Chapitre 13

Maïa

Aujourd'hui

Cheveux attachés, manches relevées, jean retroussé, je m'active dans les étages de mon immeuble. J'ai passé l'aspirateur, la serpillère, fait les poussières sur les rampes de l'escalier. Une de mes jeunes locataires emménage aujourd'hui et je voulais que les lieux soient aussi propres que possible. Une idée stupide selon Mathias, puisque mes efforts seront réduits à néant dès l'instant où les déménageurs feront leur arrivée. Le temps n'est pas sec à l'extérieur et des traces laissées par des paires de chaussures humides recouvriront bientôt les sols que je me suis tuée à astiquer. Mais ma mère m'a toujours appris qu'il était important de faire bonne impression, alors, mains sur les hanches, je hoche la tête.

En bas, la porte de l'appartement qui fait face au mien est entrouverte. À l'intérieur, Daphné mène ses ouvriers à la baguette – une autre raison pour laquelle se démener toute la matinée était sûrement inutile.

Chez nous, Cochette gambade en toute liberté. Nous avons investi les lieux depuis plus d'une semaine maintenant et ma lapine s'y est sentie à l'aise presque immédiatement. En ce qui me concerne, je cherche encore mes marques. Je n'ai plus aussi peur de dormir la lumière éteinte, mais je vérifie toujours chaque serrure plusieurs fois avant d'aller me coucher. La journée, je m'occupe pour ne pas ressentir les effets de la solitude et bombarde mes amis de messages sans queue ni tête.

Je caresse Clochette entre les oreilles, puis me dirige vers mon canapé. Sur la table de salon, mon ordinateur en veille avec les tableaux Excel de mes suivis de compte m'attend. Pour le moment, Clochette et moi vivons de mes économies et l'argent qui me vient de mon père passe entièrement dans les travaux. Je n'avais jamais fait autant de chèques de ma vie que ces deux derniers mois ; il faut dire qu'avant septembre, je ne possédais pas de chéquier.

Je m'installe en tailleur sur mon canapé, recouvre mes jambes de mon plaid et rallume mon PC. Clochette saute à côté de moi pour m'observer de son regard dédaigneux. Je suppose qu'elle souhaite évaluer l'état de nos finances et savoir si elle aura ses carottes, topinambours, céleris, endives et autres mets délicieux, la semaine prochaine.

— Tu sais bien que je préférerais m'affamer plutôt que d'arrêter de te nourrir.

Je ne sais pas si ça la rassure, mais elle saute sur le tapis et court jusqu'à sa litière du salon pour manger son foin et faire ses crottes en même temps.

Grâce aux chèques de caution des deux studios et des loyers d'avance que j'ai encaissés il y a quelques jours, nous n'aurons bientôt plus à nous inquiéter du contenu de nos assiettes. Agacée, je vérifie à nouveau s'ils apparaissent sur l'application de ma banque. C'est bien la dernière fois que je dépose un samedi !

Le toc-toc annonçant l'arrivée de Daphné dans mon appartement me perturbe à peine. Lentement, je tourne la tête pour la regarder s'avancer d'un pas martial. Après toutes ces semaines de rénovations, la jeune femme se balade entre les logements comme si elle était chez elle.

Sans surprise, ses longs cheveux blond foncé sont retenus en chignon par un pinceau encore dégoulinant de peinture verte. L'objet pointe au-dessus de son crâne telle une antenne télescopique. Peut-être cherche-t-elle à capter le flux de mes pensées inaudibles même pour moi.

— C'est presque terminé, m'annonce-t-elle en enfonçant ses mains dans les poches de sa salopette overzise tachée de tout un je-ne-sais-quoi.

— Oh, super !

Les rouages de mon cerveau se mettent en marche. Ça veut dire que je vais devoir faire visiter un nouvel appartement, accueillir un nouveau locataire, signer un nouveau bail et, bien sûr, contacter Adam. Moi qui pensais être débarrassée de lui un petit moment. Depuis que j'ai investi les lieux, j'ai parfois l'impression que lui aussi.

— Tu viens jeter un œil et jouer les inspectrices de travaux finis ?

Je repose mon ordinateur sur la table de salon, loin des dents de ma lapine, et me lève.

— Clochette, maman revient !

La concernée, toujours dans sa litière, ne réagit pas et continue de grignoter. Ce petit monstre ne s'intéresse à moi que lorsque je lui agite des feuilles de persil sous le nez.

Daphné ouvre la marche dans le couloir jusqu'à la porte du F2. Avec la décoration de cet appartement, j'ai décidé de lui faire entièrement confiance et de lui laisser le champ libre. Voulant garder la surprise, je n'y ai pas mis les pieds depuis qu'elle et les ouvriers y ont commencé les travaux. C'est donc avec une certaine appréhension que je m'avance à l'intérieur.

— Alors, qu'est-ce que tu en penses ? m'interroge Daphné alors que nous entrons dans la pièce principale.

Je hoche la tête, choquée face à la dominance de rose. Une couleur absente de mon top des couleurs. Une couleur qui, je le découvre en visitant chaque pièce, est partout. Seules les portes, peintes en vert menthe, dénotent dans ce décor tout droit sorti de l'univers de Barbie. D'ailleurs, est-ce que Barbie est vraiment un être imaginaire ? Car, si ce n'est elle, je ne vois pas qui pourrait avoir envie de vivre ici. Charlotte aux fraises, peut-être ?

