• Ch.25 - La Confrontation •

Précédemment:
Emilie est arrivée en ville et s'est fait abordée par une femme qui voulait se servir d'elle car elle provient de WICKED. Minho est réapparu après 24 chapitres pour la sauver mais ils ont été tous deux enlevés par les survivants.

Je repris connaissance dans un endroit inconnu et sombre. Je fus prise d'une violente quinte de toux dû à la grande accumulation de poussière dans ce lieu.

Alors que je voulus me lever pour avoir une meilleure vue d'ensemble, je retombai, mes mains étant retenues par des chaînes scellées dans le mur derrière moi.

— Elles sont beaucoup trop solides, laisse tomber. J'ai dû essayer des dizaines de fois de les briser.

Je fus une nouvelle fois surprise de réentendre sa voix, un peu plus grave à présent. Des millions de questions envahissaient mon esprit mais je n'aurais su en formuler aucune.

Il était assis en face de moi, quelques mètres à peine nous séparant. Pourtant, même avec la plus grande volonté, nous n'aurions pas pu nous toucher ni même effleurer l'autre à cause des chaînes.

Je me laissai glisser le long du mur, en soupirant. Tout allait de travers. Ce n'était pas ce qui était prévu. Nous devions retrouver les filles et ainsi accéder à la seconde partie du plan qui, une fois achevée, nous aurait garantie la survie assurée.

— Est-ce que tout va bien, Emilie? s'enquit Minho, avec prévenance.

J'expirai profondément alors que je sentai mes yeux s'humidifier et mon esprit défaillir. Finalement, je levai la tête vers lui et plongeai mon regard dans le sien. Tous les souvenirs du bloc se bousculèrent alors dans ma tête et je ne pus retenir mes larmes qui coulèrent d'elles-mêmes.

Je baissai de nouveau ma tête pour ne pas lire la pitié dans ses yeux. Je l'entendis se rapprocher de moi puis un claquement sec, signifiant que ses chaînes étaient tendues au maximum.

— Regarde-moi.

Je continuai à fixer le sol en frottant maladroitement mes yeux, ne pouvant me résigner à l'affronter.

— Regarde-moi, s'il te plaît.

Malheureusement, je ne résistai pas longtemps et relevai la tête vers lui. Mes yeux étaient rouges, tout comme devait l'être mon visage. Mon souffle était irrégulier. J'étais pathétique.

— Tu n'as pas à t'en vouloir pour quoi que ce soit.

— Ne dis pas ça. Tu n'étais pas là. Tu étais... hésitai-je, ne pouvant formuler le dernier mot.

— Mort? C'est toujours ce que tu penses? Je suis mort à tes yeux?

— C'était il y a des semaines... Tout a tellement changé depuis...

— Tu contournes la question, Emilie. Réponds-moi, sincèrement. Est-ce que je suis mort pour toi? répéta-t-il, le ton fragile.

— Tu es vivant.

— Réponds-moi.

Je tournai la tête pour ne plus avoir à supporter la dureté de son regard. Je savais ce qu'il voulait savoir mais je ne voulais pas le prononcer à voix haute, je ne voulais pas le blesser et le perdre lui aussi, bien que je savais que je l'avais déjà perdu depuis longtemps. Depuis que je l'avais laissé pour mort dans le bureau des Créateurs.

— Dis-le! cria soudain Minho, me faisant sursauter.

— Pourquoi? Pourquoi tu veux nous faire du mal à tous les deux? m'exclamai-je, aussi fort que lui.

— Parce que... parce que je suis seul depuis ce moment où vous m'avez abandonné. Ce moment où mon meilleur ami m'a tiré dessus, ce moment où tu as disparu avec tous les autres... Je vous ai tous perdus, j'étais seul. Je suis resté longtemps inconscient avant de me réveiller au bord de la mort. J'ai rampé, j'ai ouvert des placards. J'ai trouvé de l'alcool. Le même qu'ils nous envoyaient au bloc, ces enfoirés. J'ai vidé quasiment toute la bouteille sur ma plaie, j'ai eu tellement mal. J'ai crié, j'ai hurlé mais il n'y avait personne. J'étais putain de seul. J'ai dû me débrouiller. J'avais... j'avais envie d'en finir. Et de toute façon, vous me croyiez tous morts alors qu'est-ce que ça aurait pu faire? Mais je me suis accroché à l'idée que toi, tu étais toujours là. Que je devais te manquer. J'ai marché, je suis tombé des dizaines de fois mais je me suis relevé à chaque fois. J'ai trouvé cette ville, j'ai fouillé chaque bâtiment et j'ai fini par trouver des vivres. Quand je me suis levé aujourd'hui, comme tous les autres jours, je pensais que ça allait être une journée comme les autres et puis j'ai entendu un bruit de cohue dans une rue. J'ai été voir et je t'ai vue. Tu ne peux même pas imaginer ce que j'ai ressenti à ce moment précis, je ne pourrais même pas le décrire moi-même. J'ai cru pouvoir te sauver mais on m'a assommé par derrière. Je suis inutile.

