Chapitre 24 - Pas de pitié. Pas de quartier

Attendez, attendez, attends. Va falloir qu'on discute sérieusement vous et moi, parce que là, il y a quelque chose qui me chiffonne. Qui me froisse même.

"- Joyeuse fête maman !

- Merci ma chérie...C'est...Oh encore un!"

Oui, encore un énième collier de pâtes.

Je le mets autour de mon cou pendant qu'Acacia repart avec son cartable dans sa chambre, toute contente de me l'avoir offert tandis qu'Olivier me regarde du coin de l'oeil.

"- C'est quoi cette fois ? Penne ou coquillettes ?

- Je n'en sais rien. Tu sais des fois je me dis que je dois être une mauvaise mère. Acceptez les colliers de pâtes, les constructions de pâte à sel qui ne ressemble à rien, les gribouillis...Et en plus, c'est la fête des Mères !

- Ahaha ! Tu crois que je n'ai pas le droit à ça lors de la fête des Pères ?

- Hé ! L'an dernier t'as eu un truc trop cool !

- Qui a craché de la peinture sur ma chemise toute neuve qui m'a coûté une blinde !"

C'est vrai. J'avais zappé ce bout de l'histoire.

"- Sinon tu m'expliques pourquoi on a toutes ces pubs sur la table ?

- Fête des Mères Philippine...Fête des Mères."

Alors oui, tiens, tant qu'on en parle.

Vous avez un problème avec la fête des Mères ou quoi ?

Pourquoi, chaque année, la fête des Mères c'est le prétexte pour offrir un aspirateur ou une machine à laver ou...le robot de cuisine dernier cri ? POURQUOI?! C'est quoi ce sexisme de merde ? Si on n'aime pas passer l'aspirateur, mais qu'on adore bricoler hein ? Pourquoi pas des remises sur les perceuses ?

Je vous jure...

Vous avez déjà vu une femme heureuse en lui disant "Tiens chérie ! Le dernier aspirateur qui ne fait pas de bruit ! Bonne fête mon amour !" ? Non, je ne pense pas. Parce que personne n'aime recevoir ce genre de cadeaux. Personne.

C'est un peu comme ces amis qui vous offrent du parfum à votre anniversaire. Dites-le de suite que je pue !

"- Au fait, t'as remarqué ?

- De quoi ?

- C'est la première semaine calme.

- C'est vrai, maintenant que tu le dis..."

C'est la première semaine en trois mois où Acacia ne rentre pas de l'école avec un mot dans le carnet. C'est fou.

"- C'est calme...

- Trop calme.

- C'est louche.

- Très louche."

On se regarde alors avec Olivier et soudain :

"- Acacia ma chérie ! Tu viens voir papa et maman cinq minutes ?

- J'arrive !"

Sa petite tête brune se pointe devant le canapé et son regard fuyant en dit long sur la tragédie s'annonçant.

"- Tu n'as pas eu un mot de la maîtresse dans ton carnet cette semaine ?

- Non.

- Acacia...

- Juste ...

- Va chercher ton carnet."

Elle nous le ramène et un cri d'effroi m'échappe quand je remarque que nous sommes convoqués Olivier et moi demain après-midi chez la directrice.

"- Mais pourquoi ? Pourquoi s'est écrit que tu t'es battu en classe avec un camarade ?

- Il embêtait une copine...Je l'ai défendu."

Ah. Alors là, c'est différent.

"- Tu l'as défendu ? T'as appliqué la règle de papa.

- Oui...Je l'ai laissé me pousser le premier, comme ça j'ai pu dire qu'il a commencé."

Sage enfant.

On va plaider la légitime défense.

"- Pourquoi tu ne nous a pas dit que tu t'étais battu à l'école ?

- Parce que vous avez dit que c'est mal.

- Oui c'est mal, sauf si c'est pour aider quelqu'un. Là, tu as le droit. Enfin, pas trop non plus, va pas massacrer toute l'école comme ta mère.

- Quoi ? Hé ! Je n'ai jamais massacré mes camarades de classe !"

Bon, OK, en cinquième j'ai été renvoyée une semaine parce que j'ai frappé une fille de ma classe avec une chaise. Mais en même temps, elle l'avait cherché.

"- Bon, écoute. Maman va arranger ça.

- Avec papa !

- Papa va faire figurant, comme d'habitude. Quoi que..."

J'ai peut-être une idée.

Le lendemain, on se gare sur le parking de l'école tandis que tous les parents sont dehors, devant le portail de l'école, attendant le lâché des fauves.

Jamais de ma vie je n'ai vu un bordel pareil qu'une sortie d'école.

"- Ah...Vous..."

