Chapitre 2 : Eyes
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C'était la crise hier soir. Lorsque ma mère à eu le malheur de découvrir ce foutu mégot dans un pot de fleur sur mon balcon, ça a été la crise. Je veux dire, vraiment. Elle était au bord de la crise cardiaque. Elle devait penser que ce n'était pas possible. Qu'il devait y avoir une erreur quelque part. Que sa petite fille chérie ne pouvait pas s'intoxiquer avec du tabac.
Je me doutais que ce jour arriverait, je m'y suis toujours préparée. C'est pour ça que lorsqu'elle m'a présenté le mégot - qu'elle tenait avec dégout entre son pouce et son majeur, en passant - et qu'elle m'a demandé de fournir une explication, je n'ai pas chercher à démentir. Je lui ai simplement dit la vérité. Parce que merde, faute avouée à moitié pardonnée, non ? Ouais, ok c'est totalement faux comme dicton. Ou du moins, ça marche pas comme ça dans ma famille. Ma mère était horrifiée, et choquée. Ses yeux bleus étaient tellement écarquillés que ses sclères étaient plus rouges que blanches. Mais même si elle affichait cet air d'étonnement complet, je sais qu'elle le savait déjà au fond d'elle. Je veux dire, ça fait presque deux ans que je fume et ça fait autant de temps que je cache mes mégots de cigarette dans mes pots de fleur. Et durant ces deux ans, ni ma mère ni mon père n'avaient remarqué un de ces mégots. Donc j'avoue que je me demande comment ma mère à fait pour s'en rendre compte, comme ça, en sachant qu'elle n'entre jamais dans ma chambre. Encore moins pour aller sur mon balcon. Et ENCORE moins pour aller fouiller dans mes pots de fleur. Alors, soit elle a eu une vision, soit elle avait des soupçons sur moi.
Enfin bref, ça m'est un peu égal, le résultat est le même. Mes parents sont au courant maintenant, et je crois que je n'avais jamais vu autant de déception dans leurs yeux depuis que je suis née. J'ai dû descendre dans leur estime. Enfin, je ne suis pas sûre que le terme « descendre » soit adapté. Chuter, correspond mieux. J'ai chuté, et je me suis écroulée au fond de leur jauge de respect.
Alors ils m'ont engueulé. Pendant de longues minutes. Et je me suis contenté d'encaisser. Je crois que ça, ça n'a fait qu'aggraver mon cas. Ça a rendu mon père complètement fou, le fait que je reste totalement impassible et silencieuse. Mais qu'aurais-je pu dire ? Je ne pouvais pas nier l'évidence. Je ne voulais pas nier l'évidence. Donc je me suis contentée de les écouter, et d'encaisser leurs reproches jusqu'à ce que ma mère parle de cure de désintox. De la désintox pour du tabac ? J'ai pris du temps à me rendre compte de la connerie qu'elle disait, puis je me suis barrée. J'ai pris mon téléphone et ma veste, et je suis partie. J'aurais bien aimé prendre mes cigarettes mais mes parents avaient déjà fouillé mon sac et confisqué mon paquet de Marlboro et mon briquet. Alors je suis sortie avec comme seul objet en poche, mon Iphone. J'ai erré dans la rue en discutant avec mon Inconnu jusqu'à ce qu'il ne parte faire « des courses de dernière minute », me laissant seule. Quel lâcheur !
On est Mardi matin et je suis en manque de tabac. Je n'ai pas fumé depuis hier à la même heure et j'ai comme l'impression que mon cerveau est en transe. A la pause de dix heures, c'est mon rituel : passer rapidement à mon cassier, et aller dans la cour me fumer une clope. Aujourd'hui, c'est foutu. Je pourrais facilement demander à Holly de m'en passer une, mais ses cigarettes parfum fraise, elle peut se les garder. Je n'ai jamais rien goûter d'aussi chimique que ces trucs là.
