Chapitre 8
Maïa
Aujourd'hui
Mon appartement bourdonne. Les ouvriers arrivés depuis vingt minutes suivent les instructions de la reine de la ruche. Reine qui se tient désormais devant nous, au milieu du salon. Dans ma plus belle salopette en jean, je me tiens droite quand elle s'exclame :
— Prêtes ?
Manon et moi échangeons un regard lourd de sens, puis nous levons nos pinceaux. Daphné aime prendre part au chantier avec ses clients. D'après elle, ça permet au propriétaire des lieux de se sentir chez lui plus aisément. Cette idée, je l'avoue, ne m'a pas particulièrement enthousiasmée lorsqu'elle m'en a fait part. Enfin, je n'y connais rien en peinture. Je n'arrive même pas à me débrouiller avec les tableaux numérotés qu'on trouve dans le commerce.
— Nous n'avons pas besoin de ça pour le moment. Dans un premier temps, nous allons devoir délimiter notre zone de travail.
Nous déposons nos pinceaux sur les pots de peinture alignés devant nous. Daphné, quant à elle, installe le modèle à reproduire sur un chevalet.
— Voilà de quoi nous allons avoir besoin !
Elle s'empare d'une règle en bois plus grande qu'elle, d'un crayon à papier, d'une ficelle et d'un rouleau de scotch. Sous nos yeux, ses pommettes rondes se gonflent et ses lèvres s'étirent en un sourire contagieux.
— Alors, on s'y met ?
J'acquiesce gaiement et m'empare de la règle. Pour être sûre de ne pas faire d'erreurs, je note les mesures indiquées sur le dessin de Daphné sur le dos de ma main.
— Les seventies te vont bien, m'apprend Daphné lorsque je commence à tracer les premières lignes de mon 70's stripes. C'est l'une des photographies de ton compte Instagram qui m'a inspirée.
Les sourcils froncés de concentration, j'esquisse un sourire. La photo dont elle parle a été prise lors de l'une de nos soirées costumées. Elliot et moi posons telles des rock stars de l'époque. Je suis presque certaine que c'est la seule photo où Elliot et moi sommes photographiés rien que tous les deux. Manon, qui semble arriver à la même conclusion, s'approche de nous et lui demande sans aucun filtre :
— Elliot te plaît ?
Mon crayon à papier dérape tandis que le rire adorable de Daphné couvre presque les bruits en provenance de la cuisine.
— Elliot est mignon et gentil, nous confie-t-elle avec un sourire en coin. Mais non. Je n'ai pas le temps pour les histoires d'amour. Je suis en relation avec mon job !
Elle gomme mon dérapage avant de me laisser reprendre et de se tourner vers Manon.
— Tu veux t'occuper des arcs de cercle ou mettre le scotch ?
Manon accepte de prendre la ficelle et vient me rejoindre près du mur. Comme si elle avait fait ça toute sa vie, elle trace un arc de cercle parfait au bout de ma première ligne droite.
— Je regarde des tutos sur TikTok, m'explique-t-elle après avoir croisé mon regard arrondi de surprise.
En rigolant, elle rejette sa longue queue de cheval derrière son épaule gauche.
Il nous faut ensuite pas moins d'une heure pour délimiter les zones que nous allons peindre dans un dégradé d'orange et de jaune. Tout sourire, Daphné ouvre les pots de peinture, puis nous indique quelle couleur doit aller dans quelle ligne. Avec Manon, nous récupérons nos pinceaux.
— Il faudra sûrement peindre plusieurs couches sur plusieurs jours, commence notre cheffe de chantier. Mais ne vous inquiétez pas, j'ai prévu plein d'autres petits travaux !
— Mlle Daphné ? l'interrompt un ouvrier enfermé dans la cuisine depuis la première heure.
Sa moustache en guidon frétillerait presque alors que la concernée s'approche de lui avec un regard déterminé. Je profite de son éloignement pour enfoncer le bout de mon pinceau dans les côtes de ma meilleure amie.
— Hé ! s'exclame-t-elle.
— Qu'est-ce qui t'a pris de lui demander si Elliot lui plaisait ?
Ses sourcils fins se froncent sur son front plissé.
— Bah quoi ? Elliot est notre ami, je m'intéresse aux filles qui lui tournent autour.
— Daphné ne lui tourne pas autour, grincé-je en la menaçant avec mon outil de travail.
