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Chapitre 7 : Revelation

Ça y est, on y est. Le bal c'est ce soir. Dans une heure plus précisément. Je me suis réveillée heureuse ce matin, ça n'était pas arrivé depuis longtemps. Par parce que j'ai l'habitude d'être malheureuse, disons plutôt que je n'ai pas l'habitude d'être heureuse. Alors ce matin, ça m'a fait bizarre de me réveiller avec cette impression aux creux du ventre. Cette impression que tout va bien autour de moi et que j'ai une véritable raison de sourire aujourd'hui. Mais, allié à cette sensation de joie inattendue, un autre sentiment a éclot en moi : La hâte. La hâte de savoir qui se cache sous le pseudonyme de « Lui » depuis trois mois. La hâte de savoir qui est véritablement la personne qui fait battre mon cœur. J'ai tout simplement hâte de découvrir comment il s'appelle. Hâte de découvrir son sourire, son regard et encore pleins d'autres choses. Oui, le bonheur que j'éprouvais ce matin, était presque caché sous cette hâte qui me submergée.

Je suis en train de me préparer pour tout à l'heure. Ma mère a tenu à m'aider, et j'avoue que ça m'étonne de sa part. Ce n'est pas le genre de choses qu'elle fait... Elle ne s'occupe pas vraiment de moi et ne se préoccupe pas de mes affaires mais aujourd'hui, c'est différent. J'ai annoncé ça au déjeuner. Je leur ai dit que je me rendais au bal masqué du lycée et ma mère a immédiatement réagi en me disant qu'elle serait là pour ma préparation. En réalité, j'ai toujours rêver d'avoir ce genre de relation avec ma mère. Avoir ce genre de relation fusionnelle où on se parle de tout, du meilleur comme du pire. J'ai toujours rêver d'avoir ça, mais ça n'a pas été le cas. Parce que ma mère travaille beaucoup et que ma mère ne prend pas de temps pour moi. Je suis sa seule fille, son seul enfant et elle ne s'est jamais occupée de moi. Alors, lorsque ce midi elle a dit vouloir m'aider à me préparer, je n'ai pu qu'accepter, parce que peu importe ce qu'on pourrait penser j'aime ma mère.

Elle est en train de me coiffer. Je suis assise sur une chaise devant le miroir de la salle de bain et observe ma mère peigner mes mèches brunes avec attention. Ses gestes sont si délicats que j'ai le cœur serré. Ma mère n'a jamais été tendre et je ne comprends pas pourquoi son comportement est différent de d'habitude. J'aimerais qu'elle soit comme ça tous les jours : douces et attentives. Jamais je n'aurais penser qu'elle consacrerait son samedi après-midi à me préparer pour un bal. Mes yeux remontent et se posent sur le visage de ma mère, par l'intermédiaire du miroir. J'observe son front se plisser de concentration et ses yeux se plisser pour se focaliser sur mes cheveux. Je pince mes lèvres avant de lui demander :

-Pourquoi fais-tu ça ?

Ma mère lâche la mèche qu'elle peignait et reporte son attention sur moi.

-Pourquoi je fais quoi ? Questionne-t-elle, un air innocent placardé sur le visage.

-Ça. T'occuper de moi, expliqué-je. Tu ne t'es jamais occupée de moi comme tu le fais en ce moment. Alors... Pourquoi aujourd'hui ?

-Parce qu'aujourd'hui, ma fille va à son premier rendez-vous.

Un rendez-vous ? Ma gorge se sert et ma respiration se coupe un instant. Je ne vais pas à un rendez-vous, je vais au bal du lycée. Ma mère attrape à nouveau la mèche qu'elle coiffait avant que je ne l'interrompe et reprend son travail fastidieux.

-Je ne vais pas à un rendez-vous, maman, l'informé-je.

-Si.

-Non, je vais au bal du lycée. C'est ce que je t'ai dit tout à l'heure.

Je continue de la toiser dans le miroir et je la vois rire à ma remarque. Qui a-t-il de drôle, nom de dieu ?

-Aly Chérie... Ne crois-tu pas que je n'ai rien senti ?

-Senti quoi ?

-Qu'il y a un garçon dans ta vie.

Cette fois, mon cœur loupe un battement et je me crispe sous les doigts agiles de ma mère. Elle doit sentir que je me suis raidie, puisque pour la deuxième fois en une minute, elle me regarde dans le miroir.

-Un garçon dans ma vie ? répété-je.

