• Ch.27 - L'Embuscade •

Précédemment:
Emilie et Minho ont rencontré Jorge et Brenda qui ont fait un pacte avec Luke pour obtenir un vaccin contre la Braise. Celui-ci veut trouver le groupe B pour tuer les alter ego. À la fin de l'entretien, il enfonce un bouton, plongeant Emilie dans l'inconscience.

Un brouhaha me tira hors de ma torpeur. Je me relevai subitement et retombai immédiatement, prise de violents vertiges et de nausées. Il me fallut plusieurs secondes pour recouvrer la vue, celle-ci troublée par des points noirs dans ma vision.

— Enfin réveillée?

Cette voix me semblait incroyablement lointaine, comme un écho. Je me sentais usée de l'intérieur, rongée, épuisée. J'étais dans un état déplorable. Mon crâne cognait et paraissait pouvoir exploser à chaque instant, mes oreilles sifflaient et une envie de régurgiter me prenait à la gorge. Comme si ce n'était pas assez, mon esprit était tiraillé par des vertiges qui m'empêchaient de garder les idées claires.

Par chance, ma mémoire n'avait pas été entaillée. Je me souvenais de mon entretien avec Luke, de ce qu'il avait fait avant de nous laisser à la merci de nos tortionnaires. Cet acte avait forcément sa part de responsabilité — non, c'était la seule cause possible.

Je tentai de me lever une seconde fois mais, à peine sur mes pieds, ma jambe gauche flancha, ne pouvant soutenir mon poids, et je chutai en arrière. Juste avant que je ne me cogne durement la tête contre le mur de pierre, un blocard se plaça dans mon dos pour me rattraper dans mon élan.

— Ouh là! Ils t'ont droguée pour que tu sois dans cet état?

J'entendis cette fois plus nettement sa voix. Je tournai légèrement la tête et mes yeux rencontrèrent des pupilles noisettes et chaleureuses — celles de Thomas. Un sourire rassurant éclairait son visage marqué par la poussière et la fatigue.

— Assieds-toi, rien ne presse, tu sais.

— Minho...

Son prénom avait filtré entre mes lèvres sans que je ne m'en rende compte. La face de Thomas vira à l'inquiétude et ses yeux me scrutèrent d'une façon que je ne sus identifier.

Il pivota d'un quart de tour et me désigna un blocard à l'écart, debout et le visage baigné par la lumière du jour provenant de la fenêtre qu'il observait.

— Il n'a pas échangé un seul mot avec n'importe lequel d'entre nous depuis que vous nous avez rejoint. À croire que son accident l'a rendu muet.

Une lueur amusée passa furtivement dans ses yeux mais je le foudroyai du regard; c'était un sujet sensible, et en parler, c'était comme marcher sur un sol bourré de mines.

— Excuse-moi, ce n'était pas très fin de ma part. Je pense qu'il ne parlera qu'à toi de toute manière.

Il serra la mâchoire et je constatai qu'il avait beaucoup maigri au niveau du visage. Il se rapprocha un peu de moi et me déclara, sur le ton de la confidence:

— Ça semble tellement irréel qu'il soit là, de nouveau. Je croyais — on croyait — qu'il était mort. Je ne sais même pas comment c'est possible. Et je me dis que... que son retour n'ait pas forcément un bon présage. WICKED est peut-être sur ses traces. Le garder avec nous n'est sûrement pas la meilleure chose à faire.

Je levai des yeux ahuris et embués de larmes de colère et de déception. Toute trace de migraine et de vertige avait à présent déserté mon corps. Comment pouvait-il prononcer de tels propos? Minho ne méritait pas d'être laissé de côté une seconde fois. Qu'importe si WICKED était derrière nous car, quoi qu'il arrive, nous étions traqués et l'un comme l'autre étions en danger de mort tant que Luke serait dans les parages.

Je ne savais si je devais le lui dire. Je le connaissais et je devinais aisément que le moment venu, il n'hésiterait pas à se sacrifier et je ne pouvais concevoir que ce soit pour sauver une fille comme Teresa.

— Minho est le cadet de nos soucis, tu peux me croire. Il n'est pas un poids pour nous. Laisse-moi aller lui parler. Nous devons nous enfuir d'ici, c'est une question de vie ou de mort.

— Qu'est-ce que...?

Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase que je claudiquais avec lenteur jusqu'à Minho. Je sentais les regards tantôt méfiants tantôt curieux des blocards sur moi. Ils ne devaient pas comprendre ce qu'ils leur arrivaient; ils avaient été enlevés par des survivants de la Braise, jetés dans une cellule miteuse pour une raison inconnue puis, peu de temps après, Minho les avait rejoint, comme un mort revenu de l'au-delà et enfin moi, inconsciente.