Je repris ma respiration après l'avoir retenue toutes les secondes pendant lesquelles il avait débité ses mots brutes qui m'avaient frappée avec douleur. Je m'en voulais, je ne pouvais pas le nier. Je le croyais mort depuis tout ce temps. Je le croyais mort quand je parlais à Caleb et que je me demandais si je pourrais ressentir de l'amour pour une autre personne un jour. Je le croyais mort quand j'utilisais sa disparition comme argument pour ma détresse alors qu'il luttait chaque jour pour rester en vie, seul de son côté, sans personne pour l'aider.

Je savais que m'excuser simplement ne servirait à rien. Jamais aucun de mes mots ne pourraient pardonner mes actes et la souffrance que je lui ai causée. Je souhaitais pourtant dire quelque chose mais je ne savais quoi. J'avais peur de mal choisir mes mots, d'empirer la situation ou de le décevoir.

Au fond de moi, j'avais espéré le revoir un jour et pouvoir me nicher au creux de ses bras encore une fois. J'aurais humé son odeur rassurante et ses bras auraient entouré mon corps en une enveloppe de sécurité et de bonheur unique. Comment avais-je pu imaginer que tout redeviendrait comme avant s'il n'était pas mort? Comment avais-je pu envisager le fait qu'on retomberait dans les bras l'un de l'autre en oubliant les mauvais souvenirs du passé?

— Je ne voulais pas que ça se passe ainsi, murmurai-je, presque pour moi-même mais il avait entendu.

Je l'entendis remuer puis le tintement de ses chaînes sur le mur — il s'était rassis, son dos contre la brique.

— Tu ne voulais pas?

— Bien sûr que non! J-je t'aimais Minho! craquai-je de nouveau.

Je levai la tête et dirigeai mes yeux vers le blocard. Je ne voulais plus être vulnérable face à lui, même si j'étais la coupable dans cette histoire. Je n'avais pas besoin qu'il me traite comme une enfant en pleurs.

— Tu m'aimais?

— Je... je ne sais plus...

Je n'avais pas remarqué que j'avais conjugué le verbe au passé, comme si mon amour pour lui s'était éteint, alors que c'était faux. Je ne pouvais pas arrêter de l'aimer.

— Écoute, autant me le dire. Je ne vais pas te blâmer si tu as arrêté de m'aimer car tu me croyais mort. Au contraire, je comprends. Je voudrais juste que tu cesses de te foutre de moi.

— Pourquoi tu es si brusque? Tu n'étais pas comme ça avant.

Il frappa soudain le sol avec son poing, éparpillant des cailloux et de la poussière autour de lui. Je déglutis. Pour la première fois, j'avais vraiment eu peur de lui et de sa puissance.

Il releva sa main et je constatai qu'il saignait. Son sang rougeâtre s'écoulait de sa main écorchée et venait teindre le sol de sa colère.

— Avant. Quel bien grand mot, quand même, ricana-t-il, sans la moindre once de joie dans son rire. Je n'étais pas brusque parce que je n'étais pas blessé comme je le suis aujourd'hui. Je préfère rester sur la réserve et ne plus en espérer trop venant des autres. Ils disent que l'espoir fait vivre, pas vrai? Il tue aussi à petit feu, il nous ronge et quand il se transforme en faux espoir, il ne reste plus rien de toi.

— Très bien. Je t'aime toujours, je sais même pas comment arrêter de toute manière. Je m'en veux plus que tu ne pourrais te l'imaginer parce que je croyais que tu étais mort et que j'avais le droit de penser pouvoir aimer quelqu'un d'autre car tu n'étais plus là et que tu préférerais que je sois heureuse plutôt que je me contente de me lamenter sur ta perte. Sauf que tu es toujours là et maintenant je ne sais plus quoi penser. Je sais qu'on partage la même opinion sur le fait que nous deux, ça ne pourra plus redevenir comme avant mais, d'un autre côté, je ne veux pas enterrer notre relation pour de bon. C'était... c'était magique. On était les meilleurs tous les deux, souris-je, ma voix se brisant.

Minho soupira longuement, serrant fermement son poing, son sang s'écoulant toujours. Je ne saurais dire s'il essayait de contenir sa douleur physique ou mentale.

— D'accord. Je te donne mon accord pour aimer quelqu'un d'autre. L'ancien Minho n'est plus vraiment là de toute façon.

— Il est toujours là. Il n'a pas pu disparaître, tu es toujours toi Minho. Il est caché derrière ta colère et ton désespoir, c'est tout. Tu ne veux pas le laisser sortir.

