Chapitre 46 - Philippine vs Olivier

Être adulte c'est savoir prendre sur soi quand rien ne va dans votre sens.

Être adulte c'est ne pas insulter de "connard" ce pauvre type qui vous grille la priorité sur la route et de dire "renard" à la place quand votre enfant est à l'arrière.

Être adulte c'est ne pas faire un croche-pied à ce gamin rouquin qui vous manque constamment de respect alors que vous en mourrez d'envie.

Être adulte c'est ne pas mettre des punaises sur le fauteuil de bureau de votre collègue agaçant ou de la super-glue sur ses touches de clavier

Être adulte c'est laisser la télé aux enfants pour leurs dessin-animés alors que c'est l'heure de votre série préférée et que vous voulez TROP savoir ce qu'il se passe entre Johny et Maria. À la place, c'est Bob l'éponge et Patrick.

Être adulte c'est à prendre un mettre un code parental sur certaines chaînes de la télé, et sur l'ordinateur tant qu'on y est.

Être adulte, c'est aussi aller au boulot alors qu'on a 40° de fièvre et qu'on est à l'article de la mort. Ah non, pardon, autant pour moi...Ça c'est être une femme pendant que Monsieur se dit "mourant" dès que son nez coule un peu.

Et surtout, surtout, être adulte, c'est....

"- CASSEZ VOUS DE LA PISTE BANDE DE PETITS MERDEUX !"

Partagez la piste pour descendre en luge, faisant exprès de pousser tout le monde pour y arriver la première.

"- Philippine...

- Quoi ?

- Tu sais, ils offrent les cours de ski exceptionnellement, tu pourrais en prendre et venir avec moi.

- Non merci, je ne prends aucun risque. Tu vois Olivier, être adulte, c'est savoir être raisonnable ! Et je ne tiens pas à finir comme Schumachrer et avoir un accident de ski.

- Dit-elle en poussant les gamins du coin...

- T'as dit quoi là ?

- Rien, rien."

Skier. Non, mais, et puis quoi encore ? Le Ski c'est nul et si c'est pour se balader les pattes écartées toute la journée pour prendre le tire-fesse, non merci. Je suis bien avec ma luge.

"- Eh bien alors Philippine, on reste dans la cour des petits ? La cour des grands t'effraie un peu trop peut-être ?

- Tout ce qui est grand chez toi, Judith, c'est ta gueule. J'espère que ça ne va pas être trop dur pour toi en montagne. Tu vas devoir la fermer souvent pour ne pas nous déclencher une avalanche sur la tronche. D'ailleurs, tu entends ?

- Non, quoi ?

- Voilà, c'est le bruit du silence quand tu ne parles pas. Allez, va patiner plus loin."

Je me demande s'il est également possible que Judith se perde en montagne et qu'elle se fasse manger par l'abominable homme des neiges.

Ouais, je devrais rajouter ça sur ma liste de vœux au Père Noël.

" Cher Papa Noël,

Cette année encore, je n'ai pas été très sage, mais j'ai été gentille ! Donc pour Noël, je souhaiterais que Judith disparaisse de la surface de la Terre !

Voilà c'est tout pour moi. J'espère ne pas trop t'en demander Papa Noël, je sais que tu es très occupé à fricoter avec Maman Noël pendant que tu exploites les petits lutins.

ESCLAVAGISTE !

Bisous bisous,

Philippine"

Autrement, plus loin, nous avons Acacia traînant dans la poudreuse le corps de Gaston.

"- Olivier...Tu crois qu'on devrait s'en inquiéter ?

- Mais non ! Laisse la jouer ! C'est comme quand elle était petite et qu'elle enterrait ses Barbies dans le parc."

J'avoue que cette période de l'enfance d'Acacia nous a fait pas mal flipper. On s'est posé énormément de questions sur son éducation, sur ce que l'on avait dû raté et tout ça, puis finalement, en lui posant la question sur le comment du pourquoi, Acacia avait décrété que ses poupées étaient comme des squelettes et qu'elle s'entraînait à devenir archéologue.

C'est sûrement pour ça qu'à 12 ans, elle nous a demandé un fouet pour son anniversaire. On n'aurait jamais dû la laisser regarder Indiana Jones.

"- Acacia ma chérie ! Fais attention, je crois que le cadavre bouge encore"

Je ne sais pas ce que je trouve le plus inquiétant, le fait qu'Acacia ait plus de force que Gaston ou qu'elle soit simplement en train de le traîner par terre comme si de rien n'était sous les regards d'une dizaine de personnes complètement choqués.

Pourquoi être normal dans cette famille ?

Timéo nous rejoint en pointant du doigt la scène

"- C'est normal ?

- Totalement.

- Et vous ne dites rien ?

- Non. Pourquoi ? On devrait ?"

On les regarde, prit d'une certaine affection devant cette scène où Gaston tente de se défaire, allant jusqu'à plaquer notre fille au sol. Ils se roulent dans la neige, se chamaillent, se jettent des noms d'oiseaux à la figure.

"- Ah, ça me rappelle son jour de rentrée en sixième, où elle a massacré un troisième."

Sa première vraie bagarre. Acacia, dix ans, terreur des cours de récré !

"- Et vous deux, du coup ? Vous allez faire quoi ?"

On se regarde avec Olivier et soudain, l'envie lui prends de démarrer une bataille de boules de neige.

"- Moi aussi j'ai envie de me chamailler !

- Arrête, c'est plus de ton âge ces conneries. Tu vas te faire mal.

- Ah ouais ?

- Si je te le dis. Faisons un pari pour pimenter la chose.

- Ouuuh ! J'aime quand tu me donnes chaud.

- Si je gagne cette bataille...Tu m'épouses."

#M.D.R

"- Olivier, t'es sérieux ?

- Non, mais laisse-le Timéo, j'ai déjà eu trois demandes du style "T'es où ? - Aux toilettes - Tu fais quoi ? - Caca ? - OK, cool épouse-moi !"

- T'es vraiment bizarre comme type ! Parfois j'ai honte d'être ton frère. Demande une femme en mariage aux toilettes ?

- Elle l'a mal raconté ! À la base elle avait plus de papiers pour s'essuyer, donc je lui ai dit, "Faisons un deal, je te donne le rouleau et tu acceptes ma proposition"

- Et du coup ?

- Du coup, je me suis levée du trône et je suis partie à la douche me laver. Papiers ou pas. Rien à foutre !"

Timéo explose de rire sous le regard dès plus embarrassés de son aîné. Parce qu'il croit vraiment qu'il peut négocier avec moi ?

Voyons...Qui suis-je enfin ?!

"- Bon, t'acceptes alors ?

- Le jeu ou ta proposition ?

- Les deux !

- Le jeu d'abord, y'a aucune chance que tu me battes à une bataille de boules de neige, je suis genre médaillée olympique de ça !"

Ça, et faire la sieste, entre autres.

"- Je vais te faire mal poupée !"

Euh non...ça par contre, on aurait dit une vieille réplique piquée à je ne sais quel roman cochon de basse littérature.

"- T'as raison, l'espoir fait vivre ! Allez, viens voir maman !"

Baisse ton caleçon, aujourd'hui, je te donne une leçon !

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