꧁ 𝐋'𝐞𝐧𝐟𝐚𝐧𝐭 ꧂
Thunder Mesa, 1835.
- Faites attention ! Criais-je de l'autre bout du couloir, en accourant vers les deux personnes qui portaient le lourd tableau que j'avais commandé.
Je passais mes mains sous l'épais cadre, et les aidait à le soulever. Il était extrêmement grand.
- Il ne faudrait pas que vous vous faisiez mal ! Haletais-je, à bout de souffle.
Je contemplais l'immense tableau, qui était enfin accroché, après une demie-heure à essayer de clouer un clou tout en haut du mur. Il nous représentait, ma femme et moi, à notre mariage. Ma femme était enceinte de cinq mois, mais pas de moi. Elle avait été financée à un autre homme, un certain Hugh McDowell, un cowboy qui l'avait laissée tombée préférant traquer les truands sur son cheval, annulant alors sont mariage. Mais, ça n'allait pas poser de problèmes, j'allais être le père qu'il n'allait pas avoir. Je le traiterai comme mon propre enfant. Fille ou garçon. Nous nous connaissions elle et moi, depuis déjà plusieurs années, et j'étais fou amoureux d'elle. Et il s'avèrerait que c'était réciproque. Peu après s'être annoncé nos sentiments l'un à l'autre, nous nous sommes mariés.
J'allais vers mon lit, remarquant qu'un journal y était posé. Un petit mot était disposé juste à côté.
" Votre journal, mon très cher M. Ravenswood. Bonne Journée ! Suzanne E. "
Suzanne, ma domestique la plus fidèle. Cette femme était un amour, j'allais d'ailleurs lui donner sa journée.
Je dépliais le journal et lisais le titre de l'article en couverture.
" M. Ravenswood, élu numéro un des personnes les plus gentilles de Thunder Mesa, d'après le Thunder Mesa Daily Messenger."
Je souriais. Cela me faisait chaud au coeur.
Avant de descendre, j'ai attrapé mon journal, ainsi que ma plume pour pouvoir, comme à mon habitude, ma journée. Poussant les deux grosses portes en bois du manoir, je pris une grande respiration d'air frais. Je descendais les marches, et me retourna, pour contempler mon immense manoir. Magnifique, blanc, neuf. Je souriais. Je comptais fonder une famille, trois beaux enfants, en comptant celui dont Martha aller donner la vie très prochainement.
Je pris le petit chemin de bitume blanc de mon jardin, pour aller me reposer au Gazebo, où je pourrais trouver calme et confort. Je me suis part terre, et ai ouvert mon carnet. Une petite tasse de thé fumant était posée sur le coin de la table, avec encore une fois, un petit mot de Suzanne.
" Bonne Dégustation ! "
Encore une fois, je souriais bêtement. Hans, un cuisinier, passa devant le Gazebo, il devait rentrer chez lui.
- Hans ! L'interpelais-je, Hans !
Il se retourna.
- Pouvez-vous, si vous la voyez bien sûr, dire à Suzanne de rentrer chez elle ? Je lui libère sa journée, et elle sera payée !
- Oui pas de problème ! Je crois qu'elle est au portail, parlant avec le jardinier !
- Impeccable ! Bon week-end Hans !
Il me fit au revoir de la main, puis repris sa route. Je redirigeait mon regard vers mon journal, agrippa ma plume, et commença à gratter le papier.
11 Septembre 1835.
Ce matin, je suis allé à la BTM, pour aller voir comment travaillaient les mineurs, tous faisaient un travail parfait ! Mais je pense que nous allons arrêter un moment de puiser dans la mine, pour ne pas l'user trop...
Ms. Glane, la maire de la ville voisine veut me la racheter, prétendant en faire meilleur usage que moi... Mais nous avons eu une très longue discussion pendant le déjeuner - je l'avais invitée au Manoir - et j'ai clairement lu entre les lignes de son discours... Elle souhaite juste la faire exploser pour bâtir ce qui sera une autre petite bourgade, dont son mari serait fondateur. Mais il est tout bonnement hors de question que je la lui vende. Car, premièrement, elle exposerait ma ville a un très grand danger en la faisant exploser, et deuxièmement, il est impossible de détruire une montagne d'une telle beauté. Mais, elle ne veut rien entendre, et dit que "je finirais bien par accepter". Sur cette dernière phrase, elle se leva, poussa un " A bientôt " et s'en alla. Elle était visiblement vexée et folle de rage. Je ne peux toujours pas comprendre comment nous pouvons nous mettre dans un état pareil... Je n'ai pratiquement jamais été en colère ou tout simplement triste...
Martha et moi avons discuté et avons fini par choisir un nom pour son enfant. Notre enfant. Mélanie si c'est une fille, Gracey, si c'est un garçon. Elle fut touchée que je propose celui-ci, étant donné que c'était celui de son grand-père qu'elle aimait tant.
