Chapitre 29 - Tour de chauffe
Il y a ces moments dans l'histoire de l'humanité qui ne devraient pas exister.
"- J'ai l'impression d'assister à une réunion de génies du mal. Encore faudrait-il que vous ayez la première qualité."
Assis tous les quatre autour de la table, chacun se dévisage en se demandant qui osera aborder le sujet douloureux. Honnêtement, je me serais bien lancée, mais je sais que cela sera prétexte pour que Judith rebondisse dessus et que Timéo enfonce le clou avec une vanne digne d'un étudiant en manque de sexe.
Du coup, le premier a ouvrir le bal fut Olivier qui reste mollement affalé dans le dossier de sa chaise, les bras croisés.
Quelque part, l'ambiance me rappelle un peu celle des Westerns et de ces fameux épisodes de "duels".
"- Moi ce qui me fait plaisir c'est de voir qu'on fraternise avec l'ennemi. Depuis quand on l'invite dans notre cercle privé cette dégénérée ?
- Dites donc le puceau, tu vas baisser d'un ton et faire preuve de respect envers ton aînée.
- C'est vrai que t'es plus vieille que moi, Judith. Tu utilises toujours ta crème antiride le matin ? Non parce que j'en vois une belle entre tes deux yeux là.
- Vous n'allez pas commencer tous les deux ? On a dit qu'on faisait une trêve pour les enfants. Faites un effort.
- Sérieusement Philippine ? C'est quoi qui nous dit de faire un effort alors que t'es sûrement la source première de tout ce merdier ?
- Quoi ? Pourquoi tu me rejettes la faute alors que tu ne sais même pas de quoi on parle !
- Tout le monde à cette table sait que t'es pas la femme la plus agréable de la terre."
Et là je les vois tous hocher de la tête dans un consentement mutuel qui me dépasse.
"- Dites donc Olivier, tu veux dormir sur le canapé ?
- Tu vois ? Tu le menaces déjà le pauvre !
- Non, mais mon frère est une victime, tout le monde le sait. Espèce de soumis.
- Dite donc petit merdeux, ma main dans ta gueule, tu veux l'avoir ? On verra qui fera la victime après."
Nous sommes supposés être des adultes, responsables, capables de dialoguer sans aucun souci, mais au lieu de ça, dès que l'un d'entre nous ouvre sa bouche, ça part en guerre ouverte et en insultes non dissimulées.
"- Faites un effort bon sang ! Sinon j'en prends un pour taper sur l'autre !
- Dit celle qui n'arrive même pas à porter le paquet de litière parce qu'elle n'a rien dans les bras.
- Si, du gras."
Je regarde Timéo et Judith faire un check avant de se rendre compte de leurs gestes et de s'essuyer les mains sur la nappe de la table.
"- Dégouttant...
- Philippine sort le désinfectant pour les mains !
- Vous me fatiguez tous les deux, Olivier dit quelque chose enfin !
- Pourquoi moi ? C'est ton idée de nous convoquer.
- Ouais d'ailleurs pourquoi c'est toi qui décides ? Moi je vote pour moi-même !
- Votez Judith la truite ! Pour un avenir catastrophique !
- Bravo Timéo, tu as trouvé la rime tout seul ? Tu veux une sucette ou un bonbon en récompense tel un bon chien-chien ? Question pour toi morveux, tu remues la queue pareille ?
- J'en sais rien, tu veux voir ? Je sais faire l'hélicoptère, un tour apprit récemment.
- Timéo ! C'est dégouttant. Range ton zizi !
- Je n'allais pas le sortir de toute façon. Il ne ferait que vous en mettre plein la vue.
- Faute de t'en mettre plein les mains
- Olivier !"
Je me sens actuellement comme la directrice d'une école maternelle.
"- Vous savez quoi ? On va faire un tour de table et chacun propose ses idées.
- Pourquoi pas...Dans ce cas, étant le plus jeune, je vais commencer, ok ?
