Chapitre 3 - Le côté obscur de la belle-famille
"- Soyons fous Philippine...Épouse-moi."
Je me suis redressée, cheveux devant les yeux, en me disant que je verrais une lueur lubrique dans les siens ou un quelconque petit sourire sournois. Un de ces sourires qu'il a constamment quand il me charrie et me taquine.
Mais rien. Je n'ai rien trouvé de tel.
Je n'ai rencontré qu'un regard sérieux. Pétillant, mais vrai.
Authentique.
"- Attends, attends, attends...C'est pour de vrai ?
- Bah oui pourquoi ?
- J'sais pas, les gens font ça au restaurant ou dans un endroit super romantique et toi, tu me demandes ça alors que t'es en train de faire l'otarie sur mon tapis à moitié nu. Bonjour le romantisme !
- Du coup, tu n'as pas répondu à ma question.
- Entre nous, c'était plus un ordre qu'une question.
- Pas faux."
Il se redresse à son tour, nous coupant alors dans nos ébats d'il y a quelques secondes à peine.
"- Attends, tu vas vraiment chipoter sur ça ?
- Hé ! Tu veux épouser la femme extraordinaire que je suis oui ou merde ?
- Du coup, là c'est toi qui viens de me poser la question. Dois-je comprendre que tu me demandes en mariage aussi ?"
Vraiment ? Tu veux jouer sur les mots alors que clairement la situation ne se prête pas à ça. Pourquoi n'est-on pas foutu d'être sérieux dix secondes ?
"- Bon, fait ça bien.
- Tu veux que je mette un genou à terre et tout le tralala ?
- Tu crois quoi ? Qu'une demande en mariage ça arrive tous les jours ? T'es le premier et tu seras sûrement le dernier si tout se passe bien.
- Comment ça "si tout se passe" ?
- Bah j'sais pas...Imagine tu meurs en route.
- Ah oui, j'oubliais que tu voulais me tuer pendant notre lune de miel pour toucher mon assurance vie. Je te préviens, je suis plus coriace qu'un cafard !
- Dit-il alors qu'au moindre rhume, il est à terre en se disant "mourant"
- J'avais vraiment de la fièvre la dernière fois !
- T'avais 38° ! C'est pas la mort ! Femmelette."
Ces hommes, je vous jure. Depuis la nuit des temps ça nous considère comme le "sexe faible", mais honnêtement, je crois qu'il faudrait leur rappeler que du haut de leur mètre quatre-vingt, ils font moins les malins dès qu'ils sont blessés ou malades.
"- Donc ? Revenons-en à nos moutons tu veux bien ?
- C'est toi qui t'éparpilles ! Mr Cailloux !
- Tu me déconcentres !
- Pourquoi ? Parce que je suis pratiquement en tenue d'Ève ? Oh tu sais, si ça ne tenait qu'à moi, on vivrait au Royaume des nudistes.
- Philippine concentre-toi bon sang !
- D'accord. Pardon."
Il se racle la gorge et pose ses deux mains sur mes épaules. Je le sens trembler c'est mignon. Au final, son cerveau est certainement en position fœtale dans sa tête tandis que le mien pourrait facilement danser la rumba toute la nuit sans aucun souci.
"- Faisons ça bien, veux-tu ?
- Vas-y, prends ton temps, respire, souffle et pète un coup et lance-toi !
- Tu ne m'aides pas vraiment...
- Tu exagères, y'a dix secondes on s'apprêtait à faire l'amour et tu m'as dit "Épouse-moi" avec une facilité déconcertante et maintenant qu'on se regarde dans le blanc des yeux, t'es coincé ?
- Tu parles de ça comme si j'avais une panne sexuelle. Ça ne m'est jamais arrivé pour info !
- Je suis bien placée pour le savoir, merci.
- Tu sais quoi ? T'as raison."
Il se lève, ramasse sa chemise et s'assoit sur le canapé, prenant sa tête entre ses mains.
"- Je devrais faire ça bien."
Il paraît déçu. Il s'attendait sérieusement à ce que je dise "oui" ? Là comme ça ?
Tu m'as prise pour une héroïne de roman d'amour toi ou quoi ?
"- Déjà, tu devrais rencontrer ma famille."
Hein ?
"- Ta famille ? Je connais ton petit frère.
- Je te parle de mes parents. Tu n'as jamais rencontré mes parents.
- Je connais ta grand-mère...C'est pas suffisant ?
- Philippine...Aurais-tu la trouille ?
- Moi ? Pas du tout !"
C'est juste que j'ai encore du mal à dresser Joyeau junior, alors rencontrer les géniteurs de ces deux monstres...Je me suis juste toujours posé des questions sur eux. À quoi ils ressemblaient ? De qui Olivier tenait le plus ? Quel genre d'enfant il a été ? Je veux dire, il ne m'en a jamais vraiment parlé et je ne lui ai jamais ouvertement posé la question non plus.
"- On pourrait aller dîner chez eux demain.
- Demain ? Attends, attends, attends...Demain c'est...Demain on a du boulot Olivier ! Enfin, moi j'en ai du moins. Je dois rencontrer un client et j'ai un dossier pour le marché philippinien à conclure.
- Et si ton patron te donne ta soirée ?
- Mon patron a beau ressembler à Chris Pratt, honnêtement, ça me ferait mal au cœur de délaisser mes clients ! Ça ne me ressemble pas.
- Avoue-le Philippine.
- Quoi ?
- Tu te cherches une excuse.
- Pas du tout !
- Ok, dans ce cas, je t'aiderais et si on arrive à partir plus tôt, on ira là-bas."
Il ne lâche pas l'affaire en plus.
