Tente rouge
Attention ! Ce chapitre comporte principalement des scènes pouvant choquer ceux qui n'aiment pas le sang ! Libres à vous de décider si vous souhaitez lire ces passages ! Sur ce, bonne lecture !
Charles était un jeune homme courageux sur qui l'on pouvait compter. Il avait voulu repousser ses limites en venant camper seul, pour ensuite repartir dans un autre camping. Il avait donc loué une tente et lorsqu'il découvrit la couleur de celle-ci, il fut pris de dégoût. Rouge. Comme le sang. Son courage comportait une faille, une seule. Il n'avait pas peur des araignées, ni des serpents, ni du vide ou de l'eau, non, il avait peur du sang. Voir du sang le repoussait et lui donnait la nausée. C'était un supplice. Il ne portait presque jamais de rouge et lorsque la seule petite amie qu'il ait eu, portait du rouge à lèvres, il n'arrivait pas à se faire à l'idée que ce n'était pas du sang étalé sur ses lèvres. Il était hématophobe.
Peu réjouit à l'idée de dormir dans cette tente, rouge, qui plus est, au bord de la route, il dut se résigner à se glisser dans le sac de couchage, rouge, fourni par le camping. Il mit du temps à trouver le sommeil, les voitures passant sur la route, à côté, le dérangeant. Il ferma finalement les yeux et tomba dans les bras de Morphée.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, il était dans le noir. Il ne voyait rien. Une odeur de fer le prit à la gorge, l'air empestait le sang. Du sang frais, ce n'était probablement pas le sien car il ne ressentait aucune douleur. Il distingua des yeux bleus dans la faible lumière qui éclairait la pièce tout à coup. Ces yeux bleus étaient empreints de douleur, de souffrance et de tristesse. Il les connaissaient mieux que quiconque, c'était les siens. Il comprit qu'il était spectateur d'une scène qui l'avait profondément marqué. L'accident. Celui qui a déclenché sa phobie pour le sang. Il observait la scène se jouant sous ses yeux : une jeune fille lui ressemblant étonnamment et lui même. Sa soeur, et lui.
Charles conduisait et sa soeur, qui venait d'avoir quatorze ans, était sur la place du mort. Ce nom sonne étrangement vrai... La place du mort, mais pourquoi les gens montent sur cette place alors ? Parce qu'ils pensent que les accidents de la route n'arrivent qu'aux autres, jusqu'au jour où vous vous faites rentrer dedans et que vous comprenez que cela peut tomber sur n'importe qui. La lune était pleine et éclairait la route de sa faible lueur. Charles était concentré et roulait à une vitesse normale sur la nationale lorsqu'une voiture déboula en sens inverse et leur rentra dedans. La voiture de Charles fit plusieurs tonneaux et sa soeur hurlait, de peur ou de douleur ? La voiture s'immobilisa dans le fossé, le flanc droit sur la route.
Lorsque le jeune homme vit le corps de sa soeur sans vie, inerte à moitié sur lui, il ne put réprimer l'envie de vomir. Le sang encore chaud de sa soeur coulait sur ses vêtements et il avait les mains poisseuses. Il appelait sa soeur mais elle était déjà morte, à la place du mort ? Il n'était pas blessé, un miracle oui, mais il souffrait pour sa soeur morte sur le coup, elle avait les os du bras brisés et son visage était constellé de taches rouges. Il dut sortir de la voiture et alla vomir dans les buissons. L'image du corps ensanglanté de sa soeur resta gravé à jamais dans sa mémoire. Ces images qui vous hantent jusque dans votre sommeil et qui surgissent lorsque vous repensez à l'événement en question, revenu pour vous hanter...
Il était toujours là, assis dans l'herbe, dans le noir avec pour seule lumière la lueur de la lune qui éclairait le corps couvert de liquide chaud et poisseux de sa soeur et son "double" qui vomissait dans les buissons. En voyant ces images, il eut envie de vomir à son tour, en se levant il constata qu'il était plein de ce liquide foncé. C'était sûrement celui de sa soeur. Il ne comprenait rien à cet étrange scène. Dans une flaque d'eau, il étudia son reflet, ses cheveux blonds étaient entièrement rouges, du sang avait dû couler dessus, et ses yeux bleus étaient bordés de cernes, ils était éreinté.
Lorsqu'il trempa ses mains dans la flaque, voulant se rafraîchir le visage, il ne put réprimer un frisson d'horreur, ce n'était pas de l'eau, mais, du sang. Du sang chaud, coulait entre ses mains. Il eut une violente envie de vomir mais en se penchant pour rendre ses tripes mais il trébucha sur un rocher et se coupa la main en voulant se rattraper. Il s'assit et vit avec effroi l'entaille profonde qui barrait sa main droite. Le liquide tiède coulait gouttes à gouttes sur l'herbe humide. Il dut se forcer à ne pas vomir et arracha son tee-shirt afin de faire un garrot et de stopper l'hémorragie. En recouvrant sa blessure il eut envie de s'évanouir mais se mit une claque avec sa main valide et se força à rester éveillé. Il trempa sa main dans l'herbe et l'eau de pluie perlant des brins d'herbes nettoya un minimum sa main. La douleur le transperçait et il fut surpris de ne pas avoir fait de malaise, surtout en regardant cette vilaine plaie. Il dut ensuite se lever et fut fier de lui d'avoir accompli ces gestes sans ciller. Certaines personnes auraient crié, pleuré, vomi ou se seraient évanouies et Charles, lui, avait simplement mit sa phobie de côté, chose plutôt impressionnante.
Il ferma les yeux et inspira lentement pour se donner le courage de continuer. La scène de l'accident lui revint en mémoire et il essaya de chasser ces images de son esprit, en vain. La culpabilité qu'il avait pu ressentir s'était atténuée mais la rage envers le conducteur qui avait causé la mort de sa soeur ne s'était pas estompée... Il se concentra sur sa respiration pour se calmer. Le sang battait à ses tempes et bouillonnait dans tout son corps.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, il ne vit que du noir, et le soleil qui perçait la fermeture éclair de sa tente. IL avait donc fait un cauchemar. Tout ceci n'était qu'un mauvais rêve ! Il se leva et en voulant prendre son sac à dos il ressentit une vive douleur à la main droite. Il vit que cette dernière était entaillée, exactement comme cette étrange nuit. Il regarda autour de lui et vit une pierre coupante dans la tente. Il avait sûrement mit sa main sur cette pierre en bougeant dans son sommeil. Tout ceci était réellement bizarre mais le jeune homme était fier de lui, de ce qu'il avait fait cette nuit, il avait dépassé sa plus grande angoisse, le sang. Il vérifia tout de même si il n'y avait pas du sang dans ses cheveux et ces derniers étaient propres tout comme le reste de son corps. Seule sa main avait subi dans son cauchemar. Son pire cauchemar, sa phobie, il l'avait vaincue. Il avait fait la paix avec le sang et avec cette fameuse nuit meurtrière.
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