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(A écouter avec Little me -> Voir médias).

Demain. Le bal masqué organisé par le lycée est demain soir. Dans moins de vingt-quatre heures, j'y serai. Et dans à peine plus de temps, le jeu s'arrêtera. Je ne sais pas si c'est ce que je veux, que le jeu s'arrête. J'ai peur que rien ne soit pareil une fois que je serais qui il est. Oui, j'ai peur que la relation que j'ai avec l'Inconnu change. J'ai peur qu'elle évolue d'une façon qui ne me plait pas. J'ai peur que ça gâche tout. C'est pourquoi je suis arrivée à un stade où je redoute le jour du bal. Que je suis arrive à un stade où je redoute la soirée de demain. Parce que je ne suis plus sûre de vouloir savoir qui il est.

Il y a encore une semaine, j'aurais donné n'importe quoi pour savoir l'identité du garçon avec lequel je joue depuis plus de trois mois. Mais plus maintenant. Parce qu'à présent, j'ai l'impression qu'aucune relation entre nous, si ce n'est les messages que l'on s'envoie, serait appropriée. J'ai l'impression que la seule relation qui nous correspond c'est celle qu'on a actuellement. Les messages, et c'est tout. Pour moi l'Inconnu n'a pas de visage, pas de nom. Ou alors si. Mais il a un un nom et un physique que mon cerveau a imaginé et j'ai peur qu'il ne ressemble pas à ce que mon esprit veut. C'est stupide, je sais, mais je n'y peux rien. J'ai tellement appris à l'aimer sans savoir son prénom et en ignorant son apparence que je ne suis pas sûre de pouvoir les aimer maintenant. J'ai peur de faire un rejet. Parce que pour moi, il s'appelle Lui. Et que pour moi, il a un visage schématisé correspondant aux caractéristiques physiques que je lui ai imaginé.

Mais ce que j'aime le moins, dans tout ça, c'est que je n'ai pas réussi à deviner par moi-même son identité. C'était mon objectif premier et j'ai failli, j'ai échoué. Mais malgré cet échec, je vais savoir qui il est, et ce n'est pas normal. Je suis dans une optique de vie dans laquelle je veux mériter les choses que j'ai et dans laquelle je ne veux pas qu'on me les offres sur un plateau argenté. J'ai toujours détesté ça, avoir quelque chose sans l'avoir mérité. Parce que j'ai toujours eu tout ce que je voulais sans rien faire pour le posséder. Mes parents m'ont toujours tout donné, tout offert et quelque part, j'ai fini par détester ça. C'est stupide, vous allez me dire, mais c'est vrai. Quand on a tout ce qu'on souhaite dans la vie, sans qu'on ait à se battre pour l'avoir, on finit par ne plus rien désirer. Et c'est pour ça que ma vie était devenue bien fade et ennuyante. Parce que je ne devais pas me battre pour obtenir ce que je voulais. Oui, parce que j'avais tout ce que je voulais en un claquement de doigt.

Jusqu'au jour où il m'a envoyé un message. Il m'a lancé un défi. Le défi de découvrir son identité par tous les moyens. Et c'est ce qui m'a tout de suite plu dans ce jeu, ce qui m'a fait m'attacher si rapidement à cet Inconnu : c'est le fait que rien ni personne pouvait me dire qui il était. Si je voulais savoir, je devais chercher. J'étais la seule personne capable de me donner une réponse. La seule personne capable de me donner la satisfaction que de découvrir son identité.

Mais cette satisfaction, je ne l'aurais jamais. Parce que j'ai été incapable de trouver qui il était dans le temps imparti et qu'il va me dévoiler son identité de lui-même. Et quelque part, j'ai l'impression d'être faible. Je peux comprends qu'il veuille me le dire, qui en ait marre d'attendre que j'avance dans mes recherches. Je le comprends. J'aurais sûrement céder à la tentation de lui dévoiler mon identité depuis longtemps, si j'étais à sa place. Je ne peux donc pas lui en vouloir et c'est pour ça que je m'en veux à moi. J'ai gaspillé du temps en me laissant rêver de cette nouvelle affinité que j'avais créée avec ce garçon. J'ai perdu du temps et je m'en veux. J'aurais dû, depuis le début, me donner corps et âme dans ce défi mais j'ai préféré prendre ça à la légère et prendre mon temps. Prendre du temps que je n'avais pas.

