• Ch.4 - Luke •
J'avais pris tout mon temps pour retirer la crasse de mon corps. Ça faisait des lustres que je n'avais pas pu me laver.
Alors que je sortais de la douche et que je commençais à me rhabiller, la voix de Luke résonna à travers la porte:
– Magne-toi, on n'a pas toute la journée!
– Je suis déjà en train de m'habiller.
Bien que je n'avais pas envie de sortir pour l'affronter lui et WICKED, je me dépêchai de me vêtir.
Quand cela fut fait, j'eus envie de voir à quoi je pouvais ressembler en cet instant. Je partis me placer devant le miroir principal de la pièce, dans lequel je pouvais me voir en entier. Je portais un tee-shirt blanc et un pantalon tirant vers le kaki. Mes chaussures étaient, elles, tout aussi blanches mais plus adaptées pour la marche.
En revanche, mes cheveux était complètement ébouriffés. Je me mis donc en quête d'une brosse à cheveux. C'est ainsi que quelques secondes plus tard, je me retrouvai à quatre pattes, fouillant la salle du regard. Alors que je jetai un coup d'oeil en-dessous d'un meuble, je repérai un objet suspect scotché. Je tendis la main et m'en saisis.
Je manquai de pousser un cri se stupéfaction lorsque mes yeux tombèrent sur la photo en haut de la carte; c'était Newt. Était-ce lui qui l'avait déposée là? À quoi pourrait-elle bien me servir?
– Grouille-toi ou j'ouvre la porte, qu'importe ce que tu sois en train de faire.
– Je cherche une brosse à cheveux!
– Il y en a une dans le premier tiroir du meuble de gauche.
Je me relevai sur les genoux et dirigeai mon regard vers le fameux meuble. Je soupirai puis dissimulai la carte dans une poche de mon pantalon. Je partis ouvrir le tiroir où se trouvait effectivement une brosse. J'étais revenue devant le miroir et m'affairai à dresser mes cheveux en une coiffure convenable quand Luke ouvrit la porte.
– On m'avait dit que les filles prenaient leur temps mais je pensais pas autant.
– C'est pas toi qui sors d'un labyrinthe dans lequel tu as été jetée, sans aucun souvenir, par ceux qui t'ont élevée et que tu as aidés, pestai-je.
– Chacun sa merde, Emilie.
Je tournai la tête vers lui, vexée et curieuse.
– Qu'est-ce que tu veux dire?
– Tu n'es pas la plus malheureuse, c'est tout.
Il se détourna de moi, pour que je ne puisse plus l'interroger sur quoi que ce soit.
– Je t'attends dehors. Essaie de ne pas trop traîner.
– Ça marche.
J'avais réussi à percer sa carapace. Il avait des secrets, il avait vécu et souffert. J'avais envie de connaître ce qui le faisait mal mais je ne savais que trop bien qu'en parler, surtout à une inconnue, était pénible. Je ne savais pas si j'aurai pu, par exemple, lui parler de Minho.
J'achevai de me coiffer et reposai la brosse à sa place. Dans le tiroir, ma main frôla un élastique à cheveux, ce qui me revigora. Il faut dire qu'avoir des cheveux relativement long n'était pas des plus pratiques mais je me refusais à les couper; je persistais à croire que c'était là l'une des dernières choses qu'ils m'avaient permi de garder, hormis mon nom.
Je m'attachai les cheveux en une queue de cheval haute et sortis de la pièce. Luke était adossé contre le mur adjacent, les yeux quelque peu brillants. Il avait baissé sa garde, je l'avais touché. Il me remarqua et s'essuya violemment les yeux.
– Amène-toi, on y va. Il nous attend.
– Qui ça?
Il ne me répondit même pas et passa devant moi, sans me jeter le moindre regard. Je le suivis et dus presque courir pour suivre son allure.
– Ralentis, j'ai du mal à te suivre.
– On est en retard.
– Eh! Traite-moi mieux que ça. Ça fait des jours que je suis trimballée, que j'ai l'impression de n'être rien de plus qu'un foutu cobaye. Personne ne daigne donner la moindre réponse à mes questions. Je suis désolée que ça tombe sur toi mais j'en ai plus qu'assez. Je ne suis plus l'une des vôtres, alors je n'ai pas à me plier à vos règles.
Luke s'était arrêté durant ma longue tirade accusatrice. Brusquement, il se tourna vers moi et me plaqua contre le mur.