Les seuls personnes qui auraient pu comprendre cette situation étaient Beth ou Caleb ou peut-être même Elsa. Or, aucune des deux n'étaient dans la même cellule que nous, et j'étais en période de trouble avec Caleb.

— Tu regardes quoi comme ça? débutai-je dès que je fus assez près de lui.

Ce n'était sûrement pas la meilleure entrée en matière mais je préférais détendre l'atmosphère avant d'aborder les choses sérieuses.

Il ne daigna pas me répondre ni même tourner les yeux vers moi. Je doutai de la possibilité qu'il ne m'ait pas entendue; j'étais à un mètre de lui et il régnait, de plus, un silence funeste dans la cellule.

— Pourquoi tu ne parles à personne? Ils sont heureux de te revoir tu sais.

— C'est bien les seuls.

Il avait soufflé ces mots, plus comme une remarque personnelle qui ne m'était pas destinée alors que c'était en réalité encore une de ses piques blessantes et sarcastiques.

— Tu ne vas quand même pas remettre ce sujet sur le tapis? Je croyais que c'était clôt.

— Ça t'arrange bien, non? railla-t-il.

Il tourna sa tête vers moi et son corps suivit le mouvement pour me faire pleinement face.

— Arrête de dire ça, tu veux? Ce sont des gamineries et on n'a pas le temps pour ça. On pourrait en reparler une prochaine fois autant que tu veux.

Il soupira avec exagération.

— Est-ce que l'ancien Minho est toujours là? On aurait besoin de lui pour nous sortir d'ici.

— L'ancien Minho est mort.

— Bon sang, bouge-toi un peu! Je ne sais pas si tu te rends compte de ce qui se passe. D'un côté, il y a ce gars, Luke, qui doit tuer trois d'entre nous pour une raison tout à fait stupide, et de l'autre, ces pseudo-fondus qui se servent de nous comme d'appâts. Tu n'es peut-être pas dans le programme mais j'en fais partie de façon intégrale et j'aimerais beaucoup rester en vie à la fin, comme tous les autres.

Il me scruta, le menton haut, d'un air supérieur. Il semblait juger s'il devait me suivre ou non. À sa place, je ne saurais ce que j'aurais choisi, pour parler en toute sincérité.

— Très bien, mais c'est juste le temps que vous vous échappiez. Ensuite, vous vous débrouillerez.

— Où tu comptes aller? m'intéressai-je, anxieuse.

— Ce ne sont pas tes affaires, figure-toi.

— Comme tu voudras. Mais je te préviens dès maintenant: si tu comptes aller te venger sur Newt, il faudra me passer sur le corps avant, parce que je ne te laisserai pas faire, le menaçai-je.

— Je pensais plutôt aller foutre une raclée à WICKED pas à ton traître de frère.

— Newt n'est pas un traître, il a été enlevé de force.

— Alors tu n'es pas au courant qu'il soutient activement toutes ces épreuves qu'ils nous font subir pour trouver un vaccin fantôme?

— Il doit avoir une bonne raison, c'est ce qu'il m'a dit d'ailleurs. Il ne voudrait jamais nous faire du mal de son propre chef, assurai-je, la voix chevrotante.

Je baissai les yeux vers mes pieds. Je doutai de plus en plus de l'innocence de Newt. Je devais me faire une raison: je ne pourrais continuer bien longtemps à le défendre s'il ne daignait pas m'expliquer la situation.

— Touchée.

— Ferme-la un peu, tu es agaçant, sifflai-je.

Minho ricana doucement. Je m'attendais à ce qu'il me demande de partir ou qu'il prenne lui-même l'initiative mais il n'en fit rien.

— C'est quoi ton plan? me questionna-t-il, avec motivation.

— L'un de nous pourrait faire semblant de s'être blessé ou alors on déclenche une dispute. Ensuite, on appellera les gardiens. Plusieurs d'entre nous se cacheront dans la pénombre et, au moment où ils entreront, on les attaquera par derrière pour s'enfuir dès qu'ils seront maîtrisés.

Minho hocha la tête avec docilité.

— Ça me semble être un bon plan. Tu as pensé à tout, je suppose?

— Qu'est-ce que tu entends par là? balbutiai-je, confuse.

— Tu as la mémoire courte, on dirait. Ton copain Luke qui t'a contrôlée à distance pour te faire tomber inconsciente, peut-être qu'il peut faire encore plus que ça. Et puis, tu ne t'es pas demandée pourquoi nous ne sommes pas enchaînés comme on l'était dans l'autre cellule?