Je ne veux pas être demain. Ça non. Je ne veux pas aller à cette soirée. C'est bien la première fois de ma vie que je dis ça. Mais là, j'ai presque peur de m'y rendre. J'ai d'autant plus peur car, il y a deux semaines, il m'a envoyé ces mots par message : « Quand tu sauras qui je suis, je veux que tu me promettes de me laisser t'expliquer tout un tas de choses. Et je veux que tu m'écoutes sans poser de questions, et sans t'énerver. Promis ? ». Depuis, je cogite à longueur de temps sur ces trois phrases. Parce que je ne comprends pas pourquoi il m'a fait promettre une chose pareille. Parce que je ne comprends pas pourquoi il a peur que je réagisse mal lorsque je saurais qui il est. J'ai beau retourner la situation dans tous les sens, m'imaginer tout un tas de scénarios qui pourraient m'amener à mal réagir, je n'ai rien trouvé de cohérent. Alors, j'en sais rien, de ce qu'il a voulu dire par là. J'en sais foutrement rien et ça me retourne l'estomac.

Je suis dehors, de retour sur ma balançoire adorée. Il fait chaud, le mois de Mai est bien entamé, et le soleil tape sur ma peau. Les rayons de ce dernier se déversent autour de moi et m'englobent dans une aura agréable et protectrice. Ça m'apaise un peu, mais pas assez. Les balancements de la nacelle que j'impose avec mes jambes sont réguliers, mais encore une fois ça ne suffit pas pour me rassurer. Si d'habitude j'arrive à trouver du réconfort ici, aujourd'hui ça ne marche pas. Ce ne m'était jamais arrivé. Avant, je n'avais qu'à venir ici, une cigarette suspendue au bout de mes lèvres, et j'allais immédiatement mieux. Mais pas cette fois. 

Je sursaute lorsque je reçois un message. De Lui, j'en serais prête à mettre ma main à coupée. Il a le don de toujours m'envoyer des messages aux moments où je m'y attends le mien. D'ailleurs, il m'en envoie souvent lorsque je pense à Lui. Comme s'il était capable de lire dans mes pensées et arriver au bon moment, à chaque fois.

Ou alors, si il m'envoie toujours des messages lorsque je pense à Lui, c'est parce qu'il est continuellement dans mon esprit et que peu importe le moment, je pense toujours à lui.

Je sors mon portable de ma poche et le déverrouille. Ça ne manque pas, c'est Lui. Mon cœur se comprime un peu plus dans ma poitrine lorsque je lis son message :

Lui : Salut, Chérie. Alors, as-tu trouvé la robe de tes rêves ?

Si j'ai trouvé ma robe ? Oui. J'y suis retournée tous les soirs après les cours avant de trouver celle qui me convenait. Elle est belle, magnifique même. Mais porter une robe, ce n'est pas trop moi. Je suis plus le genre de fille à porter des jeans noirs toute l'année. Alors porter une robe, ça va me changer. Mais je dois l'avouer, celle que j'ai trouvé il y a quelques jours est vraiment belle.

Alyssa : Oui.

Lui : Oui ? C'est tout ? Tu ne m'en dis pas plus ?

Alyssa : Elle est bleue, comme tu le voulais.

Lui : Et... ?

Alyssa : Et tu la découvriras demain.

Lui : Whaou, tu n'as pas envie de parler, Chérie ? J'ai dit ou fait quelque chose de mal ?

Alyssa : Non... Tu n'as rien fait. Absolument rien, ne t'en fais pas.

Lui : Qu'est-ce qu'il y a alors ? Ça n'a pas l'air d'aller... Tu as l'air distante.

Alyssa : Ça va.

Lui : Je sens que non, Alyssa.

Alyssa : J'ai juste l'impression de ne pas avoir été à la hauteur.

Lui : A la hauteur de quoi ?

Alyssa : A la hauteur de réussir le jeu. De découvrir qui tu es. Je n'ai pas réussi.

