Chapitre 3 : Light

Cela fait presque vingt-huit heures que je me suis réveillé dans cet hôpital au mur trop blancs et à l'odeur de gel antibactérien. Ces vingt-huit heures ont sans aucun doute étaient les plus longues de toute ma vie. J'ai passé une nuit horrible – malgré les examens plutôt rassurant que m'a fait passer le médecin hier. Je n'ai même pas réussi à fermer l'œil. Mes pensées, bien trop bruyantes, ont été incapables de s'éteindre ou d'au moins s'estomper. J'ai pourtant essayé. Essayer à mainte et mainte reprises de focaliser mon esprit sur mon sommeil. Mais rien à faire. Le nom d'Harry me revenait constamment en pleine gueule, comme un boomerang trop bien maîtrisé par son lanceur.

Alors, en plus de l'angoisse, de la peur et de la douleur, je suis totalement mort de fatigue.

Aucun membre de cet hôpital n'a été foutu de me donner des nouvelles au sujet d'Harry et je n'ai, évidemment, reçu aucun message de sa part. J'ai l'impression qu'il s'est comme évanouit dans la nature ou encore d'être le seul à me soucier de lui, de son état. A un tel point que, parfois, j'ai l'impression d'avoir rêvé toute notre histoire. Qu'Il n'était qu'un être appartenant à mon fantasme le plus fou – celui d'avoir une belle histoire d'amour – et qu'il n'a jamais existé autre que dans mon esprit. C'est totalement con, car les messages envoyés à son numéro sont bien authentiques. Tout comme leurs réponses, d'ailleurs.

Sans ces messages, j'aurais sûrement fini par penser qu'il n'existait pas. Je suis littéralement en train de devenir dingue alors que ça fait à peine deux jours que je suis cloitré ici.

Pour décompresser, j'ai essayé de me lever ce matin et de fouiller dans mes affaires pour me dégoter une cigarette. Mais je n'ai pas réussi à faire un pas et ai été contrait de me rallonger immédiatement à cause de la douleur provoquée par ma côte brisée. Je suis donc resté allongé, ne portant attention qu'au va et vient du corps médical dans ma chambre. Un infirmier à changer ma perfusion, et une de ses collègues est venue un peu plus tard pour prendre ma tension et mon pouls. Et finalement, Monsieur Lorsson est venu en fin de matinée pour m'annoncer qu'il n'y aurait pas besoin de m'opérer.

C'était ça, la seule bonne nouvelle de la journée.

Sans ce séjour forcé ici, je n'aurais probablement jamais pensé que la maison vide et sans âme de mes parents pouvait me manquer. Tout comme aller au lycée et assister aux cours qui m'inspirent un ennuie profond. Ou encore les commérages qu'échangent Houston et Gabriel à la pose déjeuner, alors que je déteste ça. Tiens, même cet abruti de Jason me manque. Cet hôpital me rend malade. Je ne le supporte pas. Surtout lorsque j'ignore tout de ce qu'il se passe du côté d'Harry.

Je me suis forcé à avaler mon repas et à répondre poliment aux infirmiers qui se sont occupés de moi. Mais l'envie n'y était pas. J'aurais préféré qu'on me foute la paix une bonne fois pour toute ou qu'on m'apporte enfin des nouvelles concernant Harry.

La porte de ma chambre s'ouvre lentement, accueillis par le bruit assourdissant du couloir. Je ne prends pas la peine de relevé la tête vers la personne qui entre, je sais déjà que c'est un infirmier qui doit vouloir – encore – s'assurer de mon état. Mais l'immobilité prolongée de ce dernier m'intrigue et m'oblige finalement à quitter des yeux le mur vierge que je fixais.

Dans la lumière maculée de poussières volatiles, une silhouette gracieuse et élancée se dessine dans un halo de lumière, surplombée d'une épaisse tignasse brune. Mon cerveau cesse de fonctionner lorsque le regard verdoyant du visiteur croise le mien. Mon cœur semble lui aussi s'arrêter. Et puis, l'expression naturellement froide de ce visage aimé me frappe de plein fouet.

Marc.

-Bonjour, Louis, dit-il en avançant dans la pièce après avoir précautionneusement fermer la porte derrière lui.

Je le dévisage, le poil hérissé. Ils se ressemblent tellement. Encore plus que dans mes souvenirs. C'en est déroutant, et immédiatement, je me sens faiblir face à leur similitude bien trop marquée. Je m'autorise à le quitter des yeux un instant pour ne pas me laisser déstabilisé.

-Ça fait longtemps, poursuit le brun en portant un œil inquisiteur sur mes effets personnels posés sur ma table de chevet. Tu n'as pas très bonne mine.

Comme lors de notre dernier échange, son air glacial est incontestable, mais, toutefois, il ne semble pas hostile, ni même narquois à mon égard. Il semble plutôt... Soucieux ? Le rictus habituel qui étire ses lèvres a disparu ainsi que son air supérieur.

-Ouais, soufflé-je. Ça fait un baille.

