Chapitre 37 - Bon appétit bien sûr !
Toute mon enfance j'ai redouté ce que l'on appelle les "repas de famille" et vous savez pourquoi ? Parce que c'est chiant ! Voilà ! Il est temps qu'on se le dise, arrêtez d'inviter 14 personnes quand votre table peut n'en tenir que 4 bordel ! Petite, je n'ai jamais compris cet espèce de délire qu'avait les adultes de faire manger les enfants....à la table des enfants et en plus AVANT eux. Pourquoi vous nous faites ça ? On n'est pas assez bien pour manger avec vous ? Non ? C'est quoi votre souci ?
En plus la "table des enfants", c'est clairement pas une "table" c'est un zoo. Un parc animalier. Oui, oui. Il y a ce cousin un peu trop bizarre qui en petit apéritif se mange ses crottes de nez histoire de bien vous dégoûter avant. Il y a cette cousine maigre comme un cure-dent qui mange comme un ogre. Cet autre cousin qui se sert avec les mains, ce petit cousin qui fait la gueule sur ses haricots parce que c'est "vert", cette petite cousine qui fait la princesse et qui attend que vous la serviez et lui coupiez sa viande, tandis que tous les autres sont déjà en train de manger avec leurs doigts d'un air de dire "Les couverts ? Pour quoi faire ?"
Et au milieu de tout ça, il y a vous. Ni adulte. Ni enfant. En fait, vous êtes la baby-sitter du repas. Vous supervisez la table des petits et dès que ça part un peu trop de travers, ça tombe sur vous.
Un autre truc que je n'ai jamais compris, mais qui fonctionne pour chaque repas où l'on reçoit du monde, notamment c'est : Le grand ménage.
Les gens ont un gros problème avec ça. Dès que quelqu'un vient chez eux, il faut absolument tout laver, sortir les grands plats, les assiettes du service, les couverts en argent ! Tout !
Arrêtez bon sang ! On vous connaît ! Quand on passe à l'improviste chez vous, c'est toujours le bordel, c'est sens dessus dessous, y'a des jouets qui traînent partout dans le salon, y'a votre mari qui se balade en slibard en se grattant les cacahuètes et qui dit "Faites comme si je n'étais pas là" ou..La phrase fétiche "Fais comme chez toi."
Si je dois faire comme chez moi, pourquoi tu me regardes bizarrement dès que je mets mes pieds sur le repose-pied hein ? Ah pardon, c'était le chien.
"- C'est bon, on reçoit pas le Président non plus, c'est quoi votre problème ?
- Acacia, si ça ne tenait qu'à moi, je sortirais le matériel de camping et on mangerait avec des couverts en plastique, mais ton père nous a demandé de faire un "effort".
- Et depuis quand tu l'écoutes papa ? On sait pertinemment que mamie va nous gonfler les ovaires toute la soirée à faire des réflexions, que ça va t'énerver, que vous allez vous disputer et que je finirais dans ma chambre.
- Y'a des chances...
- On pouvait très bien commander une pizza genre avec anchois.
- On a déjà un thon qui vient nous rendre visite.
- Pas faux. Des fois je me demande si papa n'a pas été adopté.
- Vous savez ce qu'il vous dit l'adopté ? Je vous entends toutes les deux depuis tout à l'heure ! Aucun respect."
Je ne dirais pas que mon respect pour ma pseudo belle-mère est inexistant, mais c'est tout comme.
"- D'ailleurs, ils ne devraient pas tarder. Acacia, va t'habiller.
- Pourquoi ? Je ne suis pas à poil là.
- Tu ne vas certainement pas rester en brassière devant tes grands-parents.
- Et pourquoi pas ? C'est bon, ta mère elle a connue l'époque de la mini-jupe et de tous les grands changements vestimentaires, on ne va pas la brimer parce qu'elle porte une brassière. Puis de toute façon...Elle n'a rien à montrer alors...
- C'est bon ! Je vais mettre un tee-shirt."
C'est trop facile.
Quelques minutes plus tard, Olivier part ouvrir la porte à ses parents tandis que je me cache allégrement dans la cuisine et Acacia dans sa chambre.
"- Acacia ! Tes grands-parents sont là.
- J'arrive !
- Philippine, tu ne fais pas exception.
