Chapitre 30 - Round n°1
Tu vois Philippine, réfléchir n'est pas ton fort et avoir de "bonnes idées" n'est décidément pas ton truc, car qui aurait estimé que réunir Judith, Timéo et Olivier dans une même pièce était un choix judicieux ? S'ils avaient 15 ans de moins, ils se taperaient certainement dessus à l'heure actuelle.
Alors que tous les regards se braquent vers moi, attendant ma réplique ou ne serait-ce qu'un rictus de ma part, je tente difficilement de trouver une solution à ce merdier sans nom.
Quelque chose qui mettrait tout le monde d'accord.
Un moyen de régler ce conflit de manière simple et efficace.
"- Ok, j'ai une idée.
- Ah parce que ça t'arrive de réfléchir ?"
Je me retourne vers Timéo qui rit doucement dans son coin. Crois-moi coco, qui rira bien, qui rira le dernier.
"- Tu vois Olivier, je savais que tu avais soif d'amour, mais de là à te jeter sur la première cruche...Tu me déçois."
Et Judith qui renchérit par-dessus le marché.
Ils m'épuisent. Tous autant qu'ils sont.
"- Vous ne pouvez pas vous taire cinq minutes et m'écouter au lieu de brasser de l'air inutilement ? Si j'avais voulu avoir une discussion avec des ventilateurs, je serais allée à Carrefour.
- D'abord, j'aimerais proposer mon idée, s'exclame Judith en se levant de sa chaise
- J'ai pris la parole en première rouquine démoniaque
- Et je te l'ai coupée, donc elle me revient.
- Je te l'ai reprise.
- Mais je la garde.
- Bon les filles, venez en au fait, parce que tout ceci commence sérieusement à me donner la migraine, soupire Olivier.
- L'excuse de merde. C'est aussi ce que tu me disais quand on était au lit "Pas ce soir, j'ai mal à la tête."
Devant une telle révélation, je fusille Olivier du regard qui se contente tout bonnement de fuir. Lors de rares moments, j'oublie cinq minutes que Judith est son ex.
Effectivement, quelle idée stupide que de l'avoir invitée sous mon toit.
C'est un peu comme si Dumbledore invitait les Détraqueurs à Poudlard. Tu m'étonnes que le petit Potter fasse la gueule.
Sauf qu'Harry Potter, lui, il a appris le sort "Ridiculus". Moi, ma baguette magique c'est ma langue et je ne vais certainement pas rester là sans rien dire.
"- Tu sais ce que l'on dit aux femmes Judith ? "Sois belle et tais-toi". Faute d'être belle, peux-tu au moins te taire ?
- Ne me dis pas que tu es jalouse Philippine ? En même temps, je ne peux t'en vouloir.
- Je ne suis pas jalouse non, pour être jalouse il faudrait que je puisse t'envier quoi que ce soit et ce n'est clairement pas le cas, car tu vois, avec moi, il n'a jamais eu "mal à la tête" !
- Sérieusement, vous ne pouvez pas parler cul ailleurs?"
Timéo, le prude, toujours à intervenir au mauvais moment
"- Dit-il alors qu'il parlait de faire Supercoptère avec son zizi tout à l'heure. Toi, tu n'as rien à dire.
- Moi je propose qu'on règle ça comme des adultes."
La dernière phrase d'Olivier nous stoppe nettement dans nos échanges alors qu'on se retourne vers lui. On sait très bien ce qu'il veut dire par "réglons ça comme des adultes" et ce que cela implique.
"- À mon signal."
Main dans le dos, fusillant le voisin du coin de l'œil.
"- Pierre...Papier...Feuille...Ciseaux !"
Timéo : Feuille
Olivier : Ciseaux
Philippine : Pierre
Judith : Ciseaux
La pierre cassant le ciseau, mais se faisant enrouler dans la feuille...Timéo gagne.
"- Alors les aînés, on se la ramène moins maintenant hein ?"
Il éclate de rire tandis qu'Olivier se permet une frappe derrière la tête
"- Allez accouche. On ne va quand même pas y passer la journée !
- Attends ! Je savoure un peu ce moment où comment l'étudiant mets les adultes au tapis. Ah joie et satisfaction !
- Ma satisfaction n'en sera que plus grande quand je t'en aurai collé une !
- Pas frappé ! Tu n'as pas le droit ! C'est moi qui ai gagné!"