Je ne sais pas comment il a accueillit le fait que son frère et moi soyons ensemble, Harry à toujours refuser de l'inclure dans nos conversations. En tout cas, il n'a pas l'air d'y porter une quelconque attention en ce moment même. Marc laisse un soupire s'échapper de ses lèvres, puis, il s'assied sur le bord de mon lit. Les mains croisées sur ses genoux, la tête basse, il ne m'a jamais parut si faible. Il est comme tombé de son piédestal, ou alors, cet accident à peut-être eu l'effet d'un électrochoc pour lui.

-Je suis désolé, Louis, pour ce qui t'es arrivé.

-Tu n'y es pour rien.

-Je sais... Seulement, te voir comme ça... Ça fait bizarre.

Dans sa voix grave, je peux facilement lire de la tristesse. Seulement, il ne fait aucune allusion à son frère. Lui porte-t-il réellement un tel dédain ? Au point de ne pas vouloir le mentionner ?

-J'aurais dû t'empêcher de t'attacher à lui, crache-t-il. Tout ça n'aurait pas eu lieu, si tu t'étais tenu à l'écart.

L'aversion portée par Marc à l'égard de son jumeau suinte à nouveau de chacun de ses ports. L'hostilité a fait son retour.

-Ça n'aurait rien changé, Marc. Cet accident devait avoir lieu.

Je ne peux expliquer la boule qui se forme dans ma gorge à cet instant précis mais elle est certainement due à l'évocation de ce tragique événement. Le brun redresse le menton et m'adresse un regard noir. Bien sûr que cet accident devait avoir lieu, comment aurait-il pu en être autrement ? La fatalité est la fatalité et rien ni personne ne peut la changer.

Si Harry était là, il m'aurait probablement contredit et m'aurait expliqué, pourquoi lui, ne s'évertue pas à se soumettre au destin.

-Tu as peut-être raison. Mais j'aurais dû te protéger, continue le beau brun.

-Ce n'est pas ton rôle, Marc, de me protéger.

-Je sais... Mais c'est plus fort que moi. J'ai constamment envie de te défendre, de m'assurer que tu vas bien. Tant bien même tu es dans les bras de mon... Frère.

Frère... C'est comme si il avait eu du mal à l'admettre qu'Harry soit son frère et qu'il lui ait volé l'objet de sa convoitise. Je ne comprends pas pourquoi Marc m'apporte une telle importance ou veuille me protéger. Ce n'est pas dans sa nature, d'après Harry. Son truc c'est plus les coups d'un soir, et briser les cœurs des pauvres gars qui ont le malheur de se retrouver dans son lit. Ne pas être protecteur ou attentionné. Mais il n'est certainement plus question de jeu. Nous savons très bien, tous deux, qu'il a perdus. Alors pourquoi continue-t-il à jouer un rôle qui ne lui correspond pas ? Pourquoi continuerait-il à mentir pour m'avoir, moi ?

Marc tend une main vers moi. Lentement, comme s'il avait peur de me voir détaler s'il était trop brusque. Puis, il passe ses doigts dans mes cheveux et les balaye à l'arrière de mon visage. Ses doigts migrent progressivement sur ma joue pour y laisser des caresses apaisantes. Par manque d'affection, sans doute, je n'éprouve aucune envie de m'éloigner de lui pour le faire cesser.

-Il ne s'est pas réveillé, murmure-t-il, soudain. Non. Toujours pas.

Ses gestes doux et réguliers me font pratiquement oublier la nuance froide et toujours lointaine de son visage. Mais pas ses mots. Ses gestes ne me font pas oublier ses mots qui se plantent comme des poignards dans ma poitrine.

-Il va bien ? Est-ce... Est-ce que tu sais ce qu'il a ?

Marc secoue la tête.

-Les médecins ne savent pas eux même, ou du moins, ils n'ont pas encore jugé bon de prononcer leur pronostique.

J'avale ma salive. Le brun me fixe comme pour jauger mes réactions. Mais tout reste à l'intérieur où tout jaillis, s'ébranle, chute, se casse, s'éclate...

Tout à coup, la porte s'ouvre à nouveau. La main de Marc se retire immédiatement de ma joue, et nos regards se quittent pour se poser sur la tierce personne qui vient de faire irruption dans cette chambre d'hôpital. Une petite tête blonde platine aux grands yeux verts apparait dans mon champ de vision.

Houston.

Aussitôt, Marc se lève et plonge ses mains dans ses poches adoptant une attitude nonchalante. Le blond fronce les sourcils et nous dévisage tour à tour, l'air curieux. J'avais presque oublié qu'il passerait aujourd'hui !

-Je... Hum... Je repasserai plus tard, commence-t-il.

-Non ! Ce n'est pas la peine, je m'apprêtais à partir, s'empresse d'ajouter Marc.

Il me regarde encore un instant avant de s'avancer à grandes enjambées vers la porte tandis qu'Houston s'approche de moi. Le grand brun s'arrête un instant dans l'encadrement de la porte, regarde par dessus son épaule pour créer un contacte visuel avec moi.

-Je reviendrais te voir dans la semaine. Repose-toi, ordonne-t-il avant de quitter les lieux...

Pour la première fois depuis que je le connaissais, j'aurais préféré qu'il reste près de moi. Tout aurait été mieux qu'un entretient remplit de réprimandes de la part d'Houston...


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