26. Survie
Des flammes.
Partout.
Tout autour.
Aucun échappatoire.
Seulement des flammes.
La chaleur.
Des ombres rougeoyantes ondulant sous mes yeux.
Je ne vois rien, je ne vois que ça. La chaleur rend tout flou,brouillé.
Je ne vois que des ombres, je ne sais pas si ce sont les flammesou des objets, des gens, derrière.
Je ne peux pas m'échapper.
Je vais mourir ici.
Je vais mourir.
Je ne veux pas mourir !
"Là ! Par ici !"
Des voix ! Quelqu'un arrive, je vais être sauvée !
Alors pourquoi ai-je le sentiment que je dois fuir le plus loinpossible...?
"On y est presque, je crois que ça vient de là !"
Non !
Je ne veux pas mourir ici !
Je ne contrôle plus mon corps, c'est la panique, la peur qui meguide.
Je passe à travers les flammes, juste devant se trouve unefenêtre.
Je ne réfléchis même pas, mon instinct me pousse à grimper surle rebord et à sauter.
"NON !"
L'instant avant de sauter j'entends une voix, cette voix,celle de mes pire cauchemars. Celle qui était toujours là, cellequi donnait les ordres, celle qui me hantait la nuit, cette voix.Je n'ai jamais rien connu que cette voix, je ne sais même pas àquoi elle ressemble. Je voudrais au moins pouvoir mettre un visagesur cette voix, mais la seule chose que j'ai pu apercevoir avant detomber était des yeux bleus, brillants à cause des flammes,reflétant de l'inquiétude.
Pas l'inquiétude d'un être humain envers un autre être humain,non.
L'inquiétude d'un propriétaire envers son objet.
Elle ne s'inquiète pas pour moi, elle s'inquiète pour son outil.
Je m'explose sur le sol quatre étages plus bas, heureusement jen'ai presque pas mal, je ne sais pas si c'est l'adrénaline ou siquelque chose à amortit ma chute et je m'en fiche. Je me relèveaussitôt et cours, le plus loin et le plus vite possible. Lafraîcheur de la nuit contraste vraiment avec la chaleur del'incendie. Je cours à travers les quelques arbres du parc, jerésiste à la petite voix qui me dis de me retourner pour vérifierque personne ne me poursuit, je sais que cela me ralentirai et jerisquerai de tomber. Soudain j'aperçois des lumières loin sur magauche, je crois même voir des ombres qui semblent attendre enregardant l'énorme bâtiment brûler. Je sais très bien que je nedois surtout pas aller par là bas, pourtant je sais aussi que lasortie est juste un peu derrière ces gens et qu'il n'y a pas d'autreissue. Je n'ai pas le choix, je vais devoir passer juste à côtéd'eux. Il faut juste que je ne ralentisse pas et que personne nem'arrête. Je dois sortir. Je dois sortir.
Je ne vois pas grand chose à cause de l'obscurité de la nuit,mais j'ai assez parcouru le parc pour savoir que je fonce droit surune grille infranchissable et que je vais devoir me déporter versles gens et la lumière à tout moment.
Maintenant.
Je surgis de derrière un arbre et continue de courir, jecomprends que personne ne m'avait vue avant de par les expressionssurprises que je vois et les exclamations que j'entends.
"Qu'est-ce que-
- Regardez !
- Elle est blessée ?
- Elle sort de l'incendie ?!
- Mademoiselle, tout va bien, ralentissez ! Vous êtes en sécurité!"
Je n'écoute rien et ne me risque pas à répondre, je ne veux pasêtre ralentie. Encore quelques mètres et je serais sortie, je voisle portail grand ouvert derrière les gens.
Je vois bien que je ne vais pas pouvoir les éviter, et passer àtravers la petite foule qui s'est créée me semble beaucoup troplent et dangereux. Je repère ce qui me semble être une chaise avecune table derrière. C'est risqué mais je n'ai pas d'autres options,pas avec le peu de temps que j'ai.