— Mouais, si tu l'dis !
— Je croyais que c'était terminé tout ça...
Manon plante ses yeux dans les miens.
— Tout ça quoi ? Tu insinues que je suis jalouse, là ?
Je pince les lèvres et lève les bras pour contrer son pinceau encore propre. Le faible de mon amie pour Elliot a traîné en longueur, jusqu'à la terminale. Le fait qu'il ignore complètement ses avances a, étrangement, décuplé ses sentiments. Je pensais qu'on avait dépassé ce crush à sens unique.
— Je m'inquiète pour lui. Après tout, on ne l'a vu avec personne depuis Camille.
Camille... Un pincement se niche dans ma cage thoracique. Elliot et elle sont sortis ensemble pendant presque nos trois années de lycée. Il ne nous a jamais dit pourquoi ça s'était terminé entre eux. Peut-être qu'il n'a jamais pu l'oublier ? Les premiers amours ont parfois cet effet ; ils marquent au fer rouge ; des tatouages indélébiles sur les âmes.
— Bah alors ! Vous attendez quoi pour commencer ?
Le retour de Daphné nous remet les idées en place. Le geste assuré, je plante mon pinceau dans le pot de peinture et me mets au travail.
🌸🌸🌸
La matinée est passée en un clin d'œil. Mon mur 70's stripes est peint et ne demandera certainement qu'une seule couche supplémentaire. Lorsque nous avons eu fini de peindre, nous avons migré dans la future chambre de Clochette pour ajouter des surplinthes par-dessus celles en bois. D'après moi, il faudra en munir tout l'appartement afin de prévenir toute catastrophe. Je m'apprête à le dire à Daphné lorsque mon téléphone sonne. Mes doigts barbouillés d'orange et de jaune à la manière d'un coucher de soleil s'empressent de décrocher.
— Antoine ?
— Oui, c'est moi. Tu peux sortir s'il te plaît. Je suis devant ta porte.
Il me raccroche au nez sans me laisser le temps de lui demander la raison de sa venue et mon ventre se tord d'inquiétude.
— Je reviens, marmonné-je à l'attention des filles.
À grandes enjambées, je traverse mon appartement déserté par les ouvriers partis déjeuner. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, j'ouvre ma porte cochère et trouve Antoine et Clochette sur le trottoir. Les traits fermés, mon ex petit ami me rejoint dans la cour intérieure. Le cœur battant à tout rompre, je me penche pour examiner ma lapine dans sa cage de transport.
— Qu'est-ce qui se passe ?
Mon bébé, recroquevillée, a le cœur qui bat aussi vite que le mien.
— Je ne peux pas la garder.
Il me tend Clochette que je récupère immédiatement.
— Elle va bien ? demandé-je, la voix tremblante, en soulevant la cage à hauteur de mes yeux.
— Oui. Tu sais bien qu'elle n'aime pas être transportée.
Le soulagement s'empare de mon être. Il a raison. Cet imbécile a raison.
— Gaëlle est allergique.
Je penche la tête sur le côté face cette information dont je me fous complètement et, amèrement, lâche :
— Et alors ?
Les graviers grincent sous mes pieds tandis que je recule d'un pas. L'expression d'Antoine, pleine de pitié, me donne la nausée.
— Et alors, Clochette ne peut pas rester chez moi et rendre Gaëlle malade.
— Elle ne peut pas rester chez elle une semaine ta copine ? Je te demande juste une semaine, Antoine, c'est quand même pas compliqué !
Comme à chaque fois depuis notre rupture, mon ton le prend de court. Sa pomme d'Adam s'agite et il s'y reprend à deux fois avant de me sortir :
— C'est chez elle. Mon appartement. Elle a emménagé le week-end dernier.
Le choc me provoque un sifflement aigu dans le conduit auditif. La bouche sèche, je m'entends à peine répondre :
— Elle a... quoi ?
— Écoute, je suis désolé, je ne voulais pas te l'apprendre comme ça, mais...
— Mais rien du tout, le coupé-je, avec bien plus d'aplomb cette fois-ci. Casse-toi de ma cour. Et tu peux dire au revoir à Clochette, car il est hors de question que tu refoutes les pieds chez moi.