Je marche donc jusqu'à mon casier, tel un zombi annihilé. J'ai pas dormi de la nuit, je suis rentrée à vingt-trois heures parce que je mourrais de froid. Je me suis infiltrée discrètement chez moi en rentrant par la fenêtre de mon balcon, que ma mère avait laissé ouvert - merci Maman - et je me suis glissée dans mon lit toute habillée. Je suis restée de longues secondes à grelotter, mais même après avoir repris une température corporelle correct, je n'ai pas réussi à m'endormir. Je pensais à lui. Je suis persuadée qu'il croit que je m'en fous de trouver qui il est, et que je fais ça, simplement pour passer le temps. Et bien, il se met le doigt dans l'oeil et bien profondément. Je ne veux simplement pas qu'il me prenne pour une de ces filles totalement accros à lui, une de ces filles qui passe son temps à le chercher. Je préfère lui faire croire que je m'en fous de son jeu mal sain plutôt que de passer pour la fille totalement impatiente et ennuyante. Alors je fais genre que je m'en fous de son jeu. Mais ça n'est pas le cas, disons plutôt que je veux prendre mon temps. J'aime bien parler avec lui, en ignorant son identité. Je trouve ça plus excitant. Si je savais qui il était, ça n'aurait plus aucun intérêt. J'ai tout le temps que je veux pour trouver. Et je trouverai, je ne me fais pas de souci pour moi.
J'arrive enfin devant mon casier. Je laisse tomber mon sac à mes pieds puis je déverrouille le cadenas qui maintient mon casier fermé. 12 - 20 - 7, j'ai tellement l'habitude de faire ce code, que j'en suis arrivée à un point où je ne suis même plus obligée de regarder ce que je fais. La porte métallique se déverrouille finalement. Je l'ouvre et cette dernière grince d'une façon qui m'est familière. Je m'apprête à récupérer mon livre d'Anglais, lorsque je découvre, sur la pile de livres difforme et partiellement effondrée, deux paquets de Marlboro et un Zippo argenté. Qu'est-ce que c'est que ça ? J'attrape le Zippo et le fait tourner entre mes doigts, suspicieuse. Je l'examine sous toutes ces coutures, complètement fascinée. Des ciselures sinueuses sont gravées dans l'argent, comme si le briquet était un véritable objet d'art, l'oeuvre d'un artiste. Je remarque soudainement, une note accrochée à l'intérieur de mon casier avec du Scotch. Je l'arrache, et m'adonne à la lecture des quelques mots écrits au noir, d'une écriture masculine.
« Tu avais l'air d'en avoir vraiment besoin. » -Lui.
Je ne peux m'empêcher de sourire. C'est son écriture. Je tiens, entre mes doigts fébriles, une preuve de son existence, une preuve que notre relation est concrète et non-fictive. Je relis une seconde fois les mots qui noircissent la feuille, analysant la graphie des mots de mon Inconnu. Son écriture est fine, masculine, appliquée et à la fois rapide. Je plis soigneusement le bout de papier en deux et le fourre au fond de la poche arrière de mon jean. Merde. Il m'a offert deux paquets de cigarettes et un Zippo, ce con. Je sors mon téléphone de ma poche et je lui envoie un message pour le remercier :
Alyssa : J'ai trouvé tes petits cadeaux... Merci beaucoup.
La réponse est presque immédiate, comme s'il s'attendait à ce que je lui envoie un message.
Lui : Je t'en pris, Chérie. Tu avais l'air d'en avoir vraiment besoin, hier. Je me suis senti coupable de ne pas pouvoir t'inviter chez moi, et être obligé de te laisser dehors alors... J'ai pensé que ces cigarettes et ce nouveau briquet suffirait à me faire pardonner.
Alyssa : Tu es complètement dingue, tu le sais ? Tu n'avais pas à te faire pardonner de quoique ce soit. T'es vraiment super, en tout cas. Ça me touche vraiment.
Lui : C'est normal, Aly. Savoir que tu avais froid hier, ça m'a littéralement brisé le cœur. J'avais tellement envie de te prendre dans mes bras pour te réchauffer, que ça me broyé le ventre.