— C'est... audacieux.

Le visage de mon architecte d'intérieur se décompose.

— Tu détestes.

La culpabilité se creuse une place dans mon ventre. Très vite, j'agite les mains entre nous.

— Non ! Bien sûr que non ! C'est juste... pour les deux appartements restants, on pourrait faire plus sobre ? J'ai un peu peur que tout ce rose... Enfin, c'est très joli ! Mais ce n'est pas du goût de tout le monde.

Je déglutis et croise mes mains derrière mon dos. Si c'est ça le rôle d'un employeur, je crois que ça ne me plaît pas trop. Je préfère donner des encouragements plutôt que l'inverse.

— Très bien, souffle-t-elle, j'essaierai d'être plus subtile avec les prochains. Mais, fais-moi confiance, d'accord ? Je sais ce que je fais. Aucun homme à la masculinité toxique ne voudrait vivre ici.

J'avoue que je peux difficilement la contredire. Je suis une femme, non toxique, et je n'ai pas envie de rester ici plus longtemps.

— Enfin bref, nous devons encore vérifier deux trois trucs, refaire quelques joints dans la cuisine, puis nous passerons à l'étage supérieur.

— Parfait ! Tu me tiens au courant, ajouté-je en m'éloignant d'elle à reculons.

Une fois la porte fermée, je pousse un soupir soulagé.

— Bonjour ! s'exclame alors une voix fluette derrière moi.

Ignorant mon léger sursaut, je me retourne en affichant un large sourire. Sourire que me rend Amandine, ma jeune locataire. Un carton dans les bras, elle se dirige vers l'escalier tandis que je la salue à mon tour et lui souhaite bon courage.

Dans l'entrée, l'air coupable, Clochette s'immobilise au moment où je reviens m'enfermer chez nous,

— Qu'est-ce que tu as fait ? lui demandé-je, suspicieuse.

Bien sûr, elle ne me répond pas et s'enfuit en faisant quelques binkies le long du couloir qui mène aux chambres.

Les yeux plissés, je vérifie chaque recoin de la pièce en retrouvant ma place sur le canapé. Et parce que je n'ai aucune envie d'avoir Adam au téléphone, je décide de lui envoyer un message.

🗨Maïa
Le F2 du bas est presque terminé. Je pense pouvoir t'envoyer des photos ce soir pour le mettre en location.

Sur ce, j'attrape mon plaid avant de très vite le relâcher, car ma lapine a profité de mon absence pour faire ses besoins dessus.

— Clochette ! crié-je.

Tout en bougonnant, je vais le mettre dans la machine.

Lorsque j'arrive dans sa chambre, Clochette est allongée de tout son long sur le tapis qui recouvre le parquet en bois qu'elle adore gratter de ses griffes.

— Tu es supposée être propre, petite coquine, ne puis-je m'empêcher de sourire en prenant place à ses côtés.

Au fond de ma poche, mon téléphone vibre et me fait rouler des yeux par avance.

🗨Adam
Je passerai dans la semaine pour m'en occuper.

🗨Maïa
Tu ne me fais pas confiance ?

🗨Adam
Non.

Sa réponse me fait fulminer. Mes doigts vifs tapent alors un message très mature afin de le remettre à sa place.

🗨Maïa
😤!#%&$☠

Une fois ce problème réglé, je me penche vers Clochette pour lui faire des papouilles. Les oreilles tendues, elle et moi écoutons l'immeuble se remplir. Un sourire se dessine sur mes lèvres pendant que je réalise que ma solitude s'éloigne à mesure qu'Amandine et ses déménageurs prennent possession des lieux. Et même si plusieurs murs, portes, et autres concepts abstraits, nous séparent, je ne me sens désormais plus aussi seule.

What if I told you I'm back? 🎶

👋🏻Comment allez-vous ? Je sais, il ne se passe pas grand-chose dans ce chapitre et il est assez court, mais j'aime parfois suivre mes personnages dans leur petite vie perso, les voir évoluer et prendre des décisions sans qu'ils aient forcément plein d'interactions avec d'autres protagonistes.

Jeudi dernier - ça fait déjà une semaine !-,  j'ai vu Taylor Swift en concert pour la première fois de ma vie... C'est une artiste que je suis depuis mes 16 ans... J'ai passé la meilleure soirée de ma vie et si vous saviez à quel point j'appréhendais avec mon anxiété... mais j'ai réussi et je me suis amusée comme une folle ! J'espère qu'un jour, elle reviendra en France avec d'autres tournées tout aussi exceptionnelles que celle à laquelle nous assistons depuis des mois. Enfin bref, c'est pour ça que le chapitre de ce mois-ci arrive un peu plus tard ; j'ai eu un peu de mal à me remettre de mes émotions. La dépression post-concert frappe fort !

Je vais, vraiment, essayer, bientôt, de reprendre l'écriture sérieusement... Ces derniers mois ont été compliqués et j'ai encore quelques bas, mais j'aime trop l'écriture et cette histoire pour abandonner, alors je vais me mettre un coup de pied au ***
J'espère que cette histoire vous plaît toujours... N'hésitez pas à lâcher des petits votes ou des commentaires =)

À bientôt 🐌

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