Phantom Manor - Gwenda
Devant Phantom Manor, j'étais plus déterminée que jamais. L'indifférence du shérif m'avait mis très en colère, et je voulais à tout prix retrouver mon fils. En rentrant dans le vestibule, la porte était miraculeusement réparée, tout comme le chandelier qui avait été replacé. Mais le tableau lui, était toujours sous sa forme tragique. J'ai senti que Sarah commençait à avoir un peu peur, lorsqu'elle a serré un peu plus fort ma main. Je lui ai passé mes doigts dans les cheveux et je lui ai déposé un baiser sur la joue pour la réconforter.
Nous sommes entrés dans la pièce suivante. Je me suis remémoré le corps sans vie de Mme. Evers pendu au-dessus de moi. Mais il n'y était plus. Quelqu'un avait du l'enlever, et très certainement l'apporter à la morgue.
Cette fois j'ai pris le temps de regarder tous les tableaux. Il y en avait quatre. Chacun représentaient Mélanie aux côtés d'un homme différent à chaque fois. Ces portraits étaient effrayants à la lumière de ma lampe torche. Ils semblaient tous nous fixer, prêts à nous sauter dessus à tout moment. Comme par magie, les bougies tenues par les petites gargouilles qui entouraient les peintures se sont allumées.
Je ne savais pas si j'hallucinais ou si c'était bel et bien réel, mais il me semblait bien que les tableaux s'allongeaient, comme l'autre fois . Mélanie disparaissait laissant les quatre hommes seuls. Et plus ils s'allongeaient, plus ils laissent découvrir une scène à glacer le sang. L'un se faisait agresser par un ours, l'autre une scie fonçant vers lui. Le troisième était prêt à tomber d'une chute d'eau avec sa petite barque, quant au dernier, l'homme était debout sur une pile de boites d'explosifs et de TNT. C'était horrible et choquant. Ce devait être ses prétendants, tous décédés de façons horribles.
J'ai fermé les yeux et j'ai secoué la tête pour chasser ces visions d'horreur de mon esprit, et lorsque je les ai rouverts, les tableaux avaient repris leur taille normale. Les bougies elles, étaient toujours allumées. Sarah, Luis et moi sommes passés dans la pièce suivante.
Nous venions de rentrer dans une sorte de long couloir tapissé de tableaux. Celui-ci tournait vers la droite, et sur le mur devant moi je pouvais reconnaître le tableau que j'avais vu dans le livre : Mélanie dans sa belle robe de mariée. Où l'avais-je vu d'autre ? Cette impression de déjà vu était tellement forte...
Un bruit m'a fait sursauter, je me suis retournée, en cherchant du regard ce qui avait bien pu le faire. C'était la porte qui s'était refermée derrière nous. J'ai donc conclu que nous ne pourrions plus sortir à part en la défonçant, comme je l'avais fait lorsque j'étais avec Mme. Evers.
Sarah tremblait, elle était morte de trouille. Je me suis abaissée pour me mettre à son niveau.
— Tout va bien d'accord, on ne rencontrera personne, l'ai-je rassurée sans y croire moi-même, nous allons retrouver Jason et partir d'ici.
Je me suis relevée, et nous avons poursuivi notre excursion. Nous avons longé le couloir, et en passant devant les tableaux, j'ai pu voir qu'ils changeaient d'aspect : un sublime portrait d'une femme ayant vécu pendant l'Antiquité se changeait en une immonde gorgone. Un bateau neuf et luxueux prenait feu devant mes yeux. Ou encore, et ce qui le plus horrible et effroyable, un portrait de Henry Ravenswood qui se changeait en un squelette inquiétant. C'était peut-être lui " l'hôte ", après tout. C'était son manoir.
En tournant à droite, je tombais sur une grande salle avec un escalier imposant. Toute la pièce disposait de meubles style victorien, de grands rideaux rouges en velours de part et d'autre de la pièce et surtout, ce qui avait retenu mon attention était deux gros bustes en marbre qui semblaient nous fixer peu importe où nous nous trouvions.
De chaque côté de ces escaliers, il y avait une ouverture. Et je me demandais par où est-ce que nous allions passer. Monter les escaliers ? Passer par la porte de droite ou celle de gauche ?
— JASON, a crié Sarah, JASON OÙ EST TU ?
Je lui ai mis ma main sur sa bouche pour la faire taire. Il ne fallait absolument pas ameuter quel qu'esprit ici.
— Maman, a bavé Sarah sur ma paume, Luis a dit qu'il n'était pas très loin.
Je lui ai attrapé la main, révélant une fois de plus le fantôme à mes yeux.
— Où est-il, lui ai-je chuchoté.
— Il est dans le manoir, c'est sûr, il n'est pas très loin de nous.
— D'accord, ai-je soupiré pas plus avancée, prenons ce chemin.
Un peu au hasard j'ai pointé du doigt l'ouverture de gauche. Nous nous sommes engouffrés dans la pénombre, ne savant pas trop sur quoi nous allions tomber. J'ai allumé ma lampe torche, et je suis restée bouche bée. Ce que je voyais était surprenant, le papier peint violet, qui se trouvait dans le livre, était tapissé sur les murs ! Ils formait des sortes de créatures étranges, bouche grande ouverte. J'avais presque peur de passer devant eux.
