après sa cinquième anecdote, levant ma tête pour croiser ses yeux. Ses bras viennent entourer mon corps, plaquant ma poitrine contre son torse. Notre proximité amène en moi les mêmes sensations que tout à l'heure, mais doublées. Son souffle chaud frappe mon visage, le faisant immédiatement rougir. Je dépose mes mains contre ses épaules, ne sachant que faire avec.

-    J'aime t'entendre parler, je murmure regrettant mes paroles dès qu'elles sortent de ma bouche.

-    Moi aussi, j'aime t'entendre parler. Tu as une si jolie voix.

Sa main replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, créant des frissons partout où sa main me touche. Nous restons en silence, nos yeux plongés dans les profondeurs de nos âmes. Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, mais j'ai l'impression que ça ne fait que trente secondes lorsque la sonnerie du cellulaire à Loan retentit, nous indiquant qu'il est vingt heures trente.

-    Il faut y aller, Mely.

***

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