Alyssa : Je ne sais pas comment te remercier, j'étais déjà totalement en manque... C'est triste à dire, mais je crois que je suis accros à cette connerie. En plus, tu as acheté ma marque habituelle, merci beaucoup. D'ailleurs, comment as-tu su quelles cigarettes je fume ?
Lui : Alyssa, réfléchis un peu. Je passe mon temps à t'observer. Je sais quand même quel genre de cigarettes tu prends ! Je veux dire, tu passes ton temps à fumer, alors je m'en suis rendu compte.
Alyssa : Pas faux... Mais le fait que tu passes ton temps à m'observer, est extrêmement étrange.
Lui : Si tu le dis. Mais je ne peux m'en empêcher, tu es vraiment agréable à regarder.
Alyssa : J'imagine que tu l'es aussi, Babe. Merci encore pour les cigarettes.
Lui : Tu me remercies encore ? T'étais vraiment en manque ou quoi ?
Alyssa : Il faut le croire, oui. J'ai presque cru que c'était un mirage lorsque j'ai vu les paquets dans mon casier. Et... Attends. Comment tu as fait pour l'ouvrir ?
Lui : Les crans correspondant aux chiffres de ton code sur ton cadenas sont plus faciles à tourner et fond un bruit différent des autres, à force d'être utiliser. Ce qu'on dit dans les films, c'est pas toujours faux, on peut vraiment retrouver une combinaison comme ça.
Alyssa : Sérieux ? C'est super bizarre. Je pensais vraiment que c'était des conneries ces trucs là.
Lui : Ça aurait pu l'être. Avant d'essayer ce matin, je pensais comme toi. ;) Bref, tu ferais mieux d'aller fumer maintenant, ça sonne bientôt.
Alyssa : J'y vais, merci encore.
Je range mon téléphone dans la poche de mon manteau, j'attrape mon nouveau Zippo et mes paquets de cigarettes que je range dans cette même poche. Je récupère rapidement les affaires dont j'ai besoin pour les prochains cours et je quitte le lycée. La cour extérieure est bien remplie. Le soleil est de sorti, et tout le monde veut en profité. Mars vient de débuté, et ça doit faire plus de quatre mois qu'il n'a pas fait aussi beau. Il n'y a pas de vent, la chaleur est douce, alors je comprends pourquoi tout le monde est dehors. Je veux dire... C'est vraiment agréable. Je ferme les yeux un instant, profitant de la douceur des rayons du soleil sur mon visage pâle. J'ai hâte que le printemps revienne. Les bourgeons des fleurs, le piaillement des oiseaux... J'ai toujours adoré ça. L'ambiance change totalement et je trouve ça totalement magique. Presque envoutant. C'est là qu'on se rend compte que la grande majorité de la population est victime d'héliotropisme. Un peu de soleil suffit à les rendre heureux. Et je fais partie de ces gens à qui le soleil suffit pour être heureux. Enfin ça, et une bonne cigarette.
Je descends les escaliers surbookés et je vais m'asseoir sur un des murets qui délimitent les espaces de pelouse. Je laisse tomber mon sac sur le sol bitumé avant de grimper sur le petit mur en pierre grises. Une fois installée, je sors une cigarette d'un des paquets Marlboro après avoir arraché le film plastique autour. Puis, je sors le Zippo argenté de ma poche. Je l'adore déjà, ce briquet. En fait, j'ai toujours voulu avoir un Zippo. C'est si classe et beaucoup moins ordinaire qu'un de ces simples briquets disponibles au tabac du coin. Je coince la cigarette que j'avais sorti un peu plus tôt entre mes lèvres et l'allume rapidement, incapable d'attendre plus longtemps. L'arôme habituel du tabac se déverse dans ma gorge délicieusement. C'est fou le bien que ça me fait. Mes paupières chutent, alors que je laisse la nicotine brûler mes poumons. Je recrache finalement la fumée, relâchant par la même occasion ma tension et mon stress.
Merci, Babe.Merci beaucoup.
