Chapitre 60
Lundi 6 mai 2018, 18h14.
Zac, Julian et Léo s'engouffrèrent l'un derrière l'autre dans le hall de l'hôpital, les yeux parcourant les environs inconsciemment. Ils s'empressèrent de rejoindre l'accueil où un infirmier s'activait dos à eux et ne semblait pas les avoir entendu s'approcher.
‒ Uhm, bonsoir ? commença le père de famille, incertain.
Le jeune homme se tourna vers eux avec un sourire aimable et des papiers en mains.
‒ Bonjour. En quoi puis-je vous aider messieurs ?
‒ J'ai reçu un appel du docteur Schmitts pour ma fille, Charlene. Clark, Charlene Clark, se corrigea-t-il. Il a dit que je pourrais la trouver ici.
‒ Patientez un instant, s'il vous plaît monsieur Clark. Je vais l'appeler pour vous.
Pinçant ses lèvres entre elles, il tapa nerveusement sur le comptoir du bout de ses doigts et observait autour de lui dans l'espoir d'apercevoir l'adolescente. L'infirmier leur signala que le médecin arriverait d'ici peu et les invita à aller s'asseoir dans la salle d'attente. Environ cinq minutes plus tard, un homme d'une cinquantaine d'années en blouse blanche s'approcha d'eux avec un visage sérieux.
‒ Monsieur Clark ?
Ce dernier se leva rapidement de son fauteuil tandis que Léo et Julian se poussèrent du mur sur lequel ils s'étaient appuyés.
‒ C'est moi. Où est ma fille ?
‒ Bonsoir monsieur, je suis le docteur Schmitts. Pouvez-vous me suivre dans mon bureau ? Je dois vous parler avant de vous emmener à elle.
‒ Faites-le ici.
‒ Cela nécessite d'être en privé, monsieur. Seule la famille peut-
‒ Julian est mon fils et Léo est le compagnon de ma fille, ils sont la famille. Maintenant, dites-moi ce qui s'est passé ?
‒ Bien, soupira le médecin en les amenant un peu plus sur le côté. Votre fille est arrivée à l'hôpital dans la matinée. Les pompiers qui nous l'ont amené l'ont retrouvé dans le sous-sol miteux d'un immeuble au centre-ville. Il semblerait qu'il s'agissait d'un squat pour toxicomanes.
‒ Oh mon dieu.
‒ Elle n'a pas de blessures physiques de ce que j'ai pu voir et-
‒ De ce que vous avez pu voir ? répéta Julian avec un froncement de sourcils. Vous n'avez pas fait d'analyses ou quoi ? Ma sœur est une junkie, elle est très certainement stone à l'heure où on parle. Elle pourrait très bien être bousillée de l'intérieur.
‒ Nous avions en effet remarqué que Charlene avait un problème de dépendance et nous voulions l'examiner mais personne n'a pu l'approcher. Elle devenait agressive dés qu'elle nous jugeait trop proche d'elle.
‒ Oh chérie... soupira tristement son père.
‒ Depuis combien de temps votre fille prend de la drogue ?
‒ Uhm, plusieurs mois ? Nous ne sommes pas trop sûrs de quand ça a commencé. Mais nous l'avions envoyé dans un centre de désintoxication fin mars. Elle s'est échappée il y a quelques jours. Quand j'ai reçu votre appel, je pensais... vous savez ? Qu'elle était...
‒ Malheureusement, je suis souvent le témoin de ce genre de cas.
Un court silence s'étendit entre eux avant que Léo ne se redresse et demande :
‒ Pouvons-nous la voir maintenant ?
‒ Mmh, encore une chose. Quand Charlene a été découverte par les pompiers, elle pratiquait un massage cardiaque à une autre jeune fille. Nous pensons qu'il s'agissait d'une de ses amies vu à quel point elle était accrochée à elle. Nous n'en savons pas beaucoup sur son identité hormis qu'elle s'appellerait Lucy ? Peut-être que vous la connaissez ?