Le souffle coupé par ma déclaration, je serre le poing autour de la poignée de la cage. Les yeux bleus d'Antoine se voilent un instant avant de redevenir aussi dur qu'à leur habitude. Il l'aime. Peut-être pas autant que moi, mais il aime Clochette. Il ne peut quand même pas rester indifférent maintenant ! Et pourtant...
— T'es pas sérieuse ! Je vais pas envoyer Gaëlle à l'hôpital pour une lapine !
Ses mots percutent mon cœur comme un boulet de canon. Dans le brouhaha de mon esprit, je m'entends crier :
— C'est MA lapine !
Je n'ai plus qu'elle, continue mes pensées.
— T'es complètement tarée !
Antoine me lance un regard dédaigneux et, avec ses grands airs d'enfoiré, se retourne. Le visage traversé par des ondes de colère, Elliot, qui vient de pousser la porte cochère, lui barre le passage avec son bras. Je secoue lentement la tête.
— Allez vous faire foutre ! s'exclame Antoine quand Elliot le laisse s'enfuir.
— Tu vas bien ?
Avec prudence, Elliot s'approche de moi.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Il... Clochette... Je...
Je sens mon visage se déformer en une grimace affreuse alors que mes pleurs gagnent la partie. Une larme solitaire coule d'abord sur ma joue droite, avant d'être rattrapée par d'autres. Les perles salées se lancent dans une course effrénée sur ma peau glacée par les assauts du vent automnal. La main d'Elliot vient se poser sur la mienne, autour de la poignée, et je lui cède la cage de Clochette.
— Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
— Mais... ton... ton magasin ? parviens-je à articuler entre deux hoquets.
— Je rouvre qu'à 14h. Tu as besoin de quoi ?
Mes lèvres tremblent tandis que j'essaie de réfléchir et de remettre mes pensées en ordre. D'un revers de main, j'essuie mes larmes.
— Tu peux déposer Clochette chez mes parents ? Le chantier va bientôt reprendre. Je ne peux pas m'en aller maintenant.
Je dois être responsable. Je ne peux pas tout envoyer balader – même si j'en meurs d'envie.
Les yeux verts d'Elliot fouillent les miens avec attention. Je ne sais pas ce qu'il parvient à décrypter dans mes billes noisette – je suis tellement perdue –, mais il me répond :
— OK. Je m'occupe de Clochette. Je ne pense pas avoir le temps de repasser par ici avant 20h. Tu seras toujours là ?
— Probablement, soupiré-je. Tu lui feras un câlin pour moi ?
— Abuse pas ! rigole-t-il en s'éloignant avec ma lapine.
Un rire étranglé m'échappe et lui tire un dernier sourire de travers. La porte cochère se referme derrière lui. J'inspire profondément, bloque l'air dans mes poumons, et relâche tout n'importe comment en sentant mon téléphone vibrer à nouveau dans la poche de ma salopette. Je le sors à contre-cœur pour répondre.
— Maïa, c'est Adam !
Je fais semblant de vomir discrètement.
— Qu'est-ce que tu veux ?
Il n'essaie pas de cacher son soupir agacé et reprend :
— Tu as étudié les profils que je t'ai envoyés pour les studios ?
Je mords ma lèvre inférieure.
— Vite fait...
— Comment ça, « vite fait » ? Si tu veux gagner de l'argent et rembourser ton père, il va falloir louer, je te signale !
Quelle petite vipère ! Jamais il n'aurait osé me parler sur ce ton avec mon père dans les parages. Je sais que je vais devoir louer, je ne suis pas stupide. C'est juste...
— Pourquoi n'y avait-il que des hommes dans tes dossiers ?
— Pardon ? Tu vas vraiment me faire chier avec la parité là ?
— Mon père te met la pression pour que tu sois aussi désagréable ? Refais un tri, Adam. Je suis sûre que des étudiantes aussi ont besoin de se loger.
Sur ce, je raccroche pour couper court à son grognement de mec frustré. J'ose espérer qu'il se montre plus professionnel avec ses vrais clients. En attendant, il semblerait qu'être la fille du patron n'ait pas que des avantages.
Une énième rafale de vent me frappe de plein fouet. Je tente comme je peux de discipliner mes boucles en resserrant ma queue de cheval et retourne à l'intérieur de mon appartement, prête à rouvrir les portes aux ouvriers.
