• Ch.13 - La Sortie •
– On va suivre les conseils de Janson et-
– Depuis quand on suit les conseils de ce type? l'interrompis-je.
– Depuis qu'on risque de devenir aveugle avec tout le sable qu'on aura dans les yeux.
Elle sortit de son sac le drap qui provenait de l'une des chambres. Elle le déchira en deux avec parcimonie. Elle commença alors à tenter du mieux qu'elle put à l'enrouler autour de sa tête et de son buste. Je l'observais du coin de l'oeil, amusée, sachant très bien qu'elle avait oublié de remettre son sac sur son dos.
Beth me toisa, remarquant mon regard posé sur elle:
– Qu'est-ce que t'as tocarde?
– T'as oublié ça.
J'attrapai son sac à dos par l'une des lannières et le lui tendit par le bout des doigts. Elle leva sans se cacher les yeux au ciel en lâchant une longue plainte.
– Pourquoi tu me l'as pas dit avant?
– Je trouvais ça drôle de te voir galérer.
– On se tape des barres, t'as raison. En attendant, tu ferais mieux te grouiller.
– Toute façon, il n'y a pas le feu.
– Ça c'est toi qui voit.
Je fronçai les sourcils, la regardant, confuse. Elle plissa les lèvres, épuisée, et montra d'un signe de tête quelque chose derrière moi. Je tournai vivement la tête et mes yeux s'agrandirent d'horreur lorsque je découvris qu'il y avait bel et bien le feu. WICKED devait avoir juger que nous prenions trop de temps.
– Il est où ce foutu drap!? paniquai-je, en ouvrant mon sac à la volée.
– C'est pour ça qu'il faut m'écouter.
– Oh toi la ferme. Va ouvrir la porte de sortie, rends-toi utile.
Beth marmonna entre ses dents quelque remarque intelligible puis tourna sur ses talons pour rejoindre la porte de sortie. Arrivée à celle-ci, elle se tourna et s'appuya contre le mur en attendant que je sois parvenue à disposer convenablement le drap sur ma tête.
Il me fallut quelques minutes quand enfin je la rejoignis. Le feu avait gagné du terrain et, bien qu'il progressait lentement, je pouvais presque sentir sa chaleur sur ma peau.
– Ouvre la porte maintenant!
– Pose ta main, ici.
– Quoi?
– Il faut nos empreintes, pose ta main! m'ordonna-t-elle, d'une voix dure.
J'obtempérai immédiatement et posai ma main droite à côté de sa main gauche. Aussitôt, la porte s'ouvrit en deux, juste entre nos deux mains. Le passage s'élargit peu à peu, nous permettant ainsi de nous faufiler entre. À peine étions-nous sorties au-dehors que nous recevâmes une rafale de sable dans la figure. Crachant et pestant, je me positionnai dos au vent le temps de mieux respirer.
Pendant ce temps-là, Beth s'attela à refermer la porte. Elle essaya de faire rejoindre les deux bouts de la porte sans y parvenir.
– Viens m'aider! Prends ce bout-là.
J'obéis sans broncher. Je devais commencer à l'écouter et à arrêter de faire ma tête de mule.
Je saisis la porte gauche et elle la droite, et on tira d'un seul coup simultanément. Le mécanisme sembla se débloquer, grinça, et nous pûmes refermer les portes sans encombre.
Beth épousseta ses mains et remit bien en place son drap pendant que j'inspectai l'horizon, la main en visière. Je me tournai vers elle:
– Et maintenant? On est censées aller où? C'est mort ici. Y a pas d'âme qui vive.
– Les fondus doivent se cacher. Est-ce que t'as une arme ou quelque chose du genre pour te défendre? J'ai juste eu une sorte de taser bizarre.
Elle extirpa une arme de son pantalon pour me la montrer. Je la pris dans mes mains et la tournai dans tous les sens. Mes yeux se posèrent sur un bouton rouge assez tentant et, sans demandant la permission à la brune, l'enfonça. Le bout de l'arme grésilla, des filaments bleus illuminés s'animèrent. C'était presque envoûtant.
Beth m'arracha soudain l'arme des mains et la replaça au niveau de sa ceinture.
– Pas touche. Et toi, t'as quoi?
Me souvenant de mon rêve d'il y a quelques heures, un frisson me parcourut l'échine. Peut-être avais-je bien un pistolet dans mon sac mais alors comment l'aurais-je su dans mon rêve? À moins que ce ne soit qu'une coïncidence.
Je décidai de vérifier tout de même et retirai tant bien que mal mon sac de mon dos. J'ouvris la fermeture et fouillai son contenu. En effet, un pistolet s'y trouvait, alors que j'aurai juré qu'il n'y était pas lorsque j'avais fait son inventaire.
– Wow, bel engin! s'émerveilla Beth, à la vue du pistolet.
Elle le prit dans ses mains sans que je ne puisse la retenir. Pendant un instant, je crus que j'allais vivre mon rêve de façon inversée, que ma compagne allait me régler mon compte maintenant que nous étions sorties du bâtiment. Mais elle n'en fit rien, se contentant de l'examiner sous toutes ses coutures. Avec un sifflement admiratif, elle me le rendit tout en m'aidant à me remettre debout sur mes pieds.