-Ne fais pas l'innocente. Je suis ta mère, je sens ce genre de chose.

-Mais...

-Tu le connais depuis combien de temps ? me coupe-t-elle.

J'ai du mal à me faire à la situation. Je pensais qu'elle était totalement indifférente vis à vis de moi. Que mes histoires ni ma vie ne l'intéressait. Et il faut croire que j'avais tort. Parce qu'elle a remarqué qu'un garçon était dans ma vie.

-Trois mois, répondis-je doucement tout en jaugeant les réactions de ma mère.

-Il est gentil ? enchaine-t-elle.

-Gentil ? Il est mieux que gentil.

-Décris-le moi alors.

-Je ne le connais pas très bien... avoué-je.

-Parle-m'en quand même, Alyssa.

-Et bien... Il est intelligent, très mature, et je me sens bien lorsque je lui parle. Il me fait sentir... Importante.

Ma mère pose la brosse sur le bord du lavabo, devant moi et pose sa main sur mon crâne pour caresser ma chevelure qu'elle vient de chouchouter. Elle me fixe, une étincelle brillante dans le regard. Je sais qu'elle est heureuse, et en même temps un peu mélancolique. Elle doit penser que j'ai grandi trop rapidement et qu'elle n'a pas vu le temps passer. Je peux le sentir dans son regard brillant. Brillant de larmes. Une boule se forme dans ma gorge et je me lève pour prendre ma mère dans mes bras. Elle pose sa tête sur mon épaule et sanglote silencieusement tandis que je caresse son dos pour la rassurer.

-Merci, maman.

-Depuis que tu es née je pense à ce jour, dit-elle la voix chevrotante. Je pense à ce jour où tu me révéleras pour la première fois que tu es réellement tomber amoureuse.

-J'en suis pas amoureuse de ce gars. 

Je souris dans son cou, parce que je sais que ni moi ni elle, ne croyons à ce que je viens de dire. C'est évidant que... Je l'aime. C'est fou parce que je ne l'ai jamais vu mais les sentiments ça ne se contrôle pas. C'est plus fort que tout...

*

Je suis fin prête. J'ai enfilée ma robe bleue foncée et je me suis maquillée. Je ne suis jamais sentie aussi belle. Les pans de ma robe m'arrivent aux chevilles et les micros paillettes argentées se trouvant sur le haut de cette dernière luisent de mille feux. Voilà ce qui m'a plu sur cette robe : les paillettes. Parce que ça m'a fait penser aux étoiles filantes dans un ciel sombre. Et j'ai trouvé ça tout simplement magnifique. Je me regarde une dernière fois dans le miroir, le regard attentif de ma mère concentré sur moi. Je vois de la fierté dans son regard. C'est la première fois que je la vois. Et je comprends maintenant pourquoi ce matin, je me suis éveillée avec le sentiment de bonheur au creux de ma poitrine. Parce que si hier soir encore on m'aurait dit que je verrais cette étincelle dans les iris de ma mère, je ne l'aurais pas cru.

Je vais au bal avec Holly et son abruti de copain, Jason. Ils vont arrivés d'une minute à l'autre et je ne peux que sentir la tension augmenter. Dans quelques heures, voir même quelques minutes, il sera là, devant moi. Je saurais enfin qui il est, après ces trois longs mois de jeu. Je suis fébrile rien qu'à l'idée de sentir sa peau sur la mienne, de sentir son parfum autour de moi, de l'entendre parler réellement. Parce qu'on a beau dire ce qu'on veut, parler par téléphone à quelqu'un, c'est différent que de lui adresser la parole en face. C'est plus humain, déjà et surtout beaucoup plus authentique. Je n'ai pas l'impression d'avoir déjà entendue sa voix. Celle que j'ai entendu, c'était celle d'un automate, pas la sienne.

Un Klaxon résonne dans la rue devant chez moi, ça doit être Holly et Jason. Je réagi enfin, revenant à la réalité. Je mets mon masque, qui est d'un bleu de la même couleur que ma robe et le noue derrière ma tête.  Je me retourne rapidement, tournant le dos au miroir dans lequel j'admirais ma tenue, pour faire face à ma mère. Je la prends un instant dans mes bras, lui soufflant un « merci » avant de sortir de ma chambre. A chaque pas que je fais vers le rez-de-chaussée, je sens mon rythme cardiaque s'intensifier. Chaque pulsation est plus rapprochée que la précédente et je dois prendre un temps en haut des escaliers pour souffler. Tout va bien se passer. Je descends les marches lentement, m'agrippant du plus fort que je peux à la rampe et tenant le bas de ma robe avec mon autre main. Ma mère me suit et m'embrasse une dernière fois dans l'entrée avant que je ne passe la porte. Elle me susurre à l'oreille :

-Il a l'air d'être quelqu'un de bien, ma puce. Tâche de le garder.