🌸🌸🌸
Manon est la dernière à quitter les lieux. Épuisée, je m'assois à même le sol, entre les pots de peinture refermés et les pinceaux colorés. L'air qui s'infiltre par la fenêtre m'empêche de m'asphyxier avec les odeurs, mais n'a aucun effet sur mon mal de tête. Je masse délicatement mes tempes avec mes doigts avant de vérifier l'heure sur mon téléphone. 19h30 et un message d'Elliot s'affiche sur l'écran.
🗨Elliot
J'ai fermé plus tôt. Je passe à Rythm'n food et j'arrive.
J'ai à peine le temps de reverrouiller mon portable qu'il frappe à la porte. Les muscles endoloris, principalement par le stress, je me redresse et me traîne jusqu'à l'entrée.
— Re, le lama.
Je ne sais pas si c'est parce que j'ai les nerfs à fleur de peau ou bien parce que je n'en peux plus de ce surnom stupide qu'il me donne depuis qu'on a 15 ans, mais je craque.
— Je pourrais savoir pourquoi tu m'appelles comme ça ? lui demandé-je, sèchement.
Surpris, Elliot laisse retomber son bras le long de son corps. Le sac du restaurant va taper contre sa jambe et les canettes à l'intérieur s'entrechoquent.
— Je... C'est... Je peux entrer ?
— C'est blessant, tu sais ? lui dis-je en le suivant dans le séjour.
Il pose son sac là où j'étais assise avant qu'il ne débarque et se tourne vers moi. Les yeux baissés sur nos chaussures, il se frotte la nuque. Je croise les bras avec détermination.
— Excuse-moi... Je n'ai jamais voulu être blessant. C'est juste... La première fois que je t'ai vue, tu m'as fait penser à un alpaga. Tu es grande et très bizarrement élégante... et... et ensuite, avec ton caractère... Oh bon sang ! s'arrête-t-il. Je suis vraiment désolé. Ce que je te raconte ne plaide pas du tout en ma faveur, n'est-ce pas ?
Il relève enfin la tête pour croiser mon regard et, face à son air penaud, j'éclate de rire.
— Au moins, tes raisons n'étaient pas vraiment désobligeantes. Très bizarrement élégante, rigolé-je encore en reprenant mon souffle. C'est presque un compliment.
Les épaules d'Elliot s'abaissent de soulagement et son sourire irrégulier dû à son incisive de travers refait son apparition.
— J'adore les lamas, et les alpagas, si jamais ça peut te rassurer. Ce sont de drôles d'animaux.
— Tais-toi, va !
Il ricane alors qu'on prend place entre les pots de peinture.
— Je te promets d'arrêter avec « le lama ».
— Merci, souris-je.
— J'ai apporté à manger.
— Oh, ce n'est pas pour les garçons ?
Elliot secoue la tête et sort nos victuailles du sac en papier. L'odeur alléchante de mon futur burger me fait saliver tandis qu'il me tend la boîte qui contient mes frites. Nos doigts se frôlent et nous tirent à tous les deux un sourire en coin. J'ouvre mon pot de mayonnaise et plante une frite dedans avant de la dévorer en lâchant un gémissement de pur ravissement.
— Tu te sens mieux ? me demande mon ami après un léger rire moqueur.
Parce que je sais que sa question implique plus que ma faim de loup, je soupire et hausse mes épaules.
— Clochette va bien. Antoine avait laissé ses affaires devant la porte... J'ai tout ramené chez tes parents.
Quel enfoiré...
— Qu'est-ce qui s'est passé, ce midi ?
Je mords dans mon burger au camembert – Normandie oblige – pour me donner du courage, sauf que la boule dans ma gorge m'empêche à deux reprises d'ingérer ma bouchée correctement. En grimaçant, j'avale ma nourriture, puis me force à regarder Elliot qui a les yeux fixés sur moi, prêt à analyser chacune de mes expressions. La sienne est attentionnée, intéressée, si douce.
— Gaëlle est allergique. Et comme elle vit chez Antoine depuis peu...
— Ah... il n'a pas traîné.
Un sourire triste étire mes lèvres.
— Je suppose que je suis vraiment une maman célibataire maintenant.
Ma blague tombe à plat et mes yeux se remplissent de larmes.
— Maïa, souffle Elliot en glissant à côté de moi. Ça va aller, OK ? me dit-il pendant que je pose ma tête sur son épaule. Tu vas t'en sortir. Tu t'en sors déjà. C'est incroyable ce que tu es en train de faire ici.
