꧁ 𝐋𝐞 𝐆𝐚𝐳𝐞𝐛𝐨 ꧂
Bob était allé à la cabane, tandis que ma fille s'était réveillée. Je lui avais raconté tout ce qu'il s'était passé, et elle m'écoutait, étonnée.
- Tu sais, à mon avis, ces souvenirs que vous avez vus, ce doit être à cause de la formule. Le sort lancé était bien plus fort que les autre fois... Il est très possible que ça ai pu en révéler plusieurs d'un seul coup.
- C'est ce que je me disais. Murmurais-je, toujours troublée par ce que j'avais vu.
Elle retourna l'une des cartes posées sur la table, essayant de lire l'avenir d'on ne sait qu'elle créature qui habitait le cimetière de Boot Hill.
- Avant que Bob n'entre dans l'histoire, j'avais vu quelque chose qui brillait dans le Gazebo. Tu as une idée de ce que c'est ?
Les cartes volant dans l'air retombèrent nettes sur la table, pendant que ma fille me dévisageait, avec un regard de mépris.
- Maman je suis voyante, pas génie, je suis d'ailleurs confuse que tu me demandes ça. Le seul moyen de le savoir, c'est d'aller regarder ce que c'est par toi-même.
Je soupirais.
- J'y vais.
Puis les cartes se remirent à voler dans tout les sens.
Je me trouvais debout devant le petit Gazebo violet du jardin, imaginant toutes sortes d'hypothèses sur ce qui se cachait à l'intérieur. Je me suis rendu compte que c'était d'ailleurs la toute première fois que j'allais y pénétrer. Je poussais le petit portail, et commença à gravir les marches, lorsque une voix que je reconnus au premier mot prononcé cria :
- Vous cherchez quoi ?
Bob... Je n'allais pas lui dire de repartir et de me lancer tranquille, ça ne servait à rien...
- Je cherche quelque chose qui brille à la lumière...
Je levais la tête, une fois à l'intérieur du Gazebo, passant mes doigts sur les gravures de bois. Le soleil se reflétait sur les magnifiques vitres teintées. Une théière et une tasse étaient toujours posées sur la petite table, au centre de la pièce. Cet endroit m'inspirait confiance. M'asseyant pour inspecter ce qui pourrait y avoir par terre, je fus surprise de découvrir une trappe cadenassée dissimulée sous la table.
- Gwenda, j'ai trouvé quelque chose.
Je relevais la tête.
- Moi aussi.
Les mains en l'air, il détacha soigneusement un objet du bois qui encadrait l'une des vitres.
- C'est une clef.
Il me l'a tendue, et je l'ai prise, l'examinant sous tous ses angles. Elle était lourde, et surement en or. Je l'insérais dans la serrure du cadenas, puis la pivotais. Il s'ouvrit dans un petit déclic. Bob avait les yeux rivés sur mes mains, qui ouvraient la trappe, et laissait apparaitre un trou profond. Nous ne voyons rien. Je risquais l'un de mes bras, espérant trouver quelque chose d'intéressant, et qui permettrait que j'avance un peu plus dans mon enquête. Et je fus heureuse lorsque mes doigts touchèrent ce qui semblait être du papier. Je les agrippais et les remontais. Elles étaient recouvertes de poussière. La première montrait Martha, avec un bébé dans les bras. Derrière celle-ci avait été écrit " Martha et Gracey, automne 1835". La seconde montrait Gracey, un peu plus grand jouant avec une petite fille, pas plus âgée de deux ans, dans le jardin du manoir, magnifique et majestueux. " Mélanie et Gracey, été 1840". La troisième photo présentait la famille Ravenswood au complet, Mélanie dans les bras de son père, et Gracey, tenu par les épaules par sa mère. Tout le monde souriait sauf lui, qui avait un regard malicieux, et les sourcils froncés. La toute dernière photo présentait une grande demeure de style néogothique. À son verso, en lettres majuscules était simplement écrit " New Orlean Square". Était-ce le nom de la bâtisse ? Après ça, il n'y eu que des photos de Gracey, et bizarrement, elle ne le montrait pas à plus de 8 ans. Il y avait un livre aussi. Ainsi qu'une plume. Je l'ouvris et tombait sur la page de garde. " Gracey's Book ". Je remarquais que le carnet était identique à celui d'Henry, que j'avais trouvé il y a bien des années. C'était d'ailleurs peut-être ce dernier qui lui avait donné, afin d'exprimer ses émotions et ses pensées. Je glissais les photos à l'intérieur, le referma, et le coinça en dessous de mon bras. Ce serait ma lecture du soir.
- Bien. Nous avons fait le tour je crois.
Je refermais la trappe, cacha la clef dans la poche de mon veston sombre, et repartais vers le manoir.
- Il n'y a rien à propos d'Ignatius n'est-ce pas ? Demanda Bob en me voyant partir.
- Non. En effet.
Il gémissait, en prenant un air de chien battu.
- Mais vous pouvez toujours chercher dans la bibliothèque.
Il sauttait littéralement de joie, et corrait jusqu' à moi, le sourire aux lèvres.
Perché sur la grande échelle en bois qui menaçait de se casser en deux à chaque fois qu'il faisait un geste de plus, Bob cherchais désespérément un livre fournissant des informations sur Ignatius. Moi, je me repassais une à une les photos trouvées par la trappe. Je me demandais bien pourquoi Gracey ne souriais pas sur la photo de famille, ou alors pourquoi le cliché du manoir du New Orlean Square se trouvait parmis celles-ci. Je n'avais pas encore lu le journal de Gracey. Je préférais être au calme, seule, pour me concentrer.
