Chapitre 34
Bonjour à tous !
Comme chaque dimanche, voici la mise à jour de notre histoire.
Comme nous approchons doucement mais surement de la fin, nous tenions à remercier ceux qui nous ont suivies jusque là, et surtout ceux qui nous ont encouragées en laissant une trace de leur passage.
Nous pensons que ce chapitre ravira quelques lecteurices car il nous a parfois été demandé. Et bien nous y voila, nous espérons que vous l'apprécierez !
N'hésitez pas à nous donner votre avis, cela fait toujours extrêmement plaisir de vous lire.
Bonne lecture !
Tan et Zinie
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Chapitre 34
Après le départ de Jin GuangYao, l'atmosphère à JinlinTai fut des plus étranges durant quelques jours. Jiang Cheng s'en était retourné s'occuper de sa propre secte dont il avait été trop longuement absent, et Jin Ling mesurait à chaque instant l'attachement des membres de son clan. Sa présence amenait des sourires et des salutations enthousiastes, et l'enfant autrefois malmené par la vie réalisa alors pleinement quelle était sa place dans celle de l'adulte qu'il était devenu. Son oncle Wei Wuxian demeurait à ses côtés, mais il ne le voyait que peu. Celui-ci s'occupait dans les tavernes de la ville, ou bien sur le champ d'entraînement des jeunes disciples qu'il s'amusait à détourner de leur apprentissage, au grand dam des maîtres résignés.
A-Yuan, en revanche, le suivait comme son ombre. Son camarade avait souvent effectué des missions avec lui. Il était l'un des rares à supporter son humeur changeante, à ne pas trembler dans ses bottes à l'approche de son oncle Jiang, à l'écouter avec patience et empathie sans le prendre de haut. Il ne se laissait pas non plus impressionner par son statut de chef de la secte la plus prospère du monde de la Cultivation. Jin Ling en était venu à le considérer comme un ami. Pourtant, ils s'étaient moins fréquentés ces derniers mois.
Avec leur discrétion et délicatesse habituelles, les aînés avaient suggéré au jeune chef de clan de se hâter de prendre épouse, afin de donner un héritier à leur secte... et Jin Ling avait brusquement réalisé qu'il n'avait pas un instant envisagé sa vie ainsi ! Il s'était débattu quelques temps avec ces nouvelles considérations, avait observé en coin son oncle Wei et son époux à chaque occasion... Puis la malédiction destinée à son oncle Jin l'avait cueilli. Et maintenant...
Maintenant, A-Yuan était presque devenu mutique, à croire qu'il avait endossé le hanfu de son vénéré HanGuang-Jun. Il avait risqué sa vie pour lui – on le lui avait rapporté – mais le jeune Lan n'en avait fait aucune mention depuis son réveil. Il se contentait de le suivre, d'arborer un regard noir, dès que Jin Ling envisageait quoi que ce soit que réprouvait le médecin ou la morale.
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Alors que trois jours s'étaient écoulés depuis le départ de ses deux oncles, Jin Ling observait les instructions des sages et pratiquait la méditation au cœur du Palais parfumé, sans grand succès cependant. Son esprit voletait, se fixant tour à tour sur LianFang-Zun revenu d'entre les morts, Zewu-Jun dont l'avenir était incertain, la récente mésaventure qui aurait pu mettre un terme à sa vie, ses responsabilités...
Il soupira longuement et releva la tête pour croiser le regard d'A-Yuan, qui entrait et s'installait face à lui, afin de le rejoindre dans son exercice. La présence du jeune maître Lan l'aida aussitôt à se détendre, comme si le savoir là rendait tout le reste surmontable. Rien ne pourrait résister à leur résolution.
Lorsqu'il reprit pied dans la réalité, bien plus tard, il croisa le regard déterminé de son ami et comprit qu'il n'échapperait pas à une « mise à plat », comme aimait le dire Jiang Cheng, sachant que cela se soldait généralement par une leçon de morale dans les règles de l'art. En réponse, Jin Ling afficha sa moue légendaire qui annonçait clairement qu'il ne voulait rien entendre, et qu'il ne retiendrait de toute manière pas le moindre reproche.
— Je fais ce que l'on me conseille, commença-t-il, dans l'espoir de désamorcer la querelle à venir. J'ai juste eu du mal à me concentrer.
— Tu as également du mal à prendre la moindre décision, abonda Sizhui, qui recouvrait brutalement la parole, pour le plus grand déplaisir de son vis-à-vis.
— Les évènements récents m'ont déstabilisé.
— Tu veux parler des vieux qui se relèvent des tombeaux, de ceux qui veulent mettre la Cultivation à genoux, ou des vieux qui essaient de diriger ta vie ?
Jin Ling resta coi face à l'irritabilité du jeune Lan.
— Je... suis chef de secte, poursuivit-il enfin. J'ai des responsabilités.
— Oh... minauda Lan Sizhui. Et cela se passe bien ? Ce n'est pas trop compliqué, j'espère ? On n'exige rien de toi que tu ne puisses accomplir ?
Jin Ling redressa brusquement le dos, piqué au vif par ce ton moqueur, qu'il ne connaissait pas chez son ami.
— Je n'ai pas de leçon à...
— Je m'en moque ! le coupa Sizhui dont l'aura se chargeait peu à peu d'électricité. Je me fiche de toutes les bonnes raisons que tu pourras me donner, ou qu'ils pourront tous essayer de faire entrer dans ta tête.
