Chat. ( + texte )
Il était un chat.
J'étais assise dans mon jardin, l'herbe humide caressant mes mollets, la brise s'amusant à faire tourbillonner mes courtes mèches châtaines.
Mon regard papillonnait. Il y avait tant de choses à découvrir, ici ! Le soleil était à mi course dans le ciel, les gouttelettes étincelaient comme des étoiles dans le sol.
Et il est apparu. Là. Il volait. Ses pas étaient doux, délicats.
Puis il s'est arrêté. Il m'a regardée, avec une lueur ambrée. Ça lui donnait de la candeur, une présence légère mais pourtant ténue.
« Chat, ai-je entamé. Qui es-tu ?
- Je suis celui qui caresse la brise. »
Il est parti et, je ne sais pas pourquoi, je savais qu'il fallait le suivre, lui qui, de sa voix cristalline avait allumé en moi une curiosité sourde. Il m'intriguait.
A un moment il s'est arrêté. La brise s'était muée en vent, j'avais froid mais étais réchauffée de cette nouvelle rencontre dans ce jardin infini.
J'avais perdu mes yeux quelques instants dans l'immensité verte s'offrant à moi, et quand je les reposai sur Chat, tout allongé qu'il était sur le tapis brillant, il me dit doucement :
« Écoute. Écoute la brise qui fait frémir les feuilles. Elles chantent. Elles chantent pour leur mère, pour la brise, pour le ciel. Alors ne parle pas. Écoute. Écoute les feuilles. Écoute la brise. »
« Chat, dis-je après des secondes de mutisme, qui es-tu ?
- Je suis celui qui caresse la brise, et joue avec les fleurs. »
Et en effet, il était caché.
« Un chat jouant à chat ! me suis-je écriée. Voilà une drôle de coïncidence.
- Je suis celui qui caresse la brise, et joue avec les fleurs, me répondit-il. Et plus encore, je suis celui qui transforme le ciel. »
Alors lentement il est sorti de sa cachette. Et avec sa démarche royale, Chat est allé dans un endroit que je ne connaissais pas. L'eau était claire, pure. Je ne m'en suis pas trop approchée, j'avais peur de la blesser.
Et alors il s'est mis à chasser un gibier qui m'était inconnu.
De son perchoir il faisait apparaître dans le ciel des poissons. Des poissons invisibles qui volaient haut.
Il ne m'a plus regardée. Il est reparti.
« Chat ! l'ai-je appelé. Où vas-tu ? »
Il ne m'a pas répondu. J'avais froid soudain, le soleil glissait derrière la colline, sans doute parce que d'autres en avaient besoin, et le soleil il faut le partager.
Et j'ai suivi mon guide princier, et j'ai trouvé ma maison. J'étais heureuse, mais j'eus une pensée pour cet animal, maître en ces lieux, qui allait se retrouver seul.
« Je reviendrai, Chat ! »
Il m'a regardée de ses prunelles d'ambre. Et est parti.
J'ai tenu parole, et suis revenue chaque jour. Mais plus jamais Chat ne m'a parlée, plus jamais j'ai vu les feuilles chanter, les fleurs élever leurs rires, les poissons voguer dans les vagues du ciel.
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