- J'ai trouvé quelque chose ! Cria-t-il en lâchant un livre qui s'écrasa violemment sur la table devant moi.
Je l'agrippais, et ouvrais une page au hasard. C'était un carnet de comptes. Toutes les rentrées d'or trouvées dans la Big Thunder Mountain y étaient inscrites. Les deux premières années avaient étés rédigées par Ignatius lui-même. Le reste, par Henry, qui avait pris la relève, sûrement après la mort mystérieuse de celui-ci. Des pages spécialement conçues pour accueillir les coordonnées et informations sur les employés se trouvaient à la fin du livre. Il y en avait une arrachée, surement celle d'Henry. Bob afficha un large sourire lorsque je tombais enfin sur la page d'Ignatius. Il y avait une photo, exactement la même qu'il avait sorti de son portefeuille un jour plus tôt. D'une écriture manuscrite et pointue, son nom était écrit, à côté de coordonnés. Une ligne spécifiait sa maison. " Cabane en bois, Big Thunder Mountain. " Je fronçais les sourcils. Je ne savais pas qu'il y avait des habitations, à la BTM. C'était peut-être d'ailleurs la seule, car sur aucun autre formulaire il y avait marqué que la personne en question vivait à la Big Thunder...
- On y va ?
Bob, tout excité, n'attendait qu'une seule chose, c'était d'aller découvrir le lieu où vivait son ancêtre, et je pouvais le comprendre. Mais, nous n'avions pas vu le temps passer dans la bibliothèque et il faisait déjà nuit.
- Pas aujourd'hui Bob. Il fait nuit.
Il traversa la pièce à grandes enjambées, s'arrêtant devant la fenêtre, repoussant les rideaux de dentelle et scrutant le ciel. Il soupirait. Je me levais et le suivais. C'était un orage torrentiel, parsemé çà et là d'éclairs qui déchiraient le ciel. Les terres étaient déjà inondées, et je voyais l'eau qui inondait le Gazebo d'ici.
- Il pleut.
Je le regardais exaspérée, me mordant la langue pour me retenir de lui lancer une phrase cinglante. Il se retourna soudainement, et s'écria :
- Mais comment vais-je faire pour rentrer à la cabane !? Le jardin est une piscine !
Je retournais vers la table, où je rassemblais les photos éparpillées.
- Je suppose que vous allez devoir dormir ici...
- Et manger aussi ! Me coupa-t-il.
Il y eu une petite pause, avant que je ne conclue :
- Je vais donc devoir rajouter des couverts...
Le plat allait être extrêmement facile. Soupe et poulet. Pas plus, pas moins, et mon invité ferait avec. À l'autre bout de la longue table, je le voyais jouer avec ses croutons, les poussant au fond de son bol avec sa cuillère, et répétant l'étape une fois que ceux-ci avaient remonté. Je portais mon récipient à mes lèvres, et bu une grosse gorgée de soupe aux légumes. Elle était tiède. Même froide.
- Sinon... Vous faites quoi toute seule tous les jours dans ce manoir lugubre...
Je lui jetais un regard noir.
- Désolé. C'était un peu indiscret.
Effectivement.
- Je lis tous les livres de formules et de spiritisme de Leota...
- Qui est Leota ? Me coupa-t-il. Oh et peut importe. Vous ne vous sentez pas seule ?
Une larme qui n'était pas prévue coula soudainement sur ma joue.
- Si... Beaucoup. J'ai ma fille, mais elle m'est innaccessible...
- Et bien, je suis là maintenant !
Il brandit sa cuillère au-dessus de sa tête, se renversant de la soupe dessus. Il poussa un juron. Je rigolais doucement, je crois que c'était la première fois que je rigolais depuis bien des années. Bob était drôle et gentil. Il était certes un peu simplet, mais vraiment très gentil. Et doux... " Ressaisis-toi ! " m'étais-je crié dans ma tête, chassant ces pensées de mon esprit.
- Bon ! Je vais vous montrer votre chambre pour la soirée !
Il me suivait le long des couloirs, vraisemblablement effrayé par le papier peint violet, collé au mur. Il poussa un cri de surprise, lorsqu'il s'aperçut que le couloir derrière nous semblait s'étendre pour ne plus avoir de fin. Nous avons continué d'avancer, jusqu'à la chambre la plus repoussée des autres pièces. J'ouvrais la porte, et le laissa entrer. Il jeta des coups d'œil dans tous les coins de la pièce.
- Wow ! C'est luxueux !
Il se dirigea vers le fond de la pièce, vers une grosse coiffeuse.
- Et ça ! Vous avez vu ! Elle est énorme !
- Oui je sais. C'était la chambre de Mélanie. D'ailleurs, elle est morte ce même miroir.
Il se raidit, et fit un pas en arrière.
- Je vous souhaite une bonne nuit ! Chantonnais-je en refermant derrière moi.
J'eus un petit rire, amusé par le petit tour que je venais de jouer à Bob. Je me suis remise à avancer dans le couloir avant de m'arrêter net devant le piano. Cela faisait des lustres que je n'y avais pas joué. Je n'avais plus eu le courage. Mais, je me suis assise, et ai fermé les yeux. J'ai porté mes mains aux touches, et ai commencé à appuyer sur l'une d'entre elles. Puis deux. Trois. Et j'ai commencé à jouer une musique en entière. Et cela faisait du bien. Je me sentais libérée d'un gros poids. Je ne savais pas ce qui m'avait donné le courage de rejouer, mais je me sentais libre comme l'air.
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