‒ Oui, je pense que ce doit être Lucy Dietrich, une amie proche de ma sœur. Elle habite avec sa famille à Boise. Charlie a dû venir la rejoindre... Comment va-t-elle ?
‒ Je ne peux évidemment pas divulguer d'informations sur cette patiente si vous ne faites pas partis de sa famille. Je suis désolé, je suis sûr que vous comprenez. En tout cas, merci pour votre aide. Nous ferons en sorte de prendre contact avec sa famille.
Le médecin interpela une infirmière et lui communiqua les renseignements fournis par Julian.
‒ Venez, reprit-il avec un geste de la main vers un couloir. Je vais vous emmener auprès de Charlene.
Les trois hommes le suivirent à travers le dédale de couloirs et esquivèrent les soignants qui s'activaient dans tous les sens, manquant de les bousculer.
‒ Charlene est assise à même le sol près de la pièce où on a tenté de soigner son amie. Elle a refusé de bouger depuis. Une fois qu'elle se sentira mieux, si je peux le dire ainsi, il faudrait qu'elle parle avec la police, les informa-t-il alors qu'il les guidait dans le grand bâtiment. Ils ont manifesté le souhait d'en apprendre plus sur ce squat dans lequel elles étaient.
‒ La police ?
‒ Oui. Ne craignait rien, ils ne lui veulent pas de mal. S'ils sont là, c'est à cause du nouveau maire. Il a lancé une chasse à la sorcière dans toute la ville pour démanteler chaque réseau de drogues. Pas que je me plaigne s'il y arrive. Le nombre de jeunes, d'enfants, qui ont fait une overdose ou... peu importe. Nous sommes arrivés, Charlene est-
Un froncement de sourcils froissant ses traits, le docteur Schmitts se tut et arrêta le geste de la main qu'il amorçait pour montrer un endroit précis.
‒ Un instant, messieurs. Je reviens.
Sous les regards déconcertés des trois hommes, il disparut dans ce qu'un écriteau indiqué comme un « bureau d'infirmières » et réapparut une minute plus tard avec un air plus sérieux encore que plus tôt.
‒ Uhm, je suis désolé de vous l'apprendre mais il semblerait que Charlene ait quitté les lieux sans que personne ne s'en aperçoive.
‒ Quoi ? Comment c'est possible ?
‒ Ce n'est pas tout monsieur Clark. Un vol de médicaments a été signalé pendant que je vous parlais. Un agent de sécurité a remonté les bandes des caméras de surveillance et nous pouvons affirmer que c'était le fait de Charlene. La dernière image d'elle montre qu'elle se faufile en dehors de l'hôpital par une porte de service.
‒ Est-ce que... est-ce que vous savez où elle est allée ? Ou quelle direction elle a prit ? questionna le père de famille, perdu.
‒ Non. Je suis désolé, je n'en sais pas plus que vous.
‒ Lucy pourrait peut-être savoir quelque chose ? proposa Julian en échangeant un regard avec Léo. On peut lui parler ?
Pinçant ses lèvres entre elles, le médecin hésita avant de secouer la tête.
‒ Je ne peux rien vous dire sur son cas, rappela-t-il. Mais lui parler sera inutile.
‒ Comment vous le savez ? Elle sait peut-être des choses.
‒ Croyez-moi, elle ne peut pas vous aider. Je suis sincèrement désolé, j'aurais aimé vous apporter plus d'aide mais je vous ai déjà fourni tout ce que je savais.
‒ Ca va docteur, ce n'est pas votre faute, soupira Zac en passant une main dans ses cheveux. Merci. On... on va partir à sa recherche.
‒ D'accord. Si j'ai la moindre information, je sais comment vous contacter.
❀
Jeudi 9 mai 2018, 15h41.
Tout en démarrant la voiture, Julian jeta un coup d'œil vers le siège passager où était son père. Ce dernier lui avait laissé le volant pour pouvoir téléphoner à sa femme.
