Informations - Gwenda

En retournant vers la cabane, je suis passée devant une petite librairie, et j'ai décidé de m'y arrêter, laissant les courses dans la voiture. J'adorais lire, et qui sait, peut-être que celle-ci avait besoin d'une nouvelle vendeuse... Il fallait absolument que je trouve un travail. Et je n'avais même pas pensé à en parler au gérant du magasin, bien trop absorbée par l'histoire qu'il me racontait.

En entrant, une petite cloche a tinté et l'homme derrière le comptoir a directement tourné sa tête vers moi.

— Bonjour, ai-je fait.

Le caissier me fit bonjour de la tête. Je me suis rapprochée du comptoir et je lui ai demandé :

— Par hasard, vous n'embaucheriez pas, ici ? Je viens juste d'arriver, et je voudrais trouver un petit boulot...

— Nous ne prenons plus personne. Il est très rare que nous ayons des clients, et nous avons déjà du mal à rémunérer nos actuels employés...

— Oh... Désolée pour vous alors...

Je sentais qu'il serait très dur de trouver un travail dans une si petite ville.

Je parcourais les rayons de mes doigts lorsqu'un livre en particulier a attiré mon attention : il était ocre, et assez épais. Le titre, L'histoire de Frontierland, était gravé en or sur la couverture. J'ai tout de suite reconnu la forme de la Big Thunder Mountain juste au-dessus. Je l'ai ouvert, il y avait des images, du texte écrit à la main... Tournant un peu les pages, je suis tombée sur une vielle photo du manoir et soudain, mon cœur s'est mis à battre très fort. J'ai commencé à respirer très difficilement et mes yeux étaient rivés sur celle-ci, sans jamais cligner. C'était la première fois que je ressentais cette sensation. Je me sentais comme attirée par elle, comme si le livre me poussait à vouloir en savoir plus sur la vielle bâtisse.

Sortant alors de mon état second, je l'ai pris sous mon bras, bien décidée à le ramener à la maison.

— Madame ? Vous ne pouvez pas acheter cet ouvrage, c'est un livre d'archives.

Je me suis retournée, face au vendeur. Il semblait inquiet. M'avait-il vu agir étrangement au contact de la photo du manoir ?

— N'est-il pas possible de vous l'emprunter, ai-je minaudé, pour le lire chez moi ? Je voudrais apprendre les petites histoires de cette ville. Vous savez, je viens d'emménager...

Il réfléchissait, les bras croisés.

— Oui, je suppose que nous pouvons faire ça. De toute façon, jamais personne n'est venu regarder ces livres-là alors...

— Très bien, ai-je souri, merci beaucoup !


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En sortant de la librairie, je me suis rendu compte de mon étrange comportement. D'habitude, je n'aurais pas cherché plus loin, et j'aurais tout simplement reposé l'ouvrage... Et cet état, devant la photo du manoir... Ça ne m'était jamais arrivé auparavant. Le vendeur avait dû me prendre pour une cinglée.

Je me suis retournée, et j'ai regardé loin derrière moi. Le manoir. Il était grand, sur trois étages, avec une architecture somptueuse. Il avait dû être des plus majestueux, à l'époque. Mais à présent, la peinture s'était écaillée, ne laissant que le bois pourrissant derrière elle. Certains volets menaçaient de s'effondrer à tout moment, se balançant dangereusement avec le vent. Les arbres étaient dénudés, morts et la verdure poussait comme du chiendent. Tout était à l'abandon.

Mon cœur s'est remis à tambouriner et mon souffle à s'accélérer. J'étais attirée par lui.


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Le soir, sur les coups de huit heures, nous avons décidé d'aller manger au Lucky Nugget Saloon, et ce qu'on nous y servait était vraiment très bon ! Nous nous sommes régalés ! Mr. et Ms. Collins ont tenu à nous servir eux-mêmes ! Ils nous ont expliqué que le restaurant tenait son nom de la plus grosse pépite trouvée à Thunder Mesa, par une dénommée Miss Diamond Lil.

L'endroit était magique et grandiose. C'était exactement l'idée que je me faisais d'un saloon, mais en trois fois mieux.

Nous sommes ensuite entrés et avons continué de ranger les affaires que les déménageurs avaient déposées pendant que j'étais au supermarché. Jason avait géré les papiers à ma place, et je peux dire que s'il n'avait pas été là, je ne m'en serais jamais sortie. Mais très peu de temps après, Sarah s'est endormie sur le sol, épuisée. Jason l'a portée jusque dans son lit. J'ai décidé alors de m'allonger, pour souffler deux secondes. J'ai un peu somnolé, et je me suis totalement écroulée de fatigue. J'ai sombré dans un lourd sommeil.


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Je me suis réveillée, de nouveau en sursaut, à cause d'un cauchemar, dont, soit dit en passant, je ne me suis pas rappelé, comme d'habitude. La lumière était éteinte et une couverture avait été soigneusement remontée jusqu'à mon coup. J'en concluais donc que Jason avait du me trouver endormie.