-Je ferais tout pour, maman.

L'étreinte s'envole et je passe finalement le seuil de la porte d'entrée. La voiture bleu marine de Jason est garée juste devant. Holly me fait signe de la main et j'y réponds en souriant tout en marchant jusqu'au véhicule. J'ouvre la portière arrière et prends place dans l'automobile. Holly se tourne vers moi, s'agrippant au dossier de son siège pour jeter un coup d'oeil à ma tenue. Le masque beige qu'elle porte ne laisse paraître que ses beaux yeux et le bas de son menton.

-Tu es superbe, Aly ! s'exclame-t-elle en m'adressant un sourire chaleureux.

Je ne lui réponds pas et me contente d'opiner pour la remercier. La voiture démarre en direction de la salle des fêtes que le lycée a loué pour l'occasion. Je regarde par la fenêtre, durant tout le trajet. Je n'écoute pas Holly et Jason se dire des mots d'amour et je me contente de les ignorer lorsqu'ils commencent à chanter à tue tête, faisant les cœurs de la chanson qui passe à la radio. J'ai l'impression d'être déconnectée de la réalité, que tout ça ne peut pas être réellement en train de se passer. Je crois qu'au fond de moi, je m'étais faite à l'idée que l'Inconnu resterait l'Inconnu. Que je ne le saurais jamais qui il est, et que je ne pourrais jamais savoir comment il s'appelle, ni comment il est. Et finalement, ce n'est pas le cas. Il ne restera pas l'Inconnu dans mon esprit, pas Lui dans mon répertoire.

Le trajet est rapide, tellement rapide que lorsque la voiture s'arrête devant le jardin où se situe la salle des fêtes, j'ai du mal à y croire. Nous sortons tous trois de la voiture, et je regarde partout autour de moi, découvrant l'endroit. J'ignorais l'existence de ce parc alors qu'il n'est vraiment pas loin de chez moi.

Holly et Jason se tiennent par la main et commencent à marcher vers l'entrée du parc. Je les suis de près, pour ne pas perdre leur trace parce que je n'ai pas envie d'arriver seule à la fête bien que leur couple - trop amoureux pour ne pas faire fleur bleue - m'exaspère. Des ballons et des pancartes nous indiquent la direction à suivre pour rejoindre la salle des fêtes. Le cadre est bucolique et je ne sais pour quelle raison, ça m'apaise. Nous cheminons dans le parc jusqu'à apercevoir la salle des fêtes qui est, soit dit en passant, bien plus grande que je l'imaginais. Nous marchons côté à côté tous les trois et arrivons enfin à l'intérieur de la salle. La musique qu'on entendait faiblement à l'extérieur est bien plus forte ici. Un DJ dans le fond de la salle ambiance la soirée et déjà une bonne partie des lycéens sont là. Il n'y a encore personne sur la piste de danse, tout le monde est concentré autour des buffets. Holly pose sa main sur mon épaule et me sourit chaleureusement :

-Marc va te rejoindre ? demande-t-elle.

-Marc ?

-Oui, Marc.

-Il ne se passe rien avec lui, Holly.

-Oh... Ça n'a pas marché ? Souffle-t-elle.

-Non, ce n'est pas ça. Lorsque je te disais que j'étais amoureuse, je parlais de quelqu'un d'autre, révélé-je.

Ses yeux s'écarquillent et elle fronce les sourcils.

-Mais... Pourquoi tu ne m'as rien dit ? s'étonne-t-elle.

-Tu ne m'as pas laissé le temps de t'expliquer. Tu étais tellement sûre que je te parlais de Marc que tu ne m'as pas laissé t'expliquer.

-Qui c'est alors ?

-Je te le montrerai... Tout à l'heure, dis-je.

Tu le rencontreras en même temps que moi, songé-je. Holly embrasse ma joue, et j'avoue que je suis légèrement prise au dépourvu. Elle attrape ma main et me confesse :

-Je suis vraiment heureuse que tu aies trouvé quelqu'un, Aly.

