Y'a des trucs comme ça. On ne peut pas s'empêcher de rester concentré dessus. Le "clic" du stylo quatre couleurs. Quelqu'un qui renifle inlassable dans le bus. L'évier de la cuisine qui goutte. Des bruits qui nous agacent.

Ou parfois, juste une vision. Un truc qui nous obnubile.

Ce cheveu blanc sur la tête de la personne d'à côté. Ce point noir que l'on a envie de percer.

Ou encore ce poil sur le torse de l'être aimé.

Cela va faire une demi-heure qu'Olivier s'est endormi et depuis que j'ai vu ce poil sur son torse, c'est juste plus fort que moi. J'ai envie de l'enlever. Ça me dérange. Je n'ai jamais été une grande fan des hommes aux torses velus, alors juste en voir un...C'est perturbant.

Il faut que je l'enlève.

Pince à épiler mon amie !!!

"- Viens par là mon petit...Allez, laisse-toi faire."

J'ai réussi à l'attraper et dès que j'ai tiré dessus...Le poil s'est coupé en deux et je n'ai réussi à tirer qu'une partie.

"- Merde ! Je n'ai pas dit mon dernier mot."

J'ai voulu être gentille, mais j'ai mes propres limites.

Direction la salle de bain, j'attrape la première bande de cire que j'ai et je retourne dans la chambre.

"- À nous deux ! Tu ne me nargueras plus !!"

Je tire la bande une fois posée et arrache un cri à Olivier qui se redresse d'un coup tout en se retournant vers moi.

"- Pardon. Je ne voulais pas te réveiller...Mais regarde ! Je l'ai eu !

- J'y crois pas...Philippine !! Il est presque minuit !

- Ça me dérangeait ton poil aussi. Je n'allais pas dormir avec ça en tête.

- Écoute, depuis quelque temps je tolère bien des choses, mais là, tu dépasses les bornes."

Il attrape l'oreiller et quitte la chambre.

"- Tu vas où ?

- Dormir sur mon canapé!"

Je me relève et le poursuis, le voyant s'installer.

"- Reviens ! Promis j'arrête.

- Non. T'aimerais que je t'épile dans ton sommeil sérieusement ?

- Je m'excuse...

- Va t'excuser dans ta chambre !"

"Oui papa."

"- OH ! C'EST PAS BIENTÔT FINI VOTRE BORDEL PUTAIN ?! Y'A DES GENS QUI DORMENT MERDE!"

Timéo sort de la chambre en nous balançant des coussins à la figure.

"- Sérieusement vous me fatiguez tous les deux !

- C'est Philippine qui a commencé ! Regarde, elle m'a épilée pendant que je dormais.

- Fais voir...Oh ça doit faire mal.

- OUI ÇA FAIT MAL !"

Les deux frères me fusillent du regard et c'est la première fois que je me sens coupable de quelque chose.

Je n'aurai peut-être pas dû.

"- Eh oh ! Vous allez vous calmez tout de suite hein !

- C'est de ta faute !

- C'EST PAS MOI QUI ME SUIS MISE ENCEINTE TOUTE SEULE ! AU FOND TOUT EST DE TA FAUTE!

- C'est vrai ça, Olivier, prend un peu tes responsabilités. Des fois j'ai honte d'être ton frère !

- Arrête de changer de camp tout le temps toi ! Sale profiteur de merde.

- Tu vas me parler autrement, hein ! On n'a pas élevé les cochons ensemble.

- Dit donc petit con...

- C'est "Monsieur De Petit Con" pour ton information. Et puis vous savez quoi ? Vous me fatiguez, je retourne me coucher.

- Ah ouais ? Bah moi aussi je vais me coucher !"

Tout ça pour un petit poil de rien du tout. Non, mais je vous jure.

"- Philippine ?

- Quoi ?! Qu'est-ce que tu veux ? Va dormir sur le canapé !

- J'ai froid...Je peux revenir dormir dans le lit avec toi ?

- Non."

Je vais monopoliser le lit toute la nuit pour une fois, comme ça je serais tranquille et personne ne viendra me déranger.

"- Et puis pourquoi je te demande l'autorisation ? Pousse-toi.

- Non, je vais dormir au milieu.

- Tu ne supportes pas ça.

- J'AI PETE DE TON COTE !

- Je commence à avoir l'habitude avec toi."

Olivier se glisse alors sous les draps tout en me fixant.

"- J'espère que t'as rangé tes instruments de torture ?

- Je n'ai rien dans les mains, promis.

- Tu sais quoi ? Je vais prendre des précautions."

Il m'attrape les miens qu'il garde précieusement dans les siennes avant de commencer à sourire comme un enfant.

"- J'ai toujours mal, tu sais ?

- Tu veux un bisou magique ?

- Ah oui !"

Comment suis-je supposée élevé un bébé alors que j'ai déjà un grand enfant sur lequel veiller ?

"- J'espère au moins que tu l'as eu mon poil.

- Oui, oui. Mission accomplie.

-Tout ça pour ça..."

Oui, mais je suis fière de moi. Je l'ai eu quoi ! Je peux dormir l'esprit en paix. Vous n'imaginez pas comme ça me soulage d'un poids sur la conscience.

*************

Je ne comprends pas. A minuit, il y a des gens qui dorment, mais Philippine et Olivier, eux, apparemment, ils font autre chose ! Non mais je vous jure, quelle idée de pratiquement vivre ensemble aussi !

En tout cas, vous voulez une bonne nouvelle ? JE SUIS EN VACANCES ! Et qui dit vacances, dit que je vais pouvoir de nouveau vous retrouver tous les jours ! Si ce n'est pas bien, ça un peu.

Du coup, on se dit à demain pour la suite, non ?

Avouez, je vous ai manqué (ne serait-ce qu'un peu)