- Pourquoi toi ? Ta mère t'a jamais appris la politesse ? On laisse la parole aux plus anciens.
- C'est vrai Judith, j'oubliais. Tel un fromage, tu as l'ancienneté et l'odeur. Ferme ta bouche pour voir ?"
Laissant Judith et Timéo dans un coin, mon regard se porte alors sur Olivier qui se contente de balader ses yeux en fonction de qui à la parole.
"- Et tu ne dis rien ?
- Tu vois Philippine, des fois, j'aimerais vraiment que les femmes aient un mode d'emploi pour les comprendre. Ainsi, j'aurai compris ton idée derrière cette réunion au sommet
- Ah parce que t'as déjà vu un homme lire une notice toi?"
Non, généralement monsieur préfère monter l'étagère tout seul parce que c'est "facile" et que "il n'y a que trois visses à mettre". Au final, il y passe généralement l'après-midi, à s'énerver dessus et je finis par monter moi-même le meuble.
"- Des fois, j'aimerais tellement avoir l'homme de mes rêves à mes côtés...Ah...
- Tu veux l'homme de tes rêves ? Va dormir."
C'est moi où ma tendre moitié entre dans une phase de rébellion à l'exemple de son frère cadet ? Non, mais d'où il ose me parler sur ce ton ?
"- Oh une dispute de couple !
- Judith ?
- Oui Olivier ?
- Mêle toi de ton cul, vu la superficie, tu devrais avoir de quoi faire"
Quelle violence !
Je lui ferais presque un bisou. Je dis bien "presque", je ne suis pas sûre qu'il le mérite en fait.
"- Vous savez quoi ? C'est n'importe quoi, on devrait reporter.
- Pourquoi ?
- Parce que vous ne savez pas vous tenir !
- Dit-il ! T'étais bien d'accord pour nous recevoir chez toi. Hé, faites pas chier et réglons ça vite, j'ai des recherches à faire moi.
- Ne fais pas le mec "Je suis un étudiant", t'as eu ta licence en 5 ans. Grosse tâche va.
- Au moins je fais quelque chose de ma vie, MOI. Je ne passe pas mon temps à courir après la même fille depuis que j'ai 5 ans.
- Faudrait déjà que t'apprennes à en garder une toi. Gigolo. J'ai honte d'être ton frère.
- C'est moi qui devrais dire ça ! J'aurai dû naître le premier.
- Pour quoi faire ? Tu vois, même dans Minus et Cortex, Minus connaît sa place. Apprends à respecter la tienne. Microbe.
- Tête de nœud !
- Vous savez, pour deux Joyeau, vous ne brillez pas par le niveau de votre conversation. Waw...
- Dites donc Philippine, tu vas renouveler tes piques ou t'es plus sèche que le Sahara sur le sujet ?"
Trop c'est trop.
"- Ok, ça suffit, il est temps qu'on règle ça une bonne fois pour toutes. Vous allez pleurer"
Maintenant que le tour de chauffe est passé, je pense que l'on peut s'accorder à dire que le véritable match commence. J'ai fait des efforts depuis que je suis maman, je me suis dit que je ne pouvais pas être "moi" vis-à-vis de ma fille, que ça ne serait pas lui montrer le bon exemple, mais vous savez quoi ? Là, Acacia n'est pas là.
Et il est temps de rappeler à tout ce beau monde, qui est véritablement le patron.
"- Bah alors Philippine ? On ne dit plus rien ?
- Désolée, je ne parle pas aux cons, ça les instruit."
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Hello les Philiviers !
Comme vous l'aurez comprit au vue du titre de ce chapitre, ceci n'est que la première partie d'un match non équitable se déroulant sur trois chapitres. Le temps de poser les bases, de vous chauffer un peu et ensuite, on est parti !
Philippine a-t-elle perdue de sa verve légendaire ? Ses répliques cinglantes lui reviendront-elles ?
Vous allez vite le savoir, croyez-moi !
En attendant je vous embrasse très fort et je vous dis à bientôt !
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