— Ne parle pas de moi comme si tu me connaissais mieux que quiconque. N'insinue rien, tu ne me connais plus.

— Je crois que j'ai quelque chose qui pourrait peut-être te rendre le sourire.

Je venais de me souvenir de sa photo que j'avais trouvée dans sa maison. En principe, même si mon sac m'avait été retiré, la photo devait toujours être en ma possession car je l'avais placée en sûreté dans ma poche.

Je passai une main à l'intérieur et mes doigts entrèrent en contact avec un bout de papier. Je le sortis à l'air libre et un petit sourire triste s'installa sur mon visage lorsque mes yeux se posèrent sur le visage enfantin et innocent de Minho dans son enfance. Il n'aurait jamais dû être brisé comme il l'est à présent. C'est tellement plus simple lorsqu'on est encore un enfant.

Je me mordis la lèvre inférieure, pris une légère inspiration puis me rapprochai le plus possible de lui. Je lui tendis la photo. Il ne daigna pas bouger d'un seul centimètre dans un premier temps puis, à contrecœur, il avança jusqu'à moi et pris la photo dans sa main intacte.

Il cligna plusieurs fois des yeux et serra la mâchoire. Il était troublé, et peut-être même ému. Il releva les yeux vers moi et je constatai que sa voix s'était adoucie:

— Où est-ce que tu as trouvé ça?

— Dans une maison à plusieurs kilomètres d'ici. J'ai réussi à la prendre avant que...

— Avant quoi?

— Avant que WICKED ne la fasse exploser, achevai-je, d'une petite voix.

— Ces foutus Créateurs. Si jamais je tombe sur un des leurs, il va payer.

Je pensai à Luke. Il ne méritait pas que je me soucie de lui, mais si Minho venait à s'en prendre à lui, pourrais-je vraiment le regarder se faire frapper à sang, voire à mort? Ou si c'était Newt, Minho irait-il vraiment jusqu'à le blesser physiquement? Il devait savoir qu'il était contrôlé par WICKED comme je l'avais été au bloc.

— Mais si... mais si c'était Newt? l'interrogeai-je.

Il resta silencieux plusieurs longues secondes et je crus qu'il n'allait pas me répondre mais il finit par déclarer:

— J'ai eu le temps de remuer ma rage envers lui durant toutes ces journées seul avec moi-même. Je ne lui ferai pas de mal mais ne compte pas sur moi pour lui reparler. Je sais qu'il est toujours avec WICKED. Il aurait pu partir mais il est resté. Il nous a trahis.

— Je lui ai reparlé pendant quelques minutes là-bas, avant d'arriver sur la terre brûlée. Il m'a dit qu'il avait ses propres raisons mais il n'a pas voulu me les dire.

— S'il compte les faire imploser en s'infiltrant le plus profondément possible parmi eux, je crois qu'il te l'aurait dit.

— On était sur écoute, précisai-je.

— Il pouvait te faire passer un message. Il pouvait aussi revenir me chercher, mais au lieu de ça, il s'est enfui comme un lâche. Je ne lui fais plus confiance, désolé. Et tu ne devrais pas non plus. Je te signale que c'était sur toi que Newt devait tirer. Tu serais morte à l'heure qu'il est si je ne m'étais pas interposé.

— Il était contrôlé par WICKED, tu le sais très bien. Si on m'avait aidée lorsque j'avais essayé de le sortir de la boîte lorsqu'ils l'ont enlevé, on n'en serait pas là aujourd'hui, crachai-je, furibonde.

— Alors maintenant, c'est de la faute des blocards?

— Ce n'est pas ce que j'ai dit.

— Mais c'est ce que tu p-

La porte sur le mur adjacent au mien venait d'être déverrouillée. Quelqu'un venait nous voir. La porte coulissa sur ses gonds et laissa entrer la femme aux cheveux noirs qui nous avait emprisonnés.

— Arrêtez donc de vous quereller comme un vieux couple, les jeunes. On a vos amis. Si vous voulez qu'il ne leur arrive rien, vous feriez mieux de coopérer. Jorge souhaite s'entretenir avec vous, et je resterai pas loin, alors pas de rébellion.

Deux hommes entrèrent à leur tour dans la pièce et nous détachèrent. Une fois debout, ils pointèrent chacun un pistolet sur notre nuque, ce qui nous dissuada de toute idée de mutinerie.

— Suivez-moi, la Mortelle et le Leader. On va faire plus ample connaissance.

Je tournai furtivement la tête vers Minho. Il semblait au courant des tatouages sur notre nuque mais découvrait seulement mon nom comme je venais d'apprendre le sien. Je ne pus pas plus le regarder car l'homme dans mon dos me poussa en avant et je dus avancer. Espérons que Jorge était moins féroce que la femme.

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Merci d'avoir lu <3

— Bisou mes griffeurs ♡

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