En attendant, je vais aller faire du thé moi.
"- Philippine où est-ce que tu vas ?
- Prendre l'air ! Vous me fatiguez. Tous autant que vous êtes.
- T'es mal placée pour nous dire ça.
- Attends j'arrive !"
Olivier me rejoint dans la cuisine, prenant soin de refermer la porte derrière lui.
"- Tu fais une mi-temps à toi toute seule ?
- Je savais que t'allais me suivre de toute façon. Dis-moi, tu crois vraiment que cette...réunion ou quelque soit son nom, va aboutir à quelque chose ?
- Honnêtement ? J'en doute. Je veux dire, Judith et toi, vous ne savez pas vous parler sans vous agresser. Timéo ne supporte pas Judith. Judith a une dent contre moi depuis bientôt 7 ans, juste pour t'avoir choisie à sa place. Franchement Philippine, tu vois le tableau ou...?
- Je pensais que comme il était question d'Acacia et de Gaston, que ça irait, mais il faut croire que les querelles ont la peau dure. Sachant qu'aucun de nous ne fera le premier pas.
- Ce n'est pas qu'on ne le fera pas, c'est qu'on se connaît assez tous les quatre pour savoir qu'aucun de nous ne pourra mettre son égo de côté. Je veux dire, après tout ce temps ?
- Tu sais ce que tu as à faire si tu veux que ça marche.
- Me plier et dire "amen" à Judith ? Non merci.
- Dans ce cas, je crains que tout ça ne mène à rien."
Alors qu'Olivier s'avance pour me prendre dans ses bras, Timéo bondit dans la cuisine nous surprenant sur le fait.
"- Je le savais ! Vous vous fricotez derrière notre dos.
- Ouais et alors ?"
Il m'embrasse, me prenant presque par surprise sous le regard dégoûté de Timéo
"- Salade de langues...Beurk.
- Ça va être l'heure, rends-toi utile comme oncle et va chercher ta nièce à l'école.
- Pourquoi moi ?
- Parce qu'on l'a décidé. Allez, va."
Se retrouvant de nouveau seuls, Olivier profite de ce bref instant avant que Judith n'intervienne à son tour.
"- Est-ce que j'interromps quelque chose ?
- Oui !
- Tant mieux. Je vais chercher Gaston à l'école. Je pense qu'il vaut mieux discuter de tout ça plus tard. Visiblement, aujourd'hui fut une perte de temps. Merci Philippine. Comme d'habitude, ton inefficacité est sans égale quand il s'agit de prendre des décisions.
- Pardon, tu disais ? Je ne t'ai pas écoutée comme je te pensais déjà partie, mais visiblement tu es encore là. Mince.
- Je m'en allais justement !
- Tu vois Judith, ce qui est remarquable c'est que ta bouche est comme la porte, on peut la fermer."
Olivier pouffe de rire en se tournant tandis que Judith claque la porte de la cuisine.
"- Tu vois, c'est ça que j'aime chez toi.
- De quoi ?
- Tu trouves toujours un moyen de rebondir sur tes pattes. Une phrase. Un mot. Je me suis souvent demandé comment tu faisais d'ailleurs.
- Je n'en sais rien. Je trouve que je me suis calmée depuis le temps. Il faut dire que je n'ai plus cette vieille Madame Roland pour me les briser et mon quotidien c'est vachement amélioré depuis ...Acacia et toi.
- A-t-on transformé la légendaire Philippine ?
- Légendaire ? Je n'en sais rien, mais sans doute, oui. Je ne peux pas rester aigrie toute ma vie.
- Si seulement notre fille peut hériter ça de toi, je pense que je n'aurai aucun souci à me faire."
Soudain, le téléphone portable d'Olivier se mit à sonner et il me montre l'écran. Un appel de Timéo.
"- Quand on parle du loup...Allô ? Hmm...Qu'est-ce qu'il y a ? Quoi ?! J'arrive ! Ne bouge pas!"
Il raccroche, enfourne le portable dans la poche de son jean et m'attrape la main, m'entraînant dans sa course
"- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Acacia ne peut pas sortir de l'école, convoquée chez la directrice.
- Encore ?! Elle a un sérieux problème cette bonne femme."
On se précipite à l'école, retrouvant Timéo et la maîtresse d'Acacia sur le parking.