‒ Puisque ce n'est pas un enlèvement, ils ne se pencheront pas sur la disparition de Charlene. [...] Parce qu'elle est une toxicomane ! Elle est apparemment sujette à de nombreuses fugues. Le shérif a promis de garder un œil sur ceux qu'ils ramassaient mais rien d'autre.
L'adolescent pouvait entendre la voix de sa mère de l'autre côté du combiné mais c'était trop faible pour qu'il puisse saisir ce qu'elle disait.
‒ Je sais Jenna, c'est frustrant pour tout le monde. [...] Que veux-tu que je fasse d'autre ? Nous avons déjà cherché dans toute la ville avec les garçons, elle est nulle part. Elle a sûrement mis les voiles il y a plusieurs jours. On doit rentrer.
S'engageant dans la circulation, Julian s'éloigna du commissariat alors qu'il leva son regard vers le rétroviseur central pour rencontrer celui du petit ami de sa sœur. Celui-ci semblait autant contrarié que lui par l'idée de rentrer à Nampa sans Charlie. Cependant, ils savaient tous les deux que le plus âgé avait raison : ils n'avaient trouvé aucune trace qui indiquerait qu'elle était restée dans le coin.
‒ Non Jenna, je n'abandonne pas ! Mais la vie ne s'est pas mis en pause parce que notre fille a fugué ! Julian doit retourner finir le lycée, Léo a un travail qui l'attend et je ne peux pas me permettre de perdre le mien. [...] Jenna, je... écoute, tu sais quoi ? Reparlons-en quand je serais là, OK ? Je te laisse.
Il n'attendit pas que sa femme lui réponde et raccrocha. Un long soupir épuisé franchit la barrière de ses lèvres et une main vient frotter ses yeux.
‒ C'est quoi la suite du plan ? questionna Julian après une poignée de minutes silencieuses.
‒ Exactement ce que j'ai dis à ta mère. On rentre à Nampa, on revient à nos vies.
‒ Mais... et pour Charlie ? On doit la retrouver.
‒ Je sais fiston, je sais. Mais le pays est grand et on a aucune idée de l'endroit où elle pourrait être.
‒ On peut pas laisser tomber !
‒ Ce n'est pas ce que je dis.
‒ Ca y ressemble.
‒ Je veux juste qu'on retourne au travail et toi au lycée pendant que-
‒ J'emmerde le lycée, grogna l'adolescent, le coupant.
‒ Julian !
‒ Ma sœur est bien plus importante que ça.
‒ Bien sûr qu'elle l'est. Seulement, tu dois penser aussi à ton avenir.
‒ C'est ce que je fais, je ne veux pas d'un avenir sans Charlie !
Je ne veux pas d'un avenir sans Nolan. Parce qu'ils font partis de moi. Ils sont moi et je suis eux.
‒ Je ne le veux pas non plus Julian. Tu dois comprendre qu'on ne peut pas s'épuiser à chercher dans des lieux au hasard en espérant tomber sur le bon. Je ne baisse pas les bras mais j'ai besoin de réfléchir à la prochaine étape et pendant ce temps, il faut qu'on continue à travailler. Que tu continues à étudier. Pour avoir une bourse universitaire et poursuivre ton rêve de basketteur. Tu ne veux plus devenir un professionnel ?
Pinçant ses lèvres entre elles, Julian haussa les épaules et refusa de croiser le regard de son père alors qu'il arrêtait la voiture à un feu rouge. Il resta silencieux un moment alors qu'il redémarrait au feu vert et sortait de la ville.
‒ C'est plus pareil si Nolan et Charlie ne sont pas là pour me voir réussir, marmonna-t-il finalement, gêné. Rien n'est plus pareil...
‒ Je suis désolé fiston. Je ne peux rien faire pour ton frère à part te dire qu'il sera fier de toi peu importe l'endroit où il se trouve. Mais je te promets que je m'arrêterais pas de chercher ta sœur tant que je la ramènerais pas à la maison. OK ?