Le portrait de Martha et moi, étant terminé par le peintre - nous lui avions fourni une photo à peindre - a été livré et accroché. Il est magnifique... Surtout Martha, elle est rayonnante. Je l'aime tellement, et j'ai du mal à croire qu'un mois et demi s'est déjà écoulé depuis notre mariage... J'ai l'impression que c'était hier que j'ai prononcé "oui".
J'ai libéré sa journée à Suzanne pour sa gentillesse et pour la bonté qu'elle a à notre égard. C'est une femme généreuse. Je la rémunèrerais tout de même.
Je m'arrêtais soudain d'écrire. Je venais d'entendre quelqu' un crier mon nom. Tient ! Lorsqu'on parle du loup... C'était Suzanne qui accourait à grande enjambées vers moi.
- M. Ravenswood ! M. Ravenswood !
Elle s'arrêta devant le Gazebo, essoufflée.
- Suzanne ! Je vous croyais déjà chez vous ! Je vous libère...
- Je sais monsieur ! Me coupa-t- elle, mais ce n'est pas grave ! Il y a quelque chose de beaucoup plus important qui se passe en ce moment !
Je fronçais les sourcils. Que pouvait-il se passer d'aussi important ?
- Il arrive ! Annonçait-elle.
- Il ?
Elle me regarda de travers, elle semblait exaspérée de mon hébétude.
- Il ! Criais-je en me tapant le front. L'enfant arrive !
- Oui monsieur.
- Mais il est en avance de trois mois ! Ce n'est pas normal !
- Je sais monsieur, mais, s'est aujourd'hui qu'il compte venir au monde ! Et pas un autre jour ! Alors allez rejoindre votre femme tout de suite !
Je me suis élancé vers le manoir, espérant de tout mon cœur que le travail n'était déjà pas terminé.
Je fus surpris de voir que ma pauvre Martha, entourée d'innombrables domestiques et employés, était appuyé contre l'un des murs de la Stretchroom.
- Chérie ! Tout va bien ? Lui demandais-je en lui attrapant la main.
Elle ne me répondit pas, hurlant de douleur à chaque nouvelle contraction. Je me suis relevé et j'ai hurlé à un groupe de domestiques :
- On l'emmène dans une des chambres de l'étage ! Aidez-moi à la porter !
Une femme m'écarta de Martha d'un bras et déclara :
- Il ne vaut mieux pas monsieur. Chaque geste peut lui être fatal. Le bébé est prématuré, ce qui est mauvais autant pour le bébé que pour elle. Je suis médecin, laissez-moi m'occuper d'elle... et je vais vous demander de partir vous et toutes les autres personnes.
J'avais l'oreille collée contre la porte de la Stretchroom. Et chaque hurlement de Martha me faisait frisonner et pleurer. J'ai commencé à faire les cents pas dans le couloir. J'effleurais les diverses tableaux peints par la même personne que celui de notre mariage. Je me suis assis par terre, et ai ouvert mon journal, que je n'avais pas lâché depuis tout à l'heure.
11 Septembre 1835
Martha est sur le point de mettre le bébé au monde. Mais il a trois mois d'avance. C'est incroyable. Elle n'arrête pas d'hurler... La pauvre... Je me sens impuissant...
Je levais la tête, la médecin venait de faire coulisser les deux portes de la Stretchroom.
- Monsieur, c'est terminé.
Je me pris de panique et lui posa tout un tas de question, en me relevant.
- Martha vas bien ? L'enfant aussi ? C'est une fille ou un garçon ?
- Oui, Oui, et allez voir par vous-même.
Je l'ai suivie dans la pièce, et ai entendu des petits cris de nourrisson.
Je me suis agenouillé près aux côtés de ma femme, et ai regardé la petite chose délicate entre ses bras.
- Henry, dis bonjour à Gracey. Chuchota Martha, en berçant le bébé.
Gracey ! Gracey ! C'était donc un garçon !
Martha me fit signe de le prendre dans mes bras, ce que je fis. Gracey attrapa mon pouce et le serra fort. Une larme perlait sur ma joue. J'étais père. J'étais papa de ce magnifique être.
La médecin me prit le bébé, pour le monter à l'étage et le mettre dans son landau. Martha, avant de partir avec eux, m'accorda un petit baiser.
- Tu es la femme la plus forte du monde ma chérie.
Elle me regarda, souris, puis repartis.
J'étais père. Je n'arrivais pas à y croire. J'étais père. Et elle mère. Nous étions une famille. Soudée à jamais, une belle famille, qui n'aurait jamais aucun problème et vivrait dans le bonheur. La meilleure famille de Thunder Mesa.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top