• Ch.12 - Le Cauchemar •
– Des fois je persiste vraiment à croire qu'on n'est pas aimées dans ce monde.
Nous avions échappé de justesse à la boule d'acier mais elle persistait à vouloir nous attraper – ou du moins notre tête. Nous nous étions donc mis à courir droit devant nous, où l'obscurité engloutissait chaque recoin et semblait invincible.
L'adrénaline coulait dans mes veines, sûrement à cause du fait qu'enfin, la phase 2 avait commencé et qu'on passait aux choses sérieuses. J'avais déjà ce sentiment délicieux au bloc lorsque je courrais dans le labyrinthe, ma peau nue frôlant le lierre et mes jambes touchant à peine le sol. J'avais alors Minho à mes côtés mais je n'avais pas le coeur fêlé presque brisé.
– Attention! me héla Beth.
Je freinai brusquement dans ma lancée, mes pieds dérapant sur le sol rugueux. J'atterris la face contre un mur, légèrement déboussolée. J'avais manqué de peu de me casser le nez contre le mur ou même pire, grâce à Beth.
– Aurais-je une si bonne influence sur toi que tu commencerais à m'apprécier? la taquinai-je, tout en me massant le front.
– J'aime juste pas être seule ici alors j'essaie de te garder en un seul morceau, au moins jusqu'à ce qu'on retrouve les filles.
– D'ailleurs, en parlant d'elles, j'ai une hypothèse. En fait-
– On n'a pas le temps de discuter suppositions Emilie, bon sang! Je te rappelle qu'on est poursuivies par de l'acier volant!
Elle accompagna ses paroles par de grands gestes dans l'air, comme si elle voulait renforcer l'idée totalement absurde de l'acier volant mais qui pourtant était bien réelle.
– Très bien. Alors c'est quoi la suite du programme? l'interrogeai-je.
– C'est moi qui prends les commandes? Je te préviens, tu dois me suivre au doigt et à l'oeil.
Elle me jaugea d'un oeil sévère, comme si j'étais une enfant turbulente incapable de me contenir.
– Tout ce que je demande c'est qu'on sauve tout le monde.
– Ça c'est pas gagné... marmonna-t-elle.
Elle s'avança de plusieurs pas jusqu'au mur. Ramenant une mèche derrière son oreille, elle examina ce dernier de haut en bas. Elle cherchait sûrement les traces d'une porte ou du moins une cassure qui nous permettrait de passer au travers.
Beth émit un petit son affirmatif puis s'agenouilla au pied du mur. Elle extirpa de son sac sa lampe torche, et éclaira un pan du mur avec.
– Intéressant...
– Qu'est-ce qui est intéressant?
– Regarde cette fissure.
Je m'approchai de la brune – qui me dépassait de cinq bons centimètres soit dit en passant. En effet, sur une longueur de quelques centimètres, le mur était parcouru d'une fine fissure.
– Et donc? la questionnai-je, en quête de plus de réponses.
–Et donc cela veut dire que ce mur a déjà bougé auparavant.
– Comment tu peux en être aussi sûre? C'est peut-être juste quelque chose qui est rentré dedans.
– Ça vaut la peine d'essayer. On n'a rien à perdre après tout, se motiva Beth avec entrain.
Je me demandais ce qui la motivait tant à vouloir s'échapper d'ici, à part sa peur panique du noir. Elle semblait retrouver espoir à l'idée que l'on venait de trouver peut-être notre porte de sortie. J'aurais souhaité lui demander la raison de sa détermination mais je savais que c'était personnel et je ne voulais pas me battre sur ce terrain-là avec elle.
Durant le court temps sur lequel je réfléchissais, Beth s'était attelée à sa tâche. Elle tatonnait chaque centimètre carré du mur, chaque bout susceptible d'abriter l'interrupteur d'une porte cachée. Je haussai les épaules, elle avait sûrement raison. Je me mis donc à faire la même chose qu'elle.
Au bout de plusieurs minutes, nos recherches n'avaient rien donné. Nous n'avions pas trouvé le moindre passage secret.
– Tout ça pour rien... soupirai-je.
Bien que j'avais abandonné, Beth continuait à chercher avec ardeur, inlassablement. Le visage rougi, les yeux lourds de fatigue, je me laissais tomber en arrière sur le mur adjacent. Au moment où mon dos entra en contact avec la pierre, un clic brisa le silence.
Beth leva la tête à la volée, aux aguets. Quant à moi, ayant sursauté, j'avais glissé et étais retombée sur le sol durement. Un autre déclic se fit et un rectangle parfait du mur originaire recula puis glissa sur le côté, nous ouvrant un passage sur un nouveau lieu inconnu.
La brune, ravie, fourra sa lampe dans son sac à dos et sauta de l'autre côté du mur. Je me relevai du mieux que je pus. Lorsque je m'étais cognée sur le sol, je m'étais fait assez mal. Les vibrations ressenties s'étaient répercutées jusque dans mes pieds. J'attrapai mon sac d'une main et, me tenant la hanche gauche de l'autre, rejoignit Beth, juste avant que les portes ne se referment.
– Je crois que je me suis cassée un truc, sifflai-je.
