Partie 1

Ça fait déjà une semaine depuis notre aventure dans la forêt. C'est passé si rapidement. J'ai à peine eu le temps de respirer que la fin de semaine est arrivée. Depuis qu'on s'est quittés sur le seuil de ma porte de chambre l'autre soir, j'ai toujours cette étincelle de joie en moi. Bien que j'aille regretté plusieurs fois par la suite de l'avoir laissé rentrer si profondément dans mon cœur. Il pourrait se servir de ça pour me briser et je doute que je m'en remette par la suite. Je me suis trop dévoilée, j'ai trop parlé de moi et mes sentiments, c'est surtout ça que je regrette.

Avoir passé du temps avec lui? Je m'en fous un peu.

Lui avoir montré mes angoisses, ça je m'en fous moins.

Qui sait ce qu'il pourrait en faire?

Le problème avec Loan, c'est qu'il est accessible et compréhensif. Il donne envie de parler de ses problèmes et il sait quoi dire pour qu'on se confie. Je pense qu'il fera un très bon psychiatre.

Ce soir-là, lorsque je me suis couché, j'ai repassé le fil de la fin de journée dans ma tête. Malgré mon anxiété et le fait qu'on se soit perdu, j'ai passé l'une des meilleure journée de ma vie. Je me sentais si insouciante, si libre. Et lorsque Loan m'a dit que je l'intéresssais... j'ai cru que mon cœur allait déborder de bonheur. Je n'ai jamais intéressé un garçon, surtout pas un garçon aussi beau et intelligent que Loan. Je savais que je ne devais pas m'attacher, qu'il perdrait sûrement son intérêt dans quelques temps, mais je n'en avais pas envie. Je voulais que ça soit pour de vrai. L'espoir gonflait mon cœur, me faisant apprécier la vie.

Quand je suis avec lui, j'oublie toutes les difficultés de la vie, je ne pense qu'au bonheur que je ressens. Cette semaine a été la plus belle de ma vie. J'ai arrêté d'éviter les propositions de Loan et j'ai recommencé à souper avec mes colocs. Lorsqu'il n'était pas en stage et que je ne travaillais pas, on allait se promener au centre-ville ou marcher dans les parcs proche de chez nous. J'ai appris à mieux le connaître. J'ai su ses passions, ses angoisses, ses rêves. Il m'a raconté des anecdotes de son enfance. Je lui ai aussi parlé de moi. Je lui ai expliqué la raison pourquoi j'ai commencé le piano, parlé de mon roman favori et je lui ai même avoué que j'avais arrêté l'école après le secondaire. Je l'ai amené visiter le petit café où je travaille et lui ai fait goûter une pâtisserie que j'avais fait le matin même.

Aujourd'hui, Clari, Loan, Nathan et moi avons prévu de se promener dans le Vieux-Québec. Loan viendra me rejoindre au café après son stage et nous rejoindrons ensuite les deux autres devant le château Frontenac. Clarissa et Nathan sont déjà là-bas, ayant leur samedi de congé. Clarissa travaille comme éducatrice en garderie et Nathan, quant à lui, étudie pour devenir avocat, ce qui fait qu'ils n'ont pas à travailler la fin de semaine, contrairement à moi et Loan qui travaillons tous les samedis.

Je salue la cliente habituelle qui quitte enfin le café avant de tourner le panneau sur la porte pour indiquer que le restaurant est fermé. Je soupire et me frotte les yeux pour chasser la fatigue. Guenille en main, je m'attaque au nettoyage rapide des tables et de la cuisine. Une fois cela terminé, je roule en boule mon tablier et le dépose dans mon casier. En attendant le texto de Loan, j'attache mes cheveux en un chignon tressé et me change pour une tenue plus adaptée. N'ayant toujours pas reçu le fameux message, je m'assois contre le mur extérieur et joue à un jeu sur mon cell. La température est bonne aujourd'hui, assez chaud pour être en t-shirt, mais pas au point de s'évanouir. Je sens le soleil frapper mon visage. J'aurais dû me mettre de la crème solaire. Une ombre cache le soleil, ce qui me pousse à lever la tête. Je me relève en époussetant mon pantalon lorsque je vois Loan devant moi.

-    Salut, je murmure en souriant.

-    Salut, Melody. Tu as passé une belle journée?

Je rougis et hoche de la tête. Malgré qu'on se connaisse plus qu'avant, je suis gênée au début. J'ai toujours besoin d'une petite période d'adaptation.

-    Et toi?

-    Pas si pire. Un peu triste quand même. On a accueilli un groupe de soutien pour les victimes d'agression sexuelles. Je ne suis resté que quelques minutes, car j'avais un patient qui m'attendait, mais le peu que j'ai entendu m'a chamboulé.

-    Je ne sais pas comment tu fais pour réussir à entendre toutes ces horreurs sans toi-même devenir fou. Je ne serais pas capable, ça me rendrait beaucoup trop triste.

-    C'est la pratique, j'imagine, répond-t-il en haussant les épaules.

Nous marchons en silence, tous les deux perdus dans nos réflexions. L'atmosphère est paisible, calme. On s'y sent bien. L'odeur du printemps empli nos narines et le chant des oiseaux se mélange avec les bruits de la ville. Plus nous marchons, plus je ressens l'euphorie du printemps dams la ville. Les fleurs poussent, les kiosques extérieurs sont réapparus et les gens se promènent joyeusement autour de nous. J'aperçois le château au loin, majestueux et impressionnant.

-    On est presque arrivés, je m'exclame au comble de mon excitation.

J'ai beau le voir très souvent, je suis toujours tout autant ébahie devant ce chef-d'œuvre. Il fait parti des merveilles que peu importe le nombre de fois que tu les vois, tu restes hypnotisé par leur beauté.

-    On y est...

***

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