Une fine lumière venant de la fenêtre illuminait la table, au milieu de la pièce, exactement là où j'avais posé le livre. Sur un coup de tête, j'ai allumé la petite lampe, à côté du canapé, et je l'ai attrapé. En l'ouvrant, un petit prologue présentait l'auteur et les conditions d'écriture. À la page suivante, un chapitre était consacré à l'histoire du début de Thunder Mesa. Un certain Henry Ravenswood, qui était en partie le bâtisseur du village, avait trouvé richesse dans la Big Thunder Mountain, et avait construit son manoir - LE MANOIR ! Manoir qui était le joyau de Boot Hill - la petite colline où il était construit - d'après ce que disait l'ouvrage.

Au fil des pages, j'en ai appris plus sur lui et d'après les témoignages, il était un homme odieux, voir horrible. Des rumeurs courraient sur le fait qu'il aurait soi-disant tué plusieurs hommes, tous prétendants de sa fille, Mélanie - qui était décrite comme étant un amour et d'une beauté envoutante.

Puis est venu la page qui parlait du tremblement de terre. Il était écrit que la ville avait été secouée de tout part, et que la moitié de la ville avait succombé. Une petite note en bas de la page me laissait apprendre que des gens prétendaient que la catastrophe était due à un oiseau tonnerre, mécontent d'avoir vu son trésor pillé dans la Big Thunder Mountain par Henry Ravenswood. Le comble était que celui-ci et sa femme sont décédés également lors de ce funeste jour.

Leur fille, seule et a quelques jours de son mariage avec un mineur, s'est retrouvée seule. Mais, d'après ce que j'avais pu lire, ce jour-ci, son fiancé n'est jamais venu. Elle s'est alors enfermée dans le manoir et n'en est plus jamais sortie. L'auteur expliquait qu'au moment où il écrivait cette page, il ne savait toujours pas si elle était toujours vivante. De plus, il disait que la bâtisse avait décrépi à très grande vitesse, et que d'inquiétants événements se tramaient tout autour. Des volets qui claquaient alors qu'il n'y avait pas de vent, des fumées vertes s'échappant de la cheminée, des ombres aux fenêtres... On disait que le lieu était hanté, et cette idée s'est fortifiée lorsque deux employés en sont sortis, beaucoup de temps après et qu'ils ont dit avoir été persécutés par une force démoniaque. Ils ont aussi indiqué qu'ils avaient retrouvé le corps du fiancé de Mélanie, pendu dans le manoir. Alors, les villageois ont interdit l'accès au manoir, et l'ont rebaptisé " Phantom Manor ".

Phantom Manor ! Quel drôle de nom... Et quelle étrange histoire ! Elle me donnait la chair de poule. Le manoir était-il vraiment hanté ? Je n'étais pas du genre à croire aux esprits et au surnaturel. Mais, je ne savais pas pourquoi, ce récit me semblait si crédible que j'en doutais presque.

Je me suis levée et je suis sortie sur le perron pour m'asseoir dans le rocking chair. J'ai allumé la petite lampe à huile posée juste à côté. Il faisait froid, pour une nuit d'été. J'ai fixé le manoir, dressé sur sa colline. Cette sensation d'attraction est revenue.

J'ai rouvert le livre et je suis tombée sur de vielles photos. Des cowboys, des fermiers, des villageois. J'en ai même trouvé une de l'oncle Luis, portant des santiags, adossé à une botte de paille. Puis, il y avait deux portraits, un homme et une femme. L'homme avait l'air plutôt inquiétant, avec des yeux noirs de rage. Il semblait nous dévisager malsainement, comme s'il voulait nous transpercer du regard. Il avait, je pense, la quarantaine. Je notais également qu'il portait un grand chapeau haut de forme. Un petit encadré me laissait apprendre qu'il s'agissait du fameux Henry Ravenswood. J'ai donc compris pourquoi les témoignages disaient de lui qu'il était une personne horrible, son visage et son expression laissait paraître cet aspect de sa personnalité, rien qu'une photo trahissait sa méchanceté.

La femme quant à elle était jeune, tout juste vingt ans. Elle avait un grand sourire aux lèvres et elle était belle, avec des cheveux, entre le brun et le roux, tombant en cascade sur ses épaules. C'était Mélanie Ravenswood, et elle était tout le contraire de son père. La photo inspirait confiance et joie, alors que celle d'Henry ne diffusait que peur et angoisse.

Les dernières pages ne présentaient que des photos de personnes mortes depuis longtemps, dont Martha Ravenswood épouse de Henry, et mère de Mélanie. Juste à côté de celle-ci, une photo avait été retirée et le nom rayé. Même en essayent de lire en transparence de l'autre côté de la page, il était impossible de voir quoi que ce soit.

Sur la toute dernière page, une photo d'un tableau a attiré mon attention : Mélanie dans sa sublime robe de satin blanc. Elle m'était familière.

J'ai relevé les yeux vers Phantom Manor, et je me suis balancée sur le rocking chair. Pourquoi cette histoire me semblait si étrange ? Pourquoi le manoir semblait m'attirer ? Et pourquoi moi ?

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