- Je surveille le repas ! Ça serait dommage que le poisson grille..."
Je m'avance dans le salon et vois Colette et Yves me faire de grands sourires
"- Philippine. Tu as l'air...
- Radieuse ? Oui je sais.
- Non, j'allais dire fatiguer. Ce n'est pas comme si tu faisais grand chose pourtant."
La connasse.
Honnêtement, j'ai fait de gros efforts depuis la naissance d'Acacia et j'ai supporté beaucoup de choses pour Olivier, mais si elle commence, il est hors de question que je me retienne.
"- Oh Acacia ma petite ! Viens me faire un bisou.
- Ça équivaut au baiser du kraken...
- Acacia !"
Good job mini moi !
"- Dites donc mamie, tu as plus de rides que la dernière fois, la vieillesse ne te réussit pas.
- Que veux-tu ? L'âge ne nous réussit pas à tous.
- Si, au vin ça lui va bien. Mais pas à toi visiblement.
- Acacia !"
Je me retiens d'éclater de rire pendant qu'Olivier fronce les sourcils en me fusillant du regard. Il va certainement me dire qu'elle a trop pris de moi, mais qu'est-ce qu'il veut que je lui dise ?
"- Bon, passons à table. Acacia, Philippine, vous m'aidez à amener les plats à table ? On revient."
Il nous attrape toutes les deux et ferme la porte de la cuisine derrière Acacia
"- Vous n'allez pas commencer toutes les deux ! Je vous préviens...Acacia, ce sont tes grands-parents, donc ton petit rôle d'ado rebelle, tu te le gardes pour toi, compris ?
- Il faut bien que quelqu'un défende maman dans cette famille étant donné que tu ne vas rien dire, comme d'habitude.
- Acacia...Laisse ton père et moi régler ce genre d'affaires. Et puis tu sais, j'ai peut-être vieilli physiquement, mais mentalement, j'ai toujours 20 ans. Prends-en note.
- Arrête de lui dire de suivre ton exemple ! Regarde ce que ça donne.
- Quoi ?Tu veux qu'elle prenne le tien peut-être ? Excuse-moi, mais je n'ai pas envie que ma famille devienne un chamallow plus tard. Tu sais, je trouve vraiment que tu manques de répondant par moment Olivier. Ok, ce sont tes parents, mais là, clairement, tu n'as pas bronché quand ta mère m'a lancé sa pique à la tronche. Tu vois, tu t'étonnes que je refuse toutes tes demandes en mariage, mais j'attends juste de voir le Olivier que j'ai aimé jadis revenir. Cet homme qui comparait aussi bien mon nom qu'à mon comportement."
Depuis trop longtemps, Olivier a agi en passif. Sans rien faire. Sans trop rien dire sauf si je le regardais ou si je le lui demandais. Il s'est contenté de rester dans mon "ombre" si je puis dire, à me laisser essuyer toutes les tempêtes, seule.
Passant à table, Acacia se met à côté de son grand-père avec qui elle discute de sa vie de lycéenne tandis que je fais le service.
"- Je ne savais pas que tu savais cuisiner Philippine ! J'espère que le plat est à la hauteur de l'odeur !
- Il faut parfois se méfier de ce que l'on sent. La preuve, vous embaumez toute la maison avec votre parfum ....Brise d'anus de chez PQ ?
- Philippine !
- Je vais faire comme si je n'avais rien entendu. Qu'est-ce donc ?
- Du vivaneau avec une sauce au gingembre ?
- Du gingembre ?
- L'épice Colette, vous savez, c'est connu pour être un excellent aphrodisiaque. Le petit frère d'Olivier est un peu...En panne en ce moment.
- Quoi ? Mais pas du tout ! Je n'ai pas de baisse de régime !
- Votre assiette Colette ?"
J'attrape alors la spatule posée derrière moi et commence à la servir en premier.
"- Philippine...Cette spatule...
- Oh. Mon erreur. J'avais oublié qu'elle nous avait particulièrement bien servi hier soir.
- C'est dégoutant ... Vous faites l'amour dans la cuisine ? Là où je prends mon petit-déjeuner tous les matins ?
- Si tu savais Acacia...Si tu savais...
- Aaaah !"
Oh ça va hein !
"- Bon, sur ce, bon appétit hein !"
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