— Ils n'ont peut-être pas assez de chaînes...?

Je n'avais pas besoin qu'il me réponde pour me rendre compte que mon hypothèse ne tenait pas debout. C'était évident qu'il y avait une raison censée au fait que l'on ne soit pas emprisonnés par des chaînes.

— Peu importe. On n'a rien à perdre — du moins, c'est mon cas — alors autant essayer ton idée.

Un sourire illumina mon visage. Nous étions enfin du même avis sur un sujet. J'étais sûre que mon plan allait marcher, je ne pouvais qu'y croire!

— Je vais demander à Siggy de faire le blessé, tu n'as qu'à rassembler quelques blocards pour l'embuscade. Choisis-en peu sinon les gardes remarqueront le vide et capteront direct, lui dictai-je, solennelle.

Il opina, un petit sourire sur le coin des lèvres. Je me détournai de lui et entrepris de trouver Siggy. Il se trouvait en compagnie de Thomas et Louis, le blocard m'ayant blessée accidentellement durant le combat.

— Salut, commençai-je, gaiement.

Ils tournèrent tous les trois la tête vers moi avec une expression qui signifiait clairement que je venais d'interrompre une conversation.

— Merde, je suis vraiment désolée, c'était pas mon intention. C'est simplement qu'avec Minho, on a établi un plan pour nous enfuir et j'aurais besoin de ton aide, Siggy.

Leurs figures figées passèrent rapidement de l'hébétement au soulagement.

— Enfin! J'en ai vraiment ras le bol de croupir dans une cellule, s'enquit l'ancien cuistot, avec entrain.

— Et c'est quoi ce fameux plan? ajouta Thomas.

— Je vous expliquerai en détails plus tard. Pour l'instant, j'ai besoin que Siggy fasse comme s'il était fort blessé, de sorte à ce qu'on attire l'attention des gardiens.

— À ton service, Emilie!

J'adressai un sourire discret à Louis qui se mettait personnellement en retrait. J'espérais que je ne provoquais pas chez lui un sentiment d'intimidation, car ce n'était pas ce que je souhaitais. Il me répondit d'un sourire timide et détourna les yeux.

— Bon, il n'y a pas de temps à perdre.

Siggy me suivit à la trace alors que je m'approchai de Minho qui avait rassemblé quelques blocards... dont Caleb. À l'instant où mes yeux tombèrent sur lui, je me pétrifiai et pilai net. Siggy me rentra dedans, n'ayant pas vu que je m'étais arrêtée. Je trébuchai en avant mais parvins à me réceptionner sans chuter. Ce ne fut pas le cas du maton qui tomba en avant.

— Le côté positif c'est qu'il est déjà en place pour son rôle, rigola Minho.

Je m'apprêtai à lui lancer un regard noir quand Siggy réagit plus rapidement que moi:

— Je vais avoir un sacré bleu, je crois bien, en plus de ça. Je pensais pas que la pierre pouvait faire aussi mal, grimaça-t-il.

— Très bien, en place!

Minho avait clamé cet ordre d'une voix forte. Les murmures allaient bon train et tous les blocards étaient au courant du plan sans qu'on ne les ait prévenus. Minho partit se placer sur le côté droit de la porte afin de faire face à la personne qui entrera. Les trois autres blocards se placèrent de l'autre côté. Caleb ne m'adressa pas le moindre regard, ce qui me peina profondément.

Je reportai mon attention sur Siggy et l'incitai à se plaindre ouvertement et bruyamment. Dès qu'il eut entamé son jeu d'acteur, je courus jusqu'à la porte et tambourina sur celle-ci en scandant:

— Eh! Ramenez-vous, je crois que mon ami s'est blessé très grièvement!

Je continuai à taper de toutes mes forces contre la porte en métal durant plusieurs secondes quand ils daignèrent enfin l'ouvrir.

Alors qu'une clé tournait dans la serrure, je me reculai de quelques pas, prête à les affronter. Au moment où la porte s'ouvrit, un reflet vert attira mon attention. Je n'eus pas le temps de le voir plus en détail qu'il disparut aussitôt.

Un garde pénétra dans la cellule puis un second. Minho s'apprêta à bondir en avant pour s'attaquer à l'homme mais je fus plus rapide et lui asséna une violente droite dans la mâchoire.

Sous les regards abasourdis des blocards, Minho tomba lourdement à mes pieds, assommé par mon coup de poing.

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Merci d'avoir lu <3

— Bisou mes griffeurs ♡

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