Attends, je ne suis pas prête moi ! Tu as pensé à moi un peu ? Non ? Alors pouet !
"- A-t-on un marché ?
- D'accord...Deal. Si on finit tôt, on ira."
Je n'aurai jamais dû serrer sa main en guise d'accord. Je savais d'avance qu'il allait me la faire à l'envers.
Et c'est ce qu'il fit. Il donna la majorité de mes dossiers "urgents" à Cindy et me prit par la main en m'entraînant en dehors de l'immeuble.
"- Tu abuses ! Je refuse que cette pu...punaise s'occupe de mes affaires !
- C'est de l'administratif qu'il reste à faire et te fous pas de ma gueule, j'ai vérifié pendant que t'étais en pause pipi.
- Tu m'espionnes ?
- Non, en tant que ton supérieur, je me dois de superviser ton travail donc j'ai jeté un œil à la majorité de tes dossiers et la plus part étaient bouclés. C'est plutôt toi qui te fiches de moi. Qu'est-ce que tu redoutes ? Qu'à peine arrivée ma mère se jette sur toi et te cuisine aux petits oignons ?"
J'avoue que l'image de l'ogre m'est passée par la tête quand j'étais aux toilettes justement.
"- Et Timéo ? Il ne vient pas ?
- Il dort chez son pote. Alors, ça ne sera que toi, moi et eux.
- Cool...
- Un peu plus d'enthousiasme la prochaine fois."
De la part du gars qui a acheté la majorité des appartements de mon immeuble, je ne fus pas surprise par la taille de sa maison d'enfance et du grand jardin tondu devant.
Rien que le quartier aurait pu servir de décor à "Desperate Housewives". C'est une blague, j'espère ?
Quoique la mère d'Olivier pourrait être Bree.
"- Viens, c'est là."
Il se gare dans l'allée d'une maison et entre directement dans la maison, sans même prendre la peine de frapper ou de sonner.
"- C'est nous !"
C'est toi ! C'est toi tout seul ! Moi je ne fais que t'accompagner de force.
"- Oh déjà ? Vous êtes arrivés tôt !"
Deux silhouettes sortent alors de la cuisine et s'arrêtent devant nous. Ils me regardent.
Ou plutôt, ils me scannent des yeux. De la tête aux pieds et vice versa. C'est désagréable.
"- Tu dois être Philippine ?
- Enchantée...
- Philippine ? Mais oui ! T'es la petite gamine bizarre qui jouait avec les escargots dans le quartier !"
Alors, je ne "jouais" pas avec, mais je les sortais du trottoir pour éviter que les gens leur marche impunément dessus.
Que voulez-vous, j'aspirais à être comme Brigitte Bardot sans la chirurgie esthétique.
"- Timéo avait raison à ton propos ! Tu es assez banale comme fille en fait.
- Maman !
- Quoi ? Je veux dire, elle n'est pas spécialement jolie. Judith était jolie elle."
Vas-y "maman" tourne le couteau dans la plaie.
"- S'il te plaît, fait un effort. Sinon je repars."
Fais diversion Philippine ! Change le sujet de conversation.
"- Oh ! Vous avez un bien beau salon ! Il est grand et spacieux. L'espace en trop c'est pour ranger l'égo de madame, non ?"
Et toc ! Prends-toi ça dans les dents vieille maman !
"- Vous avez un certain...humour à ce que je vois.
- Il ne peut-être apprécié que par les esprits les plus aiguisés voyez-vous ?
- Votre verve cacherait-elle un manque de confiance en vous ? Je vous comprends, cela ne doit pas être évident de passer après elle.
- Vous savez au début je vous pensais sincèrement que vous étiez une bonne maman...Un peu comme un de ces pots de confiture, mais vous êtes juste aussi amer qu'une marmelade bon marché.
- Je croyais être à votre niveau pourtant?"
Timéo tiens définitivement de sa mère tandis que le côté silencieux et "je ne dis rien, je ne vois rien" d'Olivier vient sûrement de son père vu comment ces deux-là on l'air de se mettre en retrait.
"- À mon niveau ? On est jeune qu'une fois madame, inutile d'acheter de l'anti-âge pour rajeunir. Est-ce une ride au milieu de votre front ou le fossé du Grand Canyon?
- Quoi ?"
Elle se précipite dans le couloir tandis que je souris malicieusement dans mon coin.
"- Philippine...Fais un effort !
- Non laisse la ! Moi je l'aime bien ! Bien jouée poulette ! Viens donc avec moi, je vais te servir quelque chose.
- Au moins un homme utile dans cette maison ! Je vous suis Monsieur Joyeau.
- Oh tu peux m'appeler Yves."
Yves ?
"- N'y pense même pas Philippine !"
C'est trop tentant !
"- J'ai l'habitude d'appeler Olivier, Monsieur Cailloux...Donc si vous êtes son père...ça fait de vous Yves Rocher ?"
C'est bon. J'ai fait ma vanne. Applaudissez-moi maintenant.
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Parce qu'honnêtement, j'étais fière de ce petit chapitre et j'étais extrêmement pressée de vous dévoiler la famille d'Olivier et de Timéo. D'ailleurs, ça ne serait pas drôle s'ils n'avaient pas hérités d'un de leurs parents eux non plus !
Je suis contente de ce chapitre, j'ai ri toute seule comme une baleine dans ma chambre et je sais qu'il est tout petit peu long...Pardon !
C'est juste que sur ce nouveau tome, j'ai tellement de choses à vous raconter et à vous faire vivre encore ! Mon dieu, on va en avoir pour un moment vous et moi.
Donc voilà, je vous embrasse et vous dit à très vite pour la suite !
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