Sizhui se leva et arpenta la pièce d'un pas rageur, forçant Jin Ling à le suivre des yeux avec un air effaré.
— Wei Wuxian a dû revenir d'entre les morts, avant que mon père puisse enfin être heureux à ses côtés. Maintenant, ton autre oncle s'extirpe d'un tombeau et s'avère être le seul à pouvoir sauver mon oncle... Et tu sais bien mieux que moi combien son bonheur dépendra des décisions de LianFang-Zun.
Jin Ling eut le bon ton de baisser quelques instants les yeux et de prendre son plus bel air gêné. Sizhui se planta devant lui, le forçant à se tordre le cou, puis à se relever dans un silence pesant. Le jeune Lan avait beau être plus petit que Jin Ling, nul n'aurait pu douter à cet instant de qui dominait la conversation.
— Je ne suis pas né Lan, fit Sizhui entre ses dents, son nez presque collé à celui de Jin Ling, qui n'osait pas reculer. Aussi, que les ombres m'emportent, je ne vais pas juste attendre que tu meures et que tu reviennes pour être heureux !
Le ton de Sizhui montait peu à peu ; nul doute que quelques curieux ne manqueraient pas « d'entendre par inadvertance » ce qui se disait. Il pointa un doigt sur la poitrine du chef de secte.
— Je ne vais pas non plus attendre que tous ces vieux schnocks apprennent à se mêler de leurs affaires !
Le respect habituel que Sizhui démontrait invariablement à ses aînés volait en éclats, mais il n'en avait cure. Il inspira profondément afin de se reprendre et ferma les yeux quelques secondes, avant de poursuivre posément, la voix chargée de tristesse et d'un peu de crainte :
— Si tu veux que je parte, je respecterai ta décision. Je m'en irai, et tu ne me reverras plus que lors des cérémonies habituelles. Mais cela devra être TA décision, pas celle des sages, de la secte, ou de je ne sais qui.
Jin Ling se sentait pris au piège. Il était au bord du précipice. À présent, il était temps de sauter et de partir à l'aventure, de vivre une vie, SA vie, pleinement... ou de rebrousser chemin et de retourner dans la sécurité d'un monde connu mais morne, à suivre des règles que d'autres avaient établies avant lui des générations plus tôt. Comme à son habitude, il envisagea de détourner la conversation, de mimer l'incompréhension, comptant encore sur la délicatesse d'A-Yuan pour jouer le jeu et faire semblant de croire à sa naïveté.
— Je ne sais pas ce que tu veux dire, je...
— N'y pense même pas, A-Ling ! Dis-moi, c'est tout.
Sizhui baissa les yeux, le cœur lourd, les épaules accablées par les épreuves passées, comme celle à venir. Il reprit dans un murmure las, un soupçon de supplique dans la voix.
— Un seul mot, ce n'est pas grand-chose. Pars. Reste. Un seul mot. Je mérite au moins ça.
— Reste... répondit Jin Ling dans un souffle.
La respiration de Sizhui se bloqua quelques secondes, il hésitait entre sourire et pleurer, tant l'émotion le submergeait. Il releva la tête vers Jin Ling et combla les quelques centimètres de vide entre eux, se lovant entre des bras qui l'entourèrent aussitôt. Jin Ling soupira de soulagement et de bien-être, gardant A-Yuan contre lui, avant de poser ses lèvres sur sa tempe sans même se rendre compte de son geste. Un peu perturbé par sa propre audace, il resta immobile le temps d'un battement de cœur, puis le jeune Lan se recula légèrement, lui laissant juste la possibilité d'accéder à ces lèvres tant désirées pour un baiser qui, de chaste, se fit plus passionné.
Les deux jeunes gens s'observèrent un moment. Cette nouvelle situation était à la fois une libération mais aussi un nouveau tsunami dans leur vie. Il leur fallait apprendre comment se comporter dans cette nouvelle relation, quelle attitude adopter face à ce changement de statut. Ils n'étaient plus de simples amis. Ils n'étaient plus, l'un chef de clan, l'autre disciple d'une secte prestigieuse, ils n'étaient plus de simples alliés dans la Cultivation. Ou du moins, ils étaient maintenant plus que cela. Ils seraient parfois « eux » à présent, deux, et non plus des éléments séparés, et il leur fallait intégrer cette nouveauté.
Ils n'étaient pas deux enfants naïfs et ignorants, ils avaient suffisamment vu autour d'eux leurs proches souffrir du regard des autres, de cet amour que l'on tente de contrarier, mais qu'au fond, rien ne parvient à détruire. Ils avaient conscience que certains profiteraient de la moindre faille perceptible, de la plus petite hésitation, pour les faire douter et tenter de les séparer en invoquant on ne sait quelle raison.
Sizhui tira Jin Ling par la main jusqu'à une méridienne et ils restèrent longuement isolés dans cette pièce, lovés l'un contre l'autre, à évoquer tout ce qui pourrait se dresser sur leur chemin, et à parfaire leurs arguments pour les sceptiques ; lesquels se soldaient souvent par un :
— Au pire, nous demanderons le soutien de Wei Wuxian...
Avec une variante :
— S'il faut, nous ferons intervenir HanGuang-Jun.
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