Chapitre 56 - Coups & Coup de cœur

Je savais d'entrée de jeu que je n'aurais jamais dû y aller. Vous savez, cette petite voix qui vous parle dans votre tête quand vous vous dites "J'ai un mauvais pressentiment", c'est exactement cette situation-là que je suis en train de vivre.

J'ai un mauvais pressentiment et il ne s'est que renforcé quand mon regard a croisé celui de Laurie.

"- Tiens, tiens, tiens, ne serait-ce pas l'Acacia du jardin ?

- Tu as trouvé ça toute seule ou tu cherches depuis notre première rencontre ?"

Qu'est-ce qu'elle fiche ici déjà ? Comment ça se fait que la moitié du lycée soit dans ce bar à cet instant présent. Et où est Gaston ? Histoire que je le tue de mes propres mains.

"- Qu'est-ce que tu fais ici Acacia ? Tu viens te trouver des amis ?

- Parce que tu crois sérieusement que je vais te répondre avec ta figure plus colorée qu'un tableau de Picasso ? Sérieusement, regarde-toi. Même pas 18 ans que t'as les chevilles qui tremblent tant qu'elles te supplient de poser tes grosses fesses sur un tabouret parce que visiblement tu n'as pas l'habitude des talons hauts. Ton visage est plus peint qu'une toile, tes bijoux font plus de bruits que le grelto du collier de mon chat."

Je vois son visage, toute sa figure même se transformer. L'aurais-je vexée ? Tant mieux, c'était le but recherché.

"- Quoi ? J'ai chatouillé ton égo qui est plus gros que le compte en banque de papa et maman réunis ? Pauvre petite."

Au même instant, le temps d'un quart de seconde même pas, je l'ai vue se précipiter vers moi, le poing serré et levé. Vraiment ? Tu veux m'en coller une ? Ne sais-tu donc pas qui suis-je ?

Je me baisse et la regarde s'étaler sur la table derrière moi.

"- Oups. Raté."

Au même moment Gaston apparaît enfin dans le bar, nous dévisage et s'avance vers moi

"- On peut savoir ce que tu fais ?

- Pousse-toi, tu me gênes."

Je le décale vers le bar en le poussant légèrement tandis que Laurie revient à la charge. Cette fois, je l'aide un peu à s'étaler par terre tandis que mon pied se lève légèrement pour lui faire un croche-pied.

"- C'est que tu tombes de haut avec tes échasses. Ça serait dommage de devoir se tordre la cheville, tu ne crois pas ?

- Qu'est-ce que vous fichez vous deux ? Aidez-moi !"

Gaston s'interpose de lui-même entre moi et la fille armée d'un tabouret, l'attrapant pratiquement au vol.

"- Oh non ! Tu ne la frapperas pas avec ça. Par contre..."

D'un mouvement de la jambe, il la fait chuter devant mon visage mi impressionné et mi amusé.

"- Monsieur sait donc se défendre tout seul.

- J'ai eu un excellent professeur quand j'étais petit.

- On se demande bien qui ça peut être.

- Une fille un peu sauvage, voire carrément barbare, mais si ça t'intéresse, je te filerais son adresse.

- Oh tu sais, je pense savoir où trouver cette personne. Donc ? T'es dans mon camp ?

- Ai-je un jour cessé de l'être, dis-moi ?

- Beau parleur."

Même à deux contre trois, on eu quand même du fil à retordre avant d'entendre les gyrophares de la police arrivant au coin de la rue.

"- Vite ! Filons d'ici!"

Sans crier gare, Gaston attrape ma main et m'entraîne avec lui, dans sa course tandis que nous descendons la rue en courant jusqu'à arriver dans un parc plus loin.

"- Attends, dix secondes, faut que je reprenne mon souffle"

Ce n'est pas pour autant qu'il me lâche la main.

"- Je peux savoir ce que tu faisais pendant que je passais un coup de fil ?

- Visiblement, je me dépatouillais avec une amoureuse transie.

- Tu ne peux pas m'appeler avant de te battre avec la première venue ?

- Pourquoi je t'appellerais ?"

Jusqu'à présent, je m'en sortais plutôt bien toute seule.

"- Tu veux me faire le coup de débarquer comme un prince venant sauver la princesse en danger ? T'oublies que dans cette histoire, Gaston, je suis plutôt le dragon"

Ou plutôt l'héritière du dragon, tout dépend du point de vue.

"- Et puis tout à fait entre nous, à chaque bagarre, ma mère mettait une raclée à la tienne donc je pense pouvoir m'en sortir.

- Faut-il toujours que tu tournes autour de ça à chaque fois ? Nos parents ? On ne peut pas être Acacia et Gaston le temps d'une soirée ? Moi je m'en fou de qui est ta mère, ton père, ta sœur ou ton frère. Ce n'est pas ce qui m'intéresse ! Ce qui m'intéresse c'est toi. Acacia. C'est la personne que tu es. Ne peux-tu dont pas faire pareil pour moi ou sommes-nous condamnés à répéter les erreurs de nos parents ? Tu veux vraiment vivre dans cette boucle infernale toi?"

Au fond, je sais que Gaston a raison. Nous sommes qui nous sommes et ne sommes en aucun cas défini par nos parents. Nous ne sommes pas obligés de les suivre, de marcher dans leurs traces. On peut être "nous" à notre propre façon.

"- Mais au moins, je sais que malgré ton caractère de cochon, il y a quelque chose d'autre.

- Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Tu es venue ce soir, non ?

- Uniquement pour mettre les choses à plat avec toi. Ne va pas t'imaginer des choses farfelues.

- Je ne les imagine pas. Je sais que ces choses existent et tu sais quoi ? Je nous donne 3 ans.

- Rien que ça ? Trois ans pour faire quoi ?

- Tu le sauras le moment venu, mais en attendant, tu risques de m'avoir sur le dos Acacia Joyeau-Tagliani.

- Gaston March...Si les petits cochons ne te mangent pas, on fera quelque chose de toi.

- Moi je veux bien que tu fasses quelque chose de moi. Quand tu veux. Mon corps est prêt !

- Ahaha ! Range ton zizi mon petit."

Trois ans et puis quoi encore ? Il ne voudrait pas cent balles et un mars en plus ?

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