Chapitre 59 - On joue à papa et maman ?
Après s'être mis d'accord avec moi sur l'ensemble de notre plan plus que diabolique, Timéo se poste à la fenêtre, surveillant l'arrivée d'Olivier tandis que je finis d'installer nos trois petits tours.
— Il arrive ! C'est prêt ? m'urge Timéo en regardant discrètement par la vitre, caché par un vieux rideau poussiéreux.
— Je n'ai pas fini.
— Il est dans l'allée
— Fais-moi gagner du temps ! Va dehors !
Il se précipite à la porte avant de sortir sur le porche de la maison, attendant son aîné. Je pouvais les entendre d'ici.
— Tu en as mis du temps !
— J'ai dû aider une grand-mère à ranger ses courses. Qu'est-ce que tu fais dehors ? Tu n'aides pas Philippine ?
— Elle m'a mise dehors.
— Pourquoi ? Qu'est-ce que tu as fait encore ?
— Tout de suite c'est de ma faute ! Tu ne pourrais pas prendre le parti de ton frère de temps en temps ? Ce n'est quand même pas de MA faute si elle a un horrible caractère ? Soi-disant je la dérangeais plus que je ne l'aidais.
— Tu sais, elle a bon fond.
— Ah ouais, bah faut vraiment le chercher.
— Bon allez viens, on va au moins préparer les sandwichs. Mon petit frère sait manier le couteau à beurre, j'espère ?
— Attends ! J'ai une devinette pour toi.
— Une devinette ?
— Monsieur et Madame Bonbeur ont un fils, comment s'appelle-t-il ?
Bien joué, petit frère ! Fais-moi gagner du temps.
— Sérieusement, Timéo ? Depuis quand tu aimes ce genre de blague ?
— Allez, réponds-moi !
— Ok... Bonbeur tu m'as dit ? Hmmm... Je n'en sais rien. Langue au chat !
— Jean.
— Jean ? Ah. Jean Bonbeur.
J'entends alors le rire d'Olivier tandis que ses pas se rapprochent de la porte.
C'est le moment ou jamais.
À trois.
Un.
Deux.
— Philippine !
Trois !
Il ouvre la porte, déclenchant un mécanisme qui entraîne la chute d'un seau d'eau et de farine sur son visage, le recouvrant de la tête aux pieds tandis que le sac de course s'effondre à ses pieds.
— Surprise !
Timéo me rejoint, tout sourire.
— Vous êtes fiers de vous, n'est-ce pas ? Depuis quand vous avez décidé de faire équipe ?
— Tu sais ce que l'on dit, Olivier, l'ennemi de mon ennemi est mon ami.
— Depuis quand suis-je l'ennemi de l'un de vous deux ? Regardez-moi dans quel état je suis...
Il se penche pour ramasser le sac de course avant de se diriger vers la cuisine sans rajouter un mot.
— Il boude ?
— J'sais pas, tu connais mon frère mieux que moi, non ?
— Définitivement, il boude.
Laissant Timéo, je me rapproche d'Olivier qui s'active à ranger ou nettoyer ce qu'il avait sous la main.
— Bon sang...
— Ne me dis pas que tu es vexé que l'on t'ait fait une petite farce de rien du tout ?
— Moi ? Vexé ?
Il se retourne vers moi, déboutonnant sa chemise, bouton par bouton, tout en me regardant.
— Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
— Le fait que tu sois parti sans rien dire...
Je sais qu'il me parle, je sais aussi qu'il le fait exprès. Se déshabiller de la façon dont il le fait, devant moi... C'est de la provocation pure et dure.
Il veut se venger.
— À ton avis, Philippine ?
— N'essaye même pas, ça ne prendra pas sur moi, ce que tu fais.
— Et qu'est-ce que je fais, au juste ?
— Tu le sais très bien, ne joues pas au plus malin.
— Oh, mais je n'oserais pas.
« Tomber la, tomber... tomber la chemise ! Ouiii ! »
Ah parce que toi tu ne reviens que pour ce genre de moment alors que j'ai besoin de toi plus souvent que ça ?
« Allez, Philippine... Il est là, couvert de farine et trempé... Il pourrait être un parfait bonhomme à pâte à sel. Tu pourrais le modeler comme tu veux ! »
Sauf que pour l'instant, j'ai l'impression d'être celle qui se fait modeler en suivant ses désirs à lui. C'est terrible.
— Tu sais, je me disais que toi et moi...
— OUI !
Olivier se recule, surpris par mon cri sorti plus vite que je ne l'ai pensé.
— Pardon.
— Non, non, y a pas de mal. Je vois qu'il vient du fond du cœur, celui-là, même si tu ne m'as pas laissé finir ma phrase.
— Attends, tu es volontairement en train de me provoquer depuis cinq minutes, tu ne crois quand même pas que je ne sais pas à quoi tu penses ou au moins ce que tu as derrière la tête ?
— Honnêtement, ça m'étonnerait.
— Je te connais plus que tu ne te connais toi-même.
— Ah ouais ?
— Ouais.
Il s'appuie contre le comptoir, profitant de sa tenue pour me distraire avant d'attraper le pot de confiture, de l'ouvrir en une fraction de seconde et de me le verser sur la tête.
C'est... gluant et certainement pas ce à quoi je m'attendais.
— Et celle-là, tu l'as vu venir ?
— Non. Je vais coller...
— Vois le bon côté des choses. Je suis plein de farine et toi de confiture. Je pourrais être le pain et toi la garniture.
— Ooouuuh ! Tu veux que je m'étale sur toi ?
— Je veux, mon n'veu !
S'approchant l'un de l'autre dans l'espoir de conclure notre bonne affaire, on est subitement arrosés d'un seau d'eau.
— Timéo !
— C'est pour refroidir vos ardeurs. Moi vivant, vous ne ferez certainement pas de cochonneries dans la cuisine ! C'est un endroit sacré !
Olivier se détache de moi, réduisant à un niveau quasi négatif mon taux d'excitation pour se rapprocher de son frère nous dévisageant avec son même air dégoûté que d'habitude.
— Tu sais quoi ? Va jouer dehors.
— Tu penses que j'ai quel âge, au juste, pour me dire d'aller « jouer dehors » ?
— Fais-le, c'est tout.
— Pourquoi ?
Il revient vers moi et me prend dans ses bras.
— Je vais aller jouer à « papa et maman » avec Philippine !
Oh ! Ça, ça me plaît.
« Tomber la, tomber ! Tomber la petite culotte ! »
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