– Fais attention, ça peut être dangereux ces machins. J'espère que tu sais t'en servir.
J'opinai; ça oui, j'en étais consciente. De plus, je me souvenais avoir appris à m'en servir durant la même période où j'avais appris à me battre. Avec ce garçon, Caleb. J'aurai vraiment aimé faire sa connaissance, que nos esprits se confrontent, que l'on partage nos expériences au bloc. J'avais l'impression de tout connaître de lui alors qu'il était redevenu un étranger à mes yeux aujourd'hui.
Quelque chose d'autre m'embêtait néanmoins, comment était-il mort? La réponse semblait pourtant évidente: il s'était pris la fameuse balle que j'aurai dû aussi avoir mais que Minho s'était pris à ma place en se sacrifiant. Mais son frère, Léo? Tué par un griffeur? J'avais vraiment besoin d'éclaircissements. Même si cela pouvait être irrespectueux, je décidai d'interroger Beth à ce sujet:
– Comment ils sont morts les deux frères, Caleb et Léo?
Nous nous étions remises en marche depuis déjà quelques minutes et Beth dut ralentir le pas pour marcher à ma hauteur et me parler.
– Léo est mort pour son frère, il lui a donné sa vie alors qu'on touchait presque au but.
– J'aurai dû mourir aussi...
– Je m'en doute, Caleb aussi aurait dû être tué ce jour-là.
– Alors de quoi il est mort, si ce n'est pas de ça?
Elle haussa les épaules, ignorante.
– J'en sais rien. Après que son frère soit mort, Sonya et lui ont pleuré à son chevet. Sauf que c'est à ce moment-là qu'un groupe d'hommes armés et en tenue de protection ont débarqué et ont commencé à tirer partout. On s'est fait embarquer les uns après les autres dans leur bus, et c'est après qu'il ait démarré qu'on a vu qu'il était pas avec nous. Il est donc présumé mort mais Sonya persiste à croire qu'il est vivant quelque part.
– Peut-être que c'est juste le WICKED qui l'a enlevé, suggérai-je.
– Pourquoi ils auraient fait ça?
– Mon frère l'a été et c'est lui qui a été contrôlé pour essayer de me tuer d'ailleurs. C'est étrange que ce ne soit pas Sonya qui était celle qui devait tuer Caleb dans votre bloc.
– Je crois que nos blocs sont très différents, bien que WICKED essaie de nous prouver le contraire. Comment ça se fait que je suis là et pas mon alter ego?
Une idée naquit dans ma tête. J'avais assemblé les pièces du puzzle et j'avais compris leur stratagème.
– Je crois que j'ai compris leur système. Ils ne veulent garder qu'un alter ego sur les deux, c'est pour ça que certains sont déjà morts.
– Alors pourquoi parfois les deux sont morts?
– Parce qu'ils ne voulaient garder que les plus importants sûrement. Mais il y a un truc qui va pas. Sonya est toujours en vie comme Newt, son alter ego. Et si je ne me trompe pas, celui de Teresa est aussi toujours vivant.
– Ça veut dire qu'elles sont en danger de mort!
J'acquiesçai, l'air grave. Chaque seconde qui passait nous rapprochait un peu plus de notre but – bien que j'ignorais de quoi il s'agissait réellement – mais nous progressions lentement, trop lentement. Le jour baissait et je ne saurais dire à combien de kilomètres nous nous trouvions du reste du groupe. Nous n'avions aucun moyen pour les joindre, juste nos jambes pour les rejoindre.
– Il faut les retrouver au plus vite. Nous devons les avertir, s'exclama Beth.
– Ce n'est pas en les informant qu'on les sauvera, WICKED est plus malin. Il arrivera à ses fins.
– Pas si on est plus malignes. Je sais que tu as des capacités. Tu peux les protéger.
Je secouai la tête, que voulait-elle me dire exactement? Que je devais assurer le rôle de protectrice avec Sonya et Teresa? Et Thomas et Newt, si c'était eux qui mourraient? Non, trop de garçons étaient déjà morts.
– Regarde, un bâtiment!
Je suivis la direction que désignait le bras de Beth et mes yeux rencontrèrent un bâtiment, ou plutôt une sorte de maison, au loin.
– On n'a qu'à s'arrêter là pour la nuit. Mieux vaut être en forme si on veut retrouver les filles demain. Tu prends le premier tour de garde, m'informa la brune, sans même me regarder.
– Pourquoi ce serait pas toi?
– Parce que c'est pas moi qui me suis tapé une sieste pendant que ma coéquipière nous cherchait une sortie.
– Bon, très bien. Mais j'aimerai bien que tu me passes ton taser au cas où.
– T'as un flingue, c'est bien assez.
– Justement, ça fait trop de bruit et on est en position vulnérable. On risque d'ameuter d'autres fondus et d'être piégées.
Beth soupira et détacha son arme de sa ceinture et me la passa, non sans une pointe d'appréhension. Je la remerciai dans un souffle et glissai l'appareil dans ma ceinture, solidement maintenu.
Demain, nous les retrouverons toutes saines et sauves, je ne pouvais que le croire.
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Merci d'avoir lu <3
– Bisou mes griffeurs ♡
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