À ses mots, le jeune homme regarda en biais vers Zac pour voir que ce dernier le fixait déjà, les yeux remplis de tristesse mais aussi de sincérité. Il hocha lentement la tête et lâcha du bout des lèvres :
‒ OK.
❀
Mercredi 15 mai 2018, 17h21.
Plus d'une semaine s'était écoulée depuis la visite à l'hôpital et Charlie était toujours portée disparue. Entre les cours, Julian passait des appels à toutes leurs connaissances et faisait des tonnes de recherches sur internet. Il était évidemment épaulé par son père, ses amis et Léo mais personne n'avait eu la moindre information, la moindre nouvelle. L'éducateur du centre de désintoxication appelait tous les trois jours pour se tenir au courant. De quoi ? Ils stagnaient.
Aujourd'hui, le jeune homme avait prévu de rendre visite à la famille adoptive de Lucy Dietrich pour voir cette dernière. Si elle était encore à l'hôpital, il espérait avoir son numéro ou récoltait des renseignements par les autres membres de la famille.
Assis sur les marches du perron, Julian attendait que le petit ami de sa sœur vienne le récupérer après le travail. Il faisait distraitement tourner un ballon entre ses mains alors qu'il observait les enfants de ses voisins jouer bruyamment dans leur jardin. L'adolescent les connaissait bien, ses triplés et lui les avaient chacun gardés au moins une fois pour rendre service à leur père. Ce dernier les élevait seul du mieux qu'il pouvait depuis que sa femme était partie. Devant leur maison, les deux petites filles criaient de joie alors que leur frère les poursuivait en grognant comme un loup. Julian se souvenait d'avoir jouer comme ça avec sa fratrie, d'avoir été comme ça. Insouciants et joyeux. Maintenant, ça semblait être à des années lumières. Il aimerait revenir en ce temps-là où tout était plus simple.
Le pick-up de Léo vient lui couper la vue quand il se gara le long du trottoir. Abandonnant le ballon de basket sur le perron, il traça son chemin à travers la pelouse et monta dans la voiture avec une brève salutation pour le conducteur. Ils n'échangèrent pas un mot de tout le trajet, chacun enfouit profondément dans ses pensées. À un feu rouge, le jeune Clark tourna son regard vers Léo et l'observa en silence. Il se sentait parfois désolé pour lui. Être tomber amoureux d'une fille et se rendre compte qu'elle était une droguée ne devait pas être si facile. Se questionnait-il sur la véracité de leur relation ? Se demandait-il s'il était vraiment amoureux de la fille qu'il pensait qu'elle était ? Voulait-il tout abandonner ? Julian, lui, se posait des questions sur ses liens avec sa sœur. Mais, peu importe ce qu'il en ressortait, peu importe la rage et la déception qui faisaient parfois surface quand il pensait à elle, Charlie était son sang, une partie de lui. Il la chercherait pendant des années s'il le fallait. Il donnerait tout pour la retrouver. Et il savait qu'elle ferait pareil pour lui, elle l'aurait aussi fait pour Nolan. Parce que tous les trois formaient un tout. Parce que tous les deux avaient déjà tant perdu.
‒ C'est ici, déclara Léo alors qu'il coupait le contact.
Sa voix le sortit de ses pensées. Il cligna des paupières pour se reconnecter à la réalité et tourna son visage vers lui. Léo avait ses yeux fixés vers la rue, une main de ses mains était encore sur le volant et avec le pouce de la seconde traçait inconsciemment le contour de ses lèvres. L'adolescent suivit son regard et finit par le poser sur une maison qui ne lui était pas inconnu. Il se souvenait vaguement avoir déposer ou récupérer sa sœur ici parfois mais l'endroit semblait en bien meilleur état que dans sa mémoire. Lentement, Julian détacha sa ceinture, sortit de la voiture et marcha jusqu'à la porte d'entrée. Il attendit que Léo soit à ses côtés pour sonner. Des pas légers pouvaient être entendu à l'intérieur avant que la porte ne s'ouvre sur une adolescente dont les yeux contenaient une lueur elle aussi familière d'une étrange façon qui remua l'estomac du jeune homme.