Je le sens bouger et tourner son visage vers la droite sans avoir besoin de me redresser. De là où on est assis, on peut apercevoir l'avancement de la cuisine. Le carrelage mural vert est terminé et les meubles bas ont été installés. Tout prend forme, c'est vrai.
— Ouais, enfin, tout ça, c'est grâce à mon père. Sans lui, je ne m'en sortirais pas. Je ne m'en sortais pas. Antoine l'a bien compris et c'est sûrement aussi pour ça qu'il a été voir ailleurs. Il n'arrivait pas à s'imaginer un avenir avec moi et je ne lui en veux même pas. Moi non plus, je n'y arrive pas...
Elliot se décale pour me faire face. Ses mains, fermes, attrapent les miennes, les réchauffent instantanément.
— Eh, arrête ça ! Je le vois, moi, ton avenir. Je regarde autour de nous, et je l'imagine. Toi et Clochette, ici même. Elle va gambader comme une folle dans cet appartement.
Je renifle et rigole en séchant mes larmes.
— Tu lui as fait un câlin, hein ?
— Comment résister ?
Maintenant que mes larmes ont déserté mes yeux et que je parviens de nouveau à voir Elliot, je lui dis :
— Les garçons ont vraiment de la chance de t'avoir, tu sais ?
Le rouge envahit très légèrement ses joues. Gêné, il se passe une main sur la nuque pour reprendre contenance. J'ai toujours pensé qu'il était un grand frère incroyable, mais le voir agir comme ça, avec moi, me fait prendre conscience qu'il doit être véritablement exceptionnel. Moi aussi, je l'imagine sans mal. Je cligne des paupières et me déleste de la reconnaissance qui enveloppe mon cœur :
— Depuis que j'ai quitté Antoine, tu... Merci, d'être là pour moi.
Sa main, celle qui n'a pas bougé, se resserre autour de mes doigts.
— C'est normal, souffle-t-il.
Le vert déstabilisant de ses yeux s'accroche au noisette d'une banalité renversante des miens. Les battements de mon cœur s'élancent sur un rythme différent.
— Je suis désolée, je passe mon temps à me plaindre.
Mes mains se font moites sous la sienne. Elliot ouvre la bouche, mais une sonnerie en provenance de mon téléphone lui coupe la parole. Je récupère mes doigts et attrape mon portable en détournant les yeux. Mon souffle déjà court se coupe à la vision de l'icône de l'application Tinder qui s'affiche dans ma barre de notification.
— J'ai un match.
— Quoi ?
— J'ai un match Tinder.
— Oh ! Cool !
Elliot se racle la gorge, s'empare de son burger et reprend son repas. Même si mon appétit semble avoir pris la fuite, je l'imite.
Quelles étaient les chances pour que mon seul swipe à droite devienne un match ? C'est absurde ! Ou bien, c'est le destin, me soufflerait presque la voix de Manon.
— Tu restes ici ou tu rentres chez tes parents ?
Elliot s'essuie les doigts et commence à ranger les emballages de notre dîner.
— Je vais rentrer.
— OK, je vais te raccompagner et rentrer aussi. Émilien va m'en vouloir si je le laisse toute la soirée avec Elias et Enzo.
Je hoche la tête et termine rapidement mes frites avant de prendre la main tendue d'Elliot. Il m'aide à me relever, puis se baisse pour ramasser nos affaires.
— Merci, murmuré-je à son dos.
— Y'a pas de quoi, me répond-il en prenant la direction de la sortie.
Je ne tarde pas à le suivre, non sans avoir pris la peine de dire « à demain » à mon appartement, comme s'il était un être à part entière, et moi complètement folle.
Hello 🍂
Comment allez-vous ? J'ai tenu parole ! Ça fait tout juste un mois que j'ai posté le chapitre 7 et me revoilà déjà (miracle de Noël ? peut-être bien !) !
L'écriture de cette histoire avance tout doucement... Je suis la reine des escargots 🐌
En ce moment, je suis en pleine rédaction du chapitre 14 ; j'aimerais le terminer avant fin décembre, mais vu mon rythme 🤡... Fin bon, on y croit !
Sinon, n'hésitez pas à me faire part de votre ressenti sur l'histoire de manière générale, les personnages, ou ce chapitre, en commentaire !
On se dit à l'année prochaine 🙃🎊
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