Chapitre 10 - Dent pour dent
Ça doit être la troisième fois que je repasse devant cette boutique, je commence à en connaître l'enseigne par coeur et à savoir quels produits il y a en vitrine. Trois fois que je tourne en rond à me dire qu'à chaque fois, je prends une nouvelle direction, sauf que pas du tout. Je ne fais que revenir encore et toujours au même endroit.
Le serpent qui se mange la queue.
"- AH ! ÇA M'ÉNERVE!"
Les passants me regardent bizarrement et se retournent sur mon passage. Forcément, je dois paraître pour la dernière folle échappée de je ne sais quel asile.
"- Quoi ? Vous n'avez jamais vu quelqu'un de perdu? Regardez ailleurs bande d'yeux bridés !"
Je suis conne putain. Je n'aurai jamais dû quitter l'hôtel. Pourquoi y'a-t-il fallu que j'en fasse tout un drame de là à en faire une sortie digne d'un soap opéra ?
Réfléchis Philippine un peu ! Utilise ton cerveau pour une fois.
Je trouve alors un banc sous un arbre et je décide d'y poser mon royal postérieur, épuisée.
"- Génial ! En plus, j'ai des ampoules. Heureusement que je ne suis pas électricienne, ça serait un comble !"
Humour de merde de personne fatiguée, bonjour !
Forcément, les ballerines sont les pires ennemies des pieds. Je ne comprends toujours pas pourquoi je les ai achetées. Sans doute parce que leur couleur me plaisait et parce qu'elles étaient en solde.
Tu parles d'un achat compulsif.
Allez Philippine, remue toi !
Je me redresse sur mes deux jambes en me disant que si j'avais ma montre électronique, elle aurait enregistré mon nombre de pas. J'aurai certainement explosé le compteur de mon podomètre. J'aurai eu enfin un bonhomme qui sourit en me disant "Bravo ! Vous avez perdu le nombre de calories nécessaires!" au lieu d'un bonhomme rouge qui tire la gueule et qui me rappelle que je suis loin de la taille de guêpe que je désire.
Pour une fois que j'ai besoin de ce truc.
Je prends une rue à droite, puis à gauche. Je m'engouffre dans une ruelle sombre en me disant que c'est un raccourci.
Suis-je déjà passée par là ? Ça ne me dit rien. Bon, tant pis.
Les Romains disaient bien que toutes les routes mènent à Rome hein !
Je ne sais même pas depuis combien de temps je marche sérieusement. Je crois que ça doit faire une bonne heure. J'ai faim. J'ai mal aux pieds. Je suis de mauvaise humeur.
Et...
"- Quand tu auras fini de tourner en rond, tu me préviens."
Une voix surgie quand je sors de la ruelle tandis qu'Olivier se tient là, mains dans les poches, bayant aux corneilles.
"- J'y crois pas...Tu me suis ?
- Non, je reviens de la réunion et je t'ai vue déambulé comme une enfant perdue.
- Ah parce que ça t'amuse en plus ? Depuis tout à l'heure je souffre à tourner en rond et toi...Tu es là...et....T'es vraiment qu'un...
- Un connard ? Un enculé ? Vas-y insulte moi si ça te fait plaisir, en attendant, je te ramène à l'hôtel, on continuera notre discussion.
- Non.
- Philippine...Arrête de faire l'enfant et comporte-toi en adulte pour une fois !"
Pardon ? Ah parce que c'est moi l'enfant dans cette histoire ? Très bien. Tu veux le prendre comme ça, pas de soucis.
"- Tu sais quoi Olivier ? Rentre tout seul. Je suis certaine que Judith se languit de toi !
- Je t'ai déjà dit qu'elle n'est venue que pour des raisons professionnelles ! Pourquoi ça te met dans un état pareil ? Tu ne peux pas avoir confiance en moi un peu ?
- J'aurais eu confiance, si dès le départ tu m'avais dit qu'elle venait ! Mais non, courageux comme tu es, tu as préféré me mentir.
- Je ne t'ai pas "menti", j'ai juste gardé secret le fait de sa présence.
- C'EST PIRE !
- POURQUOI ?!
- PARCE QUE C'EST TON EX BORDEL ! T'aimerais toi que je me balade sous tes yeux, tout sourire, mon ex sous le bras ? Tu te sentirais bien ? Dis-moi Olivier...Si nos rôles étaient inversés, tu le vivrais comment ?
- Honnêtement ? Je ne te ferais pas une scène !"
Ça c'est ce que tu dis, mais soyons honnête toi et moi. On sait très bien que si nos rôles étaient inversés, tu ne le vivrais pas comme ça. Parce que tu es pire que moi, et ce, sous bien des aspects.