Et forcément, Olivier et moi ne faisons pas l'unanimité dans le petit cercle des "Parents vertueux" de l'école.

"- Tiens ! Madame Blanchard ! Bonjour.

- Ma fille m'a dit que la vôtre a encore fait des siennes. Ce n'est pas la première fois...

- Et certainement pas la dernière !"

C'est une secte de toute façon les parents d'élèves. En plus d'être des serpents vicieux s'y connaissant sur TOUT et sur comment "BIEN" éduquer son enfant.

"- T'es sûre qu'on doit faire ça ?

- Mais si, ça va être drôle ! Tu vas voir.

- Ça faisait longtemps.

- Comme ça on ne perd pas la main."

La sonnerie retenti enfin et les enfants arrivent tels des boulets de canon.

Soudain, derrière les deux premières rangées : Acacia arrive en tirant un petit garçon par les cheveux.

Lâche le garçon ma chérie. Lâche-le.

"- Qu'est-ce que je disais.

- Ta gueule sorcière. Acacia !"

Olivier se précipite le premier et sert d'arbitre tandis que la maîtresse suit le groupe avant d'arriver à notre hauteur.

"- Monsieur et Madame Joyeau.

- Oui, mais non. Lui c'est Monsieur Joyeau, moi c'est Madame Tagliani. Nous ne sommes pas mariés.

- Pas encore du moins.

- Vous êtes attendus. Acacia, tu restes avec moi le temps que papa et maman discutent?

- On revient vite ma puce."

On se rend dans le bureau de la directrice et à peine entrés dans le bureau, cette dernière nous fusille déjà du regard.

"- Asseyez-vous."

J'ai l'impression que c'est moi qui vais me faire taper dessus. Je n'ai jamais aimé les directeurs d'école.

"- Il faut que l'on parle du comportement problématique de votre fille."

Un regard complice échangé avec Olivier et nous voilà parti dans notre rôle de "parents modèles"

"- Voilà ! C'est encore de ta faute ! Non, mais je te jure, si tu as arrêté de lui montrer du catch à la télé ! On n'en serait pas là !

- Quoi ? Alors que c'est toi qui l'emmènes au dojo avec toi ! Non, mais je rêve ! Rappelle-moi qui l'a inscrite au cours de "baby-judo" déjà ?

- C'était seulement pour la défouler. Comme d'habitude, tu ne prends pas tes responsabilités au sérieux.

- Dit-elle ! Franchement ça commence à bien faire tout ça !

- Je suis d'accord, ça a assez duré. On en discutera à la maison.

- Inutile d'étaler ça devant tout le monde."

On quitte nos sièges, à peine assis, et avant de quitter le bureau, nous saluons la directrice, bouche bée.

"- Tope là ! Tu gères !

- C'est parce que j'ai un bon coéquipier. Allons récupérer notre fille et offrons-lui une glace.

- Supplément chantilly, elle le mérite. T'as vu comment elle a traîné ce garçon dans la cour ? Elle m'a vendu du rêve.

- D'ailleurs, on ne sait même pas comment il s'appelle, c'est dommage. On ne peut pas se moquer de lui."

Rejoignant Acacia qui attendait dehors sur un banc avec sa maîtresse, nous voyons le petit garçon assis dans l'herbe plus loin.

"- C'est bon ma chérie ! On peut y aller !

- Dis-moi, Acacia, comment il s'appelle ce garçon ?

- Gaston."

Le seul "Gaston" que je connais, c'est le gars dans la Belle et la Bête. Autant dire qu'il n'ira pas loin avec un prénom comme ça.

"- Gaston Lagaffe ?"

Oh ! Pas mal la référence Olivier ! Je l'avais oublié celui-là.

"- Nan. Gaston March."

Pardon ?

"- Tiens voilà sa maman justement."

Elle pointe une audi décapotable du coin tandis qu'une chevelure rouquine s'échappe au vent.

Dites-moi que je rêve.

"- Mon chéri maman est là ! Oh..Mais qui vois-je ?"

Judith.

"- Acacia ?

- Oui maman ?"

Voir Judith avec un enfant c'est comme si Anabelle avait mis Chucky au monde.

Je sais que les enfants se font dans le noir, mais y'a des limites à la génétique.

"- Massacre-le la prochaine fois."

Pas de pitié. Pas de quartier.

********************

Coucou vous !

Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas mis un petit mot plein d'amour, alors sachez que oui, j'embraye sur une future catastrophe à venir et une génération de problèmes entre Gaston et Acacia.

Vous aurez l'occasion de le voir suivant ce petit et sa CHARMANTE maman également. D'ailleurs, je crois qu'au chapitre suivant, Judith fait officiellement parler d'elle.

Elle vous a manqué ?

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