• Ch.5 - L'Alliée •

Je me reposais, allongée sur le lit, après que la doctoresse m'ait administré des vitamines à l'aide d'une seringue. J'en étais clairement venu à la conclusion que je détestais les piqûres.

Je me retournais sur le côté quand je repérai du mouvement du côté d'un rideau dissimulant un autre lit. Je me doutais qu'il devait simplement y avoir une personne alitée mais ma curiosité commençait à prendre le dessus sur la raison. Étant donné que j'avais du temps à perdre dans cet endroit, je pris la décision d'aller jeter un coup d'oeil de l'autre côté du rideau.

Assise au bord du lit, j'arrachai – non sans grimacer – le tuyau relié à mon bras droit. J'enfilai mes chaussures et me glissai à pas de velours vers l'endroit qui soulevait tant de questions dans ma tête. J'avais également le sentiment que je devais aller voir, que c'était important. Que c'était ce que je devais faire.

Au moment où j'arrivais devant le rideau, je pris une inspiration nette et rapide et tirai le rideau. Mes yeux s'agrandirent d'étonnement quand je découvris une brune au teint pâle, assoupie sur le lit: Linda.

Je m'approchai d'elle sur la pointe des pieds pour l'observer de plus près. Je posai mes deux mains sur le bord du lit mais je me raidis presque immédiatement car on venait de m'attraper le poignet. Je baissai les yeux vers mon bras et me rendis compte que ce n'était autre que Linda qui s'en était saisie.

– Linda...

– Tais-toi.

Elle ouvrit les yeux et les plongea dans les miens, m'obligeant à détourner le regard.

– Tu n'oses même pas me regarder dans les yeux, constata-t-elle.

– Tu es perturbante, c'est tout.

– Dis plutôt que tu t'es affaiblie après ce qui s'est passé là-bas.

– Je ne m-

Je me tus, venant de prendre conscience de quel moment exact elle parlait: la mort de Minho. J'avais envie de la contredire, de lui dire que je n'en étais ressortie que plus forte comme le dit le dicton, mais elle avait raison sur ce point. C'était incontestable.

– Je suis désolée si j'ai ravivé des mauvais souvenirs, mais le temps presse.

Je m'essuyai prestement les yeux puis baissai la tête vers elle, interloquée.

– De quoi tu parles? Et pourquoi tu es dans ce lit d'ailleurs?

– J'ai simulé un malaise. Je suis venue pour toi, je viens te sortir d'ici.

– Et pourquoi tu ferais ça? Je crois bien que tu ne me portes pas dans ton coeur.

– On n'a pas le temps pour ça Emilie, on parlera de nos différends plus tard. Pour le moment, tu dois me suivre. Les autres ont besoin de nous.

Elle sauta hors de son lit puis, passant une main derrière la table de chevet, sortit une arme élaborée, ce qui redoubla ma confusion.

– Qu'est-ce que tu entends par « les autres »? Et où sont Lizzy et Elsa?

– C'est compliqué, mais je t'expliquerai en chemin. Le principal c'est qu'on s'éloigne. Avant toute chose, je dois d'abord m'assurer d'un truc...

Sans que je ne puisse la contrer, elle s'élança vers moi et me fit tomber à genoux. Alors que je tentai de la dégager d'au dessus de moi, elle mit mes cheveux de côté pour jeter un coup d'oeil à ma nuque. Après quelques secondes, elle pesta et s'éloigna vivement de moi.

Toujours à terre, je me remis debout sur mes pieds, non sans grommeler contre elle.

– C'était quoi ce bordel, Linda? Qu'est-ce que j'ai?

Je la rejoignis et me plaçai devant elle, sans aucune appréhension en moi. Le cran et la détermination coulaient à nouveau dans mes veines, et j'obtiendrai une réponse, coûte que coûte. Elle restait pourtant muette face à face, fixant le sol.

– Linda! lui criai-je.

Elle leva les yeux vers moi, interdite; du bruit venait de se faire entendre de l'autre côté de la porte. J'avais dû faire trop de raffut en criant, ce qui avait ameuté du monde.

– Il faut partir, tout de suite. Allez, bouge-toi! me pressa Linda.

Je ne cherchai plus à tirer d'elle la moindre réponse par rapport à ma nuque, du moins pas dans l'immédiat, car il était clair que si quelqu'un nous voyait à cet instant, nous étions foutues.

– Tu vas faire exactement ce que je dis, d'accord? m'intima la brune.

J'acquiesçai, sûre de moi. Elle était le seul moyen d'échappatoire que j'avais pu trouvé jusque là et je ne la laisserais pas s'enfuir.

– Tu vas aller te coucher par terre à côté de ton lit et renverser la grande perche avec la poche à côté de toi. Ils vont croire que tu es tombée et accourir. Pendant ce temps-là, je serai cachée dans la pénombre et je pourrais les attaquer par derrière.

– Tu ne vas quand même pas leur tirer dessus?