Puis elle part rejoindre Jason...

*

La soirée passe et je traine avec Gabriella. Elle a finalement acheté la robe blanche que je lui avais conseillé lorsque nous faisions les boutiques. Et elle est vraiment magnifique, elle l'a met beaucoup en valeur. D'ailleurs, tous les regards sont braqués sur elle. C'est déjà le cas habituellement, mais avec cette robe, même les filles se retournent sur son passage. Nous nous sommes assises sur un canapé près de la piste de danse et on boit des sodas parce que c'est la seule chose qu'il y a à cette fête. Il est presque vingt-trois heures et je me sens bien, malgré le fait que je n'ai toujours eu aucun signe de vie de la part de mon Inconnu. J'essaye de ne pas m'en faire, de me dire que peut-être, il attend le bon moment, mais je ne peux cacher mon inquiétude. Peut-être a-t-il réfléchi, et peut-être ne veut-il plus de moi...

Pour me changer les idées, je discute avec Gabriella et sa bande d'amis. Ils sont sympas bien que je me sente légèrement à l'écart. Ils se font des blagues plus débiles les unes que les autres et grognent sur le fait que le manque d'alcool est vraiment perturbant. Je ne peux m'empêcher de regarder partout. De regarder les couples sur la piste de danse et de me dire que peut-être, ça sera bientôt mon tour d'être dans les bras de quelqu'un. Avant, je n'avais jamais ressentit le besoin d'être avec quelqu'un, mais maintenant c'est différent. Depuis qu'il est entré dans ma vie c'est différent. Parce qu'il m'a fait connaître l'amour pour la première fois.

Petit à petit l'ambiance de la fête change, tout devient plus euphorique. Certains lycéens enlèvent leur masques et les font voler dans la pièce, d'autres se mettent à chanter plus fort que nécessaire et d'autres s'embrassent à pleine bouche dans les coins de la pièce. Les musiques deviennent plus rythmées, le volume plus fort. Je décroche totalement de la discussion de Gabriella et des autres et me concentre sur les danseurs qui se déhanchent comme pas permis. Ils ont l'air saoule alors qu'en réalité, ils n'ont bu que des jus de fruit ou des sodas.

Je n'ai pas vu Holly depuis le début de la soirée mais ça ne m'étonnerait pas qu'elle se soit éclipsée je ne sais où avec son abruti de copain. Heureusement que j'ai Gabriella pour me tenir compagnie, sinon je me serais ennuyée à mourir. Parce qu'entre vous et moi, je me serais mal vu aller sur la piste de danse seule pour passer le temps.

Soudainement, je sors de mes pensées. Quelque chose me propulse hors de mon état second : une chanson. Notre chanson.

Wicked Games.

Mon cœur éclate dans ma poitrine alors que je me lève instinctivement du canapé. J'entends vaguement Gabriella me demander où je vais, mais je ne lui réponds pas et je m'enfonce dans la masse de lycéens qui dansent. Je ne contrôle plus ce que je fais, je me laisse guider par les notes de notre chanson. C'est sûrement Lui qui a demandé au DJ de la mettre, et à cette pensée mon souffle se coupe. Je m'arrête au milieu de la piste de danse, complètement déboussolée. Je regarde autour de moi, tout en me prenant des coups par les autres lycéens qui sont trop happés dans leur danse pour faire attention à moi. Et puis, je sens une présence derrière moi et une main froide se pose sur mon épaule dénudée :

-Salut, Chérie.

Tout semble s'arrêter autour de moi. Les secondes, les mouvements des lycéens, la musique, mon cœur. Tout semble à l'arrêt alors qu'un frisson me traverse l'échine. Il est là. Juste derrière-moi. C'est vraiment le moment. Je vais savoir qui il est. Je me retourne lentement, mes muscles totalement ankylosés et mon regard tombe sur un garçon au visage caché par un masque gris. Et la première chose que je remarque, ce sont ses yeux. Des yeux émeraudes que je serais capable de reconnaître entre mille...

Marc.

**

Heyyy ! Voilà la première partie du chapitre final ! Je ne me suis pas encore faite à l'idée que c'est la fin alors... Je poste en deux fois pour essayer de m'y faire. J'espère que ça vous a plu ! Toutes les révélations et explications dans la deuxième partie !

Oui, je sais, il y a énormément de description, désolée si c'était barbant. Mais la suite, ça sera beaucoup de dialogue, vous comprendrez pourquoi... 

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