‒ Bonjour, commença le plus âgé des deux, incertain. Tu es Janet Dietrich, c'est ça ?
‒ Euh... oui c'est moi, bonjour ? hésita la fille.
‒ Je suis Léo, le petit ami de Charlie, et c'est son frère Julian.
‒ Oh.
‒ On aimerait parler à Lucy, est-ce qu'elle est déjà revenue ?
‒ Vous voulez parler à Lucy ? répéta-t-elle bêtement.
‒ Eh bien, oui, confirma Julian après avoir échanger un regard confus avec Léo. Est-elle toujours à l'hôpital ?
‒ Vous n'êtes pas au courant ? murmura Janet avec un regard vide.
‒ Au courant de quoi ?
Le silence qui suivit ces mots rendit le jeune Clark mal à l'aise. Il se balançait son poids d'un pied à l'autre en attendant sagement que la jeune fille veuille bien parler. Léo, lui, semblait avoir moins de patience que lui, il s'avança d'un pas et s'apprêta à l'interroger de nouveau quand une seconde silhouette vient se tenir dans l'encadrement de la porte. Ce visage, Julian le connaissait bien pour l'avoir croisé plusieurs fois dans son lycée.
‒ Ross.
‒ Clark. Qu'est-ce que tu fais ici ?
‒ On est venue voir Lucy. Ma sœur a disparu et on s'est que comme elles sont amies, Lucy saurait peut-être quelque chose.
Les sourcils du blond se froncèrent alors qu'il les dévisagea un instant. Il posa ensuite une main sur l'épaule de sa sœur adoptive et la tira légèrement en arrière.
‒ C'est bon Janet, rentre. Je m'en occupe.
Cette dernière retourna mollement à l'intérieur tandis que Ross sortit sur le perron et referma la porte d'entrée derrière lui. Il pinça ses lèvres entre elles et baissa brièvement ses yeux vers les pieds avant de rencontrer les leurs.
‒ Je suis désolé que vous aillez fait la route pour rien les mecs mais Lucy ne pourra pas vous aider. Elle est morte.
‒ Quoi ? lâcha Léo, tombant des nues.
La lueur dans les yeux de Janet. Il la connaissait. Evidemment. C'était celle qu'on arborait quand on avait perdu un proche. C'était celle qui décorait le visage de sa sœur, le sien et celui de toute sa famille.
‒ Les médecins ont dit overdose. Elle était déjà dans un coma profond quand elle a été amenée à l'hôpital.
‒ Oh mec, toutes mes condoléances...
‒ Mmh. Donc... ouais, je peux pas vous aider. Je suis désolé.
Les deux visiteurs échangèrent un regard rempli de désillusion mais le basketteur ne se laissa pas abattre et reprit :
‒ Euh, on ne veut pas te déranger ou ta famille plus longtemps en ces temps durs mais... il y avait ce gars qui traînait avec elles. Euh, Boone je crois ? Tu sais où il habite ?
‒ Ouais, Boone. Il vivait à Boise jusqu'à récemment mais il a déménagé je sais pas où. Ah, attendez.
Sans attendre qu'ils réagissent, Ross s'enfonça plus profondément dans la maison et laissa la porte d'entrée grande ouverte. Il revient une poignée de minutes plus tard avec une enveloppe crème.
‒ Il a envoyé ses condoléances à ma famille. Je crois qu'il y a mis son adresse au- ah oui, voilà ! Tenez.
Remerciant l'adolescent, Léo attrapa l'enveloppe et s'empressa de recopier l'adresse sur son téléphone puis la lui rendit.
‒ Merci Ross, et encore toutes mes condoléances à toi et à ta famille. Lucy était une chouette fille.