– Écoute, je sais que c'est insupportable comme situation. Je le comprends. Mais arrête d'être égoïste et pense aux autres. Tu n'es pas vouée à être un sujet toute ta vie, tu vas pouvoir t'échapper, tu le sais ça? Je dois rester ici moi, j'ai pas le droit de sortir ou du moins, pas avant qu'on envisage le fait que je sois devenu inutile ou incompétent. Et tu sais quoi? J'ai peut-être pas été dans le labyrinthe, j'ai pas dû affronter les griffeurs mais je ne suis pas immunisé. Ce virus, je me bas pour qu'il soit fait avant que je sois mis à la porte parce que je veux pas crever avec les autres fondus dehors. Je veux vivre, je veux reconstruire le monde pour tous ceux qui ne pourront pas le voir. Pour mes parents, les tiens, les leurs. Pour tous ces innocents, je veux rendre son espoir au monde et leur dire qu'ils ne sont pas mort pour rien.
Je me rendis compte que j'avais retenu ma respiration durant tout le temps qu'il avait parlé. Je m'évertuai à reprendre un rythme cardiaque normal. Ses mots avaient eu l'effet d'une claque, ils m'avaient lacéré le coeur. Je n'avais jamais vu la situation sous cet angle. Janson avait lui-même dit que j'étais immunisée, alors je n'avais même pas pris la peine de me soucier de ceux qui ne l'étaient pas.
– Je suis désolée Luke... Je ne pensais pas...
– C'est ça le problème justement, tu ne penses pas assez.
Il lâcha mon col qu'il tenait jusque là dans son point serré. Il était tendu, mais ses yeux semblaient vides. Nous avions tous une histoire différente, cela allait de soi. Mais cela ne signifiait pas que nous souffriions moins que les autres.
Je pris quelques secondes pour me remettre du choc puis repris ma marche, en suivant la démarche déterminée mais encore tremblante du blond.
Il nous mena jusqu'à une autre pièce, celle-ci plus grande et qui ne rassemblait en rien aux deux autres. Il y avait là quelques lits, des tables et un grand nombre de matériel scientifique. Une doctoresse apparut de derrière un rideau. Elle avait le visage pâle de ceux qui dorment peu mais les yeux pétillants d'ambition.
– Tu es Emilie, c'est bien ça?
J'acquiesçai.
– Assieds-toi ici, je te prie, m'intima-t-elle en me désignant un des lits.
Aussitôt que je fus installée sur le matelas, Luke s'apprêta à faire demi-tour pour me laisser en compagnie du médecin.
– Luke!
Il se tourna vers moi et je l'invitai d'un signe de la main de se rapprocher de moi. Il ne pipa mot dès qu'il m'eut rejoint ce qui me déconcerta aux premiers abords mais je me repris bien vite:
– Reste en vie, d'accord? Je vais faire tout mon possible pour t'aider. Je vais rester à ma place, faire ce qu'on me dit de faire et je reviendrai pour toi.
– Dis pas de conneries. Je suis un inconnu pour toi, tu m'auras déjà oublié quand tu te réveilleras demain matin. J'aurai jamais du te dire tout ça tout à l'heure, j'ai été faible. Oublie-moi maintenant, compris?
Je secouai la tête. Je ne le connaissais peut-être que depuis deux heures mais c'était bien assez pour que je veuille le sortir de cet enfer. J'ai senti la peur dans sa voix. Il voulait vivre plus que quiconque, je ne savais en quel but. Et je l'aiderai, quoi qu'il puisse en penser.
– Je veux t'aider et je vais le faire. Je te le promets.
– Ne fais pas de promesses.
Il s'éloigna après avoir dit ces derniers mots. Je ne le lâchai pas du regard jusqu'à ce qu'il ait passé la porte. Je ne savais pas si c'était là la dernière fois que je le verrai ou non.
– Il est solide comme garçon, tu n'as pas à t'en faire, m'assura une voix cristalline.
Mon regard se tourna vers la doctoresse. Elle avait suivi toute notre entrevue. Je ne lui répondis pas, espérant seulement qu'elle disait vrai.
– Et si on s'occupait de toi maintenant? Tu as besoin de soins.
Je serrai la mâchoire, me sentant seule. Tout s'enchaînait d'une façon qui ne me plaisait pas. J'avais l'impression qu'ils me fuyaient tous et que je ne parvenais pas à les rattraper. Je croisais les doigts pour qu'aucun des blocards ne soit blessé, pas même Linda.
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Merci d'avoir lu <3
– Bisou mes griffeurs ♡
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