Deux petits doigts se posent en laissant une empreinte:
La chambre se repose, maintenant éteinte.
Et passe la journée, la chambre reste seule,
Froide et inhabitée, et quelques livres au sol.
La nuit arrive et les paupières se font lourdes,
Et les rideaux se figent; enfin la porte s'ouvre.
Les yeux à demi fermés l'enfant vient dormir,
Tête sur l'oreiller, doucement il respire.
Et jusqu'au lendemain la chambre le protège,
Et jusqu'au lendemain, l'enfant est fils du rêve.

Quelques années plus tard la porte est verrouillée,
Les rideaux sont fermés, les livres sont rangés,
Quelques baisers volés traînent sur l'oreiller;
L'enfant quitte l'espoir pour un monde d'acier.

Mais si un jour l'adulte perd ses souvenirs,
Et si un jour l'adulte cherche son trésor,
Il reviendra pour voir si elle a oublié,
Il lui demandera ces soirs qui l'ont bercé.
Et parce que c'est elle qui l'a vu grandir,
La chambre, bien que seule, se rappelle encore.