– Mais non, t'auras juste un postérieur bleu pendant quelques temps. C'est beau le bleu, regarde dans Avatar.
– Je sais même pas c'est quoi Avatar...
Beth leva les yeux au ciel et continua sa traversée dans le nouveau couloir. Celui-ci était sombre. Je commençais vraiment à croire qu'on ne trouverait jamais la sortie – une sorte de labyrinthe sous-terrain.
– Tu crois que ça va nous mener où ce nouveau chemin? lâchai-je, perplexe.
– Fais pas ta rabat-joie on va pas crever ici.
– Et si on trouvait jamais la sortie?
– On la trouvera, c'est comme ça.
– Et si jamais-
– Mais tu vas la fermer? C'est pas avec ton pessimisme à la con qu'on va sortir ça c'est sûr. Si tu pouvais juste la boucler, ça me ferait des vacances, gronda Beth.
Mes yeux étaient arrondis de stupéfaction. Elle changeait vraiment d'humeur rapidement. Il y avait à peine quelques minutes, elle était rayonnante et maintenant, elle semblait avoir retrouvé son état habituel.
– C'est quoi ton problème avec moi, au juste? m'enquis-je.
– T'écoutes jamais quand on te parle pas vrai?
Elle ne répondit pas à ma question et m'ignora, accélérant le pas. Je dus courir un peu pour la rattraper. Je la retins par l'épaule pour l'obliger à s'arrêter. Si on devait encore rester quelques heures voire quelques jours toutes les deux, ce ne sera pas dans des conditions froides et malsaines de ce genre.
Elle se tourna à la volée vers moi et me fusilla du regard.
– Vas-y, crache le morceau.
– Qu'est-ce que t'as contre moi? Un moment t'es sympa et la seconde d'après tu m'ignores totalement? T'es lunatique ou quoi?
– Chacun sa merde, je compte pas te raconter ma vie.
– T'es encore pire que Gally, en fait.
– C'est qui lui?
– Ton alter ego.
Elle plissa les lèvres et me fit des grands yeux, signe qu'elle se fichait pas mal de qui pouvait bien être Gally.
– On a qu'à passer un marché. Tu la boucles et en échange, j'essaie d'être plus clémente. Ça te va?
Je secouai la tête. Ce n'était pas ce que je voulais, elle ne comprenait pas. La vie est trop courte, on n'avait pas le temps de tergiverser et d'établir des deals. Il fallait qu'on s'entraîde. Bien qu'elle semble désintéressée, j'avais toujours le sentiment que quelque chose lui pesait sur le coeur.
– C'est l'apocalypse, on en n'a plus rien faire des méchants et des gentils, on est tous au même niveau, rétorqua Beth.
– Tu te trompes justement. C'est dans une situation de ce genre qu'on doit faire la différence entre ennemi et allié. On doit choisir de quel côté on est.
– Mais qu'est-ce que tu racontes? Je suis neutre, c'est tout.
– De quel côté es-tu Beth?
Elle se tourna un instant, me tournant le dos. Je sortis sans faire de bruit un pistolet de mon sac. Je vérifiai s'il était chargé puis le levai vers elle.
– Trop longue, marmonnai-je.
Elle se retourna, sans se douter de rien. Elle eut un sursaut lorsqu'elle découvrit l'arme pointée sur elle. Instinctivement, elle posa ses mains devant l'engin de la mort comme si elle pouvait retenir la balle. Ses yeux reflétaient sa peur, c'était presque divertissant de la voir en position de faiblesse.
– Ça fait quoi d'être inférieure à moi? Tu redescends de ton piédestal?
– Emilie, baisse ton arme.
– Tu sais, je commence à en avoir assez de me faire mener par le bout du nez par tous ceux que je rencontre. Et tu m'as foutu la honte le premier jour.
– Ne me dis pas que tu vas me tuer à causer d'une petite humiliation?
– Peut-être bien.
J'appuyai sur la détente.
Je me réveillai au même moment en sursaut. J'étais essoufflée et en sueur. Mon rêve avait-il une signification? Il semblait tellement réel que je crus un instant avoir vraiment tué Beth.
– Beth! Beth, t'es là? criai-je, en regardant de tous les côtés.
Elle ne répondit pas et je commençai à paniquer. Et si je l'avais vraiment tuée sous l'emprise de la puce? Je lui en voulais bien sûr mais pas au point de la tuer. Je n'étais pas un monstre – enfin je croyais.
– BETH!
– POURQUOI TU CRIES?
Elle débarqua en courant du fond du couloir. Elle était apparemment partie explorer les alentours en me laissant toute seule, vulnérable.
– T'es consciente que j'étais sans défense en train de dormir?
– Me dis pas que c'est pour ça que tu m'as appelée en pleurant?
– Je n'ai pas pleuré. Et non, ce n'est pas pour ça. Je m'inquiétais, tu ne répondais pas.
Elle imita un faux air attendri en me regardant, l'air doucereux.
– C'est mignon. Sinon à part ça, pendant que tu pionçais, j'ai été voir où menait ce couloir. Et j'ai une grande nouvelle!
– C'est quoi? m'exclamai-je.
– La sortie!
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Merci d'avoir lu <3
(même si c'était un peu nul)
– Bisou mes griffeurs ♡
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