"- Vous venez de rater Judith de peu.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où est ma petite fille ?
- Votre fille, Madame Tagliani, s'est battue avec une CM2 ! C'est inadmissible !"
Et ? Elle a gagné, j'espère.
"- Déjà qu'elle a un tempérament difficile pour une enfant de son âge, nous ne pourrons tolérer son comportement plus longtemps dans notre école."
C'est juste que votre école ne mérite pas un petit bout aussi charmant et plein de vie que mon bébé.
En entrant dans le bureau de la directrice, j'aperçois Acacia assise dans un fauteuil, la mine boudeuse.
"- Ah ! Monsieur Joyeau et Madame Tagliani. Ça faisait longtemps, je vais finir par croire que c'est un rendez-vous hebdomadaire que nous avons.
- On peut savoir ce qu'il s'est passé ?
- Acacia ? Pourquoi ne raconterais-tu pas toi-même à tes parents ?"
Tel un boulet de canon, elle nous arrive dans les bras, pleurant toutes les larmes de son corps.
"- C'est Célestine ! Elle est venue m'embêter encore !
- Ce n'est pas ce que la maîtresse m'a dit Acacia, ne mens pas à tes parents.
- Je vous jure ! Elle a dit que ma maman était une ratée et que de toute façon, l'entreprise de papa allait couler sans sa maman. Que papa était un bon à rien."
Oh.
"- Donc, tu as fait quoi ? Tu l'as frappé ?
- Je lui ai juste tiré les cheveux en lui disant que c'était pas vrai. Que c'était une menteuse.
- C'est rien...Regarde papa et maman vont bien et tu sais quoi ? T'as bien fait !
- Madame Tagliani je ne vous permets pas d'encourager la violence chez votre fille.
- Philippine, prend Acacia et attendez-moi à la voiture."
Olivier l'attrape dans ses bras et la rassure avant de me faire la passe. C'est rare que ce soit lui qui se mêle de ça. D'habitude, c'est moi qui passe pour la maman diabolique.
"- Tu me vends du rêve aujourd'hui, toi.
- J'essaye d'être l'homme de tes rêves exceptionnellement.
- Ouuuh Olivier Joyeau ! Je ferais bien un petit frère à Acacia ce soir.
- On verra ça dehors. J'arrive hein."
Je sors du bureau en câlinant ma fille au nez plein de morve.
"- Vas-y souffle dans le mouchoir. Maman t'aime bien, mais elle aime aussi son pull sans trop de morve.
- Il va faire quoi papa ?
- Il va défendre sa princesse !
- C'est pas maman sa princesse ?
- Maman c'est sa reine, toi, tu es sa princesse."
Elle me regarde alors avec de gros yeux brillants et un grand sourire
"- C'est vrai que je vais avoir un petit frère ?"
Alors, comment te dire...
"- Tu sais ma chérie, quand quelqu'un t'embête, il ne faut pas que tu frappes la personne. Ça laisse des traces et après on peut t'accuser. Tu peux avoir des problèmes, comme là.
- Alors, je fais quoi ?
- Tu te rappelles de ce que maman t'a appris ?
- Je dois faire comme toi ?
- Tout comme moi !"
Et ça tombe bien, car quand on parle du loup, on en voit le bout de la queue. J'aperçois cette pouffe de secrétaire sur le parking, venue récupérer sa fille
"- Philippine...Je vois que votre fille a sérieusement un problème. Une défiance mentale héritée de sa mère peut-être ?
- Acacia, qu'est-ce que tu as à dire à Célestine ?
- Ah des excuses ! Enfin un peu de bon sens !"
Je regarde Acacia gonfler ses petits poumons d'air comme si elle s'apprêtait à lui crier dessus.
Mais non.
"- Ta maman c'est Super-Mario ! Elle saute pour avoir des pièces."
Tope la mon bébé ! Un point pour toi.
Ça, c'est ma fille
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J'avoue je me suis un peu lâchée sur ce chapitre sur la longueur, mais Acacia n'en méritait pas moins de ma part ! Cette petite va devenir un génie du mal sur le long terme et j'ai vraiment hâte de la faire évoluer et de la voir grandir également ! Avec des parents comme les siens de toute façon...
En tout cas, l'affaire "Célestine" n'en reste pas là et vous allez découvrir ce qui se prépare sur le chapitre suivant !
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