Je fonce droit vers les gens et évidemment tout le monde s'écartepour ne pas que je leur rentre dedans ; je prends appui sur la chaisepuis la table et je saute le plus haut possible en pliant les jambes.J'ai l'impression que je vois ce qu'il se passe au ralenti. Je voisles gens sous moi me regarder sans comprendre ce qu'il se passe,entre l'incendie et moi qui leur saute au dessus. Je vois del'incompréhension et de la surprise, mais aucune trace de colère oud'agacement. J'imagine qu'aucun d'entre eux n'est là, maisrien n'est moins sûr. Je relève légèrement la tête et j'aisoudainement l'impression que le temps passe à nouveau normalement.J'atteins le sol et essaie de me rattraper en une espèce de rouladeet me relève aussitôt en me remettant à courir, la sortie estjuste devant, il ne me reste que quelques mètres...
"RATTRAPEZ LA !!"
Merde.
Surtout, ne pas se retourner et rester focus sur la cible. Lasortie.
"BOUGEZ-VOUS, RATTRAPEZ LA !!!
- NE LA LAISSEZ PAS SORTIR !!"
De ce que j'entends, je n'ai pas à faire à une équipe trèsnombreuse ou bien préparée. Soit ils étaient postés là au cas oùsans penser que quelqu'un essayerai vraiment de sortir, soit ils mesuivent depuis tout à l'heure et paniquent parce que je les aiclairement devancés. Que ce soit l'un ou l'autre, ralentir, même untout petit peu, signifierai la fin pour moi. C'est hors de question.Ils ne me ramèneront pas à l'intérieur de cet enfer.
J'y suis, je passe le portail, et je tourne brutalement à droite.
Il me semble entendre une chute derrière moi mais je ne me risquepas à vérifier, ralentir maintenant et me faire rattraper melaisserai un arrière goût amer.
Je regarde la route à gauche et il me semble remarquer une petiteruelle sur le trottoir opposé, ainsi qu'une voiture qui arrive.
Je ne réfléchis pas plus et cours sur la route vers cetteruelle, je sens la voiture passer juste derrière moi en klaxonnantmais je ne ralentis pas pour autant et m'engouffre dans la ruelle. Jem'arrête aussitôt et commence à grimper. Je ne sais pas si c'estgrâce à l'adrénaline encore une fois ou si c'est parce que je lefais quasiment depuis que je suis née, mais j'arrive en haut en unrien de temps, pile au moment où mes poursuivants arrivent laruelle. Heureusement que le mur n'était pas plus haut, j'aurai étéfoutue. Je m'allonge sur le toit pour me cacher et essayer dereprendre mon souffle, tout en faisant le moins de bruit possible.
"MERDE !! Bon, on se sépare en deux groupe, vous deux vouscontinuer de remonter la rue pour qu'on soit sûrs, et toi tu viensavec moi dans cette ruelle.
- OUI CAPITAINE !
- Cap'taine, j'crois que c'est celle qui grimpe, faut checker lestoits aussi ?"
Merde. Je suis foutue. Que je bouge ou que je reste là, s'ilsmontent je n'ai plus assez d'énergie pour les distancer assezlongtemps.
"Mais- T'es vraiment con toi c'est pas possible ! T'as vu lesmurs ? Tu peux me dire comment quelqu'un pourrait monter ça ? Y aaucune prise crétin ! Et on l'aurait vue si elle était sur un toit! Non mais qui m'a foutu une équipe pareille...
- Mais Cap'taine, on sait jamais...
- TA GUEULE ET COURS, SI ELLE NOUS ECHAPPE C'EST TA FAUTE !
- OUI CAP'TAINE !"
Merci capitaine d'être un connard borné.
Maintenant, je vais attendre cinq ou dix minutes pour être sûrequ'ils ne sont plus dans le coin et que personne n'arrive, puis jevais passer discrètement par les toit pour disparaître le plus loind'ici.
Je regarde une dernière fois derrière moi, vers ce bâtiment, vers tout ce que j'ai toujours connu, vers ce qui me hantera toujours, en train de brûler...puis je me détourne et je m'en vais.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top