Lui : Ce n'est pas grave, tu sais ? Je te l'ai dit, le jeu ne compte plus.

Alyssa : Mais je voulais trouver par moi-même. Je me sens faible.

Lui : Faible ? Toi ? Tu dois te moquer de moi. Si tu avais été faible, tu serais tombée dans les bras de Marc, tu ne serais déjà plus en train de jouer. Alors non, tu n'es pas faible. Je peux te l'assurer.

Alyssa : Alors pourquoi n'ai-je pas réussi à trouver ?

Lui : Parce que comme tu l'as dit au début du jeu, me trouver est presque impossible. Ce n'était pas un euphémisme, Alyssa. Tu aurais pu mettre toute la volonté du monde dans ce jeu, tu n'aurais sûrement jamais trouvé.

Alyssa : Vraiment ?

Lui : Oui.

Alyssa : Mais je me rappelle qu'un jour, tu m'as dit que beaucoup des anciennes candidates avaient failli trouver qui tu étais.

Lui : C'était faux, Alyssa. Aucune n'a failli trouver. Aucune n'aurait réussi, de toutes façons. Elles étaient toutes trop préoccupée par Marc qui leur tournait autour.

Alyssa : Tu as menti ? Pourquoi ?

Lui : Tu n'aurais pas jouer si tu savais que me trouver était impossible.

Alyssa : On avait dit plus de secret.

Lui : Je sais, Chérie... Je n'ai juste pas trouver l'occasion pour t'en parler.

Alyssa : As-tu autre chose que tu aurais oublier de me dire à m'avouer ? Parce que si c'est le cas, c'est le moment de passer aux aveux.

Lui : Je n'ai plus rien à t'avouer.

Alyssa : D'accord... Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai peur que notre relation change quand je saurais qui tu es.

Lui : Pourquoi ?

Alyssa : Je ne sais pas... C'est juste l'impression que j'ai.

Lui : Alors quoi ? Tu préférerais que je reste l'Inconnu derrière un téléphone définitivement ?

Alyssa : Ce n'est pas ce que j'ai dit.

Lui : Alors qu'est-ce que tu as voulu dire ?

Alyssa : Je... Je ne sais pas. Je suis juste perdue.

Il ne répond plus. J'ai dû le vexer. Je ne voulais pas que notre conversation aboutisse là. Non, je ne voulais pas qu'elle se termine comme ça. Je voulais juste lui faire part de mes sentiments pour qu'il puisse me rassurer. Je n'avais besoin que de ça, être rassurée. Mais j'ai tout foiré et je ne peux empêcher cette sensation qui éclot dans ma poitrine. Cette sensation que mon cœur chute. Une chute interminable et douloureuse.

Alyssa : Babe ?

Lui : Quoi ?

Je respire à nouveau lorsqu'il me répond. Quelque part, j'avais peur d'avoir dit la phrase de trop. D'avoir dit la chose qu'il ne fallait pas.

Alyssa : Je ne voulais pas te vexer, OK ? Je suis stupide. J'ai envie de savoir qui tu es, c'est juste que... Ça va marquer un tournant dans notre relation et ça me fait peur.

Lui : De quoi as-tu peur ?

Alyssa : Je ne suis pas très douée pour les relations.

Lui : Si, je trouve que tu te débrouilles bien depuis trois mois.

Alyssa : Mais c'est différent. On n'a fait que se parler par message.

Lui : Et par téléphone aussi, tu l'oublies.

Alyssa : C'est vrai.

Lui : Ça ira, Aly. Tu n'as pas à avoir peur. Je ferais du mieux que je le peux pour te mettre en confiance.

Alyssa : Je te crois.

Lui : Alors ne t'en fais pas. Va juste te reposer, il est tard. Demain va être une longue journée.

Alyssa : D'accord. A demain alors ?

Lui : Oui, à demain. Bonne nuit, Chérie.

**

Voilà, dernière partie avant... Le bal ! Enfin, vous allez me dire :') J'espère que cette partie vous a plu ! Et excusez mon petit retard, mais hier et aujourd'hui, c'était mon brevet blanc... J'ai donc privilégié les révisions à l'écriture (pour une fois que ça arrive...).

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