"- Bon, viens...On rentre. On est au beau milieu de la route et les gens nous regardent.
- Je m'en fiche. Je te l'ai déjà dit, tu peux rentrer tout seul. Je saurais rentrer par mes propres moyens.
- Ce que tu peux être têtue !!! Ce n'est pas dieu possible!"
Alors qu'Olivier s'approche de moi comme s'il tentait de m'attraper, au même moment une voiture surgit du coin de la rue, fonçant à vive allure.
"- Philippine!"
On dit que quand on meurt, on voit notre vie défiler sous nos yeux, mais moi, tout ce que j'ai vu, ce sont les phares aveuglants de cette voiture. Comme la lumière au bout du tunnel.
Merde.
Vous savez, il y a des avantages à être un fantôme. On peut chatouiller les orteils des gens. On peut leur faire des blagues. On peut leur faire peur et les hanter à tout jamais. Franchement, fantôme c'est genre le meilleur métier du monde.
Mais apparemment, je ne suis pas qualifiée pour.
"- Hé..."
Quand je suis revenue à moi, Olivier était près de moi, le regard perdu, mais à la fois soulagé tandis que j'eus l'horrible impression qu'un camion m'avait roulée dessus. À peu de choses près, ça doit être vrai.
"- Où...
- À l'hôpital. Par je ne sais quel miracle tu n'as presque rien mis à part quelques côtes cassées et quelques contusions. Les médecins te gardent en observation jusqu'à la fin de la semaine.
- Oh..."
Je n'aime pas les hôpitaux.
Je n'ai jamais aimé les hôpitaux.
Ils me rappellent mon grand-père et cette vie que je n'ai pas eu le temps d'avoir avec lui. Les hôpitaux sont synonymes de malheur. De maladies. De morts. Il n'y a rien de joyeux.
Rien.
Quand un médecin entre de la chambre, Olivier se redresse comme un piquet. Je ne l'ai vu aussi tendu que durant de rares occasions. Ils discutent ensemble et je ne sais pas trop de quoi ils parlent, mais je sais que ça parle de moi vue comment ils me dévisagent tous les deux.
"- Philippine...
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Je vais mourir c'est ça ?
- Non...Tout va bien...Tout va même très bien."
Pourquoi ? Pourquoi tu pleures si tout va bien ? Dis-moi Olivier, d'où viennent ces larmes qui coulent le long de tes joues ?
"- Philippine, ils disent que tu es enceinte.
- En...quoi ?
- Enceinte.
- Enceinte...Oh mon dieu !"
Je voulais maigrir à la base pas grossir de façon exponentielle bordel ! C'est quoi ce retournement de situation ?
"- Mais euh...Enfin je....
- Tu es à 7 semaines à peu près et l'accident n'a pas mis le fœtus en danger.
- Oh....Attends....Faut que...Faut que j'avale la pilule."
Normalement c'est censé être la meilleure nouvelle de toute ma vie. Je suis censée sauter de joie, faire la macarena à poil s'il le faut et pourtant...
"- Tu n'es pas heureuse ?
- JE VAIS GROSSIR PUTAIN ! JE VAIS FAIRE LA TAILLE D'UN ÉLÉPHANT !!!
- Il n'y a que toi pour voir la grossesse de ce point de vue.
- Suis-je censée être rassurée à l'idée que j'ai dans mon ventre un monstre ayant nos deux gènes mélangés ?
- Un mini toi ça serait choux....On pourrait l'appeler Maurice.
- Maurice ? C'est moche.
- L'ile Maurice !"
Si je n'avais pas la perfusion dans le bras, je l'arracherais pour la lui planter dans la fesse.
"- Et pourquoi pas un noms d'arbre, comme toi ? Genre...Accacia.
- Hé ! Olivier c'est un excellent prénom. Et c'est plus commun que "Philippine"
- Pas de ma faute si j'ai un prénom aussi exceptionnel que ma personnalité !
- Et les chevilles, ça va ?
- Je t'avouerais que là...J'ai vraiment mal partout."
Et le fait de savoir que j'ai à porter une seconde vie ne me rassure en rien. Mais en rien du tout.
Vous imaginez, un mini-moi ?
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Hé ! Je redeviendrais presque régulière dans la publication des chapitres ! Vous avez vu ?
Bref ! Petit chapitre posant les bases d'une future catastrophe à venir. Vous vous en doutiez de toute façon, il fallait que ça arrive un jour ou un autre !
Maintenant que Philippine est enceinte, on peut qu'espérer une grossesse merveilleuse ! N'est-ce pas ?
Et le futur bébé on l'appelle comment ? (Le sexe n'est pas décidé!)
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