– Pour faire encore plus de bruit? Pas question. Je vais juste leur donner un bon coup de crosse sur la tête pour les endormir. Maintenant, vas-y!

J'obtempérai dans la seconde. En tentant de faire le moins de bruit possible, je fis tomber la perche et m'allongeai à côté en prenant un air grimaçant de douleur.

Peu de temps après, la porte s'ouvrit en grand, laissant entrer deux infirmières, alarmées. Elles avaient sûrement dû me voir car elles poussèrent des cris, un tant soit peu paniquées. Je les entendis accourir, leurs chaussures claquant contre le carrelage, puis le bruit de deux corps s'écroulant sur le sol. Je patientai tout de même encore un peu, attendant un quelconque signal de la part de Linda.

– Tu comptes rester là toute la nuit ou quoi? Bouge-toi un peu.

– C'est au cas où ton plan aurait foiré.

– Mes plans ne foirent jamais.

Elle me jeta un regard noir dont je ne portais aucune attention. Elle pouvait bien croire ce qu'elle voulait, personne n'était parfait et elle aurait très bien pu échouer.

– Maintenant, on bouge.

Elle s'élança vers la sortie et j'accourus derrière elle. J'avais décidé de ne pas la lâcher d'une semelle; je ne pouvais plus reculer et je n'avais aucune arme en ma possession contrairement à elle.

Alors que l'on arrivait à un tournant, Linda se plaqua brusquement contre le mur, en m'entraînant avec elle. Elle pivota vers moi:

– Emilie, tu vas m'écouter parce que c'est très important. Je sais que ça te paraît incongru tout ça; moi qui t'aide, qui ait l'air si combattante mais le truc c'est qu'ils m'ont redonné ma mémoire. Par accident. Un vieil ami qui travaillait ici me l'a rendue sauf qu'il s'est fait attrapé. J'ai juste eu le temps de m'enfuir sauf qu'ils le recherchent et c'est pour ça que chaque seconde compte. Le retrouver sera notre deuxième mission.

Je hochai docilement la tête. Chaque information qu'elle me donnait, je la stockais dans mon esprit de sorte à pouvoir poser toutes mes questions plus tard, et m'en servir. Notamment par rapport à ce vieil ami qui semblait tellement important qu'elle estimait devoir le secourir.

– Le truc le plus important te concerne. Ce que j'ai vérifié tout à l'heure c'est si tu avais déjà été reprogrammée ou non.

– Comment tu pouvais le savoir?

– Parce que ce n'était pas la première fois que cela t'arrivait, mais on en parlerait mieux plus tard. Je dois simplement te prévenir que tu dois être plus que prudente. Tes capacités sont plus imprévisibles, je ne sais moi-même pas en quoi consistent les nouvelles.

– Bordel, mais je suis une espèce de robot ou quoi?

– Disons que tu es dotée de capacités qui dépassent les limites de l'humain. Tu es entraînée, évidemment, comme pourrait l'être importe quel autre soldat, mais ils t'ont aussi transplanté une puce unique dans ta nuque. Tout leurs espoirs reposent sur tes épaules. Tu es une sorte de cobaye, d'expérience sur pattes, m'expliqua la brune.

– Je peux l'enlever cette puce, tu crois? C'est plutôt pratique de savoir se défendre mais je ne veux pas être leur marionnette ni blesser quiconque s'il n'y a pas lieu d'être.

– Malheureusement, c'est impossible. Elle est programmée pour s'accrocher à ta colonne vertébrale. Ça peut sembler dingue mais ils l'ont fait. Si tu tentes de la retirer, elle explose.

Je déglutis, les jambes tremblantes. Alors j'étais destinée à être à leur service jusqu'à ma mort? Pourquoi m'avaient-ils choisi moi? J'étais persuadée que jamais je n'aurai accepté un tel marché s'ils me m'avaient proposé. La seule solution qui me restait était de réduire à néant leur organisation. Ainsi, aucun risque qu'ils ne puissent encore avoir la moindre emprise sur moi.

– Je suis désolée Emilie, vraiment. J'ai beau ne pas t'apprécier plus que ça, je pense sincèrement que tu ne mérites pas un tel traitement. En attendant, au lieu de s'apitoyer sur notre sort, il y en a d'autres à sauver. Comme Lizzy par exemple.

Je relevai la tête instinctivement. Je voulais avoir ma petit soeur auprès de moi, la tenir hors d'atteinte de WICKED. Dans mon élan, je manquai presque de courir droit devant sans plus m'arrêter jusqu'à la trouver. Heureusement Linda m'intercepta à l'aide de son bras gauche.

– Eh! Réfléchis la demoiselle en détresse. Tu trouveras pas ta soeur en fonçant dans le tas, il faut réfléchir et établir un plan. Alors tu vas sagement te poser et m'écouter, pigé?

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Merci d'avoir lu <3

– Bisou mes griffeurs ♡

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