J'ouvre à nouveau les yeux et j'observe les adolescents sur les escaliers, sur les espaces de pelouse assis à même le sol, en fumant ma cigarette. Après ce qu'il s'est passé hier, jamais je n'aurais cru pouvoir passer un moment si agréable que celui-ci aujourd'hui. Le soleil sur ma peau, du tabac dans mes bronches, quoi de mieux ? Mes yeux vagabondent sur la totalité des lycéens, passant par le groupe de pom pom girl, par les ados qui révisent et par les footballeurs. Ces derniers sont autour d'une table de ping-pong installée sur l'espace de pelouse en face de là où je suis assise. Ils parlent fort, rigolent, fument pour certains. Ce sont vraiment les rois de l'école. Tous les regards sont toujours braqués sur eux, de manière admiratrice. Exactement comme je suis en train de le faire. Ils inspirent la force, la grandeur, la réussite et tout le monde les respecte. Je les observe tous un par un, lorsque je me rends compte que l'un d'eux regarde dans ma direction.
Marc.
Il est assis sur la table de ping-pong, les mains enfoncées dans les poches de sa veste en cuir, les jambes ballantes dans le vide. Ses yeux sont dissimulés sous une paire de lunettes de soleil Ray-Ban noire et il s'amuse à faire des bulles avec le chewing-gum qu'il mastique. Un sourire se répand soudainement sur son visage éclairé par les doux rayons du soleil. Il sort une de ces mains de ses poches et retire ses lunettes de soleil, me regardant dans le blanc de l'oeil.
Et je les vois pour la première fois. Ses yeux. Ses yeux d'un vert pétillant de malice, ses yeux qui ont le pouvoir de me paralyser. Parce que oui, ses yeux émeraude plongés dans les miens me donnent l'impression que le temps s'est arrêté. Que les lycéens autour de nous n'existent plus, qu'il n'y a plus aucun bruit, pas même celui de ma respiration. J'ai dit à mon Inconnu que j'aime les regards envoutant. Et Mars à ce regard. Je ne l'avais pas remarqué Vendredi soir, lors de la soirée. La lumière de la lune ne reflétait pas la réelle beauté de ses iris impressionnantes, ce soir là. Elle les voilait, m'empêchant de voir leur véritable couleur. Mais maintenant, je les vois. Et putain, je n'ai jamais vu un tel regard.
Marc arrête de mastiquer son chewing-gum et j'arrête de tirer sur ma clope. Ses cheveux, un peu trop long, flotte au gré du vent printanier. Sa mâchoire masculine se contracte légèrement alors qu'il m'adresse un sourire en coin. Mais je suis totalement incapable de lui rendre son sourire, ou de faire quoique ce soit d'autre. Je suis tout simplement paralysée.
L'Inconnu m'a dit de garder mes distances avec ce garçon, qu'il n'était pas agréable, ni même sympathique. Et je le crois. Parce qu'il a beau avoir le plus regard que j'ai vu de toute ma vie, son visage est tellement glacial, tellement grave et beau à la fois, que ça me fout froid dans le dos. Il est la représentation même d'une beauté froide.
La sonnerie annonçant la fin de la pause retentit soudainement, faisant éclater la bulle d'isolement dans laquelle j'étais murée depuis que mon regard et celui de Marc s'étaient rencontré. Le faible sourire qui illuminait le visage idyllique du beau brun assis sur la table de ping-pong s'évanouit faiblement. Il recommence à mastiquer sa pâte à mâchée, puis remet ses lunettes sur son nez. Il saute sur le sol et récupère son Eastpak noir. Tous les élèves autour de moi commencent à s'activer, alors que je reste assise sur le muret, à observer les gestes du joueur de foot. Ses yeux rencontrent à nouveau les miens, et il lève soudainement sa main, me faisant un bref salut. Puis il s'en va, rejoignant l'établissement. Je finis par le lâcher du regard et je soupire profondément. Merde, alors. Je pose une main sur mon front, essayant de retrouver mes esprits. Mais il faut croire que ma lucidité s'est consumée tout comme ma cigarette, pendant que j'admirais cet ange tombé du ciel.
Lui : Le laisse pas t'avoir, Aly. Pas toi. Garde tes distances.
***
Voilà le chapitre 2 de PhonePlay ! J'espère qu'il vous a plu !
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