Nous sommes passés devant plusieurs cadres affichant des photos plus étranges les unes que les autres et les portes toutes closes semblaient renfermer plus d'un secret sur la famille Ravenswood. Le couloir semblait interminable avec des embranchements à droite et à gauche que nous n'avions pas encore exploré.
— Combien de temps allons nous encore marcher, s'est plainte Sarah.
— Je ne sais pas Sarah... Je ne sais même pas dans quelle partie du manoir nous sommes... Il est si grand...
Nous nous sommes arrêtés devant un tout petit enfoncement à gauche, qui formait une toute petite pièce pour le piano qui était au plein au milieu. C'était une sorte de petit endroit pour la lecture, le chant ou pour jouer d'un instrument. Des couronnes de fleurs avaient été déposées là, un peu partout. Le piano avait l'air d'être encore en état de marche, même après tout ce temps. J'ai regardé la partition, pour lire le titre de la musique. Mais, avec le temps le papier avait jauni et s'était dégradé, je n'arrivais plus à lire quoi que ce soit dessus. J'ai appuyé sur l'une des touches du piano et un son en sorti, un La. Le piano semblait toujours accordé. J'en avais joué un petit peu avant de rencontrer le père de Jason et Sarah. Je me souvenais de deux ou trois accords. Je me suis assise sur le petit fauteuil rembourré et j'ai commencé à tapoter sur les touches tandis que Luis et ma fille m'écoutaient. Mais soudain, sorti d'on ne sait pas trop où, un corbeau s'est posé sur l'une des couronnes et a commencé à croasser très fort. J'ai porté mes mains à mes oreilles et je l'ai chasé en donnant un coup dans le fauteuil sur lequel était posé la dite couronne.
J'ai voulu recommencer à jouer, mais le piano s'est actionné seul. Les touches s'enfonçaient et se remontaient, en jouant l'air de la marche nuptiale que l'ont jouait traditionnellement aux mariages. Au début l'air était assez lent, puis il est allé de plus en plus vite. Comme si la personne qui jouait la musique était énervée. Je me suis relevée ,et j'ai couru mettre Sarah derrière mon dos.
— Maman, m'a-t-elle appelée d'une toute petite voix que j'entendais à peine, le voilà.
— Qui chérie, ai-je crié au dessus de la cacophonie.
— Henry Ravenswood...
Elle m'a touché la main et je l'ai vu. Le Phantom était bien le maitre du manoir. " L'hôte " qui avait pendu ma voisine était bien le père de Mélanie. Il a commencé à rire très fort, avant d'arrêter de jouer et de se tourner vers nous. Se pourrait-il donc que les rumeurs des habitants de Thunder Mesa soient vraies ?
— Alors comme ça, la descendante est venue m'éradiquer ? La prophétie s'avère être vraie...
Que racontait-il ? Il s'est rapproché de moi, mais Luis s'est intercalé entre nous.
— Vous ne toucherez pas à un de leurs cheveux ! Ils sont ma famille, et j'aimerais beaucoup savoir où est-ce que vous avez caché Jason !
Henry a éclaté de rire puis il a ajouté :
— Pas si sûr...
— Pas si sûr de quoi, a crié Sarah toujours derrière moi en me tenant la main.
Elle aurait mieux fallu qu'elle se taise car celui-ci a repoussé Luis d'un geste de la main et a répondu sur le même ton qu'elle :
— Oh ça ta mère le découvrira bien assez tôt ! En attendant...
Il a commencé a attraper ma fille par les épaules, et celle-ci s'est débattue en coupant le lien entre elle et moi. J'ai regardé de partout, mais Henry ne m'était plus percevable. Luis non plus. Sarah quant à elle avait l'air de se débattre seule sur le sol.
— LAISSEZ-MOI, a-t-elle hurlé.
Mais, elle a commencé à glisser sur le sol, comme si le fantôme la tirait par les pieds.
— Sarah, ai-je beuglé à mon tour en me mettant à sa poursuite.
Je n'arrivais pas à la rattraper, et ses cris me faisaient pleurer. Mon enfant se faisait maltraiter sous mes yeux et je n'arrivais même pas à la sauver.
— Sarah, ai-je répété essoufflée.
Je suis tombée en le prenant le pied dans une bosse du tapis, alors qu'une voix de femme douce et ferme à ordonné à Henry de lâcher ma fille. Je me souviens avoir vu un gros éclair de lumière blanche éblouissante traverser tout le couloir, avant de tomber dans les pommes.
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Je me suis éveillée apeurée. J'ai gardé les yeux fermés car je ne voulais pas savoir où je me trouvais. Je ne voulais pas savoir si j'avais simplement rêvé, ou si la disparition de Jason, cette histoire de fantômes et le manoir lui-même étaient réels. Peut-être même étais-je toujours dans mon lit en Californie, et que mon installation à Thunder Mesa n'était aussi qu'un cauchemar. Mais malheureusement, j'ai du affronter la réalité lorsque je me suis relevée, alertée par un couplet étrange.
" Des douze coups de minuit,
Aux matines sonantes,
Nous valserons ensemble, Macabre débutante..."
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