‒ Elle l'était, approuva-t-il avec ce qui semblait un air nostalgique puis il fronça les sourcils. Peu importe, j'espère que vous retrouverez vite Charlie. Et en vie.
‒ Ouais, nous aussi.
‒ Mmh.
Après de rapides salutations maladroites, les deux jeunes hommes regagnèrent l'intérieur du pick-up. Léo mit le contact et regarda l'heure indiquée sur le tableau de bord.
‒ Dix huit heures. J'ai encore du temps devant moi, est-ce que tu veux qu'on-
‒ Allons chez ce mec, le coupa Julian.
‒ OK. Laisse-moi juste mettre le GPS.
L'adressa les mena à Mountain Home, une charmante petite ville à trois quarts d'heures de Boise. La maison devant laquelle ils s'arrêtèrent était très petite mais semblait accueillante. Tout le contraire de ce à quoi ils s'attendaient. Ils la fixèrent quelques instants en silence puis se décidèrent à sortir pour aller sonner à la porte.
L'homme qui leur ouvrit parut d'abord inconnu à Julian. Mais les traits de son visage lui apprirent rapidement qu'il s'agissait bien de Boone. Ses longs cheveux blonds ternes et abimés étaient désormais courts et bien coiffés, ses yeux étaient nettement moins cernés et ses joues moins creusées. Il donnait l'impression d'être plein de vie contrairement à la dernière fois que le basketteur l'avait croisé avec sa sœur.
‒ Oui, bonjours ? Je peux faire quelque chose pour vous ?
‒ Euh, vous êtes bien Boone ? demanda Léo incertain, lui aussi avait dû être choqué par tant de changements.
‒ Excusez-moi, on se connait ?
‒ Oui, enfin non. Pas vraiment.
Avec un froncement de sourcils, le blond croisa ses bras sur sa poitrine dans un geste de défense et les examina chacun leur tour.
‒ Je suis Léo et, c'est Julian. On s'est déjà rencontré plusieurs fois.
‒ Je me souviens d'aucun de vous deux. Ecoutez, je pense que-
‒ On est ici pour Charlie, le coupa Julian, la colère montant lentement en lui. Je suis sûr que tu te souviens d'elle, n'est-ce pas ?
À ses mots, l'expression de Boone se figea et il décroisa ses bras.
‒ Je ne suis plus dans tout ça, s'empressa-t-il de répondre avec un regard par-dessus son épaule. Je ne fournis plus de doses et je ne présente plus les « bonnes » personnes. J'ai laissé tout ça derrière moi. Dites à C de ne m'envoyer des gens, mmh ?
‒ Non, il y a un malentendu. On ne vient pas de la part de Charlie, on vient pour elle.
‒ C'est la même chose, je ne lui produirais plus rien. Même si c'est mon amie.
‒ Encore une fois, ce n'est pas ce qu'on veut dire, rétorqua Julian avec patience, même s'il se sentait bouillir d'énervement. Charlie a disparu, elle a fugué de son centre désintoxication. On est ici dans l'espoir que vous ayez des informations.
‒ Oh. Je n'étais même pas au courant qu'elle était en centre de désintoxication. En fait, on a perdu contact, il y a quelques temps, avoua Boone en mordant l'intérieur de sa joue. Je ne crois pas que je puisse vous aider. Désolé.
‒ Vous êtes sûr ? La moindre information nous serait utile. On a pas de nouvelles depuis des jours, on est vraiment inquiet pour elle. Surtout qu'on sait qu'elle était présente pendant les dernières heures de votre amie commune, Lucy.
‒ Oh Charlie, soupira-t-il de tristesse. Ecoutez, laissez-moi votre numéro et si j'ai des nouvelles je vous préviens.
‒ Oui bien sûr, merci beaucoup.
Cinq minutes plus tard, les deux jeunes hommes reprirent leur route vers leurs domiciles. Ils n'avaient pas plus avancé dans leurs recherches mais une chose était sûre, ils n'allaient pas abandonnés.
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Changement de point de vue pour quelques chapitres (2 ou 3)
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